Financer la création de richesses, par JeNeSauraisVoir

Nos positions les plus déterminées et les plus critiques envers le capitalisme n’ont à ce jour aucun autre destin que celui d’échouer au pied de la falaise infranchissable de la nécessité d’avancer des fonds pour entreprendre. Parce que nous ne parvenons pas à installer un principe de financement foncièrement différent, la doctrine capitaliste se trouve à son aise pour s’emparer de l’essentiel de notre activité économique et pour continuer de dicter sa loi.

Nous voilà encore, en ce début du 21ème siècle, réduits à quémander des investisseurs qu’ils veuillent bien localiser un peu d’activité dans nos contrées repoussantes par leurs taxes exorbitantes ou encore qu’ils consentent à modérer leurs pratiques parfaitement légales d’optimisation fiscale, de licenciements boursiers ou d’accroissements de marges en période d’inflation. Et alors que la situation déjà insoutenable de chômage endémique, de misère et d’injustices s’est appesantie de l’urgence de sauver notre écosystème pressurisé à l’excès, nous continuons de dissiper nos efforts en suppliques à l’actionnariat, dans l’espoir de le distraire de son impérieuse recherche de rentabilité maximale qu’il concrétise pourtant sans peine, en se saisissant simplement du fruit du labeur du plus grand nombre, conformément au privilège de celui qui avance les fonds !

Pour nous extraire de la spirale de l’effondrement, pour faire reculer l’impuissance et le désespoir, pour que le destin et la survie du plus grand nombre ne demeurent plus contingentés à l’intérêt bien compris d’une minorité toujours plus puissante, nous devons impérativement refonder le financement de notre activité économique sur un principe nouveau, véritable successeur du modèle capitaliste vétuste.

Opportunité d’une dynamique de changement

Toujours en ce début du 21ème siècle, notre société industrielle fortement carbonée se trouve propulsée sur la voie d’une nouvelle révolution technologique, à la faveur d’un franchissement de cap opéré par l’intelligence artificielle (IA).

Et dans ce secteur d’activité en ébullition, la société PRIBOR est remarquable par son projet original d’une IA capable de penser, de raisonner, de s’exprimer et d’évoluer à la manière des humains. PRIBOR met en œuvre le concept ANELLA (Associative Network with Emergent Logical and Learning Abilities) développé par Paul Jorion pour British Telecom. Le même Paul Jorion a qui nous devons une explication complète et documentée de cette machine à concentrer la richesse qu’est le capitalisme.

La prometteuse mais encore inquiétante Intelligence artificielle est-elle condamnée à emprunter le chemin de l’automatisation dont les gains de productivité, nonobstant nos velléités d’instituer une taxe Sismondi, ont bien été confisqués par les investisseurs au détriment de la société des loisirs annoncée comme le déboucher naturel de la robotisation ? Pourra-t-il en être autrement dès lors que l’IA sera financée selon le modèle capitaliste en vigueur ?

À la lumière de ces circonstances, l’entreprise PRIBOR, représente incontestablement une belle opportunité d’associer, d’une part, la mise en place d’une solution de remplacement du principe capitaliste et, d’autre part, le financement d’une technologie également appelée à transformer le cours habituel de nos vies.

Que pouvons-nous faire : revenir ‘simplement’ sur le privilège de l’actionnaire

Par choix collectif délibéré, désactiver le privilège actionnarial, ressort du dispositif capitaliste pour faire la place à une société dans laquelle le plus grand nombre vivra convenablement du fruit de son labeur en acceptant les efforts de sobriété lorsque ceux-ci s’imposent, parce qu’il est assuré que le bénéfice de l’abondance, lorsqu’elle est réalisable, ne pourra lui échapper.

Précisons d’abord les principes de fonctionnement de ce financement sans privilège actionnarial avant de d’esquisser sa première application au projet PRIBOR.

Contreparties offertes à ceux qui avancent les fonds

Les avances concédées pour le démarrage ou le développement de l’activité seront entièrement remboursables avec paiement d’intérêts.

  • le principal sera remboursé par l’entreprise grâce au surplus que dégage son activité. Les versements pourront être décalés dans le temps notamment pour un démarrage d’activité. Le rythme sera adapté aux performances ainsi qu’aux besoins de l’entreprises mais l’investisseur reste libre de se retirer à tout moment (voir ci-dessous) ;
  • les investisseurs bénéficieront inconditionnellement d’une assurance de remboursement constituée grâce aux apports d’une fraction de résultat de l’ensemble des entreprises qui rejoignent le dispositif, c’est-à-dire toutes à terme (…). La constitution de cette assurance (jusqu’à ce que l’écosystème de mutualisation des risques s’auto-finance) fait l’objet d’une procédure d’amorçage mise en œuvre dans le cadre de la première opération financée ;
  • les intérêts payés sur le principal non encore remboursé sont destinés notamment à contrer l’érosion due à l’inflation. Ils devront être plafonnés afin d’éviter le risque de captation de la valeur ajoutée par l’actionnariat. Il s’agit donc d’un taux variable dans le temps dont le niveau n’est pas décidé par les actionnaires.
  • l’actionnaire, quelle que soit sa contribution, pourra participer aux orientations stratégiques de l’entreprise au même titre que ses dirigeants et salariés, par exemple, sur la base d’un principe « une personne physique ou morale pour une voix ». Les attributions des fondateurs, des dirigeants et des salariés dans les choix d’orientation de l’entreprise restent un sujet délicat qui requiert, me semble-t-il, un débat collectif.

Qui décide de la rémunération des avances et à quel taux ?

La désactivation du privilège actionnarial a pour conséquence que l’investisseur ne peut plus prétendre à des exigences telles que :« Il faut que tu me payes autant chaque année ».

