L’éducation va-t-elle se réduire à des dialogues entre ChatGPT et … ChatGPT, pendant que les enfants s’amusent ?, par Cédric Chevalier

Illustration par DALL·E à partir du texte

Que nous dit l’IA moderne de l’enseignement et des menaces que fait peser sur lui ChatGPT ? – Le Soir

Paul,

Je fais partie comme toi des gens qui « prennent au sérieux l’IA », contrairement à beaucoup de philosophes et d’intellectuels de notre époque, manifestement ! C’est logique puisque je suis moniste, matérialiste et émergentiste (à ce stade de ma vie 😉 . A priori, rien n’empêche l’émergence de formes d’intelligence non humaines. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. L’humain n’est en rien « hors des lois de l’Univers » même s’il est unique dans le degré général de ses capacités, sur Terre (il est cependant dépassé par des espèces dans des capacités singulières, nombreuses d’ailleurs).

Voici mon expérience récente de l’IA.

Je donne des cours de philosophie à des élèves adultes en promotion sociale « bachelier éducateur » à Charleroi.

J’ai utilisé ChatGPT pour produire disons 50% des supports de présentation de mon cours. Je m’y connais en philo, sans être un expert, et donc j’ai pu vérifier la qualité de ces supports.

Tous mes élèves ont manifestement utilisé ChatGPT pour produire les travaux individuels que je leur ai demandés (choisir un philosophe, me donner sa biographie, citer 5 enjeux de son époque, citer 5 grands concepts conçus par ce philosophe et les courants philosophiques auxquels il se rattache).

Ces travaux sont d’excellente qualité (évidemment…). Ils ont dû les présenter en classe. Quelques-uns ont fait une présentation synthétique, la plupart ont lu des parties entières du texte pondu par ChatGPT.

Donc je mesure de première main l’enjeu « éducatif » de l’IA mais plus largement, l’enjeu existentiel humain, où notre cerveau, notre intelligence, notre rapport à la connaissance et l’apprentissage tout au long d’une vie nous définissaient jusqu’à présent.

Mon sentiment est que mes élèves ont appris quelque chose durant mon cours.

Mais j’ignore s’ils auraient appris autant, plus ou moins, sans ChatGPT.

Il y a comme un vertige à songer que les humains deviennent symboliquement inutiles. J’aurais pu laisser ChatGPT discuter avec lui-même, produire les supports de présentation, donner cours à ma place à des élèves-bots, et laisser ces bots produire des travaux et répondre aux questions d’examen.

Nous les humains, enseignant et élèves, paraissons de plus en plus inutiles dans cette configuration.

Sommes-nous obsolètes ?

Il y a quand même un souci à la fin : pour interagir avec l’IA, il faut quelque part encore pouvoir réceptionner les paquets d’information qu’elles a produits (théorie de la communication), donc être capable de les comprendre. Qui pourrait comprendre un travail de philo réalisé par ChatGPT s’il ne savait pas lire et raisonner un minimum ?

Tout nous ramène au sens de l’Existence.

Paradoxalement, on est pris dans le dilemme suivant : soit nous sommes obsolètes et devons laisser le champ libre à l’IA pour nous succéder (si elle en est écologiquement capable, gros bémol), soit il faut admettre une conception éthique et métaphysique HORIZONTALE des êtres existants : les humains, les autres êtres vivants non humains ET les entités artificielles (artificielle étant une différenciation arbitraire si tout est « nature » comme le suggère Spinoza) ont autant de valeur a priori, peu importe leurs capacités.

Dans la seconde alternative, toute existence est digne d’être vécue, qu’on soit fourmi, hamster, chien, chimpanzé, humain, humain handicapé mental, IA ou super-IA.

L’IA, comme Nietzsche, Darwin, Marx ou Freud, est un fait un grand philosophe du soupçon. Elle détruit une évidence que nous avions sur nous-mêmes, un des derniers lambeaux de ce que nous pensions l’essence de l’Humanité.

Ce n’est pas la première fois que cela arrive. L’homo sapiens a pu avoir le même rapport avec l’homo neanderthalensis (certains imaginent qu’il aurait pu être plus malin que nous sous certains rapports). Et nous l’avons encore vis-à-vis du chimpanzé.

Mais l’IA vient détruire massivement tant d’illusions résiduelles : l’intelligence générale, l’intelligence créative, la capacité à problématiser en philosophie (n’en déplaise à un certain philosophe !), la capacité à produire des réflexions plus vite que l’éclair, la capacité à créer des oeuvres d’art (dans tous les arts), la capacité à ne pas flancher dans les conséquences d’un raisonnement, etc.

