Illustration par DALL·E (+PJ)
A Davos, des experts ont indiqué que la désinformation est la plus grande menace pour le monde en 2024.
A l’heure où la France se prépare à mettre en chantier et à construire au pas de charge six, voire quatorze, EPR et où les discours lénifiants sur le nouveau nucléaire saturent la sphère médiatique, l’ouvrage « Les merveilleux nuages / Que faire du nucléaire ? » est un outil précieux pour lutter contre la désinformation ambiante.
Le physicien Harry Bernas y analyse de manière argumentée les failles intrinsèques de cette technologie. La mise en perspective historique du développement du nucléaire, l’approfondissement de notions de physique nucléaire, les considérations philosophiques, politiques et géopolitiques en font un essai riche, passionnant et convaincant.
Vous y trouverez des réponses à de nombreuses questions : Comment a été découverte la fission nucléaire ? En quoi ce que l’on nous présente comme « le nouveau nucléaire » ne consiste finalement qu’à une reprise de types de réacteurs imaginés il y a déjà plus de 70 ans ? Pourquoi les recherches « furent brutalement interrompues en 1953, au bénéfice d’un type quasi unique de réacteur » ? Pourquoi nucléaire civil et militaire sont-ils intrinsèquement liés ? Pourquoi la sûreté des réacteurs qui aurait dû « figurer à la base de la conception initiale » a été passée au second plan dans le cadre d’une « naissance au forceps militaire » ? etc. Pour les plus curieux, vous découvrirez même quel pays a fait exploser la bombe nucléaire « Bouddha souriant ».
De nombreuses citations permettent de prendre un peu de recul, comme celle du physicien Enrico Fermi (1946), qui a fait diverger la première pile atomique : « Il n’est pas du tout certain que la population accepte une technologie aussi risquée produisant une radioactivité aussi féroce, et des risques de terrorisme ». Celle de deux analystes du département de l’énergie nucléaire à l’AIEA (2002) : « Dans tout ce que nous faisons, nous continuons à dépendre des technologies nucléaires des années 1950, fondées sur des applications militaires qui ne peuvent exclure absolument la possibilité d’un accident sérieux, et qui ont atteint leurs limites du point de vue économique ».
Ou encore celle d’un professeur d’ingénierie nucléaire à propos des réacteurs à eau légère (LWR ou Light Water Reactor » (1987) : « Le LWR n’est pas mieux adapté à nos besoins d’énergie nucléaire que ne l’était le dirigeable Hindenburg aux transports aériens ».
Les merveilleux nuages, Harry Bernas, éditions du Seuil, 160 pages, 15 €
Illustration par DALL·E (+PJ)
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