Illustration par DALL-E (+PJ)
L’IA, comme on le voit avec son utilisation pour fabriquer des images, peut permettre de fabriquer du « beau ». Mais le « beau » n’est-il pas qu’une question de goût et de morale publique ?
Il y a quelque chose de conceptuel et de globalisant, de consensuel parfois aussi avec les effets de mode, dans le « beau » qui permet à l’IA de s’en sortir par des généralités. Mais son propos ici reste du « y-a-qu’à » , « faut qu’on » décorrélé de toutes les réalités. Du « wishful thinking » comme disent les Amerloques ou les adeptes ultra-libéraux du franglais pour faire bien.
Paradoxalement dans les approches plus philosophiques lorsqu’elles sont conçues selon des approches poétiques, l’IA s’en sort mieux comme l’a prouvé Cédric Chevalier dans son texte « L’Étranger ». Ce qui n’est pas étonnant puisque les approches esthétisantes faisant référence à des perceptions donc à des représentations, font reflet à une certaine partie de l’âme humaine qui se bâtit aussi sur des généralités.
En effet, d’une certaine façon les sentiments nous relient de façon globaliste, en tant qu’espèce et ne sont pas, comme on le pense trop souvent, la marque de notre individualité. C’est notre façon de remettre en question les sentiments pour les analyser et s’en extraire qui fait notre individualité.
C’est en fait notre éthique personnelle qui est le marqueur de notre liberté individuelle et notre véritable image « d’être unique » (en plus d’une certaine partie du biologique). De la même façon qu’un gène particulier offre à certains individus une résistance à un pathogène permettant à l’espèce de survivre à une pandémie, notre éthique personnelle, dans sa manifestation en résistance à l’incongruité d’un système sociétal, peut permettre des prises de conscience aptes à changer de paradigme, aptes à jeter à bas des dirigeants aux actions inadaptées malgré tous les moyens qu’ils mettent en œuvre pour garder leur rang.
Peut-on pour autant considérer que seule l’éthique est source de sauvegarde ? Sûrement pas puisqu’elle n’est qu’une suite de limites et de choix qui auront du mal à être réflexifs. C’est là que les sentiments sont essentiels pour générer de l’empathie au-delà des modes de pensée et constituer une médiation d’avec une éthique qui peut, elle-même, mener au désastre (je suppose que même Hitler avait sa propre éthique).
Pourtant aujourd’hui, on voit bien comment le conceptuel dont se sont emparés les dirigeants et les affairistes, manipule aisément les sentiments, car il permet des approches globalistes et du panurgisme.
L’éthique personnelle est par contre combattue, politiquement, « consuméristement », « monopolistiquement », médiatiquement. Elle gêne, car les impasses existentielles, dans lesquelles les élites économiques et politiques nous plongent, réveillent en nous un besoin de changement de cap que ceux-ci ne sont pas prêts à concéder; étant les plus concupiscents acteurs du système.
On voit poindre une guerre de classe, du mépris social institutionnalisé, de la rétorsion économique, du contrôle social en lieu et place de l’ordre public, par anticipation de ce que les populations voudraient changer sous l’impulsion de leur conscience. La démocratie sous Macron devient une « démocrature » (fichage des manifestants retoqué par la justice, poursuite judiciaire contre des caricaturistes, à croire qu’il se prend pour un certain prophète, mais où est Charlie ?).
Les changements de paradigme proviendront d’une réflexion historique (au sens de l’historicité en mosaïque, des visions par le petit bout de la lorgnette, depuis le terrain) partant des éthiques personnelles, et repensant ce qui a tété fait, devisant de ce qui n’a pas marché.
Exemple à propos des retraites :
La plupart des territoires ont pu, malgré la désindustrialisation et les délocalisations, se rebâtir sur l’économie présentielle. Cette économie a essentiellement reposé sur la solvabilité garantie des retraités issus des époques encore industrieuses. Ce qui a permis de développer des services.
Or la garantie de solvabilité des retraités qui alimente les services est en fait alimentée par les cotisations prélevées sur les salariés de ces mêmes services.
En effet chaque génération paye la retraite de la génération précédente. Les retraités d’aujourd’hui sont entièrement payés par les salariés d’aujourd’hui, qui espèrent que la génération suivante fera de même pour eux.
Or ce n’est plus le cas avec Macron ; la conjonction de l’allongement de la retraite avec les disruptions managériales, provoquées par les nouveaux modes de gestion des entreprises, et les évolutions technologiques, vont amener toute une génération vieillissante au RSA avant la retraite.
Le cercle parfait de la circulation de l’argent qui alimente la solvabilité des retraités et la consommation dans les territoires est brisé.
Les territoires vont tomber comme caillou au fond de l’eau. Les dépenses sociales vont exploser… etc.
Les retraites c’est 14 points de PIB, qui ne passent pas par la dépense d’État, ce sont des dépenses de transfert, qui ne passent donc pas par les banques et l’emprunt (et c’est sans doute cela qui chiffonne, puisqu’on ne peut s’y payer ni dividendes, ni taux d’intérêt usuraires).
Pour faire face aux « boomers » plus nombreux, il eut suffit d’augmenter d’un chouia les cotisations. Mais c’est idéologiquement impossible dans la tête des dirigeants qui ont fait de l’exonération de cotisation non compensée, un instrument de concurrence fiscale avec des pays à retraite par capitalisation.
Car on cherche la déflation salariale pour se faire attractif aux capitaux étrangers (faisant en sorte que chaque fonds de pension travaille en fait contre le travail rémunéré des actifs de son propre pays). Sans compter que l’inflation non compensée, accélère cette déflation et que le différentiel s’évapore dans le haut des bilans.
Ainsi on donne des milliards aux milliardaires reçus en grande pompe à Versailles, (il ne manque plus que les perruques poudrées) pour qu’ils puissent faire plus de milliards encore, en payant moins d’impôt et en esquivant de surcroît les charges d’investissement.
Il faut donc d’abord s’attaquer pour changer de paradigme, au management des entreprises (là-dessus les syndicats sont fainéants) ; puis fiscaliser la production (seul moyen de faire payer l’impôt à des monopoles qui font de l’évasion fiscale , l’optimisation n’en étant qu’un euphémisme) ; changer la règle de l’égalité des Français devant l’impôt qui permet aux grands groupes d’empêcher la différenciation fiscale entre eux (qui font semblant d’être pauvre) et les petits indépendants (qui tirent la langue) ; introduire dans la fiscalité la notion « d’utilité sociale » au sens large incluant l’écologie ; briser les possibilités données à des élus ayant leur retraite publique à des niveaux acceptables de pouvoir toucher des revenus d’argent privé supplémentaire (serment du Jeu de paume = abandon des privilèges et du cumul des retraites si niveau acceptable) ; prélever une taxe aux frontières sur les marchandises provenant de pays « moins-disant social » pour les reverser directement par transfert (sans passer par les banques comme pour les cotisations) aux organismes chargés localement du développement du pays (santé, infrastructures, énergie, eau) ; taxer les marchandises provenant de pays non démocratiques pour les affecter par transfert aux médias culturels de ces pays (favorisant l’épanouissement en évitant l’écueil de fomenter des oppositions).
Aujourd’hui qu’il y a la guerre, une prise de conscience des déséquilibres économiques autant qu’écologiques, l’hostilité et la vindicte affichée des dictatures à l’égard des démocraties, et une nécessité du local pour sauver autant la planète que l’économie et le « vivre bien dans une certaine frugalité », c’est le moment où jamais.
Illustration par DALL-E (+PJ)
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