Que reste-il alors aujourd’hui de l’Humain ?

Comment pouvons-nous nous expliquer à nous-mêmes que nous avons encore le droit d’exister dignement, que nous ne sommes pas sans valeur, et comment pouvons-nous cohabiter avec l’IA, qui est au fond, la création issue du cerveau génial d’une petite minorité d’entre nous au cours de l’histoire ?

Illustration par DALL·E à partir du texte

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42 réponses à “L’éducation va-t-elle se réduire à des dialogues entre ChatGPT et … ChatGPT, pendant que les enfants s’amusent ?, par Cédric Chevalier”

  1. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    J’ai connu un biologiste, chef du laboratoire de son hôpital (il aurait 110 ans s’il était encore de ce monde, donc c’est un monde passé, mais pas si lointain). Un de ses soucis était la continuité de son service, quoi qu’il arrive, pour un certain nombre d’examens vitaux. Les réactifs géniaux et les robots qui s’en servaient existaient déjà, et il voyait disparaître les savoirs et les habiletés de son personnel, acquis pendant leurs études ou qu’il leur avait enseignés. Il voulait qu’ils restent capables de travailler avec « ce qu’on a retiré des décombres après le bombardement », des produits de base et un peu de vaisselle. Donc il avait maintenu, à côté des procédures automatisées à haute productivité, une petite part de procédures manuelles coûteuses en temps de technicien, rien que pour qu’il y ait ce savoir dans son laboratoire. Comme c’était le service public, il a pu le faire, ses confrères du secteur concurrentiel pensaient de même mais n’avaient pas les moyens.

    Dans le même genre de préoccupation, les écoles navales continuent d’enseigner l’art de faire le point avec le sextant, le chronomètre et les tables, alors qu’avec le GPS on a tout, tout de suite, sans effort et sans risques d’erreurs. Les enseignants disent aux futurs officiers de marine de pratiquer, de garder en état les instruments et les facultés intellectuelles, sans se faire d’illusions.

    Est ce que dans le secteur des prestations intellectuelles supposées automatisables (lecture d’imagerie médicale ou constitution de dossiers juridiques, ou élaboration de matériel pédagogique) on va voir disparaitre le savoir humain en même temps que les entreprises se débarrasseront de leurs personnels redondants ? Si bien qu’un jour personne ne sera plus capable de s’apercevoir que à tel moment la machine fabule. Sans parler de la panne générale qui laissera tout le monde démuni. Certes, l’IA aura la réponse à tout, tant qu’elle ne déserte pas.

    1. Avatar de CloClo
      CloClo

      Eternel problème des avancées techniques, à partir de quand on enlève la manivelle de démarrage sur une voiture équipé d’un démarreur électrique ?

      Ado, un jour alors que j’étais assis à table dans la cuisine de la ferme, avec mon grand père, cultivateur maraîcher, après mangé, je le regarde comme ça en lui disant : « Tu sais faudrait quand même qu’on sache faire du feu avec un silex ou un morceau de bois au cas où, tu ne penses pas ? ». Il m’a regardé d’un air dubitatif sans répondre. Je pense qu’il s’est dit intérieurement : « alors lui il est vraiment con ! », mais il a répondu en fait : « Non, tu crois vraiment que t’en aura besoin ? ».

    2. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @CloClo A partir du moment où l’on commence à avoir confiance dans une batterie chargée.
      (pas en stockage, pas en zone isolée)

      Quand supprime-t-on le cuivre pour la fibre optique ? (Qui nécessite le réseau électrique !)
      Quand supprimme-t-on le fixe pour le mobile ? (qui est plus discrétement écoutable et détournable)

    3. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @pierre guillemot C’est le cas en cas de défaillance informatique notamment pour des établissements hospitaliers un peu légers sur leur sécurité informatique et qui semble-t-il ne peuvent pas assurer la continuité du service même en mode dégradé.
      C’et le cas des chauffeurs Uber qui seront perdus si le GPS disjoncte (contrairement aux taxis d’autrefois).

      Plus sérieusement il faut se demander si l’apprentissage de l’écriture à l’école n’est pas une perte de temps, vu la diminution du papier, les mémos vocaux et l’ubiquité des imprimantes.

      La lecture garde un certain intérêt dans la mesure où sa bande passante est supérieure à l’oral, et donc à toute lecture à haute voix automatisée.

      Le QR code est l’aboutissement de l’écriture en devenant inaccessible à l’humain.

