Pierre Alferi (1963 – 2023)

« Il ne faut pas penser le concept comme le rapport à une essence réellement universelle, pas même comme une représentation générale que l’esprit forgerait, mais comme la visée d’une multiplicité en tant que telle, produite au terme d’un véritable processus de mise en série, par la répétition des actes internes, la mémoire. Il ne faut pas penser le concept comme un objet, mais comme un acte de référence en direction des mêmes singuliers qui furent d’abord l’objet d’une intuition : penser le concept comme le signe naturel d’une série, penser l’expérience comme production de signes »

Pierre Alferi, Guillaume d’Ockham, le singulier, Paris : Minuit 1989

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15 réponses à “Pierre Alferi (1963 – 2023)

  1. Avatar de Khanard
    Khanard

    tristesse.
    digne progéniture de Derrida (excusez du peu) et de Marguerite Aucouturier ( que j’ai la faiblessse de ne pas connaitre) .
    J’appréciais sa poésie et je ne me lasse pas de lire Divers Chaos . Il y a du Villon et du Boulanger deans sa poésie .

    Un grand écrivain.

  2. Avatar de Kons
    Kons

    Mais, mais, c’est du Deleuze…, ou non ?

    1. Avatar de Paul Jorion

      Non, c’est du Guillaume d’Ockham (1287-1347).

      1. Avatar de Hervey

        Epoque terriblement mouvementée !
        A noter que c’est sur ces questions de fond très discutées dans cette Europe médiévale finissant que remonte en surface ce bouillonnement que l’on retrouve traduit sous une forme « poétique » particulière dans l’Enfer de Dante.

  3. Avatar de Trollichon des Bois non psychanalysé (ou pas si tant)
    Trollichon des Bois non psychanalysé (ou pas si tant)

    Chercheriez-vous querelle ?! 🙂

    Dire qu’il doit traîner dans ma bibli depuis 98, mes derniers cours de philo médiévale, jamais ouvert… à l’époque, déjà, il fallait manger.

    Merci du rappel !

  4. Avatar de Mettreenlignemesidentifiants Jenaimepas
    Mettreenlignemesidentifiants Jenaimepas

    Incroyable, pour un éternel jeune homme de s’en aller ainsi brutalement. C’est une belle surprise de trouver un hommage sur ce blog. Je l’ai connu par Kub’or, un de ses premiers recueils de poésie. La fraîcheur de Kiwi faisait mes délices. Mais surtout ses deux numéros de « La revue de littérature générale », publiés avec Olivier Cadiot, ont été l’un des stimulants les
    plus feconds pour les auteurs opérant dans ces années-là.
    Ainsi donc c’est vrai : on meurt.

  5. Avatar de un lecteur
    un lecteur

    « ..penser l’expérience comme production de signes ».
    https://scitechdaily.com/scientists-successfully-recreate-and-mathematically-validate-two-molecular-languages-at-the-origin-of-life/

    Un langage moléculaire bien connu est l’allostérie. Le mécanisme de ce langage est celui du « verrou et de la clé » : une molécule se lie et modifie la structure d’une autre molécule, lui ordonnant de déclencher ou d’inhiber une activité.

    Un autre langage moléculaire moins connu est la multivalence, également connue sous le nom d’effet chélateur. Il fonctionne comme un puzzle : lorsqu’une molécule se lie à une autre, elle facilite (ou non) la liaison d’une troisième molécule en augmentant simplement son interface de liaison.

    L’effet chélateur, une sorte de syllogisme moléculaire (structural) ou ne serais-ce l’inverse..

  6. Avatar de amateur
    amateur

    Désolé , je trouve ceci terriblement abscons , surement très intéressant . Mais dans le monde réel ça ne fera rien avancer du tout pour le moment . L’idéalisme a eu sa chance et a échoué .

    1. Avatar de Hervey

      … et de quoi est fait « le monde réel » ?

    2. Avatar de Lebolu!
      Lebolu!

      Ha oui… c’est vrai… pour les « réalistes » thomistes, Ockham c’est le début de l’idéalisme, donc de la décadence de la pensée occidentale (puis Descartes, Kant, Hegel, Husserl dans sa période idéaliste).

      Sûr que vous avez fait avancer grand chose par contre… et que  » a eu sa chance » est un argument (sic).
      Merci pour la plaisanterie.

