PROSPECTIVE – Définition géologique d’une date et d’un lieu de début d’Anthropocène – Progrès récent, par Cédric Chevalier

Illustration par Stable Diffusion (+PJ)

Je me permets de partager avec vous cet article sur les travaux scientifiques relatifs à l’Anthropocène : Un lac canadien choisi pour représenter le début de l’Anthropocène.

Et quelques réflexions, dans mon style prospectif habituel, que vous me pardonnerez (le prospectiviste émet des scénarios du pire pour espérer être détrompé, par le fait de les avoir « prophétisés » justement).

La définition de l’Anthropocène au niveau scientifique est un processus scientifique qui a une énorme portée pour la pensée, le discours et l’action écologiques, environnementales, climatiques, sociales, démocratiques (NB : je choisis ici de mettre les adjectifs au féminin).

Potentiellement, une rupture métaphysique (la vision du monde qu’on peut avoir, consciemment et inconsciemment) : le constat scientifique que l’humanité, l’espèce humaine (NB : peu importe les sous-groupes plus ou moins responsables historiquement aux yeux de la méthodologie scientifique de la géologie, pour répondre à une certaine critique venue des sciences humaines qui a sa pertinence par ailleurs mais ne permet pas selon moi de jeter le concept d’Anthropocène à la poubelle) est devenue une force d’ampleur géologique, capable de modifier l’ensemble de la biosphère mais aussi la cryosphère, la lithosphère et l’atmosphère à long terme, et  marquer les couches stratigraphiques également à long terme (couches géologiques, carottes de glaces, sédiments…), avec des marqueurs indubitables.

Ce qui m’a conduit à parler sur mon blog, tant que l’espèce humaine existe du moins, d’Anthropobiosphère et non plus seulement de Biosphère, pour marquer le fait que l’Anthroposhère (la sphère humaine) et la Biosphère (la sphère de la Vie sur Terre, dont nous faisons partie), forment désormais un système combiné, qu’il faut pouvoir analyser comme un tout, et où les variables anthropiques (humaines) sont déterminantes pour évaluer l’état, l’évolution et les seuils d’irréversibilité du système. C’est aussi la thèse du philosophe Clive Hamilton (dans son livre Defiant Earth : une parfaite description de la nouvelle planète sur laquelle nous vivons désormais, et des implications philosophiques et politiques, une telle rebelle à la vie humaine…).

On suit en cela les évolutions scientifiques en sciences humaines, qui étudient de plus en plus des systèmes combinés « humain-territoire-environnement-infrastructure », des systèmes socio-techniques et socio-écologiques, avec « flux et stocks » d’énergie, de matière, d’information, de territoires, d’êtres vivants.

Ce n’est pas sans importance concrète pour l’activisme écologique et social, puisqu’il faut pouvoir concevoir la lutte en ayant bien en tête la réalité matérielle et biologique de ce système combiné. Certaines choses sont (encore) possibles, d’autres pas (plus). La pensée politique doit s’incliner face au réel, implacable. Il y a aussi des limites et des inerties dans l’activisme et ce qu’il va pouvoir (encore) délivrer comme résultat.

Un problème grave pour l’activisme et la politique est la Grande Accélération. Une lutte d’aujourd’hui peut être périmée demain, très rapidement, par l’évolution (destruction) de plus en plus rapide du système Anthropobiosphère. Comment/Pourquoi lutter encore pour sauver une forêt qui est déjà partie en fumée ? (pourra-t-elle repousser dans le nouveau climat terrestre ?) La stratégie générale des mouvements et activistes doit donc nécessairement être très souple et adaptative, et capable de garder plusieurs coups d’avances pour ne pas être périmées par les divers effondrements déjà en cours. Il faut viser un point dans le futur qui tienne compte d’inexorables défaites sur la trajectoire préalable. En espérant remporter à ce point une bataille décisive, plutôt que de perdre sa capacité d’actions sur des batailles déjà perdues d’avance (le 1,5°C… selon de plus en plus de scientifiques, et mes excuses pour les climatologues les plus déterminés). Le problème d’un cadre de pensée stratégique périmé est qu’il ne s’inscrit plus dans le réel, et diminue fortement les chances de victoire.