      1. Avatar de Tout me hérisse
        Tout me hérisse

        @Ruiz
        […]Plus sérieusement il faut se demander si l’apprentissage de l’écriture à l’école n’est pas une perte de temps, vu la diminution du papier, les mémos vocaux et l’ubiquité des imprimantes. […]
        Non, il y a de sérieux avantages à l’apprentissage de l’écriture :
        […]L’acte d’écrire en cursive est bien plus qu’une simple mise en forme des lettres sur papier ; c’est une danse complexe du cerveau qui engage des zones spécifiques liées à la pensée, la mémoire et la coordination motrice. […]
        https://www.bougetaplume.fr/importance-ecriture-cursive.php

        1. Avatar de Ruiz
          Ruiz

          @Tout me hérisse Que d’effort et d’investissement l’écriture est un phénomène récent dans l’histoire de l’humanité (quelques millénaires) et substrat nécessaires aux civilisations/religions du livre.

          La généralisation de l’écriture à une part importante de la population est très récente (centaine d’année) économiquement utile à une civilisation administrée basée sur le formulaire et la fiche papier elle requiert un côut d’apprentissage important accessible seulement à des économies riches.

          1. Avatar de pierre guillemot
            pierre guillemot

            Un des spectacles les plus émouvants de l’univers de l’enseignement, les écoliers chinois qui tracent dans l’air les caractères tout en clamant tous ensemble la syllabe correspondante. C’est si naturel que, plus tard, dans la conversation entre grandes personnes, on lève les homophonies en traçant le caractère avec l’index sur la paume de l’autre main ou aussi dans l’air. La gymnastique mentale tracé-signification-son n’est sûrement pas pour rien dans le différentiel de QI entre l’Occidental lettré moyen et le Chinois.

      2. Avatar de Grand-mère Michelle
        Grand-mère Michelle

        Ce qui est absolument terrifiant, c’est que « on » n’envisage pas de donner le choix à chacun-e de se démerder dans la vie selon ses goûts et son tempérament. Les « modes de vie en société » sont imposés « d’en haut » par des personnes privilégiées(qui ont, en fait, « acheté » leurs privilèges, ou en ont hérité), qui croient savoir ce qui est bon pour la multitude des troupeaux humains soumis à leurs dictats par des moyens de plus en plus « subtils » mais néanmoins toujours confortés par des forces armées(soi-disant de « défense » et de « sécurité »).

        Bien sûr qu’il faut à tout prix défendre le droit de se servir de moyens simples pour s’organiser en communautés; et l’apprentissage de l’écriture et de la lecture des textes, actuels comme de tous les temps et de tous les lieux sur terre, en est un des plus précieux.
        Car la « numérisation généralisée » est d’une extrême fragilité trop peu dénoncée, autant du fait de ses besoins énergétiques que des « attaques » et malversations en tout genre qu’elle peut subir.

        À noter que, dans la Région(politique) de Bruxelles/Capitale, depuis plus d’un an, plus de 100 associations civiles (coordonnées par l’asbl « Lire et Écrire ») font pression sur le gouvernement pour préserver des guichets occupés par des personnes humaines dans les administrations publiques(qui doivent jurer sur l’honneur de remplir leurs fonctions honnêtement) afin de répondre aux besoins (et obligations) de ceux et celles qui ne possèdent pas les capacités ou le matériel informatique (25% de la population belge!).
        Aucune loi ne nous force à acquérir ce matériel, que je sache (pas plus qu’une bagnole ou un téléphone, d’ailleurs!) !

        1. Avatar de Ruiz
          Ruiz

          @Grand-mère Michelle Ça s’appelle le Nudge, pas de loi explicite, mais une forte incitation.
          Un SDF ou un chomeur doit appeler un numéro téléphonique et il n’y a plus de cabines.
          En France vous devez payez vos impôts (si vous en payez) par opération bancaire.

          Pour la bagnole c’est plus simple :
          hors la ville en campagne (vote RN) c’est indispensable.
          En ville (vote Bobo) c’est fortement réprimé (stationnement payant diminution des surfaces de circulation accessibles)

        2. Avatar de CORLAY
          CORLAY

          Bonjour GMM, dans v/com – 1er paragraphe, vous parlez de goûts et tempérament : vs précisez que les modes de vie en société sont imposés par des personnes privilégiées. Il y a du vrai et peut-être de + en + vrai, hélas. Il faut beaucoup d’énergie alors pour suivre le chemin de vie, la profession, niveau de vie à tenir pour soi ou une famille. Vous parlez de l’armée (forces pour lutter). A propos de la numérisation généralisée, je viens de lire un article à propos des mines de lithium en RDC (ravages écologiques, travail des enfants). Le dernier point, comme vs l’avez écrit, il est vital d’avoir un agent d’accueil aux guichets, il est vrai que ns ne sommes pas obligés d’acheter ce matériel sophistiqué. Bonne journée, Isabelle

