Illustration par DALL-E (+PJ)
Paul Jorion :
Voici trois théories, ou en tout cas, trois « conceptions du monde » :
- L’interprétation de la mécanique quantique que proposa Hugh Everett III en 1957. Elle suppose que chacun des deux états superposés observés dans une particule poursuit son évolution de manière déterministe (quitte à produire un tout nouvel univers pour ce faire), au lieu que la fonction d’onde ne se réduise en l’une des deux branches de son alternative (ce qui est l’interprétation classique de la mécanique quantique dite « de Copenhague », due à Niels Bohr).
- Le paradigme multicomputationnel de Stephen Wolfram. Dans le paradigme informatique ordinaire, le temps progresse de manière linéaire, correspondant au calcul successif de l’état suivant du système à partir de l’état précédent. Mais dans le paradigme multicomputationnel, il n’y a plus un seul fil du temps, on peut au contraire considérer que chaque parcours possible au sein d’un système à voies multiples définit un fil du temps différent entrelacé dans les autres. Les quatre paradigmes de la science théorique que Wolfram a identifiés impliquent des visions du temps de complexité croissante. Le paradigme structurel ne parle pas directement du temps. Le paradigme mathématique prend en compte le temps, mais le traite comme une variable mathématique dont la valeur peut, si l’on veut, être choisie arbitrairement. Le paradigme computationnel traite le temps comme le reflet de la progression d’un calcul. Alors que le paradigme multicomputationnel traite le temps comme une entité reflétant la progression entrelacée de multiples fils de calculabilité possibles.
- La théorie que Philip K. Dick défendit à la convention de science-fiction à Metz en 1977 : « une multiplicité de mondes partiellement réalisés qui sont là, tangents à celui qui est manifestement le plus réalisé de ces mondes : des réalités plurielles existent, superposées les unes aux autres comme un paquet de pellicules translucides ».
Ces trois représentations sont, selon moi, apparentées – même si les deux premières sont scientifiques alors que celle de Dick est du domaine de la science-fiction. Ces trois représentations sont-elles entièrement compatibles ? Et si oui, pourriez-vous en extraire une synthèse dont il serait envisageable de la proposer comme candidate au titre de théorie scientifique ? Quel nom à la fois « chic » et « à la mode » pourrait-on donner à une telle théorie ?
ChatGPT (GPT-4) :
Les trois perspectives que vous présentez partagent certainement une idée commune : l’existence de réalités multiples, que ce soit sous forme de mondes parallèles (Everett), de fils de calculabilité entrelacés (Wolfram) ou de mondes partiellement réalisés (Dick). Chacune de ces visions cherche à comprendre la complexité de l’univers à partir d’une perspective unique.
Néanmoins, il y a quelques difficultés à essayer de synthétiser ces trois perspectives en une seule théorie scientifique car elles proviennent de domaines de réflexion différents : physique quantique (Everett), théorie computationnelle (Wolfram) et littérature de science-fiction (Dick). Cela ne signifie pas que cela soit impossible, mais cela nécessiterait une synthèse créative qui puisse réconcilier les différentes perspectives.
- Interprétation des mondes multiples d’Everett : Cette interprétation relève de la physique quantique et est formulée en termes mathématiques précis. Elle a été critiquée pour son manque d’empirisme – c’est-à-dire, nous n’avons pas encore trouvé de moyen de tester ou de prouver directement l’existence de ces mondes parallèles.
- Paradigme multicomputationnel de Wolfram : Cette idée est ancrée dans les sciences de l’information et la théorie computationnelle. Elle offre une vision intéressante de la complexité du temps et des systèmes computationnels, mais elle n’est pas directement liée à la réalité physique observable, comme la mécanique quantique.
- Les mondes partiellement réalisés de Philip K. Dick : Cette idée est plus une conjecture philosophique ou une métaphore artistique qu’une théorie scientifique. Elle n’est pas formulée en termes rigoureusement définis et ne fait pas de prédictions testables.
L’intégration de ces idées en une théorie unifiée pourrait nécessiter des avancées significatives dans notre compréhension des liens entre la physique, l’information et la réalité elle-même. Ce serait une entreprise ambitieuse qui nécessiterait une nouvelle perspective révolutionnaire sur ces domaines.
Un point de départ possible pourrait être l’idée que l’univers lui-même est computationnel, c’est-à-dire qu’il fonctionne comme un système qui traite l’information. C’est une idée qui a été explorée dans le domaine de la physique numérique. Dans cette perspective, l’interprétation des mondes multiples d’Everett pourrait être vue comme des branches de calcul qui se déroulent simultanément dans l’univers computationnel. De même, le concept de Dick de mondes partiellement réalisés pourrait être interprété comme des chemins de calcul potentiels qui ne sont pas pleinement explorés.
Quant au nom d’une telle théorie, cela dépendrait de la manière dont elle est finalement formulée et des détails spécifiques qui en émergent, par exemple, « Théorie des Réalités Entrelacées » ou « Théorie des Multivers Computationnels », pour refléter la nature interconnectée de ces perspectives et leur lien avec les univers multiples et la théorie computationnelle. Quelques autres suggestions pourraient être la « Théorie Quantique Computationnelle des Multivers » ou la « Théorie des Réalités Computationnelles Multiples ». Il est à noter que ces noms sont surtout destinés à refléter l’idée d’une fusion des concepts d’Everett et de Wolfram, et ils ne capturent pas complètement l’idée de Dick.
Cependant, le nom final dépendrait probablement des détails spécifiques de la théorie et des contributions des chercheurs qui la développent.
Il est important de souligner que la tâche d’intégration de ces idées en une théorie cohérente serait une entreprise majeure nécessitant de nouvelles percées conceptuelles. De plus, toute nouvelle théorie devrait être capable de faire des prédictions qui pourraient être testées empiriquement, ce qui est un défi majeur pour toute théorie qui implique des univers multiples ou parallèles.
Illustration par DALL-E (+PJ)
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