École de Guerre – Piqûre de rappel : « Si l’IA débouchait sur des guerres sans morts, la mobilisation générale et la conscription se justifieraient-elles encore ? », le 25 décembre 2024

Illustration par DALL·E (+PJ)

Rappel : le premier épisode était intitulé L’IA pourrait-elle déboucher sur des guerres sans morts ?.

P.J. : Si une nation considère que la guerre du futur sera une guerre sans morts, où chacun des deux camps tentera de neutraliser entièrement la capacité de l’adversaire à utiliser ses armes grâce à l’IA, une mobilisation générale et le retour à la conscription se justifieraient-ils ?

La réponse de ChatGPT 4o :

Dans un scénario où la guerre du futur se définit comme une guerre sans morts, axée sur la neutralisation technologique totale grâce à l’intelligence artificielle (IA), la pertinence d’une mobilisation générale et du retour à la conscription deviendrait un sujet de débat complexe. Voici les arguments pour et contre, ainsi que les adaptations possibles à ce type de conflit.


1. Pourquoi une mobilisation générale pourrait se justifier ?

Même dans une guerre technologiquement avancée et sans affrontements directs, une mobilisation pourrait être nécessaire pour d’autres raisons, telles que :

a) Ressources humaines pour soutenir l’effort technologique

  • Besoin de compétences techniques : Une guerre basée sur l’IA nécessiterait une mobilisation massive de spécialistes en cybersécurité, programmation, intelligence artificielle, ingénierie, et gestion des infrastructures critiques.
  • Élargissement de la base de talents : La conscription pourrait servir à identifier, former et mobiliser rapidement des citoyens avec un potentiel technique, même parmi ceux qui ne se destinaient pas initialement à ces carrières.

b) Résilience civile

  • Protection des infrastructures critiques : Même dans une guerre numérique, les infrastructures civiles (énergie, transports, santé) doivent être protégées physiquement et numériquement. Une mobilisation pourrait inclure des citoyens formés à des tâches de sécurité ou de maintenance en cas de cyberattaques.
  • Soutien logistique : Si une partie des systèmes militaires est neutralisée, des solutions analogiques ou humaines pourraient être nécessaires pour maintenir le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement et des communications.

c) Préparation au retour des conflits asymétriques

  • Si une guerre technologique devenait une impasse, des conflits asymétriques ou traditionnels pourraient réapparaître. Une réserve humaine mobilisable garantirait une capacité de réaction en cas d’évolution imprévue.

2. Pourquoi une mobilisation générale pourrait être obsolète ?

Dans une guerre où l’IA joue un rôle central, les besoins traditionnels en main-d’œuvre humaine diminuent. Voici pourquoi :

a) Réduction de la dépendance à l’humain

  • Automatisation des systèmes d’armes : Les armées futuristes, équipées de drones autonomes et de robots de combat, nécessiteraient moins de soldats sur le terrain.
  • Cyberguerre automatisée : Une grande partie des batailles se déroulerait dans le cyberespace, où les capacités humaines seraient limitées face à l’efficacité des algorithmes.

b) Formation spécialisée

  • La conscription, en mobilisant de larges segments de la population sans spécialisation préalable, pourrait s’avérer inefficace. Les conflits technologiques nécessitent des compétences pointues, qui ne peuvent être rapidement acquises par des conscrits.

c) Impact sur la société

  • Une mobilisation générale massive pourrait créer des tensions sociales inutiles dans un conflit où la population civile est relativement à l’abri des pertes directes.

3. Quelle alternative à une mobilisation générale ?

Dans un tel contexte, la conscription traditionnelle pourrait être remplacée ou adaptée à un nouveau modèle de mobilisation technologique.

a) Mobilisation technologique

  • Service numérique national : Plutôt qu’une conscription militaire, un service obligatoire pour les jeunes dans les domaines de la cybersécurité, de la programmation ou de la gestion des infrastructures critiques pourrait être instauré.
  • Partenariats avec le secteur privé : Les gouvernements pourraient mobiliser des talents issus des entreprises technologiques pour renforcer leurs capacités numériques en cas de conflit.

b) Création d’une « réserve technologique »

  • À l’image des réserves militaires actuelles, une « réserve technologique » pourrait être constituée pour rassembler des experts en IA, en cybersécurité et en ingénierie, mobilisables rapidement en cas de crise.

c) Renforcement de la résilience nationale

  • L’accent pourrait être mis sur la formation des citoyens à la résilience face aux cyberattaques, comme la gestion des coupures d’énergie ou des perturbations numériques, plutôt que sur leur mobilisation dans des rôles militaires classiques.