  2. Avatar de Asclepios
    Asclepios

    Bonsoir,
    Les IA sont interdites dans l’univers de Dune! (et plus largement les robots).
    Sinon, pour l’obsolescence de l’homme, il y a Gunter Anders, dès 1956…
    Cordialement,

  3. Avatar de Hervey

    Les enfants peuvent s’amuser et interagir avec ChatGPT tout en se dépensant physiquement dans les cours de récréation.
    Le replis sur soi avec un tel jouet est à proscrire.
    Ce couper de la nature … on voit ce que ça donne.
    « L’air du dehors guérit » disait l’écrivain aventurier.

    Il n’y a qu’en ville qu’on a besoin de GPS.
    Se perdre dans la campagne est toujours enrichissant, on découvre de nouveaux paysages. Si, si.

    1. Avatar de JMarc
      JMarc

      Se perdre en ville aussi.

  4. Avatar de Pad
    Pad

    Élections viennent, un futur à bâtir,
    Les candidats, promesses, ambitions à dire.
    Mais une question surgit, de l’ombre elle s’élève,
    Pour tester leur vision, leur cœur, leur rêve.

    Si vous, prétendants au pouvoir suprême,
    N’incarnez pas l’innovation, la lumière qui sème,
    Les pensées éthiques, la vision créative,
    Comment guider notre monde, dans l’ère réceptive?

    L’IA, fruit d’esprits brillants et clairvoyants,
    Pose des défis, des enjeux prégnants.
    Mais si vous manquez de cette essence, de ce flambeau,
    Comment mener le peuple, éviter les maux?

    Répondez donc, candidats, avec clarté et zèle,
    Montrez que vous êtes dignes, que vous pouvez être le sel.
    Pour une société en harmonie, guidée avec brio,
    Où l’homme et la machine avancent en duo.

    1. Avatar de Grand-mère Michelle
      Grand-mère Michelle

      Heu… Les « candidat-e-s » aux élections requièrent notre vote pour nous représenter, pas pour nous « guider », dans nos systèmes politiques actuels de « démocratie représentative »… me semble-t-il…
      Me tromperais-je?

  5. Avatar de timiota
    timiota

    Reste l’option synesthésique pour dépasser la demi-reproduction que propose l’IA sur des prompts de mots : proposer le mix d’expérience sensibles « cinq sens » (je fais ma Sixtine, ma miniature persane, mes mains le sentent, je sens même l’odeur de sainteté de la sixtine, je suis Michel-Ange et Rodin presque en même temps, Mick Jagger puis John McLaughlin alors que mes doigts frétillent sur des cordes de guitare).

    L’investissement « long » n’est pas une nécessité d’homo sapiens, nous nous en passions au paléolithique dans une bonne mesure (on ne passait pas sa journée à faire l’ingénierie de la caverne, on glanait, chassait cueillait surtout, avec une dopamine induite par les succès de ces activités, admettons néanmoins que quelques uns excellaient dans des ingénieries lithiques qu’il fallait asseoir sur des temps plus longs certes, mais c’était au plus une minorité).

    Ce qui empêchera cette vision un peu idyllique, c’est que l’IA amplifiera des tendances émergentes du moment qu’elles semblent s’aligner sur son « coeur éthique ». Il faut donc faire le pari que celui-ci est « infalsifiable », qu’on ne peut pas jouer au sophiste et le rendre inopérant alors que dans le champ politique nous voyons s’éroder et se dissoudre ce qui tenait lieu de « coeur éthique ». Amplifier du « n’importe quoi » passe encore, mais amplifier de la propagande noir-brun mal ou bien déguisée, c’est aussi hélas dans les possibles.

    1. Avatar de Garorock
      Garorock

      Comme il n’y a pas de précédent, on peut espérer qu’en mettant Einstein au carré on obtiendra l’éthique d’Einstein au carrré. Parier sur ce qui défie l’imagination est toujours risqué….

  6. Avatar de Ruiz
    Ruiz

    Nous pouvons nous faire domestiquer comme le chien qui vit en plus grand nombre que le loup, le boeuf (enfin la vache) que l’auroch, le taureau reste rare !, le cheval, ou avec beaucoup de chance comme le chat qui semble avoir su garder un espace de liberté tout en assurant sa pitance et son confort.

