Illustration par DALL·E (+ Pieter Brueghel)
Je publiais ici le 28 juillet, un billet intitulé avec un grand sens de l’actualité : « Jeux Olympiques ! », où j’écrivais entre autre, ceci :
« C’est dire le manque d’intérêt que présente pour moi l’information que Robert court plus vite qu’Oscar ou qu’il existe un pays où l’on pousse avec davantage de talent une balle du pied ou de la main, que dans un autre. Étant anthropologue de profession, et rien de ce qui est humain ne m’étant étranger, il est à mes yeux parfaitement légitime que l’on trouve cela au contraire du plus grand intérêt ».
Mais ma bienveillance envers celles et ceux qui aiment cela, alors que ce n’est pas mon cas, ne s’étend pas à ceux qui, au contraire, entendent, portés par un militantisme bien-pensant, faire chier celles et ceux qui ne partagent pas leur point de vue.
Je rappelle que l’expression en question doit sa célébrité à un très fameux échange dans Zazie dans le métro (1959), quand Zazie répond au monsieur, tout ému à la découverte que la petite a l’intention de devenir institutrice et s’enquiert : « Alors ? Pourquoi tu veux l’être, institutrice ? », que c’est « Pour faire chier les mômes. » [Je signale au passage, à l’intention de celles et ceux qui l’ignoreraient, que c’est Raymond Queneau qui rassembla les notes des leçons d’Alexandre Kojève sur Hegel, qui familiarisèrent les intellectuels français avec ce penseur, leçons auxquelles assistaient en particulier Georges Bataille, Maurice Merleau-Ponty, Gaston Fessard et Jacques Lacan.]
Les Jeux Olympiques sont, au pire, indifférents ; ils ne sont pas, en tant que tels, nuisibles, et celles et ceux qui les poursuivent de leur hargne n’aboutissent qu’à une chose : que l’on s’interroge sur leurs propres motivations. Si elles ou eux n’aiment pas ça, pourquoi s’arrogent-elles ou eux le droit d’en dégoûter les autres ?
Il s’agit là, bien sûr, d’un travers plus généralisé dont on trouve un peu partout les multiples manifestations. Ainsi, pourquoi des personnes homosexuelles se prononcent-elles avec véhémence sur des questions qui ne concernent en réalité que les hétérosexuels : au nom de quoi les goûts et préférences des autres les concernent-elles ? Pourquoi un organe de presse alternatif français, au demeurant fort respectable, s’est-il fait la spécialité d’être le porte-voix de celles et ceux qui jugent utile de savoir mieux que les intéressés ce qu’elles ou eux devraient penser, quitte à les irriter à la longue et à provoquer leur désaffection ?
« Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres ! » est une belle expression de la sagesse populaire, en voici une autre : « À chacun son métier, les vaches seront bien gardées ! ».
Addendum, le 12 août à 12h05 :
Je vais commencer par une banalité : cela fait plaisir d’être content. Or, il n’y a pas eu d’attentat, tout s’est bien passé, la France s’est bien classée, on a pu se baigner dans la Seine, on a pu voir des tas d’étrangers – des gens pas comme nous, de toutes les couleurs – avec de grands sourires et pas menaçants du tout (sauf au tir), la cérémonie d’ouverture était belle et spirituelle (à la limite de l’humour bête et méchant qui a offert à la France, il n’y a pas si longtemps, d’authentiques martyrs), la cérémonie de clôture était bon enfant et chaleureuse (entachée seulement d’un chanteur français chantant l’anglais comme une vache espagnole, mais comme c’est le genre de choses qui n’irrite que moi, on ne va pas en faire un fromage 😉 ).
Donc ces jeux ont offert de la France, une image rassurante, tolérante, optimiste, et ce ne serait pas une mauvaise chose du tout si ce climat pouvait se perpétuer le temps de la nomination d’un nouveau gouvernement, si le sourire pouvait se perpétuer jusque-là 😀 .
Est-ce à dire que tous les problèmes ont été résolus ? Non, évidemment : rien n’a été résolu. Mais est-ce une bonne idée de faire ce matin des gros titres : « Rien n’est résolu ! », comme si le problème majeur de la France ce matin était que tout le monde croit erronément que tout est résolu ? Je ne le crois pas : pourquoi imaginer que l’affaire la plus pressante est de dissiper l’atmosphère de bonne humeur ? Quel est le bénéfice ? De la même manière, quel était le bénéfice, durant les jeux, d’accumuler les articles affirmant qu’ils étaient une catastrophe, que quand ils s’arrêteraient, les choses seraient pires qu’avant, etc. ? Il n’y a jamais aucun bénéfice à enfoncer les portes ouvertes. En plus, on s’énerve en le faisant.
Le gouvernement a joué son rôle à la perfection, comme la mairie de Paris, comme l’armée et la police et la maréchaussée (le bon déroulement, l’absence d’attentat, ne sont pas dus à la seule opération du Saint-Esprit).
« Paix sur la terre aux gens de bonne volonté » est un principe excellent, très difficile à mettre en pratique et, quand on a pu le voir en application ne serait-ce que trois semaines, il faut s’en féliciter. Et cela, même si le gouvernement, la mairie de Paris, l’armée, la police et la maréchaussée ne seront pas exempts de tout reproche dans les jours à venir, comme c’était le cas avant 😀 !
Illustration par DALL·E (+ Jérôme Bosch)
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