Blog de Paul Jorion

4 réponses à “Xerfi Canal – Comprendre la « Singularité », le 17 janvier 2025”

1. 

   BasicRabbit en autopsy

   18 janvier 2025 12h17

   Je crois que ça vaut la peine de lire à ce propos le dernier chapitre de « Modèles Mathématiques de la Morphogenèse » intitulé : « Aux frontières du pouvoir humain : le jeu »*. En voici les titres :

   1 Comprendre ou agir ;

   2 L’approche systémique ;

   3 L’approche herméneutique ;

   4 Herméneutique et théorie des jeux ;

   5 La prégnance du conflit ;

   6 Anthropologie du jeu ;

   7 L’art et le jeu ;

   8 La science et le jeu.

   Thom termine ainsi :

   « L’idée qu’il pourrait y avoir dans la nature des instances dont le comportement imiterait -tout en l’excédant- notre propre intelligence et ferait ainsi obstacle à nos desseins les mieux fondés, une idée n’est pas sans provoquer en nous un réel malaise. Car alors nos capacités de progrès dans le dévoilement de la nature s’évanouiraient et un monde bien triste, un monde sans jeu s’installerait, véritable tombeau de l’humanité. Ici, inutile d’évoquer l’existence d’ « extra-terrestres » qui nous domineraient. Il nous suffit d’imaginer qu’il existe des êtres de nature abstraite, quasi-platonicienne, qui puissent jouer ce rôle. Toute science avertie devrait accepter cette possibilité et se tenir prête à relever le défi. »

   Thom suggère donc (en 1980) que le jeu pourrait se déplacer entre l’intelligence humaine, éventuellement augmentée de l’IA ?) et l’intelligence de la nature elle-même.

   Et, à ce propos, il écrit juste avant :

   « Toute la science moderne est fondée sur le postulat de l’imbécillité des choses. Si ce postulat paraît assez bien fondé en Physique (où les difficultés théoriques proviennent le plus souvent du nombre infini des êtres à considérer), il n’en va plus de même en biologie (ni a fortiori dans les sciences humaines). Les phénomènes d’adaptation de certaines espèces vivantes devant nos traitements d’extermination chimiques ou biologiques devraient nous inciter à plus d’humilité. Plutôt que de les attribuer stupidement au hasard néo-darwinien de mutations favorables bien promptes à se réaliser, on ferait mieux de se demander si là aussi des structures simulatrices de l’intelligence humaine ne sont pas engagées. »

   Vers un conflit IA/IN ? L’enjeu me semble important…

   Thom termine un article jadis(?) paru dans l’E.U. en écrivant qu’il faut décourager l’innovation :

   « Si nous continuons à priser par-dessus tout l’efficacité technologique, les inévitables corrections à l’équilibre entre l’homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques. »

   Thom écrit également, cette fois à la fin de « Stabilité Structurelle et Morphogénèse » :

   « En permettant la construction de structures mentales qui simulent de plus en plus exactement les structures et les forces du monde extérieur – ainsi que la structure même de l’esprit –, l’activité mathématique se place dans le droit fil de l’évolution. C’est le jeu signifiant par excellence, par lequel l’homme se délivre des servitudes biologiques qui pèsent sur son langage et sa pensée et s’assure les meilleures chances de survie pour l’humanité. »

   * : 2ème ed., ce n’est pas dans la première.

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2. 

   Kikok

   18 janvier 2025 12h47

   Alors que les machines sont à l’origine d’innovations technologiques sans intervention humaine, comment ce changement pourrait-il affecter nos vies et le tissu social ?
   N’est-il pas temps de commencer à réfléchir à la manière dont nous concevons notre coexistence avec les machines ? Il est peut-être déjà trop tard pour commencer à y réfléchir.
   L’intelligence artificielle est bien plus qu’une science et une technologie simple, ou une activité commerciale, elle fait déjà partie de nos vies aujourd’hui.

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3. 

   Paul Jorion

   18 janvier 2025 13h41

   Bon, d’accord, aujourd’hui tout le monde dit ça, mais un peu de chronologie quand même (pour me lancer des fleurs 😉 ) : ce très long entretien chez Xerfi, saucissonné en feuilleton, a lieu le 12 juin 2024 : il y a 7 mois. Il porte sur un livre publié le 6 mars 2024. Le manuscrit est soumis chez un premier éditeur le 23 juillet 2023. J’y ai déjà fait allusion : le manuscrit est accepté d’enthousiasme, successivement, par deux éditeurs prestigieux (« passionnant ! » dans les deux cas), avant d’être refusé parce que (ce n’est pas dit comme cela, mais c’est clair) le thème fait peur.

   Si aujourd’hui le thème de mon livre est une banalité, ce n’était pas le cas quand le manuscrit a été terminé … 4 mois après la publication de ChatGPT-4, le 14 mars 2023.

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   1. 

      Thomas jeanson

      18 janvier 2025 19h11

      Le fait même que les médias n’arrivent plus à suivre la vitesse à laquelle le bidule progresse, n’est il pas précisément un symptôme attendu de l’iminence de la singularité ?

      ( – ils ont une nouvelle arme, il paraît qu’on ne la voit pas venir !
      – Aïe aïe aïe, justement, je ne vois rien venir !) Franquin, Idées noires.

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