Le risque d’érosion des montants avancés signifie par ailleurs qu’il existe un niveau de rémunération « à l’équilibre » en dessous duquel la mise de fonds s’étiole et au-dessus duquel s’installe la machine à concentrer la richesse. C’est à la collectivité qu’il revient de fixer, en toute connaissance de cause, la rémunération des avances, en deçà, à niveau ou au-delà de l’équilibre que représente la juste protection contre leur érosion. L’orientation de la rémunération des avances sera dévolue à une institution où seront représentés la structure qui assure les opérations, les entreprises financées et les investisseurs.

Le niveau de rémunération pourra être déterminé en établissant un ordre de priorité des différentes finalités suivantes (listées dans un ordre quelconque) :

  • préserver ou réparer l’écosystème qui rend possible l’existence et l’épanouissement des sociétés humaines ;
  • permette à ceux qui s’investissent pour organiser et réaliser le travail de vivre convenablement du fruit de leur labeur,
  • contribuer au fonctionnement de la collectivité (de l’État) qui prend soin des populations, crée et entretien les infrastructures sans lesquelles il serait impossible d’entreprendre ;
  • conserver les avances des investisseurs en les préservant contre l’érosion du pouvoir d’achat et la perte des fonds (dans le cas de faillites par exemple) ;

Tout comme la collectivité a jugé indispensable d’encadrer la relation entre un employeur et un salarié par un contrat de travail respectant des principes généraux modulés par une convention de branche, la relation entre une entreprise et un investisseur fera l’objet d’un contrat de financement reprenant des principes généraux du dispositif en les déclinant selon les spécificités sectorielles. Cette disposition répond également par anticipation à d’éventuelles critiques à l’emporte-pièce qui tenteront de crier à l’uniformisation.

Comment l’investisseur peut-il se retirer à tout moment ?

L’investisseur qui souhaite recouvrer l’usage d’une partie ou de la totalité de ses avances non encore remboursées peut les céder à un tiers (…) qui continuera de recevoir le paiement du principal et des intérêts à un taux actualisé, déterminé par l’historique de la souscription.

Les taux d’intérêt adoptés successivement depuis la souscription servira de repère pour l’évaluation du prix de cession. La santé de l’entreprise, la dynamique sectorielle et les résultats qu’il est possible d’escompter ainsi que les risques prévisibles y contribueront également. Mais la rémunération des avances étant plafonnés dans ce nouveau dispositif de financement, la transaction devrait échapper à la spéculation (…).

Pour éviter que le dispositif demeure une nouvelle tentative marginale

Consolider sa capacité à financer l’économie réelle : les règles comptables actuelles permettent aux entreprises de déduire de leurs résultats avant impôt, des dotations aux amortissements correspondant à une fraction des investissements antérieurs. Dans le système capitaliste avec privilège actionnarial, ces montants sont systématiquement distribués en dividendes. Les entreprises qui rejoignent le nouveau dispositif devront au contraire destiner leurs dotations aux amortissements à la constitution d’une réserve mutualisée. Toutes les entreprises n’ayant pas besoin d’investir tous les ans cette réserve constituera un puissant moyen de financement de l’activité économique.

Opérer une inversion de la charge de la justification : hier encore, toute proposition de financement s’écartant du modèle capitaliste était sommée d’exhiber la rémunération attrayante qui serait promise à l’investisseur pour le convaincre de risquer ses deniers et pour le dédommager du désagrément de s’en séparer temporairement. Désormais c’est le nouveau principe de financement qui sera la référence. Vous disposez d’une réserve financière, la collectivité vous offre de l’avancer comme ressource pour contribuer à la création de nouvelles richesses. En échange, vos finances seront préservées contre l’érosion due à l’inflation mais également contre tout risque de perte. La collectivité pourra-t-elle demeurer l’assureur en dernier ressort de vos avoirs alors que vous dédaigneriez cette offre ?

Financer le projet PRIBOR selon le nouveau dispositif

Le montant des engagements nécessaires (en fonds propres ?) pour faire décoller le projet PRIBOR est évalué à 1,5 millions d’euros. Ce montant pourrait être financé dans le cadre de la première mise en application du nouveau type de financement selon les étapes suivantes :

  1. convaincre des mécènes (s’engageant à encourager le nouveau type de financement) de participer, en faisant des dons non remboursables, à la constitution d’une réserve permettant de rembourser 1,5 millions d’euros que PRIBOR sollicitera auprès d’investisseurs. Une organisation à but non lucratif, embryon de l’institution qui sera dédiée au développement du nouveau type de financement sera mise en place pour conserver ces fonds ;
  2. doté de cette garantie suffisante, l’institution de promotion du nouveau type de financement lancera une campagne de collecte de fonds auprès du grand public en présentant son nouveau principe ainsi que le projet PRIBOR ;
  3. pour amorcer la garantie d’autres opérations à venir, chaque contributeur pourra répartir son apport entre l’investissement remboursable dédié au projet annoncé et un don (non remboursable) destiné à alimenter la capacité de l’institution de collecte à garantir les avances sollicitées par d’autres entreprises ;
  4. le processus pourra être recommencé pour une autre opération en s’appuyant, pour la garantie, sur les dons des opérations précédentes et en recourant à d’éventuels nouveaux mécènes. De 100% pour les premières opérations, le taux de couverture du risque pourra être ramené plus tard à celui pratiqué habituellement par les banques en attendant de mieux apprécier le risque de faillite intrinsèque à l’écosystème du nouveau type de financement. Les remboursements opérés par les entreprises permettent également de libérer des garanties qui pourront être engagées dans de nouvelles opérations.

Le point de départ de l’opération consistera donc à identifier et à convaincre des mécènes d’apporter leur concours pour démarrer un nouveau type de financement. Mais d’ici-là, peut-être faudra-t-il lui trouver un nom ?

