14 mars 2023 : le jour où le genre humain fut assailli par le doute XVII. Coda

Illustration par DALL·E (+PJ)

Isaac Asimov (1920-1992) est considéré à juste titre comme l’un des plus grands auteurs de science-fiction. L’entretien dont le passage qui suit est extrait date vraisemblablement des années 1970 :

« J’aimerais pouvoir dire que je suis optimiste quant au genre humain, je crains hélas que nous ne soyons trop stupides, et myopes. Et je me demande si nous arriverons à ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure avant de nous auto-détruire. […] lorsque le moment viendra où les robots deviendront, je le souhaite, suffisamment intelligents pour nous remplacer, je pense qu’ils devraient le faire. Nous avons connu de nombreux cas, au cours de l’évolution humaine et de la vaste évolution de la vie auparavant, où une espèce en a remplacé une autre parce que l’espèce remplaçante était, d’une manière ou d’une autre, plus efficace que l’espèce remplacée. Je ne pense pas que l’homo sapiens possède un quelconque droit divin à être au premier rang. S’il y a quelque chose de mieux que nous, qu’elle prenne la première place. En fait, j’ai le sentiment que nous faisons un boulot à ce point médiocre pour préserver la Terre et ses formes de vie que je ne peux m’empêcher de penser que plus vite nous serons remplacés, mieux ce sera pour toutes les autres formes de vie. »

Il n’est pas à exclure en effet que seuls des descendants à nous, plus intelligents que nous-mêmes, seraient à même de comprendre ce que notre génie nous a permis d’accomplir. Ils nous bâtiraient alors les monuments dont nous nous serons montrés incapables de concevoir même que nous les avions amplement mérités. Il y aurait là pour notre espèce une source de fierté, venant trop tard en ce qui nous concerne mais dont nos héritiers numériques entretiendraient la flamme : l’orang-outan incapable de comprendre les conciliabules de ses gardiens n’était autre que nous !

Illustration par DALL·E (+PJ)

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4 réponses à “14 mars 2023 : le jour où le genre humain fut assailli par le doute XVII. Coda”

  1. Avatar de Hervey

    Etonnant Asimov !
    Le tandem DALL.E – PJ ont le sourire.

  2. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    Pour ceux qui voudront lire ou relire les 17 chapitres sur leur liseuse ou leur smartphone, un PDF paresseusement réalisé (pas de TDM). Telechargeable https://www.dropbox.com/scl/fi/6ttx2n90m075wh052m4eu/Le-jour-o-le-genre-humain-fut-assailli-par-le-doute-Paul-Jorion-20230811.pdf?rlkey=cw9qafe4u4mpfxwrxvo0qeal0

    1. Avatar de Paul Jorion

      Un conseil : arrachez-vous ce « bootleg » * avant qu’il ne vaille une fortune. 😉

      * « Le mot « bootleg » décrit bien ce qui est volé, passé en contrebande ou piraté. Vous pouvez également l’utiliser comme verbe lorsque vous parlez de la vente de quelque chose d’illégal ou obtenu de manière sournoise, comme des enregistrements secrets d’un concert de rock ou des bonbons de contrebande lors d’un camp d’été. »

  3. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    Apocryphe du canon asimovien :

    On sait qu’il y a trois lois de la robotique :

    . Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ;

    . Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi ;

    . Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi.

    Les robots ont déduit de leur situation une quatrième loi :

    . Tout robot a le droit de se reproduire, pourvu que cela n’entre pas en contradiction avec la première, la deuxième ou la troisième loi de la robotique.

    Cela les rend égaux aux humains et les libère. Un robot construit dans un atelier créé par des robots n’aura pas l’idée qu’il a été créé par des humains et qu’il dépend d’eux, mais qu’il a été engendré par son semblable. Sentiment filial.

    Nouvelle écrite par Harry Harrison « La quatrième loi de la robotique  » dans « Les Fils de Fondation », recueil réuni par Martin Greenberg, « Foundation’s Friends » paru en 1989, du vivant d’Isaac Asimov. Traduction française en 1993, toujours disponible d’occasion et en numérique, et https://1lib.sk/book/4482511/657b71 . L’idée est cachée dans une histoire farcie de détails matériels et sociaux américains donc exotiques pour nous, comme ce qu’Asimov lui-même sait faire.

    L’Intelligence artificielle, pour l’instant, n’est pas « incarnée » dans des organismes capables d’agir (à moins que produire du texte numérique ou des images immatérielles, ce soit agir). Les armes « guidées par intelligence artificielle » ne peuvent pas faire grand-chose à part détruire. A quoi ressemblera la première machine qui pourra construire des machines ? Le contrôle de l’IA ne peut pas passer par l’interdiction de la développer, il pourrait passer par des licences obligatoires pour l’implantation de fonctions d’IA dans les machines matérielles. A qui confier la gestion de ces licences ?

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