La prospective devient un ingrédient stratégique indispensable pour l’activisme, ce qui demande une audace encore plus forte. On ne fait pas bouger la fenêtre d’Overton en restant dedans…

Avant 2018, certains dans les mouvements et scientifiques et partis avaient beaucoup de difficultés avec le mot « urgence écologique« . J’en ai été personnellement témoin, étant porteur extrêmement actif à l’époque de ce mot. On craignait ce mot pour ses implications politiques, surtout l’expression « état d’urgence« . Aujourd’hui, ce mot d’urgence, et même l’expression « état d’urgence », est devenu mainstream puisque le SG de l’ONU le prononce tous les jours. Comme de plus en plus de scientifiques (planetary emergency : Johan Rockstrom).

Avant la pandémie, le mot « résilience » était confidentiel. Il a connu le même succès exponentiel depuis lors.

Aujourd’hui, le mot « décroissance » apparaît à l’avant-garde du mouvement, mais n’est pas encore relayé par les associations et institutions les plus puissantes ni les partis, même écologistes ou écosocialistes ou écomarxistes. Greta Thunberg l’a effleuré quelques fois… Il est vu « avec des pincettes » par les franges les plus à la pointe de la lutte sociale-écologique. Je ne pense pas me tromper de beaucoup si je vous prédis que la décroissance va devenir LE sujet dans les prochaines années. Le succès de Timothée Parrique et de la grosse conférence à Bruxelles sur la post-croissance sont des signaux indubitables à ce stade. Je ne doute pas que les scientifiques lucides parviendront progressivement aux conclusions qui s’imposent : seule une réduction drastique et immédiate de la voilure (par exemple la mise au sol de l’aviation touristique et commerciale facultative, depuis la pandémie on sait que c’est possible sans tuer personne, idem pour le SUV et plein d’autres choses non vitales et qui profitent à une extrême minorité mondiale) va permettre de réduire les émissions dans les ordres des grandeur requis éthiquement et scientifiquement. Sachant que les scénarios optimaux sont inaccessibles depuis déjà quelques décennies, et qu’il ne reste plus que des scénarios « entre deux maux le moindre ». Cela donne une énorme plus-value à la décroissance qui réfléchit depuis plus de 50 ans à une pensée politique cohérente et complète pour mener à bien cette réduction de voilure rapide.

Cependant, la décroissance heureuse, c’est game over, malgré ma sympathie. Je ne dis pas qu’il faut être malheureux pour accomplir ce qui doit être fait mais seul un fou peut encore affirmer que la meilleure trajectoire encore accessible n’est pas une défaite nette pour tout le potentiel de l’Humanité, une réduction objective du champ des possibles de l’Holocène.

Cela nécessite un autre discours, « du sang et des larmes » auquel nous sommes bien peu habitués, un sens du tragique, une sens de l’éthique de la Résistance oublié depuis 1945, et rappelé régulièrement par le philosophe Edgar Morin, tout en gardant la joie de vivre et l’idée que l’aventure humaine n’est pas terminée (autre écueil chez nombre d’entre nous, déjà aujourd’hui).

Cela nécessite une autre sorte de femmes et d’hommes politiques, d’une autre carrure, qu’on espère voir émerger très rapidement…

Cela nécessite une détermination capable de s’étendre à une mobilisation générale de la société (il ne reste plus que ce scénario parmi les scénarios crédibles).
Et à une union inter-idéologique des bonnes volontés (comme dans la Résistance).

Sans m’étendre, je prédis donc également le renforcement du succès de toutes les convergences rouges-vertes de type décroissance (juste), écosocialisme (décroissant), écomarxisme, social-écologie ou autre écologie sociale, avec l’idée de Green New Deal ou autre Pacte social-écologique. C’est-à-dire toutes les pensées politiques qui ont acté les limites planétaires, l’impératif de la justice sociale et l’impératif de la démocratie. Toutes les autres pensées politiques sont désormais hors sol ((néo)libéralisme, humanisme chrétien traditionnel, social-démocratie, communisme productiviste, accélérationnisme, transhumanisme, écologie de la croissance verte, etc.).