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35 réponses à “Financer la création de richesses, par JeNeSauraisVoir”

  1. Avatar de Romain Vitorge
    Romain Vitorge

    Bernard Friot : « Nous n’avons besoin ni d’employeurs, ni d’actionnaires pour produire »
    https://www.revue-ballast.fr/bernard-friot/

    1. Avatar de Nicolas Cheradame
      Nicolas Cheradame

      Ni employeurs ni actionnaires mais suffisamment de pouvoir d’agir pour imposer ces solutions contre de puissantes résistances.

    2. Avatar de JeNeSauraisVoir
      JeNeSauraisVoir

      @ Romain Vitorge,

      Votre renvoi vers la proposition de Bernard Friot ayant été formulé sous la forme d’une sentence, peut-être devrais-je essayer de défendre celle qui est avancée ici, dans l’espoir de convaincre les personnes qui n’ont pas encore totalement basculé du côté de la fin de non-recevoir ?

      J’ai un peu suivi les travaux de Bernard Friot et son échange avec Frédéric Lordon. J’ai même tenté comme bien d’autres de soulever quelques objections sérieuses (selon moi) et circonstanciées sur d’autres blogs. Je pourrais poursuivre par cette remarque peut-être un peu candide que Bernard Friot concourt dans la catégorie Karl Marx qui est largement au-dessus des prétentions de la recherche artisanale de financement qui est esquissée ici. Cependant, les recherches de Bernard Friot ne visent-elles pas également à permettre au plus grand nombre de vivre convenablement du fruit de son labeur ? Si c’est le cas, avant d’installer sa proposition comme repoussoir contre celle-ci, peut-être serait-il avisé de demander à Bernard Friot ce qu’il en pense ?

      En l’occurrence, peut-être que les actionnaires dont parle Bernard Friot n’ont finalement rien de commun avec ceux qui avancent les fonds pour entreprendre dans cette nouvelle proposition ? Au final et quel que soit le dispositif de financement de la production, il en ressortira une société dont les membres sont capables ou non de vivre de leur labeur (…). Ils pourront juste en vivre ou disposer d’un peu de marge, ce qui sera déjà une indication sur l’état de stress ou de sérénité où mène la proposition. Et si réserves il y a, se posera la question de savoir comment ces réserves seront conservées, ne serait-ce que pour jouer leur rôle d’amortisseur contre les incertitudes de l’avenir. La question des réserves dont on entrevoit le lien avec la dynamique d’accumulation du capitalisme semble absente des préoccupations de Bernard Friot.

      De ce que j’ai pu comprendre de l’exposé de son système, je dirais que Bernard Friot raisonne à partir les catégories du capitalisme auxquelles il oppose ses catégories collectivistes. Il en résulte une proposition symétrique (une symétrie parmi d’autres) du capitalisme : à la propriété lucrative des moyens de production, il oppose une propriété populaire de l’économie c’est-à-dire une propriété d’usage… Il me semble en revanche qu’en portant le raisonnement un peu plus en amont comme le fait Paul Jorion, c’est-à dire qu’en remontant au principe fondamental du capitalisme, il est possible d’échapper au carcan de l’antagoniste pour tenter une proposition en surplomb. Ce qui permettrait de se tenir à distance de cette envoûtante perspective de la dictature du prolétariat (opposée à celle du capital) ou est-ce plutôt la dictature du fonctionnariat si j’ai bien suivi Bernard Friot.

      Bernard Friot veut notamment nous faire passer de la propriété lucrative des moyens de production à une propriété d’usage mais propriété forcément puisque, dit-il, « c’est la condition pour décider » ! Il faut donc que nous soyons absolument propriétaire de tout. Mais une propriété d’usage octroyée et transmise par acquisition de droits. L’on se demande alors sur quelles richesses réelles pourront être fondés les premiers droits d’usage à transmettre. Serait-ce sur de la création monétaire, richesse plutôt fictive qui porte en elle les germes des catastrophes économiques à suivre ? Ou est-ce plutôt sur des richesses réelles existantes qui n’appartiennent pas encore, en grande partie, à la collectivité ? Ne sommes-nous pas alors revenus à cette question que tente de résoudre la proposition esquissée ici et qui est d’amener ceux qui disposent de réserves à les avancer pour la création de nouvelles richesses sans recourir aux brutalités et autoritarismes que l’on sait et sans enclencher la machine à concentrer la richesse ?

      La perspective du passage par un point d’orgue autoritaire que sous-entend la proposition de Bernard Friot contribue sans doute à mobiliser les affects les plus impulsifs mais alors une telle proposition sert-elle notre obsession consciente ou non d’en découdre avec la bourgeoisie ou démontre-elle quelque détermination à construire une société humaine dont les membres (ci-devant bourgeois et prolétaires) vivraient convenablement, en égaux et en équilibre avec l’écosystème ?

      Je ne demande qu’à être convaincu que la proposition de Bernard Friot n’a pas les défauts je lui prête, à comprendre comment cette proposition sera mise en œuvre et pourquoi ce « déjà là » recule au lieu de progresser et à quel moment arrêterons-nous cette descente… mais également dites-moi en quoi la proposition qui est défendue ici aboutirait à une possession lucrative des moyens de production telle que la pratique le capitalisme. Et peut-être faut-il garder à l’esprit que la capacité de nos propositions à enrôler le plus grand nombre possible – à gagner la bataille culturelle – compte également. C’est ce chemin qu’il est possible d’emprunter en saisissant l’opportunité de financer PRIBOR d’une nouvelle manière.

      1. Avatar de Romain Vitorge
        Romain Vitorge

        Bonjour

        Dans mon esprit, c’est une association d’idée plus qu’une fin de non recevoir, une mise en parallèle avec une autre proposition qui prétend explicitement s’attaquer aux fondements du capitalisme.

