sam. 4 nov. 2023 à 17:20
Sujet : le passé d’Edmond Jorion
Cher Monsieur,
J’ai eu l’occasion de travailler avec votre père Edmond de 1967 à sa mise à la retraite. J’y étais au Ministère de l’Education nationale belge comme directeur du service de la recherche scientifique, puis le DG de l’administration de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. J’ai même eu l’occasion de vous rencontrer jeune chez vos parents.
Edmond et moi fûmes les deux « scribes » de la loi Janne * « d’expansion universitaire de mai 1965 : Ces tâches inachevées que nous confient nos aînés… ». Au plaisir de vous rencontrer à bientôt mes 90 ans…
Nous avons mangé ensemble à son invitation dimanche dernier. J’ai appris des choses que j’ignorais sur la manière dont mon père se conduisait vis-à-vis de ses collaborateurs. Tout a changé : André Philippart m’appelle désormais « Paul », tandis que je l’appelle « Dédé ».
* Je dois personnellement à Henri Janne une bosse en moins sur le crâne. Alors que nous occupions l’Université Libre de Bruxelles en 1968, il aurait dit au responsable de la police (c’est mon père qui me l’a rapporté) : « N’y allez pas : ce sont nos meilleurs étudiants qui sont à l’intérieur ! ».
L’Écho, Paul Jorion est économiste et anthropologue, 01 mai 2018 17:19
Que faisiez-vous en mai 68 ?
J’étais encore étudiant à l’ULB et peaufinais mon mémoire en sociologie pour le professeur Henri Janne. Mémoire qui portait justement sur le mouvement Provo à Amsterdam, ce groupe de jeunes anarchistes dont l’influence a, entre autres, conduit à l’effervescence de mai 68 en France.
Qu’en avez-vous retiré comme enseignement ?
J’avais 21 ans en mai 68 ; ce sont les années où l’on se forme en tant que jeune personne. Je cite encore volontiers les gens que je lisais à l’époque. En fait, je ne crois pas être sorti de ce qui se nommait Provo aux Pays-Bas, mouvement hippie aux Etats-Unis ou mai 68 en France. Je m’inscris toujours dans la lignée de ce que l’on appelait la gauche non autoritaire – socialiste et anarchiste, dirait-on aujourd’hui ? Je défends encore ces valeurs-là : démocratie directe, générosité, ouverture sur l’autre, solidarité, opposition au capitalisme sauvage et au profit à tous crins.
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