Puisqu’il paraît clair que la question écologique comprend l’environnemental et le social, et que la notion de justice doit être mobilisée et utilisée comme principe directeur de tout changement politique d’envergure. Il va falloir ne laisser personne de côté pour imaginer un mouvement historique capable d’emporter la métamorphose qui est nécessaire, via des partis relais qui partageraient au moins le hardware écologique, social et démocratique (écolibéralisme ? écosocialisme ? écologie intégrale chrétienne ?)

Je maintiens que l’évolution rapide de la situation va bientôt nous amener à une forme de singularité historique que l’on voit se profiler peu à peu, c’est-à-dire à la question de « l’état d’urgence » sans majuscule -non démocratique- VS l’Etat d’Urgence (avec majuscules pour Etat et Urgence) -démocratique-, dans un contexte réel d’urgence structurel et perpétuel, tel que Thibault de La Motte et moi l’avons théorisé dans notre essai « Déclarons l’Etat d’Urgence écologique », préfacé par Olivier De Schutter.

Il y a une forme de condensation d’énergie historique qui va devoir se libérer, la trajectoire de la biosphère va percuter la trajectoire politique, de plus en plus. La démocratie ne peut plus rester au balcon.

Et vous savez quelle est la situation de la démocratie en Wallonie, à Bruxelles, en Belgique, en Europe, dans le monde. Pas bon.

Nous avons été débordés chez nous par l’urgence pandémique, l’urgence des inondations en Wallonie, l’urgence des incendies, des sécheresses, des inondations, des tempêtes, devient la norme ailleurs dans le monde, parfois et de plus en plus simultanément. Parallèlement, on observe une hausse de tous les autoritarismes, de tous les fascismes, et un raidissement clair du néolibéralisme, et les activistes sociaux et écologiques sont criminalisés (ou tués) partout dans le monde. On voit apparaître des partis nouveaux, réactionnaires dans les démocraties, fondés sur le rejet du réel (aux Pays-Bas récemment, après les USA, le Brésil, le Royaume-Uni, etc.). Les causes fondamentales de notre situation (l’Illimitisme ou refus de la limite) sont les mêmes qui créent les résistances actuelles à l’institution de la limite (même avec des lois encore aussi faibles que la loi de restauration de la nature actuellement discutée). Tout début d’institution de la limite se heurte à la métaphysique illimitiste à la base de notre civilisation. Le capitalisme, la croissance, le néolibéralisme, le transhumanisme, ne sont que des avatars divers de ce refus anthropologique, culturel, de la limite.

Il y a clairement un raidissement réactionnaire, très dangereux, à mesure que le réel donne raison au diagnostic des scientifiques, des écologistes et des décroissants. Une forme de déni et de rejet-projection de nature psycho-pathologique.

Cela peut créer un schisme au sein de la population, même dans les démocraties, entre les terrestres et les hors sol (Bruno Latour). Ce déni-projection mène déjà à des passages à l’acte : on violente des hérauts de la métamorphose, journalistes, activistes, associatifs, politiques… Il y a une « haine ordinaire de l’écologiste » que je pressens et vois naître, chez ma voisine, chez les agriculteurs, au sein de la droite. C’est interpellant.

Ce qui implique que les situations d’urgence réelles vont se multiplier, inexorablement – il suffit de regarder les températures dans le monde et en Europe et Afrique du Nord, dantesques (40-50°C), pour s’en convaincre – dans un contexte où les fascismes sont en nette hausse. Or ces fascismes utilisent systématiquement les situations d’urgence pour renforcer et instaurer la dictature et le totalitarisme (souvent la dictature commence le jour où est déclaré l’état d’urgence et suspendue la Constitution).