4. Enjeux stratégiques et éthiques

a) Dépendance technologique

  • En limitant la mobilisation à un effort technologique, une nation pourrait se retrouver vulnérable si les systèmes numériques sont totalement neutralisés par l’adversaire. Une capacité humaine résiduelle resterait essentielle.

b) Équilibre entre innovation et participation citoyenne

  • Si les guerres deviennent de plus en plus technologiques, le lien traditionnel entre la population et l’effort de guerre pourrait s’affaiblir, ce qui pose un risque de désengagement civique.

c) Risque de prolifération des technologies

  • Si la guerre repose sur des compétences techniques, les États pourraient être confrontés à la prolifération de talents vers des acteurs non étatiques, comme des entreprises privées ou des groupes criminels.

Conclusion

Dans une guerre future axée sur la neutralisation totale grâce à l’IA, une mobilisation générale traditionnelle et la conscription de masse seraient probablement obsolètes. Cependant, un modèle repensé, axé sur la mobilisation des compétences technologiques et civiles, pourrait s’avérer crucial pour garantir la résilience et la capacité d’adaptation d’une nation.

La mobilisation pourrait alors prendre la forme :

  • D’un service technologique obligatoire.
  • D’une réserve de spécialistes mobilisables rapidement.
  • D’un programme national de résilience civile et numérique.

Ainsi, plutôt que de mettre l’accent sur la force physique et les armes, ce nouveau paradigme transformerait la mobilisation en un effort collectif pour protéger et renforcer le tissu technologique et social d’une nation face aux menaces futures.

La réponse de Claude :

Dans un tel scénario, la mobilisation générale et la conscription seraient probablement contre-productives pour les raisons suivantes :

1. Les compétences nécessaires seraient très différentes :

– Besoin d’experts en cybersécurité
– Spécialistes de l’IA
– Ingénieurs systèmes
– Spécialistes des réseaux
– Experts en protection des infrastructures

2. Ces compétences requièrent
– des années d’études spécialisées,
– une formation continue pour rester à jour,
– une expertise technique de haut niveau,
– Ce n’est pas quelque chose que l’on peut apprendre en quelques mois de formation militaire.

3. La main-d’œuvre nécessaire serait :
– moins nombreuse,
– plus hautement qualifiée,
– plus coûteuse à former et à entretenir,
– plus précieuse dans des rôles civils.

Une meilleure approche pourrait être adoptée :
– Investir dans l’enseignement technique
– Partenariats avec les universités
– Recrutement de professionnels spécialisés
– Création d’un corps de réserve civil d’experts en technologie
– Développement de centres de recherche sur l’intelligence artificielle

La conscription avait un sens lorsque les guerres nécessitaient des armées massives. Dans un conflit piloté par l’IA, la qualité serait bien plus importante que la quantité.

Illustration par DALL·E (+PJ)

Partager :

5 réponses à “École de Guerre – Piqûre de rappel : « Si l’IA débouchait sur des guerres sans morts, la mobilisation générale et la conscription se justifieraient-elles encore ? », le 25 décembre 2024

  1. Avatar de Hervey

    Le programme de défense de l’intelligence.

    (Il n’y en pas d’autre).

  2. Avatar de ilicitano
    ilicitano

    Les guerres futures seront liées à la haute , voire très haute technologie y compris l’IA.

    Voici un rapport de l’Institut australien de politique stratégique

    https://www.aspi.org.au/report/aspis-two-decade-critical-technology-tracker

    Critical Technology Tracker de l’ASPI, qui s’étend sur deux décennies :
    les avantages d’un investissement à long terme dans la recherche
    28 aout 2024

    Voici le résumé fait par GPT4 o1 de ce rapport

    Le texte décrit en détail le **Critical Technology Tracker** de l’Institut australien de politique stratégique (ASPI), un projet qui suit l’évolution de 64 technologies critiques à travers des données sur 21 ans (2003-2023).

    Voici les points clés :

    ### Présentation générale
    – Le **Critical Technology Tracker** examine des technologies dans des domaines variés :
    * défense,
    * espace,
    * énergie,
    * environnement,
    * intelligence artificielle,
    * biotechnologie,
    * robotique,
    * informatique,
    * matériaux avancés
    * technologie quantique.

