Illustration par DALL·E
« Déficits… » de démocratie !
6.000 milliards d’euros dorment dans des bas de laine virtuels, pendant que 3.000 milliards de dettes publiques hantent les nuits des créanciers – ces grenouilles de bénitier économique, frustrées de ne pas lécher leur 10 % de rendement annuel sur le dos des impôts de monsieur Tout-le-Monde.
Les déficits publics ? Un troupeau de taureaux en furie à 6 % du PIB, piétinant les « temps de cervelles disponibles » des contribuables, étourdis par un « ras-le-bol fiscal » qualifié de « poujadisme » par ceux-là mêmes qui privatisent leurs profits en socialisant leurs dettes de casino… Subprimes, ça vous dit un truc ?
Et on ose nous seriner qu’une taxe de 2 % sur cette épargne – après avoir épargné les plus modestes, bien sûr ! – serait un crime de lèse-marché ! Pourtant, 2 % de 6.000 milliards = 120 milliards. De quoi mâcher 60 % du déficit et coller aux 3 % de « règle d’or », ce fétiche néolibéral aussi absurde qu’un parapluie en plomb.
Mais non : il faudrait plutôt tendre l’autre joue aux « paris nus » de la finance-zombie, aux spéculateurs à découvert qui pompent le sang des États comme des vampires défiscalisés, tout en exigeant des « cures d’austérité » pour les hôpitaux, les retraites, l’école… Leur mantra ? « Socialisez nos pertes, qu’on puisse privatiser vos gains ! ».
La politique publique de l’offre ruisselle qu’en ce sens. La redistribution de dividendes indécents (« Les 57,8 Md€ de dividendes du CAC40 en 2023 ». Les paiements de dividendes devraient passer d’environ 75 milliards d’euros en 2024 à environ 81 milliards d’euros en 2025…) cherchant à être réinvestis dans des « projets » subventionnés à coût de denier public, sans contrepartie, et aux rendements immédiats et à deux chiffres, atteste qu’elle est soi-disant moins immorale/amorale que de consentir démocratiquement, fiscalement, à financer les services publics d’aide aux personnes en danger, d’un État providence.
Les valeurs fondamentales du principe redistributif sont tellement inversées, que la charge de la preuve de « mériter » la solidarité, le titre de « l’assimilation » revient aux plus pauvres, précaires, chômeurs(euses) discriminés(es) de façon systémique. Avoir comme seule horizon d’intégration sociale, « sociétale » au vivre ensemble, travailler pour survivre et survivre pour travailler, devient la « norme ». Au point que ces notions se confondent au travers de l’obligation d’exercer une activité prof, du « travail gratuit », du « bénévolat contraint », une « formation », pour recevoir ce soi-disant « pognon de dingue mis dans les minimas sociaux, qui fait que les pauvres le restent et se déresponsabilisent ».
Le « monde d’après », nous promet-on, sera peuplé d’IA disruptives et de services publics ubérisés – des algorithmes défiscalisés remplaçant les fonctionnaires, pendant qu’un seul actif devra porter trois retraités sur son dos. Dans le privé ? Des robots désocialisés bosseront 24h/24 pour engraisser les dividendes des actionnaires… avant de « ruisseler » des miettes de PACES aux précaires.
Mais s’il y a moins d’embauches dans la fonction publique, parce qu’en partie « ubérisées », en partie numérisées, par des IAs, algo, applis, défiscalisées et désocialisées, faisant mieux le travail de la fonction publique segmentée à la tâche, dématérialisée… comment financera t-on les risques de déficits du régime public, lorsque moins d’un fonctionnaire en activité devra financer la retraire de plusieurs fonctionnaires retraités ?
Pendant ce temps, l’extrême droite enfle comme un abcès purulent – et la droite dure lui emprunte ses costumes puants, jouant les funambules sur la corde raciste pour masquer son servage volontaire aux « marchés ». Trumpisme, poutinisme… même combat : des leurres pour que le bon peuple se batte entre « assistés » et « méritants », pendant que les vrais profiteurs siphonnent la cagnotte commune.
Et pendant que les jours heureux se comptent en points de CAC40, la planète brûle. Le Covid aura au moins prouvé une chose : quand la machine néolibérale s’arrête, le CO₂ baisse, les dauphins reviennent… Preuve que la « croissance » n’est qu’un cancer déguisé en potion magique.
Alors oui, taxons l’épargne oisive. Interdisons les paris pourris de la finance-casino. Exigeons que chaque euro public sauvant une banque ou une multinationale soit une corde à leur cou, pas un collier de diamants. Car le vrai « coût » qui nous menace n’est pas celui des retraites ou des hôpitaux… mais celui de l’impunité d’une oligarchie qui privatise jusqu’à l’oxygène… et l’espoir, que nos enfants respireront et rêveront – quand il en restera.
Illustration par DALL·E
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