La démocratie n’a donc pas le choix que de se hisser à la hauteur de l’Urgence en approfondissant la pratique démocratique. Je réfute totalement la thèse de la dictature écologique, ça ne tient pas du tout la route. Seule la démocratie dispose de la légitimité, de la souplesse, de la créativité, nécessaires pour relever le défi de cette urgence existentielle. Evidemment, cela implique une forme « d’économie de guerre » (voir notamment l’ouvrage de Jorion et Burnand-Galpin : Comment sauver le genre humain pour une histoire et une perspective de l’économie de guerre pour sauver la planète et nous avec). La pente de la courbe de réduction des émissions à 2030 devient verticale à mesure que l’inertie actuelle demeure. Seule une « économie de guerre » pourra encore faire le job. De plus en plus de scientifiques l’ont théorisée et étudiée (ex : Strategies for Rapid Climate Mitigation Wartime mobilisation as a model for action?)

Il va sans dire que l’opinion démocratique n’est pas du tout prête à ce qui va être nécessaire. Et les partis et associations et leaders d’opinion sont en partie responsables de ce grave décalage de la fenêtre d’Overton par rapport aux nécessités du réel (la fenêtre écologique des possibles : formalisées notamment par les limites planétaires justes récemment publiées dans la littérature scientifique). Comment va réagir la population quand elle sera (elle l’est déjà presque) au pied du mur de l’Ecocide planétaire ? Mal, très mal, comme elle commence déjà à le faire.

On a besoin de grandes narratrices, de grands conteurs, de personnages politiques capables de mettre en récit la catastrophe qui nous arrive, pour que les histoires délétères ne prennent pas tout l’espace psychique dans la population. Ces récits doivent être terrestres, ancrés dans le sol, tenir compte du réel. Mentir ou être euphémiste ne garantit pas la confiance. Feriez-vous confiance à un médecin qui ne vous a pas dit les choses en face ?

Pourtant la démocratie n’a pas/plus le choix de refuser de traiter la question de l’Urgence, des urgences, et de l’exceptionnalité, si elle veut rester une démocratie… et ne pas être dévorée par tous les autres idéologies barbares qui émergent à nouveau (qu’ils soient de type Trump – néofasciste – ou de type Macron – néolibéral à vocation autoritaire -).

Le vote d’aujourd’hui sur la loi européenne de restauration de la nature (je ne connais pas le résultat à l’heure d’écrire ces mots) est un excellent exemple de la grande ligne de faille politique qui va définir le XXIe siècle (et l’avenir de l’Humanité). Entre le refus du réel et ceux qui veulent en tenir compte. Avec en arrière plan, la question cruciale de la social-écologie, de la transition juste, de la justice sociale (car la loi européenne devrait être accompagnée d’un Green New Deal pour soutenir la transformation agro-forestière massivement, en parallèle… pour espérer tuer la contestation, en partie légitime, alimentée par la peur du futur). Le secteur agricole a été complètement néolibéralisé (j’allais écrire « décérébré ») par des décennies de politiques mortifères. Les agriculteurs sont des polytraumatisés. On n’emportera pas leur vote sans un Green New Deal agro-forestier.

Bref, je voulais rebondir sur cette actualité concernant l’Anthropocène, nouvelle époque dans laquelle nous vivons, et en profiter pour brosser à grands traits mes réflexions du moment en tant que prospectiviste amateur, et conseiller de cabinet dans 3 gouvernements à ce jour, ce qui me permet d’observer de l’intérieur de la décision politique en cette période historique, sans aucune illusion, tout en ayant de nombreux contacts parmi les scientifiques et les activistes que vous êtes.

Plus que jamais, j’ai l’impression que l’expression « écologie ou barbarie », va résumer le XXIe siècle.

En espérant que ces réflexions nourrissent les vôtres, et surtout l’action collective, je vous souhaite une belle journée.

Illustration par DALL-E (+PJ)

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27 réponses à “PROSPECTIVE – Définition géologique d’une date et d’un lieu de début d’Anthropocène – Progrès récent, par Cédric Chevalier”

  1. Avatar de Rosebud1871
    Rosebud1871

    « Avant la pandémie, le mot « résilience » était confidentiel. Il a connu le même succès exponentiel depuis lors ».