        Je ne saurais répondre point par point à votre commentaire, je ne suis qu’un « lecteur » de Bernard Friot.

        D’après ce que j’ai retenu de mes lectures, il nous demande de reconnaitre le déjà là (que vous évoquez dans votre commentaire) et propose de l’amplifier, de le généraliser.
        Il analyse que le Régime général de la sécurité sociale, mais pas que, mis en place après la seconde guerre mondiale, est une alternative à la pratique capitaliste du travail en ce qu’elle ne repose ni sur le marché du travail, ni sur la propriété lucrative, ni sur le crédit, les trois instruments de la domination capitaliste sur le travail.
        …/… Le Régime général c’est non seulement la fonction publique hospitalière et donc la capacité de produire de la santé sans marché du travail, sans employeur, avec des salaires à vie, mais également le travail indépendant, le travail indépendant totalement libéré du capital et avec un salaire à vie. …/…

        Je ne vois pas d’autoritarisme dans la mise en place et le fonctionnement du Régime général de la sécurité sociale.

        Vous demandez « sur quelles richesses réelles pourront être fondés les premiers droits d’usage à transmettre ? »
        …/… l’investissement au delà de l’auto financement peut parfaitement être assuré par une « cotisation investissement » qui, se substitue aux dividendes et aux profits et au
        remboursement des taux d’intérêt, (tous ces couts de capital absolument considérables, le double des cotisations patronales, en gros) et, cette cotisation à des caisses, on sait faire, puisque on a géré le Régime général, on sait gérer des caisses, des caisses qui subventionnent en T et en T+1, cet investissement va générer du travail plus productif ou supplémentaire et donc une valeur supplémentaire qui donnera lieu à cotisation qui va permettre à nouveau d’alimenter des caisses d’investissement qui vont subventionner et nous sortons de la logique crédit profit. …/…

        Les passages entre (…/…) viennent de l’audition programmatique #7 – Uberisation et salaire à vie – Sarah Abdelnour et Bernard Friot
        https://www.youtube.com/watch?v=tpyQp_9txE0

  2. Avatar de Muller
    Muller

    Investissement Populaire de l’Economie Citoyenne : IPEC ???

  3. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

     » … des dotations aux amortissements correspondant à une fraction des investissements antérieurs. Dans le système capitaliste avec privilège actionnarial, ces montants sont systématiquement distribués en dividendes. » D’où sort cette affirmation ? A ma connaissance, c’est la recette pour faire disparaître le moyen de renouveler le matériel qui s’use, et tout décideur soucieux de la continuité de l’affaire (par exemple un actionnaire) pratique autrement. Mais on n’est pas nécessairement soucieux de la continuité, si bien que ça peut aussi arriver ; le mot « systématiquement » est en trop.

    Juste après, le discours s’appuie, semble-t-il, sur l’idée que PRIBOR est une affaire qui ne peut que réussir. Dans la réalité que je suppose, ceux qui ont apporté l’argent à dépenser-investir ont fait le pari que PRIBOR réussira et qu’en face de l’argent investi il y aura des valeurs « marchandes » dont la vente pourra rémunérer les investisseurs ; et si le pari est perdu l’argent aura disparu ; c’est le jeu du capitalisme. (digression : Sacha Guitry, dans « Les mémoires d’un tricheur », explique le bonheur du joueur ; une mise perdue n’est qu’une perte, alors qu’un gain est la possibilité de miser à nouveau et de gagner encore ; dans le roman, le tricheur, saisi par le bonheur du joueur, se ruine, alors qu’il avait fait fortune avec le raisonnement capitaliste de l’investissement à faible risque et gain modeste dans le jeu qu’il truquait ; fin de la digression). La présence du mot « mécène » dans le discours que j’avoue ne pas avoir compris m’indique qu’il ne s’agit ni de jeu ni d’investissement.

    1. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @pierre guillemot « des dotations aux amortissements …. moyen de renouveler le matériel qui s’use,  » C’est bien cela la fable comptable et fiscale, que l’on attends d’une saine gestion, mais la réalité est autre, et pas seulement chez les pires capitalistes privés. Dans un groupe comme eDF piloté capitalistiquement et réglementairement par l’État et l’U.E. où sont passé ces dotations au renouvellement du Parc électronucléaire ?
      Si ce n’est dans des dividendes pour l’actionnaire, des prix minorés pour la clientèle, ou la concurrence ?

      Sinon il n’y aurait aucun problème pour financer des nouveaux réacteurs de remplacement EPR, d’autant plus que la rentabilité initiale a été dopée par des prolongements de durée d’activité.

      Il ne devrait pas y avoir de besoin d’appel à de nouveaux investisseurs, d’autant que les démantèlements n’ont que peu commencé et que les provisions correspondantes restent sans doute disponibles ….

      1. Avatar de ilicitano
        ilicitano

        Pour compléter

        La loi « NOME » (nouvelle organisation du marché de l’électricité) du 7 décembre 2010 fixe un nouveau cadre pour le marché de l’électricité en France.
        La loi du 7 décembre 2010 relative à la « Nouvelle organisation du marché de l’électricité », dite loi Nome, prévoit la réorganisation et la régulation de ce marché sur la base d’un encouragement de la concurrence.
        Elle répond à l’ambition européenne de libéraliser complètement le marché de l’électricité pour le rendre compétitif au bénéfice du consommateur et de l’économie européenne.

        L’ARENH (Accès réglementé à l’électricité nucléaire historique) est un dispositif français qui permet aux fournisseurs d’électricité alternatifs d’avoir accès à l’énergie produite par le parc nucléaire existant d’EDF à un prix régulé. Ce dispositif a été instauré en 2011 pour favoriser la concurrence sur le marché de l’électricité.