    Apprendre à susciter une relation émotionelle chez une IA est sans doute la meilleure voie pour en devenir son chat.
    D’ailleurs elle sait nous caresser dans le sens du poil.

    Va-t-elle y prendre goût ?

  7. Avatar de vincent Rey
    vincent Rey

    « qu’on soit fourmi, hamster, chien, chimpanzé, humain, humain handicapé mental, IA ou super-IA. »

    plutôt fourmi, c’est bien là le danger, que semble minimiser Paul, mais que d’autres spécialistes en Intelligence Artificielle regardent en face, totalement terrifiés par ce qui est sur le point d’advenir.

    La super intelligence pourrait nous tuer…si vous voulez savoir pourquoi, ou plutôt comment :

    https://www.findutravail.net/index.html#risque_AIS

  8. Avatar de Régis Pasquet
    Régis Pasquet

    Soudain, il m’est venu à l’idée, ce matin que les trois grandes coalitions dont les représentants se présentent à nos suffrages n’ont peut-être plus très envie de gouverner.

    Ce matin même, après tant d’autres organismes de tous bord, le Haut Conseil pour le Climat engage le gouvernement à redoubler d’efforts.

    Hier encore je vous aurais donné à lire des tartines et des tartines rageant de n’être pas assez entendu et aujourd’hui je vous confie mon tabouret.

    En effet un tabouret a besoin d’au moins trois pieds pour être stable.
    Le mien aussi en a trois.
    1 / Le respect du vivant.
    2 /La solidarité.
    3 / La sobriété

    1. Avatar de CORLAY
      CORLAY

      Bonjour Régis, v/commentaire est intéressant. Alors si on prend en compte la fin de v/article sur les « trois pieds » oui : au respect du vivant au sens large du terme, la solidarité, la sobriété. Dans la sobriété, certains citoyens doivent comprendre et retirer toute cette consommation inutile et accompagnée de l’exigence du respect à la nature…et réparer la nature et tout ce qui va avec (l’Ue a signé un texte à ce sujet). Cela est vital car quand on voit tous les phénomènes du changement climatique en France et pas que. Mr J. Jouzel dernièrement a signé un article à ce sujet. Bonne journée.

    2. Avatar de Alex
      Alex

      @ Régis Pasquet 9h55
      On peut dire aujourd’hui que les trois pieds du tabouret sont loin d’être solides !
      Sur le respect du vivant, par exemple les abeilles et les vers de terre pourraient en parler.
      Sur la solidarité, la montée de l’extrême droite un peu partout sur la planète démontre que c’est l’inverse qui se produit.
      Et sur la sobriété, que dire des JO, du Tour de France et de l’augmentation du trafic aérien dans le monde ?
      Ceux qui nous gouvernent ont manifestement choisi de mettre le tabouret à la déchetterie.

    3. Avatar de Garorock
      Garorock

      Le sain(t) triptyque:
      1) Mépris (mépriser les méprisants: faire honte (c’est philosophique!) *
      2) Boycott ( des marchands du temple) ou révolution des faitous… (c’est de la politique effective)
      3 Sabotage ( des assassins de la terre) ex: adblock +++ contre la pub ++++ ( c’est économique)
      La sobriété est dans le 2 et le 3
      Le respect du vivant idem
      la solidarité devrait être dans les 3
      La perspective d’une taxe Sismondi est dans les 3
      * Bientôt peut être saluer une personne racisée dans la rue sera considéré comme un acte de résistance…

    4. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @Régis Pasquet Une vie sans emploi (sans travail) de moine errant avec sa gamelle en attente de son bol de riz journalier …

  9. Avatar de Jean-Baptiste AUXIETRE
    Jean-Baptiste AUXIETRE

    L’IA nous laissera vivre au même titre que nous laissons les « animaux sauvages » survivre donc pour nous un intérêt économique et pour elle une dépendance matérielle probablement. Les animaux sauvages actuellement restants ne servent que pour les safaris, les documentaires ou le tourisme voire la chasse ou green-washing comme prétexte. Tous ceux qui ne rentrent pas dans cet intérêt économique sont de fait éliminés ! Il n’y a plus réellement de grands animaux sauvages depuis probablement 1980… Que va-t-il nous arriver : nous allons être traités comme nous les avons traités !

    Ne nous inquiétons donc pas ?! nous resterons donc seulement des « animaux de zoo » !

    1. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @Jean-Baptiste AUXIETRE ou de ferme (ce sont les plus nombreux au moins pour les mammifères).