    Peut-être dans votre environnement personnel, mais il a été introduit fin des 80’ importé des USA, et s’est répandu comme une trainée de poudre.

    https://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/10/18/01006-20081018ARTFIG00074–boris-cyrulnik-l-homme-de-la-resilience-.php

    https://regard-est.com/tchernobyl-un-espace-de-resilience-pour-lukraine

    « Feriez-vous confiance à un médecin qui ne vous a pas dit les choses en face ? »

    Les médecins sont loin d’être formés au dialogue, et les patients souvent loin de souhaiter savoir ce qui leur arrive. Parfois le médecin ne sait pas : « L’origine des maladies auto-immunes reste mal connue. Une association de plusieurs facteurs environnementaux, hormonaux, génétiques, médicamenteux, infectieux et psychologiques est fort probable. La responsabilité respective de chaque facteur dans la survenue d’une maladie auto immune n’est pas connue et va dépendre du type de maladie auto immune sous-jacente. On parle de maladie d’origine multifactorielle. » 5 à 8 % de la population mondiale !

    «  »Cela implique une forme « d’économie de guerre ». «  »
    Une économie de guerre sans suspension des libertés contrariantes ?

  2. Avatar de Pad
    Pad

    « Le Parlement européen a approuvé ce mercredi 12 juillet une version du texte « largement édulcorée » par rapport aux propositions initiales de la Commission européenne, selon les écologistes. Cette position a recueilli 336 voix pour contre 300 contre, 13 abstentions.
    Cette législation vise à imposer aux États des objectifs contraignants de restauration des terres et des espaces marins abîmés par la pollution ou l’exploitation intensive pour préserver la biodiversité. Les eurodéputés devront désormais en négocier le contenu avec les États membres. »

    (source RFI)

    1. Avatar de Christian Brasseur
      Christian Brasseur

      Oui bien sûr pour la restauration des terres et des fonds marins. Mais quid de la fabrication des plastiques, des pesticides, du glyphosate et autres poisons qui sont pour une grande part, responsables des dégâts visés par la loi de « restauration »? De qui se moque-t-on?

  3. Avatar de arkao

    Deepfake Greta+Trump:
    https://www.youtube.com/watch?v=UbDfBrpzI8c
    Mais je dirais que quand la farce est trop grosse elle n’est plus crédible malgré les prouesses des « IA ».

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      @arkao

      ouai …….bof .

  4. Avatar de Pascal
    Pascal

    Que restera t il de la couche anthropocénique d’ici quelques millions d’années compressée entre deux autres couches sédimentaires ? L’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette !?😂
    Juste un peu de perspective taquine…😉

    1. Avatar de arkao

      Faut demander à écodouble.

        1. Avatar de Pascal
          Pascal

          Merci beaucoup Ilicitano.
          Beaucoup mieux que les chiffres du ministère de l’intérieur !😂😉

        2. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
          Pierre-Yves Dambrine

          Je confirme, le géologue (et aussi naturaliste de haut vol) du blog, c’est lui !

          1. Avatar de arkao

            Il s’est reconverti mais doit avoir conservé les connaissances de base 😉

            1. Avatar de écodouble
              écodouble

              Oui, arkao, je me suis reconverti !
              Et même si ce fut tardif, bien m’en a pris : depuis 5 ans, je ne mets plus ma pierre à détruire le Monde et ne fais plus que mettre des pierres les unes sur les autres, en veillant à minimiser l’énergie potentielle de mes empilements.

          2. Avatar de écodouble
            écodouble

            Pierre-Yves, parfois, j’ai l’impression que tu es de Marseille.

        3. Avatar de écodouble
          écodouble

          ilicitano,
          Merci pour la pub !
          Mais vous savez, mon produit n’est pas très vendable. Et en plus, je ne suis pas un bon scribe.

        4. Avatar de Khanard
          Khanard

          @ilicitano

          a vrai dire je ne connaissais pas le blog d’écodouble. merci

      1. Avatar de écodouble
        écodouble

        @ arkao
        On avait, à Nancy, un prof de « sédimento » (=sédimentologie) qui, à cette question, aurait répondu doctement : « C’est compliqué. »

        1. Avatar de Khanard
          Khanard

          @écodouble

          je ne connaissais pas votre blog ! ça déménage dites donc !

          tiens pour vous :

          https://youtu.be/TeW5tlALx_I

          1. Avatar de écodouble
            écodouble

            Merci Khanard,
            C’est long, mais j’essayerai de regarder dimanche.

