Illustration par DALL·E à partir du texte
Récemment, certains s’interrogent sur la logique derrière l’incursion de l’Ukraine dans la région de Koursk en Russie. Même les soldats ukrainiens interviewés après être revenus du front avouent ne pas comprendre exactement le but de cette opération. Différentes hypothèses circulent : créer une diversion pour alléger la pression sur le Donetsk, forcer la Russie à déplacer ses troupes, ou obtenir une monnaie d’échange dans des négociations futures.
Mais j’ai proposé une autre hypothèse. J’ai remarqué que les analystes russes insistent souvent sur le fait que les conscrits russes ne sont pas envoyés en première ligne. Cependant, lors de cette incursion, l’armée ukrainienne semble avoir frappé une zone où ces conscrits étaient justement déployés, causant des pertes importantes parmi eux. Cette attaque pourrait viser à semer le trouble au sein de la population russe, en montrant que même ceux censés être protégés ne sont pas en sécurité.
Mais il y a une autre piste à considérer, celle de l’intelligence artificielle (IA). Aujourd’hui, l’IA ne se limite plus à la conception de munitions autonomes ; elle influence également la stratégie militaire. Pensez à ce qui s’est passé avec AlphaGo, l’IA développée par DeepMind, qui a battu les plus grands champions de Go en utilisant des stratégies que personne ne comprenait au début. AlphaGo ne se contentait pas de jouer coup après coup ; elle envisageait la victoire à long terme, même si ses mouvements semblaient incompréhensibles ou contre-intuitifs.
De la même manière, il est possible que l’IA ait joué un rôle dans cette opération militaire en Ukraine. Si des modèles d’IA comme ChatGPT ou Claude 3 étaient impliqués, ils auraient pu suggérer une stratégie qui, bien que déroutante pour les observateurs humains, maximise les chances de succès à long terme. C’est comme dans le cas d’AlphaGo : ce qui semble étrange au départ se révèle souvent être une stratégie gagnante. L’attaque sur Koursk pourrait donc être une de ces stratégies inattendues, conçues par une IA qui voit au-delà des schémas habituels de la pensée humaine.
En fin de compte, il se pourrait bien que cette opération, incompréhensible pour l’instant, soit en réalité une décision calculée par une IA, visant des objectifs plus larges et plus lointains que ce que les humains peuvent percevoir à court terme.
Ce qui précède est la réponse de ChatGPT-4o au prompt que voici :
J’ai présenté l’argument suivant hier dans une vidéo. Les gens n’y ont rien compris. Quelqu’un en particulier a dit : « Je ne vois pas le commandant général Ukrainien tenter une stratégie dont il ne comprendrait pas la logique », ce qui veut dire que cette personne ne peut pas concevoir le principe d’une intelligence artificielle, à savoir qu’elle pourrait dépasser celle de l’humain et qu’il faudrait lui faire confiance. Est-ce que vous pourriez reformuler ce qui suit de manière plus convaincante, pour qu’un humain comprenne mon raisonnement, fondé sur un parallèle avec AlphaGo ?
Le temps qu’il fait le 14 août 2024 (de 7m03s à 18m45s) :
Un grand désarroi de la part des gens qui essaient d’expliquer pourquoi l’Ukraine a envahi un coin de la Russie dans l’oblast de Koursk.
Le Financial Times interviewe ce matin … enfin non, il a dû le faire hier, mais ça paraît dans le journal aujourd’hui … un certain nombre de soldats qui reviennent du front. Et ceux-là aussi, ils ne savent pas trop pourquoi : des soldats Ukrainiens qui sont rentrés en Ukraine, ils ne savent pas trop. On ne leur a pas trop dit à quoi ça servait, ils ne le savent pas trop.
Ils viennent avec les mêmes hypothèses que les autres : est-ce que c’est pour essayer de créer une diversion pour faire baisser un peu la pression dans la zone du Donetsk, où les troupes ukrainiennes connaissent des revers ? Pas des revers sanglants mais on perd du territoire jour après jour ? Est-ce que c’était pour distraire les troupes russes en essayant de faire revenir davantage de monde au Nord ?
Est-ce que c’est pour obtenir une monnaie d’échange dans des tractations que l’on prévoit peut-être pour bientôt en disant : « Vous avez du territoire à nous, mais on a du territoire à vous aussi, on voudrait l’échanger », c’est ce que certains autres soldats disent.