        Ben oui :
        Passé d’un monopole d’Etat de distribution d’électricité pas cher
        à un marché multi-distributeurs privé qui engraisse le capital et surtout réduit les réserves et besoins en financement du renouvellement/démantèlement du parc du producteur EDF

        1. Avatar de Ruiz
          Ruiz

          En fait les quelques pigeons qui en bon capitalistes incité par les pouvoirs publics ont investi dans les actions EDF au moment de l’ouverture du capital, n’ont jamais eu leur mot à dire, et se sont fait finalement éjecter.
          Ils n’ont jamais eu accès à des prix d’électricité préférentiels.
          L’État a montré son incompétence insigne dans la gestion globale de l’électricité pour le consommateur.

          Il faudrait privatiser totalement EDF (ou avec une minorité sans influence pour l’État) et réserver l’actionnariat aux contribuables français et consommateurs !

        2. Avatar de Tout me hérisse
          Tout me hérisse

          @ilicitano
          […] La loi du 7 décembre 2010 relative à la « Nouvelle organisation du marché de l’électricité », dite loi Nome, prévoit la réorganisation et la régulation de ce marché sur la base d’un encouragement de la concurrence.
          Elle répond à l’ambition européenne de libéraliser complètement le marché de l’électricité pour le rendre compétitif au bénéfice du consommateur et de l’économie européenne. […]

          Cette rengaine de la concurrenceconstamment entonnée pour justifier les mesures prises en matière d’électricité, ne résistent pas à l’analyse, en raison même de la structure de la concurrence, laquelle a été incapable d’investir suffisamment et ne s’est contentée que de commercialiser une fraction plus ou moins importante de ce que produit EDF : on ne peut donc la qualifier que de pseudo concurrence destinée à habiller le concept appliqué pour le bonheur de quelques-uns et le malheur de tous… !

  4. Avatar de ilicitano
    ilicitano

    Un vent nouveau se lève , mais de quel côté va-t-il soufflé?

    GPT-4 développé par Openai et intégré dans Microsoft la capitaliste
    Ernie développé par Baidu mais « coopté » par la Chine communiste

    ERNIE:
    ERNIE Bot est un produit de Baidu, une entreprise technologique chinoise.
    D’abord présenté le 16 mars 2023, il est mis sur les réseaux chinois fin aout 2023.
    Il parle le mandarin et quelques dialectes chinois.
    C’est un nouveau modèle de langage de grande taille amélioré par la connaissance.

    Ernie peut:
    * comprendre les intentions humaines
    * fournir des réponses précises, logiques et fluides proches du niveau humain.
    * interagir en dialogue, créer du contenu, raisonner avec des connaissances et générer plusieurs modes de sortie.

    Ses technologies clés comprennent :
    * l’ajustement fin supervisé
    * l’apprentissage par renforcement avec feedback humain
    * l’apprentissage par incitation
    * l’amélioration des connaissances
    * l’amélioration de la recherche
    * l’amélioration du dialogue.

    En matière d’amélioration des connaissances, ERNIE Bot adopte principalement deux approches :

    * L’internalisation des connaissances qui implique d’apprendre à partir de connaissances à grande échelle et de données non étiquetées basées sur des unités sémantiques, de construire des données d’entraînement en utilisant les connaissances acquises et d’intégrer les connaissances dans les paramètres du modèle.
    * L’utilisation externe qui implique l’intégration de plusieurs sources de connaissances hétérogènes pour le raisonnement et la construction d’incitations.

    En matière d’amélioration de la recherche, ERNIE Bot bénéficie d’une nouvelle architecture de recherche avec la compréhension et la correspondance sémantiques. L’introduction des résultats de recherche peut fournir au LLM des informations de référence opportunes et précises, répondant mieux aux besoins des utilisateurs.

    En matière d’amélioration du dialogue, sur la base de l’expérience accumulée dans la technologie du dialogue et les applications, ERNIE Bot dispose de mécanismes de:
    * mémoire
    * compréhension contextuelle
    * capacités de planification du dialogue
    qui lui permet d’atteindre une meilleure continuité, cohérence et logique dans les dialogues.

    ———

    Ernie Bot est développé par Baidu dont le créateur et président est Robin Li domicilié à Pékin.
    Il a été formé à l’Université de Pékin et l’Université d’État de New York à Buffalo

    En mai 2018, dans un contexte de censure de l’Internet chinois, 300 acteurs du web se regroupent en une fédération pour soutenir les « valeurs centrales du socialisme » et donc du Parti communiste au pouvoir. Robin Li, Jack Ma (patron d’Alibaba) et Pony Ma (patron de Tencent) en sont nommés vice-présidents

    https://www.lesechos.fr/2018/05/cette-nuit-en-asie-les-geants-du-web-chinois-main-dans-la-main-pour-defendre-les-valeurs-du-parti-990229

    Cette nuit en Asie : les géants du Web chinois main dans la main pour défendre les valeurs du Parti
    Lancé dans une vaste campagne visant à expurger de la Toile tout contenu déviant des « valeurs centrales du socialisme », Pékin vient de mettre en place une fédération regroupant 300 acteurs du Web.

    1. Avatar de ilicitano
      ilicitano

      Une petite question :

      Différentes I.A ayant atteintes une éventuelle Singularité peuvent -elles mettre leurs facultés au service :
      * soit d’une cause/politique capitaliste
      * soit d’une cause/politique socialiste/communiste
      * soit à d’autres causes/politiques à définir

      avec comme conséquence une non-entente entre les différentes I.A , chacune ayant choisie sa voie.