  5. Avatar de Hadrien
    Hadrien

    A C Chevalier:
    « Il va sans dire que l’opinion démocratique n’est pas du tout prête à ce qui va être nécessaire. »
    Tout à fait !

    Pour rappel: notre problème est simple (ce qui ne veut pas dire facile du point de vue démocratique):
    1) l’effondrement physique de la biosphère est dû à notre consommation de ses ressources, transformées en pollutions, que nous appelons aussi « richesse », mesurée (+- correctement) par le « PIB ».
    2) L’équation de Kaya simplifiée lie ce PIB aux humains sur cette terre: PIB = N*PIB/N = nombre de consommateurs N * niveau de vie moyen par consommateur PIB/N.
    3) Donc, si nous voulons diminuer l’effondrement physique de la biosphère il n’y a que deux solutions:
    3.1) Diminuer le nombre de consommateurs;
    3.2) Diminuer le niveau de vie moyen;
    Et/ou toute combinaison des deux.
    SIMPLE mais pas facile et TRES peu populaire

    En fait, nous devons casser l’hyper-tabou de la surpopulation et le super-tabou du pouvoir d’achat !
    Même la majorité pourtant élitaire de ce blog n’y est de toute évidence pas prête, préférant croire aux combats contre les moulins à vent du capitalisme assimilé au MAL en refusant de comprendre ce qu’il est. Je pense donc que la démocratie sera la première victime des pénuries inévitables que nous prépare l’anthropocène.

    1. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
      PIerre-Yves Dambrine

      Hadrien
      Les humains sur-numéraires c’est toujours les autres. C’est facile de désigner des boucs-émissaires, de se dire contre la migration économique qui n’est pourtant pas la cause mais la conséquence d’un développement inégalitaire engendré par …le capitalisme.

      Et comment fait-on pour diminuer le niveau de vie moyen si ce n’est en cassant la logique destructrice du capitalisme ?

      Vous évoquez le pouvoir d’achat, or avec ce thème on est en plein dans cette logique capitaliste où tout acquiert une valeur marchande. Où vivre décemment implique de gagner de l’argent. Ce n’est donc pas en maintenant le capitalisme ou en faisant comme si c’était un facteur négligeable, que l’on sort de cette revendication du pouvoir d’achat que vous condamnez.

      Dans un autre monde, où les besoins sont satisfaits, ou donc la logique du profit n’est plus la règle d’or, il n’y a plus de pouvoir d’achat qui vaille.

      Désolé, mais vous raisonnez dans le cadre du système actuel, logiquement votre variable d’ajustement c’est donc la population.

      1. Avatar de Hadrien
        Hadrien

        Sartre a dit moult bêtises mais pas sur l’incommunicabilité.
        J’ai proposé deux définitions du capitalisme:
        1) Il permet d’établir une hiérarchie sociale que l’on peut considérer comme injuste mais sans violence, en récompensant ceux qui satisfont les besoins de leurs congénères solvables.
        2) Il exige pour survivre une croissance de la consommation, donc de la population et de son pouvoir d’achat.
        Si vous acceptez ces définitions, nous sommes, je crois, d’accord, sinon, je vous ai déjà demandé votre définition du capitalisme.
        Notons que les tenants de ce système, Macron et l’UE entre autres sont populationnistes et donc pour l’immigration aux fins de la croissance économique (du PIB) en général.
        Notons aussi qu’une certaine gauche immigrationniste et exigeante en pouvoir d’achat, travaille pour le capitalisme qu’elle honnit en discours.

        1. Avatar de écodouble
          écodouble

          @Hadrien
          Le pouvoir d’achat, on s’en fout !
          Ce qu’il nous faut, c’est du « Pouvoir de vivre » ! Et la décroissance est à même de pouvoir en donner.

