Illustration par DALL·E (+PJ)
The New York Times : Le cofondateur d’OpenAI, qui a contribué à l’éviction de Sam Altman, crée sa propre entreprise, le 19 juin 2024
« La nouvelle start-up d’Ilya Sutskever, Safe Superintelligence, a pour objectif de créer des technologies d’intelligence artificielle plus intelligentes que l’homme, mais non dangereuses. »
Vous vous souvenez sans doute du moratoire signé le 29 mars 2023 par des « personnalités » de l’intelligence artificielle, réclamant un arrêt immédiat de la production et de la recherche en raison de l’abominable danger que représente l’IA. Vous vous souvenez aussi qu’à la tête de la croisade se trouvait Elon Musk. Vous aurez peut-être noté qu’on ne l’entend plus sur ce sujet depuis le mois de mars, date de création de xAI, sa compagnie d’IA, dont le produit-phare, rival de chatGPT, s’appelle Grok. Figurez-vous que Musk vient même de retirer la plainte qu’il avait déposée contre OpenAI, la compagnie qui produit ChatGPT.
Qui était le croisé N°2, après Musk, de la campagne contre l’abomination qu’est l’intelligence artificielle ? Ilya Sutskever, cofondateur et, jusqu’au mois dernier, chercheur en chef d’OpenAI. Sutskever nous expliquait que s’il avait cherché à renverser son chef, c’était en raison de Oui, vous l’avez deviné : « l’abominable danger que … ». Or Sutskever a annoncé hier qu’il avait fondé une société dont le produit ne serait pas une intelligence artificielle, ni même une intelligence artificielle généraliste (la génération suivante, qui sait vraiment tout faire) mais une (tata tata !) super-intelligence artificielle, qui ne sera pas accidentellement plus intelligente que nous (comme celles qu’on a maintenant) mais intentionnellement plus intelligente ! Mais attention ! Attention : comprenez bien le titre de la nouvelle compagnie de Sutskever : SSI = Safe Superintelligence Inc. « Safe », qui veut dire « sûr » en anglais. Sa super-intelligence artificielle sera SÛRE ! Ah ! le brave homme !
La morale de l’histoire (au cas où elle vous aurait échappé) : hurlez que l’IA est abominablement dangereuse jusqu’à ce que vous puissiez lancer votre compagnie et annoncer votre produit.
La morale de l’histoire au niveau supérieur, je vous l’ai racontée dans l’article que j’ai publié en mars dans la revue AOC : Le prince et l’honnête homme face à la Singularité. Qui, au fil de l’Histoire, annonce inlassablement qu’il existe un abominable danger, contre lequel, dans sa suprême magnanimité et son immense bonté, il protègera le peuple ? Selon Machiavel, il n’y a qu’un nom pour lui tout au long de l’Histoire : le Prince, dont l’intérêt sera toujours de nous berner.
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