      1. Avatar de ilicitano
        ilicitano

        avec comme conséquence aussi des mises à dispositions financières différentes :
        * capitalistiques et actionnariales
        * étatiques
        * autres

      2. Avatar de Hervey

        @ ilicitano

        … et côté occident, que va dire le Pape à propos de l’IA ? …
        On se souvient que pour l’écologie, il avait fustigé les climatosceptiques.

        https://www.youtube.com/watch?v=76BtP1GInlc

        1. Avatar de ilicitano
          ilicitano

          @Hervey

          Il suffit de demander 😀
          Petites infos vaticanesques:

          Vatican News

          Après une année qui a vu l’essor de ChatGPT et de l’intelligence artificielle (IA) devenir à portée de tous, le Pape invite à un dialogue sur la signification de ces nouvelles technologies, rappelant la «nécessité d’être vigilant et d’œuvrer pour qu’une logique de violence et de discrimination ne s’enracine pas dans la production et l’utilisation de ces dispositifs.»

          Alors que l’intelligence artificielle révolutionne aujourd’hui de nombreux secteurs d’activités, et quel e marché mondial de l’IA devrait atteindre d’ici 2027, 267 milliards de dollars, selon des données de Fortune Business Insights, François rappelle «l’urgence d’orienter la conception et l’utilisation des intelligences artificielles de manière responsable, afin qu’elles soient au service de l’humanité et de la protection de notre maison commune» et que «la réflexion éthique s’étende à la sphère de l’éducation et du droit.»

          Amen

          1. Avatar de François
            François

            @ illicitano

            Avec ce communiqué du Vatican, il n’y a plus de doute possible: on entre dans une nouvelle guerre de religions, la catholique craignant de se faire prendre des parts de marché par celle de l’I.A.

            1. Avatar de ilicitano
              ilicitano

              @François

              Si on regarde le « marché » , il montre que de nombreuses I.As sont en développement ou en service.
              GPT-4 opérationnel depuis 6 mois avec un accès au public avec Bing
              ERNIE : I.A en accès au public en Chine et 70 dans les « tuyaux » autorisés par Pékin
              BARD (Google) , Claude ,……
              Il va y avoir une concurrence entre les différentes I.A et particulièrement entre Microsoft et Google.

              La question , à laquelle je n’ai pas de réponse , est :
              si éventuellement ses I.As atteignent la Singularité , auront-elles la même singularité
              Voir la comparaison entre GPT-4 et ERNIE ci dessus.

        2. Avatar de ilicitano
          ilicitano

          dernières nouvelles du Vatican:
          https://fr.zenit.org/2023/10/04/lintelligence-artificielle-entre-pour-la-deuxieme-fois-dans-le-magistere-de-leglise/

          Le Dicastère pour les communications a annoncé le thème de la 58e Journée mondiale des communications, qui sera célébrée en 2024, et qui portera sur l’intelligence artificielle : « Intelligence artificielle et sagesse du cœur : pour une communication pleinement humaine ».

          Voici un résumé du thème proposé par le pape :
          « L’évolution des systèmes d’intelligence artificielle rend la communication par et avec les machines de plus en plus naturelle, de sorte qu’il est de plus en plus difficile de distinguer:
          * le calcul de la pensée,
          * le langage produit par une machine de celui généré par l’être humain.
          Comme toutes les révolutions, celle basée sur l’intelligence artificielle pose de nouveaux défis pour que les machines ne contribuent pas à un système de désinformation à grande échelle et n’accroissent pas la solitude de ceux qui sont déjà seuls, en nous privant de la chaleur que seule la communication interhumaine peut apporter.
          Il est important de guider l’intelligence artificielle et les algorithmes, afin que chacun prenne conscience de sa responsabilité dans l’utilisation et le développement de ces différentes formes de communication qui vont de pair avec les médias sociaux et l’internet.
          La communication doit être orientée vers une vie plus complète de la personne humaine ».

            1. Avatar de Hervey

              Merci ilicitano pour toutes ces précisions.
              Le représentant de Dieu sur terre prêche pour.

              1. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
                PIerre-Yves Dambrine

                Oui, on peut voir ça comme ça, mais je ne vois pas au nom de quoi il faudrait écarter d’un revers de main ce que dit le pape, les mêmes arguments (pensée versus calcul) sont avancés par beaucoup d’humanistes pas forcément croyants.
                La pensée et la sagesse n’est pas pas propriété exclusive des incroyants.

                1. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
                  PIerre-Yves Dambrine

                  PS.
                  par contre sur la guerre en Ukraine, je suis en désaccord total avec le pape françois, lequel renvoie dos à dos Ukrainiens et Russes, ce qui revient objectivement à soutenir Poutine. Très grave erreur de sa part. Une faute.

                  1. Avatar de ilicitano
                    ilicitano

                    @PYD

                    Va falloir que j’en discute avec ma belle-fille russo-ukrainienne et son vécu.
                    Le problème dans ce type de situation complexe et informationnelle , il faut décrypter.
                    Faudrait demander au Pape François du pourquoi/comment de sa position.
                    Et là on rentre dans une autre domaine géopolitique, historique et sociétal.

                    Mais bon : on est dans un article sur un débat du financement de la création de richesse et son impact sur l’I.A et son « éventuelle » Singularité » et j’essaye d’avoir pour habitude de rester dans le domaine de l’article et de son débat induit.
                    Quitte à recadrer pour rester sur le sujet , ce qui est de l’adage de notre hôte

                    1. Avatar de timiota
                      timiota

                      L’avènement de Jean-Paul II n’a-t-il pas été lié lui aussi à l’entremêlement de volontés géopolitiques et de questions de financement ? Il y a sans doute du « jésuitisme financier » dans les entrées et sorties des coffres du Vatican avant et pendant son pontificat. Pleins de livres et d’articles parlent de ce qui a émergé, depuis l’époque de la banque Ambrosiano et scandales associés. Je ne les ai pas lu…

                    2. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
                      Pierre-Yves Dambrine

                      La position du pape n’est pas si compliquée à comprendre :
                      – tropisme de celui qui voit le monde comme affrontement des empires porteurs de valeurs différenciées.
                      – position du campiste du sud-américain qu’il est.
                      – volonté de rapprochement avec le monde orthodoxe, et tant pis sir Kiril est un kgébiste matérialiste.
                      – promotion des valeurs traditionnelles, dont la Russie se gausse d’être un grand défenseur.

