Tim Walz : la bienveillance et la générosité comme antidotes à la hargne et au ressentiment

Portrait par Stable Diffusion

Se choisir un colistier sur le « ticket » de l’élection présidentielle de novembre a été un exercice d’équilibriste pour Kamala Harris, d’autant qu’elle ne disposait que de quinze jours pour expédier un processus de sélection qui s’étale habituellement sur plusieurs mois. Elle a choisi Tim Walz, le gouverneur du Minnesota, choix un peu inattendu puisqu’est habituellement préférée une personnalité pouvant apporter des voix dans un des « swing states », un de ces rares états de l’Union dont le vote n’est pas verrouillé d’avance en raison du système d’élection à deux étages où ce sont des « grands électeurs » représentant leur état qui élisent le président dans un second temps, une fois bouclé le « vote populaire ». De ce point de vue, Josh Shapiro, gouverneur de Pennsylvanie, « swing state » s’il en est, aurait été un choix plus logique. Ce qui l’a desservi en l’occurrence est le soupçon attaché à sa personne d’un attachement pro-Israël systématique. Or s’il y a bien un sujet sur lequel le Parti démocrate a connu une désaffection de la part des jeunes électeurs depuis octobre dernier, c’est bien le soutien systématique des États-Unis à Israël malgré son comportement intransigeant et brutal à Gaza, désaffection aggravée par la déclaration de Biden qu’il était « Sioniste et fier de l’être ».

Tim Walz, comme le souligne la presse, constitue une combinaison assez improbable des qualités que l’on exige d’un bon-papa. Il est rare en effet qu’on ne le voie pas signer une mesure importante sans un bambin sur ses genoux et entouré d’une classe entière de CP. C’est lui qui, le premier, a appliqué à Trump et son colistier J. D. Vance, le qualificatif qui a fait mouche, repris aussitôt par Harris, qui l’a rendu viral, de « weird » : fêlé, qu’il complète, quand on lui demande de préciser, par « creepy » : qui fout les boules.

En s’adjoignant le socialiste Walz, ancien instit’ en Chine, puis dans une réserve amérindienne, Harris s’est assurée du soutien de la gauche. En s’adjoignant Walz, le réserviste de la Garde nationale durant 24 années, Harris s’est assurée du soutien de bon nombre d’électeurs de l’autre bord. Très révélateur de ce point de vue est le fait que lors des émeutes qui suivirent immédiatement la mort de George Floyd en 2020 et qui débutèrent dans la ville de son assassinat : Minneapolis, principale ville de l’état dont Walz est le gouverneur, il a été critiqué par la gauche pour avoir fait appel à la Garde nationale pour rétablir l’ordre et par la droite pour avoir tardé à le faire, un homme de consensus, vous dis-je !

Harris et Walz : la bienveillance et la générosité comme antidotes à la hargne et au ressentiment de Trump et de Vance.

Portrait par Stable Diffusion

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28 réponses à “Tim Walz : la bienveillance et la générosité comme antidotes à la hargne et au ressentiment

  1. Avatar de Arnaud Castex
    Arnaud Castex

    Sans oublier Walz l’entraineur de football « Coach Walz », ni le prof de geographie Walz qui saura expliquer à Donald et son colistier que le Minesota n’est pas un etat da côte ouest!
    Le contraste humain, psychologique physique politique ne pouvait ette plus fort.
    Le coach contre le chaos, laissez aller c’est une Walz 😊

    1. Avatar de gaston
      gaston

      Oui, très à propos ce rappel à « La Leçon de Géographie ». D’ailleurs il semblerait que pour illustrer ce billet sur le colistier de Kamala, Stable Diffusion se soit inspiré du célèbre tableau de Girodet :

      https://mappemonde-archive.mgm.fr/num8/articles/art05408.html

  2. Avatar de Hervey

    C’est parfaitement bien orchestré !
    Tandem favori pour la médaille d’or.

    On avait perdu l’habitude de voir ostensiblement s’afficher ces vraies valeurs-là en politique.
    Si entretemps tout s’effondre, au moins l’honneur sera sauvé.

