Illustration par DALL·E à partir du texte
Bonjour, nous sommes le mardi 16 juillet et je vais vous expliquer très rapidement pourquoi rien ne marche plus.
En fait c’est relativement simple comme mécanisme. Nous vivons dans des démocraties où les gens qui nous représentent sont élus. Alors ils viennent avec des programmes : ils expliquent ce qu’ils veulent faire et il faut que ce qu’ils disent qu’ils vont faire, plaise aux gens qui vont les élire.
Donc ils ne peuvent pas aller voir les gens en disant : « Il faut faire de très grands sacrifices, il faut changer votre vie, il faut faire tout à fait autrement ! ». Parce que s’ils disent ça, on ne les élira pas.
Or, il y a des circonstances, par exemple, ce qu’on appelle la « capacité de charge d’une espèce par rapport à son environnement », qui font que quand on dépasse les limites et qu’on produit du réchauffement climatique, la montée des eaux des océans, la disparition des espèces animales : baisse de la biodiversité, ce qu’il faudrait dire aux gens sur comment on va arranger les affaires, c’est des choses que les gens n’ont pas envie d’entendre.
Il y a une notion de science politique qui est relativement récente, elle date des années 90, c’est un monsieur Joseph Overton qui a parlé de ça : il a parlé de la « fenêtre d’Overton ». C’est ce que les gens sont capables d’entendre pour voter pour quelqu’un.
Alors le problème, c’est que cette fenêtre peut être complètement décalée par rapport à ce qu’il faudrait vraiment dire, par ce qu’il faudrait vraiment faire.
Les gens qui veulent être réélus, ils restent dans la fenêtre d’Overton, quel que soit le décalage de cette fenêtre par rapport aux mesures qu’il faudrait prendre.
Alors on élit ces gens là parce qu’ils ont dit : « Demain on rase gratis, on supprime les impôts, etc. » Et ces gens vont au gouvernement. Et il y a des époques où, par exemple, la capacité charge de l’espèce n’est pas entièrement enfoncée, où ça peut marcher. Voilà !
On n’est plus dans une phase de ce type là.
Alors on élit des gens sur leur programme, qu’ils appliquent plus ou moins. Mais même s’ils l’appliquaient, ça ne résoudrait pas les problèmes qui se posent.
Alors on arrive aux élections suivantes.
Qu’est-ce que les gens font?
Comme aucun des problèmes n’a été résolu, ils votent pour les autres. Voilà !
Les autres avaient un programme aussi de choses qui étaient intéressantes ou qui n’étaient pas intéressantes, qui était radical ou non, mais en tout cas était aussi à l’intérieur de la fenêtre de ce qui est admissible par les gens qui écoutent et qui vont voter, et ceux-là sont aussi nuls que les précédents.
Alors à la fois suivante, on vote pour les autres.
Et comme il y a quand même une prise de conscience que ça ne marche pas, ça se radicalise : il y a bipolarisation dans la population, les vues sont de plus en plus opposées. Mais comme personne ne propose les mesures qu’il faudrait prendre, le système va de pire en pire.
Vous observez ça certainement dans un pays tout près de chez vous et en particulier dans celui où vous vivez. Et même si vous êtes anglophone et vous m’écoutez des États-Unis ou d’Angleterre, du Royaume-Uni, vous savez exactement de quoi je parle.
Alors, qu’est ce qui se passe dans ce cas là?
Eh bien, bipolarisation de plus en plus forte : personne n’arrive à rien. Personne ne veut en tout cas essayer d’être élu en-dehors de la fenêtre d’Overton pour les choses qu’il faudrait faire et du coup, ça ne marche plus du tout.
Alors comment ce genres de choses se résolvent ?
Vous le savez : c’est des coups d’État militaires qui, à un moment donné il y a des gens niveau de l’armée qui décident qu’il n’y a plus rien qui marche et ils prennent le pouvoir.
Et à ce moment là, qu’est-ce qu’ils font ?
En général, ils prennent parmi les plus radicaux de ce qu’on pouvait entendre avant, et ça ne marche pas nécessairement mieux que dans l’autre cas. Et parfois, ils ont la sagesse de confier les décisions à des gens qui vont prendre des mesures dites « impopulaires » mais qui correspondent à ce qu’il faudrait faire.
Alors, est-ce que c’est une recommandation de ma part?
Non ! c’est, comme d’habitude : je suis sociologue et anthropologue de formation, je décris les choses qui se passent et j’essaye de vous en rendre compte d’une manière qui fasse sens. Voilà !
Allez, à bientôt, au revoir !
Illustration par DALL·E à partir du texte
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