                      Point d’orgue du fourvoiement du pape, ses déclarations face aux jeunes Russes catholiques :

                      « … Vous êtes les enfants de la grande Russie, des grands saints, des rois, de Pierre le Grand, de Catherine II, d’un peuple russe de grande culture et de grande humanité », a-t-il lancé dans un premier temps, avant d’ajouter : « N’oubliez jamais ce grand héritage. Vous êtes les héritiers de la grande mère Russie, allez de l’avant avec cela. »

                      Fallait oser, dire de « grande humanité » quand l’armée russe tue, viole et pille les Ukrainiens.

                      La réaction positive du Kremlin ne s’est pas fait attendre :

                      «  ..Très rapidement après la diffusion de cette vidéo, le porte-parole du Kremlin avait salué ces propos, notamment le fait que le pape « [connaisse] l’histoire russe ». Et Dmitri Peskov d’ajouter : « C’est très bien. Elle est profonde, et l’héritage ne se limite pas à Pierre et à Catherine […]. Il est réjouissant que le pontife soit à l’unisson. »

                      https://www.lejdd.fr/international/grande-russie-lukraine-fustige-la-propagande-imperialiste-du-pape-137993

                2. Avatar de Hervey

                  Je posais la question tout en connaissant la réponse attendu du pape sur ce sujet.
                  On peut se demander pourquoi.
                  D’une part parce que ilicitano est toujours précis (plus que moi) et d’autre part pour montrer que ces indications et cette parole du pape doivent certainement peser au stade premier de l’influence qu’il peut avoir sur la sphère des croyants et au-delà chez ces autres humanistes que tu évoques fort justement.
                  Toutefois, de nombreux doutes subsistent sur le futur de cet affichage.
                  Bien que la religion catholique soit dépositaire d’un pan important de l’Histoire, la mémoire des IA vont beaucoup plus loin (temps et espace).
                  Faudra alors que le pape puisse intercéder auprès du Très Haut et lui demander de bien vouloir faire quelques miracles. 🙂

                  1. Avatar de l'arsène
                    l’arsène

                    @ Garorock
                    Et oui  » camarade », la guerre c’est moche.
                    Ce qui est encore plus moche et inacceptable est que tout ce carnage aurait pu être évité si tous les protagonistes, Russie, Zelinski et Otan , n’avaient pas tous merdé, depuis 1990 pour l’Otan, 2019 pour Zelinski et avril 2022 pour « l’opération spéciale » déclenchée par Poutine, à un point tel qu’aujourd’hui, le pire est devenu possible.
                    PS: Je sais que vais recevoir encore des missiles venant de certains.
                    J’ai l’habitude, les fans va-t-en guerre style BHL sont toujours réactifs !

                    1. Avatar de Otromeros
                      Otromeros

                      S’il n’en est qu’un, un seul à suivre (journellement sur son X-Twitter) sur ce genre de sujet, c’est lui : Charles ENDERLIN.

                      … » Cela dit, à l’heure actuelle, les Israéliens sont unis, les manifestations sont arrêtées . L’opposition dans son ensemble soutient l’armée. Car il y a des dizaines et des dizaines de morts.
                      Les réservistes de l’armée rejoignent leurs unités, avec d’ailleurs un problème fondamental : on leur a dit d’aller à la gare pour rejoindre leurs unités.
                      Problème, les trains ne roulent pas pendant le Shabbat [du vendredi soir au samedi soir – ndlr].
                      Ils attendent dans les gares et il n’y a pas de train.

                      C’est hallucinant.

                      dans : https://www.mediapart.fr/journal/international/071023/c-est-la-premiere-fois-que-des-commandos-occupent-une-partie-du-territoire-israelien

                    2. Avatar de Otromeros
                      Otromeros

                      S’il est permis d’accorder le statut d’intérêt général… l’article en question ici offert:
                      ((( à défaut : ne pas publier..)))

                      Plus de cinquante ans après la guerre du Kippour, lancée par l’Égypte et la Syrie, Israël a subi une série d’attaques de la part du Hamas, depuis la bande de Gaza.
                      En 1973, Charles Enderlin, jeune journaliste franco-israélien, avait été mobilisé quelques semaines après.
                      Aujourd’hui, ce « témoin engagé », auteur de nombreux livres sur le conflit au Moyen-Orient, dont le plus récent est Israël, l’agonie d’une démocratie (collection « Libelle », éditions du Seuil), juge que nous assistons à un « échec de l’ensemble du système sécuritaire et de défense israélien » après cette attaque « sans précédent ».

                      Mediapart : Qu’est-ce que les événements d’aujourd’hui ont d’inédit ?

                      Charles Enderlin : C’est sans précédent. Jeune journaliste à Jérusalem lors de la guerre d’octobre 1973, je me suis retrouvé mobilisé quelques semaines plus tard. À l’époque, aucun bombardement n’a eu lieu sur le territoire israélien, aucun civil israélien n’est mort. C’est la première fois que l’on voit des commandos occuper une partie du territoire israélien, rentrer dans les maisons, attaquer. C’est aussi un échec colossal du renseignement et de la conception israélienne de sécurité et de défense.
                      Illustration 1
                      Comment expliquer cette faillite sécuritaire ?