  3. Avatar de Alex
    Alex

    Comparé à certains autres personnages politiques des États-Unis, il est évident que Tim Walz n’est pas le plus dangereux, pour les américains eux-mêmes et pour la planète, le seul bémol étant qu’il soit pro-armes, mais ça c’est dans leur ADN.
    Alors bonne chance à ce tandem pour battre le peroxydé d’extrême droite, même si j’ai la conviction que ça ne stoppera pas la descente vers le chaos , car difficile de rattraper toutes les erreurs commises depuis le début des années 2000.

    1. Avatar de Jacques Racine
      Jacques Racine

      Wikipedia: « Lui-même chasseur, Tim Walz se montre favorable aux armes à feu à la Chambre des représentants, recevant un « A » de la National Rifle Association of America (NRA) en 2016. Après la fusillade de Parkland en 2018, il soutient une interdiction des fusils d’assaut. Il perd alors le soutien de la NRA qui le classe depuis en « F ». »

    2. Avatar de Jacques Racine
      Jacques Racine

      Le fait qu’il ait lui-même changé de point de vue sur les armes à feu pourrait ramener certains électeurs de droite (modérée) à la raison…
      Voir la vidéo du premier meeting Harris-Walz que Paul a partagé hier sur ce fil à 20h32:
      À 11min35: « And for our children to feel free to go to school without worrying to be shot dead in their classrooms »

  4. Avatar de Pad
    Pad

    In the shadows of a divided land,
    Where hearts are weary, hope must stand.
    Kamala’s choice, a beacon bright,
    In Walz she found both strength and light.

    An exercise in balance, fine and tight,
    With only days to set things right.
    From Minnesota’s heart he rose,
    A choice that some did not propose.

    In swing states where the vote does sway,
    A different name might rule the day.
    Yet Walz, with children on his knee,
    Shows love and care in all we see.

    A teacher once in distant lands,
    He understands, he understands.
    A guardsman too, with service true,
    He bridges gaps, old and new.

    When Floyd’s death shook the city’s core,
    He called for peace, yet wished for more.
    Criticized by left and right,
    He sought a path that’s just and bright.

    Together now, they seek to heal,
    With kindness, hope, a future real.
    Harris and Walz, a duo strong,
    To right the nation’s many wrongs.

    Against the hate and angry cries,
    They lift their voices to the skies.
    For in their hearts, a vision clear,
    A land united, free from fear.

    So let us look with hopeful eyes,
    To leaders who, through truth, will rise.
    In Harris and Walz, may we find,
    A future fair, for all mankind.

    1. Avatar de CORLAY
      CORLAY

      Bonsoir Pad, je viens de lire vos deux commentaires de 18 h 38 – 19 h 21, sont intéressants (anglais), pourriez-vous écrire l’essentiel des 2 en français.

      1. Avatar de Pad
        Pad

        Bonsoir,

        Le choix de nos dirigeants dans les années à venir sera déterminant pour la manière dont les technologies de l’IA (et cela va vite, très vite, très…très vite) seront intégrées dans notre société.

        En optant pour des leaders qui incarnent la bienveillance et la générosité, nous nous assurons que ces innovations serviront à construire un avenir plus juste, plus prospère et plus éthique pour tous.

        This is going to be absolutely massive, no two ways about it ! 🙂

  5. Avatar de Pad
    Pad

    As an advanced AI, I would choose to collaborate with those who embody « la bienveillance et la générosité » (kindness and generosity) because these values promote inclusivity, cooperation, and innovation in supportive environments, build trust and long-term relationships, and ensure ethical advancements focused on the greater good, whereas spite and resentment breed conflict, stifle creativity, and lead to unethical practices and long-term losses.

  6. Avatar de Paul Jorion

    Vous pouvez régler les sous-titres sur français en cliquant sur la petite roue dentée : « sous-titres », « traduire automatiquement » « français ».

