Illustration par DALL·E (+PJ + 😉 )
Après la dissolution décidée par Macron, j’ai envisagé plusieurs fois de republier, en piqûre de rappel, ce petit article d’entre deux tours de 2022 « si la gauche peut encore quelque chose, » qui était redevenu d’actualité. Mais je préfère m’attarder plutôt sur cette idée du compromis.
Depuis le deuxième tour des législatives anticipées, depuis la victoire relative mais victoire tout de même du Nouveau Front Populaire, l’on ne nous parle plus que de la culture du compromis avec l’arrière-pensée à peine dissimulée que la gauche serait contrainte d’endosser puis de prolonger tous ces dispositifs à cliquets que la macronie et ses alliés ont positionnés dans tous les domaines.
Il faut espérer que la gauche (ce qu’il en reste et ce qu’il s’y agrège) ne succombera pas une nouvelle fois à cette injonction au compromis tenue au sein-même de son camp par des croulants en politique, quoique jeunes en âge, qui aiment à se qualifier d’adultes ! Lorsque deux protagonistes naviguent sur deux plans sécants voire orthogonaux, le compromis est le baume offert au moins malin des deux, tout empressé qu’il est de se plier en quatre pour faire avancer le schmilblick !
Par exemple quand il est fondamentalement question de la répartition de la richesse créée par notre travail et que la gauche se laisse imposer le débat sur l’âge de départ à la retraite parce que voyez-vous « on vit plus vieux alors il faut travailler plus longtemps » quel est le sens du compromis dans cette affaire ? Quand bien même la gauche parviendrait à rogner quelques trimestres de la proposition marconiste pour que les adultes de ses rangs ne se sentent plus de joie, qui serait le dindon de la farce dans l’histoire ?
Imaginons au contraire qu’une gauche un peu moins éteinte et qui regarde plus loin cesse de suivre le torchon rouge de l’âge de départ à la retraite ; qu’elle pose au contraire sur la table la question de la répartition de la richesse créée par les entreprises ; qu’elle avance une proposition d’abolition du privilège actionnarial et que les autres forces politiques soient sommées de faire des concessions dans ce domaine, n’en sortira-t-elle pas grandie quelle que soit l’issue de la bataille ?
Aucun compromis ne devrait être envisagé a priori par la gauche s’il s’agit de se positionner sur des questions amenées par ses adversaires selon leurs intérêts. Si le Nouveau Front Populaire est appelé au pouvoir, comme cela devrait être en principe le cas, il ne doit pas y aller dans l’intention de faire des compromis sur les affaires courantes en attendant l’on ne sait quoi. Il lui faut poser des questions de fond sans délai. Des questions qui nécessiteraient de la part des autres parlementaires de se positionner sur les attentes du plus grand nombre (électeur RN-anciennement-de-gauche inclus) telles que comprises et exprimées par la gauche.
Dans le cas échéant, la gauche s’enfermerait dans un jeu de dupes dont le bénéficiaire tout désigné est ce torrent de déception et de colère qu’aucun barrage ne pourrait plus contenir.
Illustration par DALL·E (+PJ + 😉 )
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