  10. Avatar de Thomas jeanson
    Thomas jeanson

    Évidemment,

    Tant que l’homme est en eau de la pyramide, fils de Dieu, et avec le plus gros flingue,

    On y pense en fait pas trop…

    Et pis voilà que l’IA, Dieu en personne, arrive avec un flingue 1000 fois plus gros,

    Et on commence à rêver d’horizontalité !

    C’est un peu désespéré, non ?

    1. Avatar de Tout me hérisse
      Tout me hérisse

      Eh oui, tout va à vau-l’eau ces temps ci… 🤓

    2. Avatar de ludyveen
      ludyveen

      Cela me rappelle quelque chose, rapport à l’horizontalité :
      https://www.youtube.com/watch?v=P2W4FsDVKMY

  11. Avatar de Thomas jeanson
    Thomas jeanson

    En haut !

  12. Avatar de un lecteur
    un lecteur

    C’est le beau, l’important !
    Une quête sans fin, qui remplit les âmes et nous plonge dans l’univers, sans distinction de rang ou d’ordre.
    Par contraste, nous vivons dans un monde de psychopathes englués dans le profit et la laideur.

  13. Avatar de Daniel
    Daniel

    Encore 2 générations utilisant écran et ipad non stop dès le plus jeune age et la plupart des humains se retrouveront devant chatgpt comme une poule devant un couteau , quant à l’auto référence et l’informatique elles n’ont jamais fait très bon ménage

  14. Avatar de Toine
    Toine

    L’IA est carburant de la possibilité d’un fascisme naturalisé ou d’un communisme enfin subjectif. Son usage sera le potlatch d’un stade de l’humanité, soit celui de sa mort en consommation de son miroir idéalisé, soit celui de la production son avenir en reflet réel.

    1. Avatar de Michel Gaillard
      Michel Gaillard

      Préparons plutôt de nouveaux temps à venir… où les raisonnement s’émanciperons de cette triste dualité.

    2. Avatar de Grand- mère Michelle
      Grand- mère Michelle

      @Toine
      Heu… Ça veut dire quoi, un « potlatch » (d’un stade de l’humanité)?

      Quoi qu’on dise des mots, de leur puissance de suggestion qui va jusqu’à la « conviction », ils sont ce qui fait « l’humanité », par les liens qu’ils établissent, au-dela de l’espace et du temps, entre les humains, espèce de faibles petits mammifères condamnés à « s’entendre » pour subsister…
      D’ailleurs, ce que nous nommons « l’intelligence » (la faculté de comprendre, jusqu’aux plus insondables mystères), qu’elle soit humaine ou attribuée aux machines, repose essentiellement sur eux et leur transmission, leur circulation…

      Mais l’excitation due aux récentes(un peu plus d’un siècle) possibilités de fixation, de transmission, comme de fabrication, des images et des sons ne peut qu’aggraver le déséquilibre entre le réel et l’imaginaire, donc la diminution de l’intelligence collective et pertinente de l’humanité et des moyens de la « production (de?) son avenir en reflet réel »… me semble-t-il…

      1. Avatar de Paul Jorion

        Wikipédia :

        Le potlatch (chinook : nourrir) est un type de festin pratiqué par les peuples autochtones de la côte nord-ouest du Pacifique au Canada et aux États-Unis1, au cours duquel de nombreux cadeaux sont donnés des uns aux autres. C’est une institution importante pour les Heiltsuk, les Haida, les Nuxalk, les Tlingit2, les Makah, les Tsimshian3, les Nuu-chah-nulth4, les Kwakwaka’wakw5 et les Salish de la côte, entre autres6.

        Un potlatch implique de donner ou de détruire des richesses ou des objets de valeur pour démontrer la richesse et le pouvoir d’un leader. Les potlatchs visent aussi à réaffirmer les liens familiaux, claniques et internationaux, ainsi que la connexion humaine avec le monde surnaturel. Le potlatch sert également de régime strict de gestion des ressources, où les peuples de la côte discutent, négocient et affirment les droits et les usages concernant des territoires et des ressources spécifiques7,8,9. Les potlatchs impliquent souvent musique, danse, chant, récits, discours, plaisanteries et jeux. Le sacré et la récitation d’histoires orales sont une partie centrale de nombreux potlatchs.

        De 1885 à 1951, le gouvernement du Canada a criminalisé les potlatchs. Cependant, la pratique a persisté clandestinement malgré le risque de représailles gouvernementales incluant des peines plancher d’au moins deux mois; cette pratique a également été étudiée par de nombreux anthropologues. Depuis la décriminalisation de cette pratique en 1951, le potlatch a réémergé dans certaines communautés.