  7. Avatar de Dalla Vecchia Luigi
    Dalla Vecchia Luigi

    Cela semble remettre en question le concept qui ce cache derrière le concept:
    je m’explique … Selon la façon dont on aborde le concept , on en fait une chose ou une autre; et effectivement , la communication humaine et la compréhension qui en découle étant imparfaite, rien ne dit qu’un concept efficient , puisse l’être pour tous.
    Donc il faut bien effectivement se poser la question de notre représentation du concept et de ce que l’on en fait en conséquence.
    Personnellement j’ai une représentation du concept comme un outil ; un outil qui n’a pas été fait par moi , donc, en général, dont je ne connais pas parfaitement la genèse ; ce qui fait que, dans l’usage que j’en fais , il peut y avoir, si je n’y prends garde, des contre-emplois et des bévues. Pour me garder de ces choses fâcheuses , j’essaie de retrouver l’esprit de sa conception dans l’utilisation. Mais là aussi les biais cognitifs et les raccourcis existent, car on n’a pas toujours le temps. Parfois cela se restreint à vérifier « domaine de définition » et « domaine d’application ». Donc en résumé , tout se joue dans la confiance et la connaissance des travaux du concepteur selon presque l’acceptation d’arguments d’autorité. D’où la nécessité de citer ses sources et d’avancer clairement ses méthodes pour permettre à d’autres d’approfondir en tombant sur le travail fait, et leur permettre plus facilement de repérer les bourdes.
    À quoi peut bien servir un outil conceptuel ? Pour moi simplement, à être la clé qui permet d’élucider un phénomène ou à être la porte d’entrée d’une pensée plus profonde. Toutefois on ne peut éviter l’écueil de la pensée « lego » si chère aux économistes à la mode, et qui permet de dire tout et son contraire en changeant les briques (« outils ») de place. C’est la tentation du syncrétisme si chère à nos journalistes.
    En fait un « expert » ou un acteur type « ingénieur » ne peut échapper à cette emprise du « Lego » qui l’amène à des « hérésies efficaces » avec des postulats faux.
    C’est pourquoi il faut en tant qu’expert toujours garder un œil sur ce que « tcharent » les chercheurs fabricants de concepts et aussi « déconstructeurs » de ceux qui merdoient . Beaucoup de concepts qu’ils mettent à l’épreuve et que l’on utilise naïvement sont singulièrement commodes et parfaitement abusifs d’un point de vue scientifique.
    Une remarque par rapport à la physique: en l’état actuel de la science (vérité provisoire donc véracité), on c’est aperçu que nombre de concepts contre-intuitifs semblaient révéler certaines réalités et donc , on ne peut faire confiance à l’intuition. De même à l’inverse, l’histoire de la science nous montre que des concepts supposés parfaits étaient faux en réalité.
    Il n’y a donc d’avenir que dans la praxis, avec un va-et-vient entre l’expert qui maîtrise tous les savoirs de son temps, sur son domaine restreint , et le chercheur qui pousse le bouchon jusqu’à remettre en question tout ce savoir, ou lui en rajouter d’autres.
    C’est pourquoi la hiérarchie des diplômes en France était autrefois très bien faite et prenait en compte cette différence de posture entre « ingénieur/ faiseur » niveau II et « chercheur /découvreur » niveau I ; et que la tentation de la pensée « Lego » était mieux maîtrisée avec des limites mieux comprises des professionnels, ce qui les poussait à ne jamais se couper de l’université.
    Aujourd’hui c’est installé une défiance d’aveuglement et des cupidités imbéciles qui poussent tout le monde à réclamer le niveau I sans comprendre que ce n’est pas une question de niveau, mais de domaine, de posture et d’angle de vue (et que ce n’est pas une question de salaire, un niveau même très inférieur doit pouvoir être bien mieux payé si les réalités le nécessitent). Un spécialiste a trop de choses à savoir pour en plus être généraliste et un généraliste, vu l’étendu des domaines ne peut se faire spécialiste.
    Je déplore qu’ une fois diplôme accompli, tout le monde se coupe de l’université sous la pression imbécile du management à la française qui croit que la recherche c’est du temps perdu ou des empêcheurs de tourner en rond.
    Chaque fois que j’écoute parler un haut cadre dirigeant d’entreprise française, j’ai l’impression d’un effondrement de la pensée. Et j’ai l’impression que c’est vraiment un phénomène franco-français.
    Le business a en France la haine de la pensée et de la recherche et se rêve dans un monde de lego, où il n’aurait plus qu’à manipuler des Playmobil, depuis un portefeuille d’action dans une holding (exit les sciences humaines et la complexité de l’humain, quant à la politique cela s’achète, et les réalités , on s’en fout jusqu’au suicide planétaire)

    1. Avatar de Lebolu!
      Lebolu!

      Je me souviens d’un imbécile, haut gradé dans l’armée, qui attendait d’un chercheur en sciences sociales un modèle clé en main d »aide’ à la décision pour gérer les interactions de l’armée avec les clans pachtounes ! Qu’on ne puisse pas lui livrer un modèle de type 1-0 et d’être obligé d’exercer sa phronesis ou de faire appel à un chercheur pour décider « juste un peu mieux qu’au doigt mouillé » le rendait fou.
      Sûr que ce n’est pas le genre de gamberge que des russes ou des anglais auraient eue.

      1. Avatar de Rosebud1871
        Rosebud1871

        Lebolu! 20 août 2023 13h02

        L’aide à la décision ? https://www.dailymotion.com/video/x2b79z6
        L’angoisse n’est pas sans objet…et le meilleur des actes non plus.

    2. Avatar de Pascal
      Pascal

      Ah la recherche et l’expertise !
      J’adore cette anecdote qui je pense est vraie. Elle s’est déroulée semble t-il lors de la course à l’espace entre russes et américains après la guerre.
      Découvrant l’a-pesanteur, les astronautes et cosmonautes furent très embêtés de découvrir que nos stylos à encre qui marche si bien sûr Terre deviennent inopérants une fois dépassé la couche atmosphérique.
      La réaction des américains fut immédiate et l’on dépêcha des chercheurs et ingénieurs de tout poil pour concevoir un stylo doté d’une pompe afin d’injecter l’encre.
      De leur côté, les russes réagir différemment, ils se mirent à utiliser des crayons à papier ! 😂
      Chacun conçoit les problèmes à sa manière.😉🙏

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