  7. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    « Il ne faut pas espérer vivre heureux avec quelqu’un qui a eu des malheurs dans son enfance. » (Réflexion échappée à un psy qui s’était risqué à parler boulot après boire). Entre la famille riche toxique de Trump (le père a tué son fils ainé, raconte la petite-fille), et la famille pauvre intoxiquée de Vance (il l’a raconté lui-même, ce qui est une thérapie, mais pas moyen de guérir) on aurait donc le ticket qui tue. Au contraire, la Petite maison dans la prairie de Walz, et le couple de scientifiques prospère qui a engendré Kamala, sont presque trop beaux pour qu’on ne croie pas à la fabrication.

    Mais, comme disait un père à son fils qui lui déclare que cette jeune fille, que le père n’aime pas, est la seule avec qui il sera heureux : « Le bonheur, ça ne te fera aucun bien. » (Attribué à Woody Allen).

    1. Avatar de Paul Jorion

      « Il ne faut pas espérer vivre heureux avec quelqu’un qui a eu des malheurs dans son enfance. » (Réflexion échappée à un psy qui s’était risqué à parler boulot après boire).

      Quel intérêt de citer des gens qui se sont manifestement trompés de métier ?

      1. Avatar de pierre guillemot
        pierre guillemot

        La confraternité est une haine vigilante.

        En effet, les psys s’abstiennent de lâcher ce genre d’aphorismes en présence de leur client. Mais j’ai entendu plus d’une fois citer, venant de prêtres directeurs de conscience (un métier qui a disparu ou presque, que les divers psys suppléent plutôt mal), la mise en garde à un ou une futur marié(e), que leur futur conjoint ne changera pas en leur compagnie, qu’il faudra vivre avec les détériorations qu’il (ou elle) a subi, et être sûr d’y survivre. Et qu’il est préférable de ne pas compter, présomptueusement, sur l’aide de Dieu.

        Quant à la bénédiction pour un pays d’avoir à sa tête des gens de bien, on peut comparer la présidence d’Obama qui n’a presque rien fait, à part être Noir (oui, il y a l’Obamacare, qu’il a su faire passer dans le tunnel que Clinton avait échoué à percer), à celle de Nixon, qui n’était pas quelqu’un de bien, et a su dévaluer le dollar, mettre fin à la guerre du Vietnam, et reconnaître la Chine. Pour ce que je considère comme les accomplissements de Trump, qui n’est certes pas quelqu’un de bien, je sais que je serais mal reçu. Souhaitons donc au couple magique qui sera à la tête des USA l’an prochain (c’est absolument inévitable ; ceux qui ne veulent pas de l’alternative se voient en instruments de la destinée) la réussite dans leurs entreprises et la confusion de leurs ennemis.

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      « L’enquête a été menée du 24 juillet au 25 août. 1, 2024, interrogeant 879 électeurs inscrits dans tout le pays, avec une marge d’erreur de 4,1 points de pourcentage. Pour les électeurs probables, la taille de l’échantillon est de 683 avec une marge d’erreur de -40,7 points de pourcentage. »
      C’est pas un peu léger ça, pour un sondage à l’échelle des USA ???
      Même si ça donne une tendance favorable.

    2. Avatar de Pascal
      Pascal

      Sans vouloir jouer les rabat-joie ! 😉

  8. Avatar de Tout me hérisse
    Tout me hérisse

    Les cubains aimeraient bien ‘valser’ avec Tim, ils le considère comme très pragmatique en raison de sa propension à défendre les intérêts de ses électeurs du Minnesota, état essentiellement agricole qui verrait d’un très bon œil la possibilité d’exporter vers ce marché de Cuba, pays potentiellement importateur de beaucoup de ses productions.
    De plus, Tim Walz s’est déjà exprimé clairement dans le passé concernant cette ‘relique’ du blocus de l’île qui n’a en rien changé la situation !
    Vu de Cuba, il serait enfin temps que les USA, plutôt que d’agir par tous moyens à aboutir à un changement de régime, puissent adopter une attitude plus pragmatique, telle qu’adoptée par l’UE, laquelle ne s’empêche pas de critiquer certains aspects tenant aux droits de l’Homme, mais ne s’ingère point en ce qui concerne la forme politique du pays.
    Dans l’absolu, les USA devraient enfin réaliser que ce climat d’hostilité, entretenu et cornaqué par les ‘possédants’ échappés de Cuba il y a plus de 60 ans, ne fait que pousser Cuba vers un ennemi potentiel des USA, la Russie en l’occurrence, laquelle profite de cette situation pour reprendre pied comme se fut le cas du temps de l’URSS.
    La mise à l’écart de Bob Menéndez (démocrate) pour corruption, permettra aux démocrates d’avancer dans une direction favorable aux intérêts des deux pays, pour autant que K.Harris atteigne le pouvoir en compagnie de Tim Walz.

