Illustration par DALL·E (+PJ)
Mon vote dimanche (l’un des 50 votes « européens » de la ville de Vannes) a contribué à ce que le RN n’arrive qu’en troisième position dans ma municipalité, un exploit lorsqu’on regarde la carte quasi uniformément marron que nos yeux consternés ont découverte dimanche à 20 heures.
La décision de dissoudre l’Assemblée Nationale est une bonne décision. Je l’aurais écrit même si la gauche ne s’était pas rassemblée dans la journée d’hier en un front populaire. Cela lui offrira, à la gauche, l’occasion d’ouvrir les yeux, cette fois au soir du deuxième tour, lorsqu’elle pourra compter ses voix additionnées, sans l’éparpillement habituel. Si les chiffres devaient être affligeants, la raison en est déjà connue : la gauche a perdu les travailleuses et les travailleurs, faute de s’être même rendu compte que le travail disparaissait – et les choses ne feront qu’empirer sur ce plan. Si la gauche française entend être toujours en vie le 8 juillet 2024, il lui faut, dès aujourd’hui, jeter aux orties la version antédiluvienne de sa religion du Travail et la remplacer par une évaluation réaliste du travail aujourd’hui, y compris de sa nécessité ou non.
La carte marron de dimanche soir justifie à elle seule la décision du Président de la République. Les abstentionnistes délèguent leur voix aux votants. Il est bon de déclarer la patrie en danger pour que quelques-uns au moins de ces abstentionnistes quittent leur tanière pour venir dire ce qu’ils en pensent. Quitte à ce qu’ils se révèlent aussi inquiétants que celles et ceux qui se sont déplacés dimanche. Il est bon de le savoir : de la situation politique telle qu’elle est véritablement, on n’en sait jamais trop.
Le vote pour le RN s’explique lui aussi par une raison venue du fond des âges : une guerre larvée et quelquefois ouverte sur le territoire national entre deux grandes religions monothéistes. Trump aux États-Unis vole de victoire en victoire en reprenant le flambeau d’une guerre de Sécession en réalité toujours en cours, aucun des problèmes dont elle était le symptôme n’ayant été réglé. Le RN et Reconquête volent de victoire en victoire en reprenant le flambeau de la bataille de Poitiers (732), aucun des problèmes dont elle était le symptôme n’ayant, là non plus, été réglé.
De même que la gauche ne survivra pas si les écailles ne lui tombent pas des yeux sur la question du travail, la démocratie ne survivra pas en France si les partis démocrates ne se déterminent pas, jouant désormais cartes sur table, à régler par la paix une guerre de religion médiévale malheureusement toujours en cours.
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