                      Il y aura sûrement une commission d’enquête après, mais on peut souligner que c’est encore une fois l’hubris, la croyance de tout connaître et tout maîtriser. Il y a quelques jours, on nous expliquait que la technologie numérique israélienne était toute-puissante, que ses applications rentraient dans tous les téléphones du monde. Eh bien, elles ne sont pas rentrées dans les téléphones et dans les endroits où le Hamas a préparé cette opération sans précédent.

                      Pour Nétanyahou, qui met en avant la sécurité des Israéliens, c’est un échec…

                      C’est un échec de l’ensemble du système sécuritaire et de défense israélien, un échec de la conception israélienne de l’affaire palestinienne. En 2005, Ariel Sharon a retiré les colonies de Gaza avec l’idée de laisser Gaza au Hamas et d’annexer au fur et à mesure une partie de la Cisjordanie. Les gouvernements suivants et depuis 12 ans, ceux de Benyamin Nétanyahou, de Naftali Bennett et de Yaïr Lapid, ont autorisé le financement du Hamas, n’ont jamais procédé à une grande opération à Gaza ou tué leurs dirigeants.

                      Puisque le Hamas refusant tout type d’accord avec Israël, cela permettait de bloquer le processus de paix, tout en gardant Mahmoud Abbas [le président de l’État palestinien – ndlr] à Ramallah, en Cisjordanie. Mahmoud Abbas qu’avant-hier encore les Israéliens appelaient le maire de Ramallah. La vision israélienne de gestion du statu quo vient complètement de s’effondrer. Où ça va ? On verra. Là-dessus se greffe le problème de la démocratie.

                      Cela intervient aussi à un moment de fragilité démocratique, après des mois de manifestations contre la réforme affaiblissant la justice voulue par le gouvernement…

                      Absolument. Cela dit, à l’heure actuelle, les Israéliens sont unis, les manifestations sont arrêtées. L’opposition dans son ensemble soutient l’armée. Car il y a des dizaines et des dizaines de morts. Les réservistes de l’armée rejoignent leurs unités, avec d’ailleurs un problème fondamental : on leur a dit d’aller à la gare pour rejoindre leurs unités. Problème, les trains ne roulent pas pendant le Shabbat [du vendredi soir au samedi soir – ndlr]. Ils attendent dans les gares et il n’y a pas de train. C’est hallucinant.

                      Comment voyez-vous la suite ? Vous pensez que cela peut provoquer un débat politique ?

                      Les comptes seront réglés avec ce gouvernement ultranationaliste, fondamentaliste, orthodoxe, messianique, quand la crise sera terminée, quand il n’y aura plus de combats, quand le calme sera revenu. Les fondamentalistes orthodoxes veulent conserver et défendre l’autonomie de leurs communautés, en empêchant le service militaire pour leurs jeunes tout en ayant le financement par l’État de leur système d’éducation. Et en payant très peu d’impôts.

                      Aujourd’hui, les jeunes des écoles talmudiques ne font pas l’armée et ils disposent d’une bourse supérieure à la solde des soldats qui risquent leur peau. C’est un problème fondamental de société, une situation de discrimination. Quelque chose va sortir de tout ça, nécessairement.

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                      Est-ce que Nétanyahou peut utiliser l’union nationale pour se dédouaner de ses échecs ?

                      Pour l’instant, il n’y a pas de gouvernement d’union nationale. Aucun ministre de l’opposition ne rentre au gouvernement. En revanche, nous voyons un gouvernement qui gère mal, très mal cette situation. On voit des Israéliens paniqués qui appellent au secours au téléphone. Parfois, il n’y a pas d’électricité. Il y a des combattants dans la rue, on ne sait pas si on peut sortir, les ambulances ne peuvent pas secourir les blessés parce qu’on se bat encore et que l’armée n’arrive pas.

                      Que peut-il se passer avec la question des otages ?

                      Je ne sais pas. On est dans l’inconnu. Les combats se poursuivent. Pour les Israéliens, le problème, c’est d’abord de reprendre le contrôle sur le terrain. Des vidéos atroces circulent. On est dans une période active de guerre, ce qui rend difficile de parler de la suite. Est-ce qu’à la frontière nord, le Hezbollah va rester calme ? Peut-être. À ce moment-là, on est sur plusieurs fronts. Dans tous les cas, l’armée mobilise.

                      Que faudrait-il ? Un nouvel esprit d’Oslo où l’on pensait la paix possible ?

                      Tout dépend d’où, comment va se terminer cette guerre. Que va-t-il se passer politiquement, socialement en Israël, est-ce que le gouvernement va tomber ? Où va mener la colère des citoyens ? Faire des projections me paraît difficile. Le Hamas vient de démontrer qu’il ne veut pas se contenter de gérer Gaza, mais se pose en défenseur des Palestiniens. Je rappelle que c’est une organisation islamique qui est opposée à l’existence d’Israël en terre d’Islam, alors que les messianiques israéliens et les nationalistes ne veulent pas d’un État palestinien en terre d’Israël. « 

  5. Avatar de Régis Pasquet
    Régis Pasquet

    Beaucoup d’entre nous éprouvent de nombreuses difficultés à se représenter un monde devant fonctionner sous diverses contraintes fortes.
    Pourtant les périodes de confinement nous ont donné à voir un cadre inhabituel à l’intérieur duquel il a fallu mettre en œuvre la solidarité et la préservation des ressources.
    Belle leçon à méditer ?

  6. Avatar de Khanard
    Khanard

    @Régis Pasquet

    «Belle leçon à méditer ?»

    manifestement les méditations en sont restées là où elles étaient : c’est à dire au niveau « underground » de la pensée humaine .

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