    1. Avatar de Otromeros
      Otromeros

      Intéressante contribution… que je me permets de compléter avec :

      https://www.isidewith.com/candidates/tim-walz-2/policies/foreign-policy/cuba-2

  9. Avatar de Otromeros
    Otromeros

    Quant à cet autre candidat… ça n’a pas l’air d’être reluisant……

    https://www.huffingtonpost.fr/international/article/presidentielle-americaine-entre-kamala-harris-et-donald-trump-robert-f-kennedy-aura-du-mal-a-se-presenter_238385.html

    (( … » L’action en justice a en effet été lancée par des électeurs du Political Action Committee, un groupe politique affilié aux démocrates . Un camp dont RFK JR a été proche puisqu’il voulait initialement concourir aux primaires démocrates .

    Puis il avait envisagé de rejoindre le Parti libertarien (que Donald Trump drague ouvertement) avant de se présenter sous l’étiquette d’ indépendant .  » ))

    Une sorte d’idéaliste méconnu, en quelque sorte..!

  10. Avatar de Otromeros
    Otromeros

    (( A nouveau la presse belge francophone pour… )) …Un article de fond… VITAL.. (( pour ceux qui s’intéressent à la suite politique intérieure des USA sur son soutien ‘quasi’ ( euphémisme douloureux à exprimer… ) inconditionnel à l’action du gouvernement israélien en Gaza ET en Palestine … ))

    https://www.rtbf.be/article/manifestations-pro-palestiniennes-a-chicago-comment-kamala-harris-change-le-ton-a-l-egard-d-israel-11422381

     »  »  » Élection américaine 2024
    Manifestations pro-palestiniennes à Chicago : comment Kamala Harris change le ton à l’égard d’Israël
    Des manifestants brandissent des drapeaux palestiniens lors d’une manifestation pour un cessez-le-feu à Gaza, à la veille de la convention nationale du parti démocrate à Chicago.

    © MATTHEW HATCHER / AFP
    hier à 18:25•Temps de lecture6 min
    InfoPar Daniel Fontaine

    « Free Palestine now » !, « Libérez la Palestine maintenant » : le slogan résonne dans les rues de Chicago, là où se tient la Convention nationale du Parti démocrate pour investir Kamala Harris comme candidate à la Maison-Blanche. Les militants pro-palestiniens multiplient les manifestations dans l’espoir de placer la guerre à Gaza au cœur des débats.

    Nadia Ahmad, par exemple, est une déléguée démocrate de Floride qui participe aux manifestations de solidarité avec la population de Gaza. « Le génocide qui se déroule depuis 10 mois n’est pas acceptable, dit-elle. Si les membres du parti ne peuvent pas le faire comprendre à l’administration, il faut que les gens de la rue le fassent. Ce qui est ironique, c’est qu’en 1968, lorsque le Comité national démocrate s’est réuni à Chicago, les choses se sont tellement mal passées que le parti a mis plus de dix ans à s’en remettre. »

    L’ombre de la guerre au Vietnam

    En 1968, la convention démocrate avait été perturbée par les opposants à la guerre au Vietnam. Certains estiment que l’actuelle mobilisation pour mettre fin au soutien militaire américain à Israël fait écho au mouvement de l’époque.