Il y a quelques jours, j’ai proposé une autre hypothèse.
J’ai noté au fil des mois qu’il y avait une insistance du côté des analystes russes – que l’on voit à la télévision, sous-titrés – que les conscrits ne se trouvent pas dans la zone des combats. C’est un message à usage domestique, à usage de politique intérieure, de dire aux familles : « Oui, vous ! vos fils, – éventuellement vos filles – sont là à la guerre, mais on ne les met pas au front : ils sont protégés par des troupes plus aguerries, etc. »
Or, dans une incursion comme celle qu’on a vue il y a six jours, on va dans une zone peu protégée du côté de la frontière russe, et où on trouve justement un grand nombre de conscrits parce qu’on se dit : « Ils ne courent pas grand risque là, et ils vont jouer leur rôle de soldats. »
Et donc, dans les morts que je voyais très rapidement, dans une petite vidéo qui était produite, qui avait été faite par quelqu’un qui habitait dans la région et qui, après, a eu des ennuis – on a dû un peu le cuisinier : pourquoi il avait fait ça ? – mais on voyait un grand nombre de morts, et je me suis dit : « Ça ressemble plutôt à des conscrits, plutôt qu’à des militaires aguerris. »
Et donc là, de ce côté-là, ce n’est pas terrible, voilà, du côté « politique intérieure », puisqu’on dit aux familles : « Vos fils, vos filles, ne courent absolument aucun risque parce qu’on les met loin de la ligne des combats », et puis on leur apprend qu’ils sont morts.
Mon analyse est un peu hors du cadre comme on dit. Mais elle ne l’était pas tant que ça ! J’ai fait ça quand ? Il y a 48 heures, un peu plus peut-être [P.J. : 86 heures : 3 jours 1/2].
Et entretemps, depuis, Monsieur Poutine a déclaré que « l’un des objectifs évidents de l’ennemi est de semer la discorde, de créer de la contestation, d’intimider les populations, de détruire l’unité et la cohésion de la société russe. »
Euh… je ne crois pas qu’il ait regardé ma vidéo [rires], mais il m’a confirmé que j’avais peut être bien vu ! Ça, c’est son interprétation à lui plutôt que « monnaie d’échange », plutôt que « divertir des troupes des lieux de combats. »
Cela dit, il m’est venu une autre idée, Il m’est venu une autre idée.
On parle de plus en plus d’intelligence artificielle. Quand on parle d’intelligence artificielle à propos de guerres qui ont lieu, de zones de combats, on vous parle de ce qu’on appelle parfois des « munitions autonomes ». Or, qu’est ce que c’est que des « munitions autonomes » ? Ce sont des munitions qui décident toute seules ce qu’elles vont faire. Et ça implique bien entendu de l’intelligence artificielle.
On ne vous parle pas trop d’intelligence artificielle à propos d’autres aspects, et en particulier de la stratégie. Mais vous avez peut être fait une observation d’ordre général sur la situation dans le monde : on a l’impression que l’histoire humaine est en train d’accélérer. Je ne sais pas si vous partagez ce sentiment. Moi, j’ai le sentiment qu’à tous les endroits où il se passe quelque chose, ça se passe apparemment plus vite.
Peut être pas … une exception, la réponse de l’Iran au meurtre sur son territoire d’un dirigeant de Hamas par … quelqu’un, mais dont les Iraniens, manifestement, supposent que ce sont des Israéliens.
Là, il n’y a pas eu de réponse immédiate. Mais pour tout le reste, on a l’impression que tout va très, très vite.
Or, la Singularité, le fait que l’intelligence artificielle permet que les choses aillent plus rapidement et en particulier quand c’est elle qui s’enseigne à elle-même ce qu’il faudrait faire. Ça, ça m’a fait penser. Je me suis dit du coup : « Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose de cet ordre-là qui se passe ? »
Et de fil en aiguille, je me suis dit : « Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose de cet ordre-là qui se passerait justement à propos de cette incursion dans l’oblast de Koursk ? ».
