Illustration de DALL·E à partir du texte
Si vous me lisez, vous m’aurez souvent vu réduire une question de prises de position d’ordre politique à l’opposition de simple types psychologiques. Faute de mieux, j’utilisais dans ce cas-là le terme de « rigidité » : les personnalités rigides auront tendance à l’autoritarisme, au complotisme encore appelé conspirationnisme. J’ai souvent cité ce chiffre incompressible, trouvé un jour quelque part, de 15% de personnalités rigides équitablement distribuées dans la population mondiale, constituant le terreau où repousseront infatigablement le fascisme, le communisme soviétique, le pol-potisme, le FN ou RN, MAGA, le « Tea party », et ainsi de suite.
Un article datant de 2017, sur lequel on attire mon attention aujourd’hui : « Need for closure is associated with urgency in perceptual decision-making » (La pulsion à conclure est associée à l’urgence dans la prise de décision perceptive), me permet d’affiner considérablement ma réflexion fondée essentiellement jusqu’ici sur ce que Bourdieu appelait des « catégories spontanées », pour opposer celles-ci à de véritables « concepts » bien … conçus.
L’article commence par présenter le « compromis vitesse/précision » qui, comme son nom l’indique, nous conduit dans l’urgence de la prise de décision, à aller le plus vite possible tout en perdant le moins de précision possible dans les actes que nous allons poser. Une fois que c’est dit, cela semble aller de soi.
Mais il n’y a pas que cela : nous différons, nous tous, dans une autre dimension qui, selon l’article, serait fixée une fois pour toutes pour chacune ou chacun d’entre nous – ce que l’on appelle dans ce cas-là un « trait de caractère » – que les auteurs de l’article appellent la « pulsion à conclure ».
Voici ce qui est dit :
« La « pulsion à conclure » (NFC = « need for closure ») est un trait de personnalité qui se définit par un désir de réponses et de conclusions face à la confusion et à l’ambiguïté. Les personnes qui ont un fort besoin de clôture ont tendance à « avoir un désir de prévisibilité, une préférence pour l’ordre et la structure, un malaise face à l’ambiguïté, [ainsi que des niveaux élevés] d’esprit de décision et d’étroitesse d’esprit ». Les personnes qui ont une faible pulsion à conclure ont tendance à être au contraire adaptables, ouvertes d’esprit, moins axées sur la certitude et disposées à laisser s’écouler davantage de temps avant d’agir. »
Voilà donc des notions plus précises permettant de rendre compte de ce que j’appelais, faute de mieux, la « rigidité » : une « pulsion à conclure » trop puissante interférant, de manière dommageable pour la démocratie, avec le « compromis (indispensable entre la) vitesse et (la) précision » dans la prise de décision.
Illustration de DALL·E à partir du texte
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