Je filtre la plupart des commentaires d’un troll qui rode par ici avec des messages du genre « M. Jorion, vous nous avez dit il y a deux ans que nous risquions une guerre thermonucléaire avec la Russie et je ne suis toujours pas mort ! » ou bien « M. Jorion, vous nous avez dit qu’il y aurait une guerre civile aux États-Unis en mai ou en juin, et on est en juillet et il n’y a toujours pas de guerre civile aux États-Unis ! ».
Ma réponse est celle-ci : mon horreur sera la même si la guerre civile éclate aux États-Unis – comme le risque en a considérablement augmenté hier – en juillet plutôt qu’en mai ou en juin, tout comme mon horreur sera la même si une guerre thermonucléaire éclate en 2025 plutôt qu’en 2024. Autrement dit, il existe une différence entre un ou une futurologue et le gars qui a un tuyau infaillible pour le tiercé.
Je m’explique. Je produis mes prévisions pour faire bénéficier le public de la qualité de mes analyses et quand je prévois des catastrophes, ce n’est pas pour le plaisir infantile d’avoir raison : j’en parle en tant que lanceur d’alertes, en tant que personne capable de capturer un climat qui passe inaperçu à la plupart des gens, c’est-à-dire, au contraire, en priant le ciel d’avoir tort, et en espérant avoir pu jouer un rôle, même minime, dans le fait d’avoir tort.
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