          1. Avatar de Khanard
            Khanard

            @écodouble

            vous êtes de permanence sur ce blog ?

            Timiota devant être trop occupé ce soir à concaténer les trajectoires des fusées pyrotechniques .

            je plaisante 😉😉😉

            1. Avatar de écodouble
              écodouble

              Khanard
              Je ne suis qu’un ridicule infime guignol en comparaison de timiota, croyez-moi !
              Lui a réussi tous ses examens tandis que j’ai raté tous les miens ou presque. 😀
              Et pour la permanence, ben aujourd’hui, j’avais rien à faire à cause d’une météo très humide en Finistère.

          2. Avatar de Hadrien
            Hadrien

            A ecodouble:
            « Le pouvoir d’achat, on s’en fout ! »
            Qui sont ce « on » ? En tout cas, pas les électeurs.
            « Ce qu’il nous faut, c’est du « Pouvoir de vivre » ! »
            L’anthropocène à déjà retiré ce pouvoir à tous les êtres que nous n’élevons pas pour les tuer. Pour nous, la pub nous définit ce pouvoir: c’est le pouvoir d’achat.

  6. Avatar de écodouble
    écodouble

    @ Cédric
    Un bel article sur la Décroissance !
    Super !
    Et si le mot « décroissance » dérange, il y a d’autres mots possibles ; comme « écodouble » par exemple.
    Alors je me permets :

    écodouble : n. f. Ensemble de toutes les activités humaines qui, par le captage d’une partie du flux de l’énergie solaire, permet en respectant les biotopes terrestres, la production des biens et richesses nécessaires à une vie décente de l’Humanité. Synonyme de l’expression « économie écologique » évoquée dans les ouvrages des économistes hétérodoxes, en particulier ceux ayant fait une critique de l’économie actuelle par le biais du second principe de la thermodynamique.
    L’écodouble a pour but un développement social et humain et non une simple croissance économique qui ne peut être infinie dans un monde fini. Elle favorise la biodiversité et donne à Homo sapiens sapiens la possibilité de mener à terme son évolution d’espèce vivante, sans que ses activités économiques puissent être le moteur essentiel de sa disparition.
    Dès l’adoption de l’écodouble en tant que système économique, il sera possible, partout sur Terre, de s’employer à rétablir les cycles de l’eau, des sédiments, de l’azote, du carbone, mais aussi de restaurer le bon fonctionnements de tous les biotopes mis à mal par le système économique en vigueur depuis le Néolithique, ce dernier s’étant complètement emballé lors de la Révolution industrielle, cela afin de parvenir aux conditions qui permettront la survie de l’espèce humaine.

  7. Avatar de Guy Leboutte

    Article en français sur le sujet: https://reporterre.net/Comment-un-petit-lac-canadien-prouve-notre-entree-dans-l-Anthropocene.

    Pour qu’un point de l’histoire géologique puisse définir une limite « entre deux étages géologiques, ne laissant pas la possibilité de vide ou de chevauchement entre eux » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Point_stratotypique_mondial), il faut notamment que la nouveauté soit pérenne dans une longue période de la géologie planétaire. Chacun de ces points est dit « stratotypique mondial » (PSM), ou « clou d’or », ce qui est bien plus joli et plus facile à mémoriser.
    Une discussion est donc de définir une occurrence dont les effets vont durer des milliers d’années, et la diffusion du plutonium sur la planète, un élément qui n’existait que très peu avant l’intervention humaine, permet selon certains de choisir 1952 comme début de l’Anthopocène. Dans l’article de Reporterre.net:

    Le plutonium est très rare dans la nature, se préserve bien et est facilement détectable à l’aide des analyses en laboratoire actuelles. Sa date d’apparition globale, 1952, [du fait des retombées radioactives de tests nucléaires commencés en 1945], correspond étroitement à la date de début de l’Anthropocène au milieu du XXe siècle. En effet, il a laissé une empreinte digitale au début des années 1950 dans les matériaux géologiques du monde entier, fournissant une signature radioactive qui persistera pendant plus de 100 000 ans.

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