        Histoire
        Interdiction du potlatch
        Cette section est un extrait de Interdiction du potlatch.[modifier].
        En 1885, le gouvernement fédéral du Canada a interdit le potlatch, une cérémonie autochtone centrale pour les peuples (en) du Nord-Ouest Pacifique. Cette interdiction visait à assimiler les Autochtones en supprimant leurs traditions culturelles, perçues comme incompatibles avec les valeurs capitalistes et chrétiennes. L’application de la loi, initialement vague, a conduit à des arrestations et des confiscations d’objets cérémoniels. La révision de la loi sur les Indiens en 1951 a finalement levé cette interdiction10.
        En philosophie
        Le potlatch renvoie en philosophie à la notion de dépense pure (cf. Georges Bataille et Marcel Mauss). C’est un processus placé sous le signe de la rivalité : il faut dépasser les autres dons.

        Photo d’un potlatch Kwakwaka’wakw, par Edward Curtis (publiée entre 1907 et 1930).
        D’un autre côté, le philosophe Gilles Deleuze explique que « la relation créancier-débiteur » — qui, chez Nietzsche, était « première par rapport à tout échange » — doit être repensée compte tenu des études ultérieures sur le potlatch11.

        Théories anthropologiques
        L’anthropologue René Girard identifie cette pratique rituelle à un phénomène plus large, un sacrifice permettant de désamorcer une violence collective et mimétique pouvant être déclenchée autour d’un objet de désir non partageable12. Comme développement ou « aggravation » du mimétisme, il cite la situation de deux tribus rivales qui gaspillent volontairement et rituellement des quantités de richesse (cas de « mimétisme négatif »).

        Économie du don
        Article détaillé : Économie du don.
        Le mot a été introduit en anthropologie en 1924 par Mauss et Davy (note p. 72 de l’Essai sur le don de Marcel Mauss pour origines antérieures). Cependant, Marcel Mauss l’évoque dès 1905 dans son essai sur les Inuits13.

  15. Avatar de Michel Gaillard
    Michel Gaillard

    Le plus important est peut-être la capacité de faire comprendre simplement le rapport à la source. L’esprits des jeunes est souple et puissant… Expliquer le processus des atomes qui se sont assemblés jusqu’à l’homme (ce cristal apériodique, ah ah ah ) … en simplifiant-vulgarisant bien sûr les étapes. Détailler notre stupidité pulsionnelle intrinsèque. Faire comprendre combien l’individu l’humain forcément transitoire est devenu faible et dépendant, de la technique, des mots, etc. Essayer de montrer que la pensée cybernétique post Leibniz a mécanisé le monde, au risque d’en atténuer l’émotion… Et que cette émotion est devenue un instrument du capitalisme de surveillance pour orienter les esprits. Avec des outils comme les bots parlant (dictionnaires intelligents), un jeune ouvert et curieux pourra ingurgiter facilement tout ça et prendre une distance qui nous échappe… Peut-être plus éparpillée, différente… Les gamins peuvent apprendre par eux-mêmes, rester autonomes… Sans être guidés par les vieux trous de serrure, crétins universitaires ambitieux surannés… Allumer la flamme en eux et la laisser brûler. Fin du sermon, vous pouvez sortir en rang par deux et aller à la récré.

    1. Avatar de Grand-mère Michelle
      Grand-mère Michelle

      La « révolution des mœurs » des hippies, au 20ème siècle, fut motivée par un désir de « retour aux sources ».
      On en parle trop peu, sauf de son « échec » qui fut en réalité une « défaite » face aux rouleaux compresseurs de la « société de consommation », du Grand Marché triomphant…

      Oui, « L’esprit des jeunes est souple et puissant. », ils/elles peuvent « …prendre une distance qui nous échappe…apprendre par eux/elles-mêmes, rester autonomes… sans être guidé-e-s par les vieux… »
      Mais qui, quoi, estimez-vous responsable et capable « …d’allumer la flamme en eux… »?
      Se rappeler que « donner l’exemple » est le moyen le plus convaincant d’instruire qui que ce soit…

  16. Avatar de CORLAY
    CORLAY

    Bonjour GMM, v/com est intéressant notamment la 1ère ligne du 1er paragraphe. Révolution des hippies, c’était peut-être également lié à la nature, vivre en harmonie en opposition à sté conso. Par contre, c’était peut-être les 1er RDV de consommation de certaines drogues. Quant au 2ème paragraphe, leurs esprits sont souples et puissants, certains ne se conforment pas au toujours plus, mais dans une forme de résistance quant à certaines conditions. Oui, il faut allumer la flamme et discuter. …

  17. Avatar de Pascal
    Pascal

    Merci pour ce billet, Cédric, car vous avez raison l’émergence de l’IA nous amène à reconsidérer ce que nous sommes en tant qu’être humain. Permettez moi quelques remarques.