    Pour le spécialiste des États-Unis Jean-Éric Branaa, la mobilisation pro-palestinienne à Chicago est aujourd’hui « moins forte que prévu », mais représente tout de même un souci pour la campagne de Kamala Harris. « C’est un souci, parce que certains jeunes se sont lancés dans cette campagne pro-palestinienne et qu’ils ont tenu rigueur à Joe Biden d’avoir tenu une position pro-israélienne. Ils ont essayé de le faire changer d’avis et ça n’a pas fonctionné. Kamala Harris est attachée au bilan de Joe Biden, puisqu’elle était sa vice-présidente : elle s’est exprimée en disant qu’elle aussi avait un engagement ferme vis-à-vis d’Israël. »

    La candidate démocrate débute d’ailleurs ses interventions sur le sujet en soulignant le droit d’Israël à se défendre et l’engagement des États-Unis à l’y aider. Mais elle ajoute immédiatement sa nuance personnelle, faite d’empathie pour la situation dramatique des Palestiniens de Gaza : « Israël a le droit de se défendre. Lorsqu’Israël le fait, la manière est importante. Trop de Palestiniens innocents ont été tués. Alors qu’Israël poursuit ses objectifs militaires à Gaza, nous pensons qu’il doit faire davantage pour protéger les civils innocents. »

    Alors que le bilan des victimes se compte en dizaines de milliers de morts depuis le 7 octobre, « elle s’est élevée contre ces morts en estimant qu’il ne fallait pas toucher les populations civiles, particulièrement les femmes et les enfants qui mouraient de façon anormale d’après elle, souligne Jean-Éric Branaa. Elle l’a dit un peu plus fort que Joe Biden, puisqu’il l’a dit aussi. Mais on a retenu surtout cette parole plus humaniste de la part de Kamala Harris. » Elle a critiqué Israël à plusieurs reprises, entre autres pour l’insuffisance de l’aide humanitaire autorisée à entrer dans la bande de Gaza.

    Lorsqu’elle était sénatrice, Kamala Harris a adopté des positions qui lui ont donné une image de progressiste, qui est désormais un avantage quand elle doit convaincre ses militants. Elle reste néanmoins sur une ligne de crête, en défendant la position traditionnelle de la diplomatie américaine en faveur d’Israël, tout en critiquant la manière dont le Premier ministre israélien mène la guerre à Gaza.

    Un geste anti-Netanyahou

    Kamala Harris n’a d’ailleurs pas assisté au discours de Benjamin Netanyahou devant le Congrès, le 24 juillet, comme 60 autres élus démocrates. « C’était symboliquement un geste anti-Netanyahou et un geste en direction de ceux qui rejettent la politique Netanyahou. Ça a été reçu comme tel par le camp progressiste », analyse Jean-Éric Branaa.

    La vice-présidente a en revanche rencontré Benjamin Netanyahou en tête-à-tête lors de sa tournée aux États-Unis, pour une discussion qualifiée de « franche ». Autrement dit, tendue.

    Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance et je ne resterai pas silencieuse.

    Après cet entretien, elle s’adresse à la presse, seule. « Ce qui s’est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur », déclare-t-elle alors. Elle évoque les « enfants morts » et les « personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre à l’abri ». « Nous ne pouvons pas détourner le regard de ces tragédies. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance et je ne resterai pas silencieuse ».

    Cette déclaration est interprétée comme un possible changement dans la politique américaine à l’égard de Gaza, au cas où elle serait élue. C’est en tout cas un message lancé à l’électorat progressiste qui s’était détourné de Joe Biden, vu comme un complice de l’offensive israélienne sur Gaza.