Et à quoi est-ce que ça m’a fait penser ? Ça m’a fait penser à la chose suivante. Ça vous rappellera peut-être des choses. En 2016/ 2017, on est dans la période où de grands champions de gô font les matamores. Monsieur Lee Sedol, un Coréen, considéré comme un très très bon champion de gô, se prépare à un match contre AlphaGo, un produit de la firme DeepMind, depuis annexée par Google, en disant : « Bon allez, je ne vais peut-être pas les battre 5 à 0, mais je vais essayer quand même que ce ne soit pas quatre à un parce que le un leur permettrait déjà (aux gens de l’IA) de dire que c’était déjà pas mal et qu’ils ont peut être déjà gagné une fois contre un être humain, alors ce sera 5 à 0 ou ce sera 4 à 1 pour moi. »
Or, il s’est fait que dans les jours suivants, ça a été 4 à 1, mais pour l’IA, si bien que M. Lee Sedol a dû faire des déclarations assez désespérées si vous écoutez ça. Il a fini par se retirer du sport et, si j’ai bon souvenir, il est en train en fait maintenant d’enseigner comment résister aux avancées de l’IA, et en particulier donc, dans les jeux.
Ce qui a frappé à l’époque, c’est que l’IA s’est mise à gagner en utilisant des stratégies tout à fait différentes des êtres humains. Au point que le grand champion Ke Jie, quand il a fait une déclaration, il a dit : « Il est clair que nous, les êtres humains, nous n’avons en réalité jamais compris comment il fallait jouer ce jeu- là ! ».
Ça, c’était peut-être encore plus fort que la fuite en rase campagne, la débandade en rase campagne de Monsieur Lee Sedol.
Pourquoi ?
Parce que, et en particulier dans la deuxième génération, la deuxième génération, quand on a parlé de AlphaZero plutôt que d’AlphaGo, AlphaZero a joué essentiellement contre soi-même en ne connaissant que les règles du gô. (Il y a une nouvelle génération maintenant qui apparemment ne connaît même pas les règles et qui les a devinées !).
Mais quand l’IA découvre, par elle-même, comment jouer un jeu, elle découvre d’autres stratégies, qui ont pu être connues des êtres humains mais dont les humains ont dit : « C’est comme ça que jouent les enfants », « Ce ne sont pas de bonnes approches ça, c’est des ouvertures catastrophiques », etc.
Mais il s’est avéré que non.
Quand on regarde un peu ces premières parties de gô où les humains ont perdu, on s’aperçoit qu’il y a des mouvements qui sont curieux, qui sont tout à fait inattendus… et qui sont vainqueurs à l’arrivée.
Pourquoi ?
Parce que finalement, quand on regarde la manière dont ils ont été mis au point, on leur dit : « Entre deux stratégies possibles à partir de maintenant, choisis celle qui va maximiser tes chances de gagner à l’arrivée. »
Alors que les humains ont plus tendance à évaluer chaque situation en se disant : « Qu’est-ce qu’il faut faire à partir de cette situation là ? », avec le but, un but un peu plus lointain, de gagner la partie, mais : « Qu’est ce qu’il faut faire ici et maintenant ? ».
L’IA réfléchit davantage sur le long terme et c’est pour ça que quand d’autres jeux ont été joués, en particulier des jeux de stratégie où les êtres humains sont assez consternés par le choix des armes, quand il s’agit de constituer des équipes avec différentes armes, les humains sont consternés de voir ce que la machine fait : tout à coup, on s’aperçoit que … Quand je dis : « Tout à coup », c’est qu’il est trop tard : les humains se disent : « Mais qu’est ce qui s’est passé ? ». Ils jettent un regard en arrière et se disent : « Zut, voilà, elle a gagné ! ». Et tout ça s’est passé trop vite.
Je me souviens d’une fameuse partie où tout à coup, l’armée qui est rassemblée au milieu, tout à coup, s’est partagée, en l’espace d’une fraction de seconde, s’est partagée en cinq équipes qui ont ratiboisé l’autre, dans les milli-secondes qui ont absolument suivi.
Alors, est-ce que je tiens quelque chose là ?
Est-ce que ChatGPT, Claude 3, LLaMA 3, ont joué un rôle dans la définition de cette opération dans l’oblast de Koursk ? Et de dire que les gens regardent ça en disant : « Ça ne nous dit rien, mais la machine nous dit que c’est la meilleure approche, on va la laisser faire pour la première fois et on va regarder ce qui se passe ! ». Parce que cette incursion ressemble fort à des ouvertures qui ont fait écarquiller les yeux d’un certain nombre de personnes quand ils les ont vues pour la première fois.
Illustration par DALL·E à partir du texte
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