Illustration par DALL·E
Quand la « moralisation » politique achève de tuer la démocratie – et la jeunesse avec
C’était pourtant une belle idée, à l’origine : une loi pour la confiance dans la vie démocratique, censée assainir les mœurs politiques après les affaires Fillon, Cahuzac et autres joyeusetés. Sauf qu’aujourd’hui, cette loi ressemble à un piège à cons géant, où ceux qui l’ont fabriquée se retrouvent à défendre ceux qu’elle devait punir.
François Bayrou, grand prêtre auto-proclamé de la vertu républicaine, qui tremblait d’indignation devant les magouilles des autres, voilà qu’il tend la main à Marine Le Pen, menacée d’inéligibilité pour… des emplois fictifs. Le même Bayrou qui, tiens donc, a lui-même échappé de justesse à des condamnations pour des histoires de jobs familiaux bien arrangés. La boucle est bouclée : la morale, c’est comme l’austérité, ça ne s’applique qu’aux petits.
Justice à géométrie variable, société à deux vitesses
Pendant que l’extrême-droite se drape dans son rôle de victime (« On nous persécute ! », comme disait Trump en son temps. On voit ou ça l’a emmené), la vraie persécution, elle, est ailleurs. À l’hôpital, les internes en psychiatrie tentent de soigner une jeunesse en détresse avec des bouts de sparadrap. À l’université, les étudiants crèvent la faim pendant que le gouvernement explique qu’ »il n’y a pas d’argent » (sauf pour les multinationales, l’industrie du « réarmement » et les copains). Dans les quartiers populaires, on demande aux chômeurs de « se bouger »… vers les aubaines du « bénévolat contraint du travail gratuit » payé au lance-pierre, et pas par les employeurs.
Le vrai scandale ? Ce n’est pas que Marine Le Pen risque une peine. C’est que cette loi, censée rétablir la confiance, ne sert plus qu’à alimenter le cynisme général.
L’État de défense… contre les précaires
Le gouvernement a déclaré « l’économie en état de défense », expression martiale qui sent bon la mobilisation générale contre le peuple.
• On « défend » l’économie… en étranglant les services publics.
• On « protège » la nation… en laissant crever les jeunes, les malades, les précaires.
• On « moralise » la politique… en fermant les yeux quand ça arrange.
Pendant ce temps, la jeunesse, elle, est en état de survie. Et quand elle ose se plaindre, on lui balance : « Prenez soin de votre santé mentale ! » (mais sans budget, sans logement, sans avenir, bien sûr, et gare à la « bipolarité » de la « droitisation de la société civile », ce mal du siècle).
Le grand cirque de l’hypocrisie républicaine
Macron, qui se rêve en Jupiter moralisateur, a passé ses quinquennats à casser les protections sociales en invoquant la « responsabilité individuelle », à privatiser l’hôpital en parlant de « modernisation », à assister sans contrepartie les riches sous couvert de « relance ».
Et maintenant, il pleurniche sur la souffrance des étudiants ? Il s’émeut de la montée de l’extrême-droite ? C’est un peu comme créer l’incendie et s’indigner que les gens crient.
La démocratie en coma dépassé
La loi pour la confiance démocratique devait sauver la République. Elle l’a achevée. En légitimant l’extrême-droite (« Regardez, la justice est politisée ! ») elle lui permet de se sentir légitime à suspecter que cette décision judiciaire tente encore, de les submerger. En prouvant que la morale est un outil de pouvoir, pas un principe, elle boucle une « révolution » de mise en place d’effets cliquet irréversibles. En enterrant toute crédibilité d’un système où Bayrou défend Le Pen, où Macron joue les sauveurs après avoir tout saccagé, elle réinstalle la défiance et sa réponse abstentionniste.
Et pendant ce temps, la jeunesse contemple ce spectacle et comprend une chose : de cette démocratie-là, il n’y a plus rien à attendre.
Conclusion : La République des hypocrites
On voulait moraliser la vie politique ? On a réussi à la rendre encore plus pourrie. On voulait lutter contre l’extrême-droite ? On lui a offert son meilleur argument. On voulait sauver la jeunesse ? On l’a condamnée à la colère ou à la mort sociale prématurée.
Bravo la France.
Le pays des Lumières… qui préfère éteindre les espoirs.
Illustration par DALL·E
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