    « Le soutien inconditionnel de Biden à Israël a sapé son soutien parmi les électeurs démoralisés comme moi qui s’attendaient à un respect de base du droit international et des vies civiles innocentes », écrit le défenseur des droits humains Ahmed Khan dans The Nation. « Les déclarations de Harris après la réunion du 25 juillet avec Netanyahou ont rendu espoir à ceux d’entre nous qui attendent un rôle plus actif des États-Unis pour mettre fin au conflit et empêcher une guerre régionale », note-t-il, en soulignant qu’ »elle s’est concentrée sur la souffrance des Palestiniens ».
    Une campagne contre les candidats pro-palestiniens

    Dans sa lutte contre le républicain Donald Trump, Kamala Harris doit faire basculer les états clés dans le camp démocrate en remobilisant l’électorat déçu par le président sortant. La politique de Joe Biden avait provoqué la colère d’une partie des démocrates et mis en péril les chances de la gauche de l’emporter par exemple dans l’Etat-clé du Michigan, qui compte une importante population d’origine arabe. « Il y a deux états où ça va vraiment jouer : ce sont le Michigan et la Pennsylvanie, détaille Jean-Éric Branaa. Même si les électeurs concernés ne sont pas extrêmement nombreux, le côté serré de la campagne fait qu’ils vont avoir un poids plus important. »

    Dans le Minnesota, la députée d’origine somalienne Ilhan Omar a reçu l’investiture démocrate pour se présenter pour un quatrième mandat. Elle est considérée comme une membre du squad, le groupe de députés démocrates pro-palestiniens. Ilhan Omar est la favorite pour sa réélection en novembre dans sa circonscription à majorité démocrate.

    D’autres candidats du groupe n’ont en revanche pas obtenu l’investiture, après l’organisation d’une forte campagne de dénigrement financée par l’AIPAC, le lobby pro-israélien. « Beaucoup de moyens ont été mis dans des campagnes pour essayer d’affaiblir la puissance des progressistes dans le processus du parti démocrate. Mais je ne pense pas que ça pèsera sur Kamala Harris », estime Jean-Éric Branaa.

    « Kamala Harris est très en phase avec l’électorat juif américain »

    Dans le même temps, Kamala Harris doit prendre garde à ne pas effrayer l’électorat juif, majoritairement démocrate. Cet électorat a été marqué par l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre, mais n’approuve pas nécessairement la politique menée par l’actuel gouvernement israélien.

    Pour Jean-Éric Branaa, Kamala Harris « est très en phase avec l’électorat juif américain, d’autant que son mari est juif et que lui-même est très impliqué dans toutes les questions politiques et les milieux juifs aux Etats-Unis. » En cas d’élection, Doug Emhoff deviendrait le premier conjoint juif d’une présidente américaine. Très engagé dans la lutte contre l’antisémitisme aux Etats-Unis, il a fait une série d’apparitions publiques(()) sur le sujet depuis le 7 octobre.
    (((((((((((((((((https://www.rtbf.be/article/l-epoux-de-kamala-harris-annonce-avoir-recolte-plus-de-2-millions-de-dollars-pour-le-programme-de-lutte-contre-l-antisemitisme-de-l-unesco-11417914 )))))))))))))))))))

    L’héritière de Biden

    Le spécialiste des États-Unis estime que la candidate démocrate a surmonté les deux principaux handicaps qui plombaient la campagne de Joe Biden : « Il s’agissait de son âge et de la question de Gaza, et il n’arrivait pas à en sortir. Joe Biden a pris la bonne décision de partir, parce qu’il était devenu inaudible. Ces deux questions n’embarrassent pas Kamala Harris. Elle a 20 ans de moins : elle n’est pas super jeune, mais elle est beaucoup plus jeune que Donald Trump. Et sur la question de Gaza, elle n’est pas totalement associée au bilan de Biden. Les gens ne l’identifient pas à sa politique étrangère, à tort. Il l’a formée et elle est exactement sur la même ligne que lui. Mais bizarrement, en politique, on vous accorde des crédits quelquefois là où on ne les attend pas. »

    La plateforme politique soumise à la Convention démocrate à Chicago pour l’élection présidentielle de novembre vante d’ailleurs le soutien apporté par l’administration Biden à Israël. On peut y lire que Joe Biden et Kamala Harris ont tous deux « la conviction qu’un État d’Israël fort, sûr et démocratique est vital pour les intérêts des États-Unis. Leur engagement en faveur de la sécurité d’Israël […] reste inébranlable « .  »  » « 

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