    – Ce tracker analyse les publications scientifiques les plus influentes (les 10 % d’articles les plus cités) pour évaluer les performances de recherche d’un pays, ses intentions stratégiques et ses capacités futures en science et technologie (S-T).

    ### Évolutions récentes
    – En 2019-2023,
    **la Chine est en tête dans 57 des 64 technologies critiques**, contre seulement 3 technologies en 2003-2007.
    Ce progrès s’explique par des investissements massifs et une planification stratégique.
    – Les **États-Unis** dominent toujours des technologies clés comme
    * l’informatique quantique
    * les vaccins,
    mais ils ont perdu leur leadership global :
    ils ne dominent aujourd’hui que 7 technologies, contre 60 entre 2003 et 2007.
    – **L’Inde** émerge comme un acteur mondial, classé parmi les cinq premiers pays dans 45 technologies, mais il n’a pas encore pris la tête dans aucune d’entre elles.

    ### Domaines stratégiques et risques de monopole
    – La Chine a construit un quasi-monopole dans plusieurs technologies, notamment :
    * les **matériaux avancés**,
    * les **communications optiques et radio** e
    * la **biologie synthétique**.
    – Certaines technologies critiques, comme
    * les radars,
    * moteurs d’avions avancés o
    * robots collaboratifs,
    présentent un risque élevé de domination chinoise, en particulier pour des applications militaires.

    ### Institutions clés
    – L’**Académie chinoise des sciences (CAS)** est l’institution de recherche la plus performante au monde, leader dans 31 des 64 technologies.
    Elle devance des organismes américains tels que la NASA pour des domaines comme les technologies spatiales.
    – Les grandes entreprises américaines, comme Google et IBM, maintiennent leur avance dans des domaines tels que
    * l’intelligence artificielle
    * l’informatique quantique.

    ### Leçons pour les démocraties
    – Les démocraties risquent de perdre leur avantage dans certains secteurs technologiques si elles diminuent leurs investissements en recherche et développement (R-D).
    Par exemple, la **5G** est citée comme un domaine où des reculs ont déjà eu lieu.
    – Ce rapport souligne l’importance d’un investissement soutenu et d’une planification stratégique à long terme pour rester compétitif.

    Le **Critical Technology Tracker** met donc en lumière le glissement de leadership en faveur de l’Asie, notamment la Chine, et appelle à une mobilisation accrue des autres nations pour maintenir un équilibre technologique mondial.

    ******
    Remarques : ce rapport a été émis en aout 2024.
    Depuis il y a eu, en Chine , DeepSeek et depuis quelques jour MANU ia

    https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-manus-ai-un-agent-ia-multi-taches-qui-impressionne-96276.html
    10 mars 2025
    Après Deepseek, une start-up chinoise nommée Butterfly Effect a présenté une IA nommée Manus AI. Cet agent capable de gérer différentes tâches et doté d’une grande autonomie rivalise avec DeepResearch d’OpenAI.
    Face à l’engouement du week-end, le service a été bloqué.

  3. Avatar de Annie Stasse

    Récemment j’ai entendu sur France-Inter un auditeur répondant à un sujet sur la guerre dont j’ai totalement oublié le titre du sujet, mais sa réponse je ne l’ai pas oublié :
    il regrettait, voire critiquait vivement, le fait que nous n’ayons plus d’armée faite de conscrits, et qu’elle ne soit plus que « de métier ».
    Étant née en déc 41, mes souvenirs restent vifs des caves, de la glace sur les vitres, etc. Je ne savait rien de la chaleur « normale », ni du manque de nourriture n’ayant aucun point de comparaison.
    … et quand la guerre de la Russie fut déclenchée contre l’Ukraine tout cela m’éclata dans la tête, je revins brutalement à ces souvenirs.
    Donc je serait assez partisane de la position de cette auditeur, pas pour attaquer, mais pour être en position de force pour se défendre et donc de dissuasion envers tout ennemi potentiel.

  4. Avatar de Garorock
    Garorock

    Si une guerre de haute technologie devait avoir lieu, elle serait livrée entre les différentes I.A qui seraient sur la scène.
    Nous assisterions à un immense jeu de go entres « Einstein au carré »
    Peut être que: personne ne gagnerait la partie: forces équivalentes!
    Donc plus de rapport de forces mais de la jurisprudence.
    Conclusion: pas besoin de pioupious bac plus dix si nous ne sommes pas face à une singularité au rabais.
    😎

Répondre à Hervey Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Contact

Contactez Paul Jorion
https://twitter.com/PaulJorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta