Illustration par Stable Diffusion
Si la France traverse actuellement une crise politique qui retient l’attention du monde, l’Allemagne n’est pas en reste, avec une crise budgétaire entamée durant la crise du Covid, et qui tarde à se résoudre.
On fait souvent remonter la crise allemande à la pandémie de Covid de 2019 … l’histoire est cependant plus complexe. En réalité, la crise allemande remonte à la fin de l’année 2021, lorsque des juges avaient déclaré nul et non avenu le transfert d’un crédit de 60 milliards d’euros qui était bien destiné à l’origine à la lutte contre la pandémie, mais que le gouvernement comptait finalement allouer à un fonds spécial réservé à la transition et au climat.
À cela, il faut ajouter un autre événement qui secoua l’Allemagne en 2022 : le parlement avait estimé qu’un autre fonds spécial, alloué cette fois à un bouclier énergie, risquait d’enfreindre l’esprit de la constitution. La crise a connu son apogée lorsque le doute a contaminé l’ensemble du budget alors que Berlin bouclait sa loi de finances pour 2024.
Pour éviter que la crise ne se prolonge, le ministre allemand des Finances Christian Lindner avait proposé au parlement un budget additionnel. Il avait déclaré vouloir s’assurer que les dépenses reposaient sur des bases conformes à la constitution avant de s’engager. Au même moment, le gouvernement avait fait voter une clause d’urgence afin de lever un dispositif de frein à l’endettement, qui limitait le déficit annuel de l’État à 0,35% du PIB. Or, ce dispositif avait déjà été suspendu en 2020 afin de faire face aux conséquences de la pandémie… Le ministre allemand étant un libéral convaincu, cela avait été considéré comme un échec et comme un revirement par de nombreux commentateurs.
La crise s’était finalement cristallisée lorsque la cour constitutionnelle avait demandé au gouvernement de trouver un supplément de 17 milliards d’euros afin de valider son budget. Il n’aura pas fallu moins de 4 semaines pour que le gouvernement d’Olaf Scholz trouve une solution et mette un terme à cette crise budgétaire sans précédent.
Pour trouver les 17 milliards d’euros exigés par la cour constitutionnelle, le gouvernement a finalement choisi de faire des économies en réduisant certaines subventions et en augmentant ses recettes. La règle d’or budgétaire évoquée plus haut n’a toutefois pas pu être respectée. Le gouvernement avait en effet demandé à allouer 2.7 milliards d’euros supplémentaires à un fonds d’aide aux victimes des inondations de l’été 2022. Le gouvernement s’est également réservé le droit de s’endetter davantage aux côtés de l’Ukraine, en cas de nécessité.
Des économies ont surtout été réalisées par la réduction des aides à la transition énergétique, notamment par la suppression d’une prime à l’achat pour les véhicules électriques et par une baisse des subventions aux industries solaires. Ces économies réalisées au détriment de l’environnement ont fait bondir : l’écologie reste une question centrale en Allemagne, comme en témoigne la construction récente du Futurium de Berlin (voir le dossier sur le site Bonjour Berlin). Pour que les écologistes acceptent ce compromis, il a fallu que le gouvernement s’attaque en parallèle à certaines « aides dommageables pour le climat ». Le kérosène sera ainsi taxé davantage pour les vols intérieurs, et les agriculteurs ne bénéficieront désormais plus de ristourne dans leurs achats de diesel.
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