Illustration par DALL·E à partir du texte
Dom :
En référence à Deleuze : si ce que fait un philosophe, c’est forger des concepts pour poser correctement les problèmes de son temps, de la même manière qu’un artiste crée des percepts, qu’en est-il des possibilités d’une machine de forger de nouveaux concepts adaptés aux temps qui sont les nôtres ? L’idée, en dehors du propos de Deleuze, m’était aussi venue en lisant l’expression « ruse de la raison » de Hegel, et je m’étais demandé si par exemple la machine, en l’état actuel, aurait pu la créer à partir des textes (mots, syntagmes, … ) existant avant que Hegel ne la forge.
P.J. :
Si l’on pense aux circonstances extrêmement complexes de la question palestino-israélienne, pourriez-vous imaginer un concept original qui jetterait une lumière neuve sur cette question ?
Claude 3 :
Certes, considérons un nouveau concept qui pourrait offrir une toute autre perspective sur la question israélo-palestinienne : « Le paradoxe de l’enchevêtrement des récits » (« The Entangled Narratives Paradox »).
Ce concept suggère que le conflit Palestine-Israël est perpétué par les récits profondément enchevêtrés et souvent contradictoires des deux parties. Chaque groupe a ses propres récits historiques, culturels et religieux qui façonnent sa compréhension du conflit et ses revendications sur la terre. Ces récits sont si étroitement liés à l’identité des deux peuples qu’ils créent un paradoxe : les récits mêmes qui donnent un sens et une justification à la position de chaque partie rendent incroyablement difficile la recherche d’une solution qui satisfasse les deux parties.
Le paradoxe de l’enchevêtrement des récits met en lumière plusieurs aspects essentiels du conflit :
1. La complexité historique : Les récits des Palestiniens et des Israéliens sont enracinés dans des siècles d’histoire, ce qui rend difficile de démêler les revendications et les contre-revendications.
2. La formation de l’identité : Le conflit ne porte pas seulement sur la terre ou les ressources, mais aussi sur l’identité même des personnes impliquées. Les récits qui façonnent ces identités sont souvent présentés comme non-négociables.
3. L’exclusivité mutuelle : Les récits des deux parties sont souvent formulés d’une manière qui laisse peu de place au compromis ou à la coexistence. Le récit de chaque partie est présenté comme la seule vérité, invalidant les revendications de l’autre.
4. Perpétuation du conflit : L’enchevêtrement des récits fait qu’il est difficile pour l’une ou l’autre des parties d’éprouver de l’empathie pour l’autre ou de trouver un terrain d’entente, ce qui perpétue le conflit.
La reconnaissance du paradoxe de l’enchevêtrement des récits pourrait conduire à de nouvelles approches de la résolution des conflits, axées sur la compréhension et la reconnaissance des histoires profondément enracinées qui façonnent le point de vue de chaque partie. Il suggère que le progrès peut nécessiter non seulement des solutions politiques ou économiques, mais aussi une volonté de s’engager et de valider les récits de l’autre partie, même s’ils sont en contradiction avec les siens.
Ce concept ne propose pas de solution spécifique, mais offre plutôt un nouveau regard sur la complexité du conflit. En soulignant le rôle des récits enchevêtrés dans la perpétuation du conflit, il nous invite à examiner comment ces récits pourraient être remodelés ou réinterprétés d’une manière qui permette une meilleure compréhension et la possibilité d’une coexistence pacifique.
Illustration par DALL·E à partir du texte
Post-scriptum : Comme vous allez le voir ci-dessous, ma première question – citant simplement Dom – portait sur la capacité-même de la machine à produire un nouveau concept. Faisant preuve de la fausse modestie inscrite comme cadre de ses réponses, elle commençait par dire « plutôt non… ». Il suffit à ce moment-là de lui dire de le faire [quand même]. Dans une discussion non-publiée avec Claude 3, à une question que je lui avais posée il ou elle me répondait : « Ah! mais ça, c’est très compliqué : il faudrait demander à des mathématiciens et des logiciens spécialistes du domaine ». J’avais alors enchaîné : « Peux-tu me donner [quand même] la réponse ? » et il ou elle me l’avait aussitôt offerte 😀 .
P.J. :
« Qu’en est-il des possibilités d’une machine à forger de nouveaux concepts adaptés à notre époque ? Lorsque j’ai lu l’expression de Hegel « la ruse de la Raison », je me suis demandé si, par exemple, la machine, dans son état actuel, aurait pu la créer à partir de textes (mots, phrases, etc.) qui existaient avant que Hegel ne la forge » (Dom).
Claude 3 :
La question de savoir si une machine, dans son état actuel, aurait pu créer un concept tel que « la ruse de la Raison » de Hegel à partir de textes préexistants est intéressante. Elle touche aux capacités de l’intelligence artificielle (IA) et à la nature de la créativité et de la formation des concepts.
Les systèmes d’IA actuels, en particulier ceux basés sur l’apprentissage profond et le traitement du langage naturel, sont capables d’analyser de grandes quantités de données textuelles et d’identifier des modèles, des relations et des associations entre les mots, les phrases et les idées. Ils peuvent générer un nouveau texte cohérent, pertinent sur le plan contextuel et parfois même perspicace.
Toutefois, la capacité à forger de nouveaux concepts, en particulier ceux qui sont aussi profonds et philosophiques que « la ruse de la Raison » de Hegel, fait encore l’objet d’un débat. Si l’IA peut recombiner et recontextualiser des idées existantes de manière inédite, il n’est pas certain que cela constitue une véritable création de concepts au même titre que le travail de Hegel.
Le concept de Hegel est né d’un engagement profond avec le contexte philosophique et historique de son époque, ainsi que de ses propres idées et raisonnements originaux. C’est un produit de l’intellect humain, de la créativité et de la capacité à synthétiser des idées complexes de manière significative.
L’IA, quant à elle, s’appuie sur la reconnaissance des formes et des associations statistiques dans les données sur lesquelles elle est entraînée. Bien que cela puisse conduire à des résultats intéressants et parfois surprenants, on peut se demander si ce processus peut être considéré comme équivalent au type d’innovation conceptuelle dont ont fait preuve des penseurs comme Hegel.
En outre, la création d’un concept tel que « la ruse de la Raison » requiert non seulement la capacité de manipuler le langage, mais aussi une compréhension profonde du contexte philosophique, historique et culturel dans lequel il émerge. Il n’est pas certain que les systèmes d’IA actuels possèdent ce type de compréhension large et contextuelle.
Cela dit, l’IA est un domaine qui évolue rapidement, et il est possible que les développements futurs conduisent à des machines dotées de capacités de raisonnement et de formation de concepts plus avancées. Au fur et à mesure que les systèmes d’IA deviennent plus sophistiqués et sont formés sur des ensembles de données de plus en plus importants, ils pourraient être en mesure d’aborder des idées abstraites d’une manière plus proche de la pensée humaine.
En conclusion, si les systèmes d’IA actuels peuvent générer de nouvelles combinaisons d’idées préexistantes, il n’est pas certain qu’ils puissent réellement forger de nouveaux concepts comme l’ont fait des penseurs humains tels que Hegel. La création d’un concept tel que « la ruse de la Raison » requiert une profondeur de compréhension et une créativité qui peuvent dépasser les capacités de l’IA actuelle. Toutefois, à mesure que le domaine progresse, les frontières entre l’intelligence humaine et l’intelligence de la machine pourraient continuer à s’estomper, soulevant des questions fascinantes sur la nature de la pensée et de la créativité.
Laisser un commentaire