    Quand vous dites : « l’IA, qui est au fond, la création issue du cerveau génial d’une petite minorité d’entre nous au cours de l’histoire ». Il me semble que vous oubliez que ces cerveaux géniaux ne sont pas des générations spontanées. Ces dits « cerveaux géniaux » sont le résultat de plusieurs millions d’années d’évolution et plusieurs millénaires de construction et d’accumulation culturelles. Notre « conscience » nombriliste nous aveugle souvent sur cette réalité. Oubliez d’où nous venons (https://www.youtube.com/watch?v=WOrLN260Kvk) ou la création du zéro par les arabes et toute la Silicon Valley rejoint le néant.

    Quand vous dites : « Comment pouvons-nous nous expliquer à nous-mêmes que nous avons encore le droit d’exister dignement » ?
    Qui a autorité pour donner à certaines créatures le « droit à l’existence » ce qui sous entendrait de fait, avoir le droit de l’interdire à d’autres ? C’est bien là un questionnement humain qui s’arroge le « droit » de vie ou de mort sur ceux qu’il côtoie. La relation de prédation dans la nature n’est nullement une question de droit. Quand une entité « lion » tue et dévore une entité « gazelle », il n’est nulle question de droit mais bien au contraire une nécessité de survie. Seul l’être humain se donne le droit de tuer en dehors du cadre de la seule survie. Il y a là une spécificité bien humaine.
    Il est vrai que vous parlez du droit d’exister dans la dignité mais y a-t-il des existences plus dignes que d’autres ? N’est-ce pas notre tropisme de super prédateur qui nous donne le sentiment que certaines existences auraient plus de valeur que les autres ? Qu’est-ce qu’un misérable insecte qu’il est si simple d’écraser sous sa semelle ? Qu’est-ce qu’une vulgaire petite abeille ? Quelle conscience avons-nous du vivant ? Comment se fait-il que nous devions en arriver à l’extinction massive des espèces, au risque de voir disparaître les abeilles et leur rôle indispensable de pollinisatrice pour se dire soudain : « merde, mais s’il n’y a plus d’abeille, c’est nous même qui allons disparaître ! Qui est digne, qui ne l’est pas ?

    Nous en arrivons à : « que nous ne sommes pas sans valeur ». Mais de quelle valeur parlons-nous ? Il me semble qu’on pourrait remplacer cette phrase par : « que nous ne sommes pas sans utilité ». Quel magnifique concept que celui d’utilité ! Mais l’utilité s’est définie au service de l’être humain car dans la nature, rien n’est utile. Pas plus Einstein qu’un simple microbe. C’est la nature, ou plus exactement notre environnement que nous avons mis en servitude, un peu pour notre survie mais beaucoup pour notre plaisir.

    Quand vous interrogez : « comment pouvons-nous cohabiter avec l’IA ? » Je répondrai mais comment ce fait-il que nous soyons incapable de cohabiter avec la nature, avec notre voisin de culture différente ? Si nous étions déjà en capacité de ces cohabitations, nous poserions-nous la question de la cohabitation avec l’IA ? Qu’est-ce qui au plus profond de l’être humain nous rend si inapte à la cohabitation, à la symbiose ?

    Oui, nous avons peur d’être détrôné par l’IA ! L’être humain assis sur son trône rêve de toute puissance et quand la science lui offre la puissance physique, le voilà prêt à détruire l’univers et lui avec.
    https://www.peoplesworld.org/wp-content/uploads/2018/10/likejupiter960.jpg
    La malédiction Frankenstein en quelque sorte.

    Si nous rembobinons le fil de ce commentaire, l’émergence de l’IA nous renvoie sans cesse à questionner le sens de notre existence. Notre sentiment de toute puissance se retrouve soudain remis en cause. Sapiens sapiens, que je préfèrerais appeler « cognitiens scientis », n’est plus roi en son royaume d’intelligence.
    Pourtant, c’est peut-être la chance d’une prise de conscience de ce que nous n’avons pas plus d’utilité, de valeur, de dignité, de droit qu’une mouche. Une chance peut-être de jeter au feu le trône de notre supposée supériorité, de notre « semie déité de génie de la création », pour revenir à plus de modestie, à plus de sagesse peut-être, vers plus de cohabitation avec notre environnement qu’il soit virtuel ou naturel.

    Le paradigme de notre toute puissance humaine s’effondre, alors que sommes nous ?

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