J’ai pratiqué à une époque un dur métier : la pêche en mer. Je ne l’ai pas pratiqué longtemps : 15 mois, et pas sous sa forme la plus dure : je n’ai pas pêché pendant des semaines sur les Bancs de Terre-Neuve ou au large des Féroés, mais je l’ai assez pratiqué, et parfois dans des conditions dangereuses, pour avoir compris que c’était un dur métier. Je me souviens quand Jean-Michel me disait en riant : « Il y avait ce touriste qui m’avait accompagné cet été, qui me disait en regardant la mer étale : ‘Ah ! comme vous faites un beau métier !’ ». On riait tous les deux en pensant à la journée qu’on venait de passer.
Être psychanalyste n’est pas un dur métier dans ce sens là de l’expression, celle du Capitaines courageux de Kipling ou de La caravane de Pâques de Roger Vercel *, mais au sens où parfois – oui, je sais, on est pourtant confortablement calé dans son fauteuil – il faut, après avoir épuisé toutes ses forces, aller puiser dans ses réserves, pour ramener à bon port, une âme qui était en train de sombrer.
* Voir aussi Le Monde – « La caravane de Pâques de M. Roger Vercel », par Robert Coiplet, le 11 décembre 1948
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