« Léopold III et le gouvernement : les deux politiques belges de 1940 »
L’erreur de lecture des événements par Jean Stengers
@Ruiz (« Cet énoncé (…) n’est pas causal mais empreint de téléologie ? ») Pour utiliser le vocabulaire de PJ (qui oppose…
*Godot est mort !*
« Léopold III et le gouvernement : les deux politiques belges de 1940 »
L’erreur de lecture des événements par Jean Stengers
Je ne sais s’il faut commenter longuement, ou seulement la question du paragraphe litigieux. Je vais commencer par lui.
Sur le paragraphe litigieux, je suis en accord avec votre interprétation. Il s’agit clairement pour Léopold III d’une sensibilité nouvelle à la domination (je vais la qualifier plus loin) exercée sur la petite bourgeoisie commerçante et paysanne flamande. Cette sensibilité nouvelle vient peut être de la famille de sa nouvelle épouse. On voit mal qu’elle provienne de ailleurs dans son cabinet ou des dignitaires proches du roi.
Exprimée en automne 1945 (un moment vous dites janvier mais entre la libération et l’hiver), elle est déjà explosive pour la population wallonne et la résistance wallonne de gauche. Elle n’est sans doute pas plus attendue du mouvement de résistance « royaliste » ou « autoritariste ». Très vite, tous les milieux politiques en 1945 vont conseiller au Roi de ne pas rentrer immédiatement en Belgique. On comprend que Spaak a trouvé ce texte hautement problématique (il l’a peut être énoncé au Roi). Par ailleurs, la mésentente entre le Roi et le Gouvernement réfugié à Londres (tardivement, après avoir songé à se dissoudre au profit du roi !) est devenu totale. Et les ministres ont le pouvoir constitutionnel de contraindre le roi à se taire.
Le caractère très dangereux de ce paragraphe se confirme en 1950 avec le référendum sur le retour ou non du roi. La Wallonie (et un peu les ouvriers flamands) s’oppose largement au retour du roi, la Flandre au contraire l’approuve et elle emporte la majorité. Pour quels motifs cette division : il y a l’influence gauche-droite, socialo-communiste contre catholique, progressisme contre conservatisme — pour une question qui comme telle ne rencontre pas les aspirations flamandes. Spaak est bien au courant des tendances dans la population, avec d’autres (par des contacts et des négociations politiques et syndicales pour préparer l’après-guerre — voyez ses interventions dans une série des débats dans les années 1970, sur SONUMA sans doute). Donc ce texte de Léopold n’est utilisable ni en 1945 ni après : il aurait mis le feu aux poudres, alors que le gouvernement a aussi un déficit de légitimité à cette époque. (La récente biographie de Gutt est intéressante aussi).
On peut soupçonner Jean Stengers de s’être abstenu de décortiquer ce point, ne voulant pas « découvrir la Couronne » (=affaiblir) et de jouer cette pirouette de la « distraction de Spaak » qui arrange tout le monde.
Plus longuement sur la question de l’opinion flamande et du favoritisme par les nazis, il faut lire absolument « Le Chagrin des belges » de Hugo Claus. C’est presque de l’anthropologie humoristique, non ?
Et je nuancerais fortement la présentation habituelle (que vous reprenez) Bourgeoisie francophone contre peuple flamand. Dans le livre de Claus, c’est clairement la petite bourgeoisie commerçante et paysanne qui collabore franchement ou qui tolère. Et il y a une certaine grande bourgeoisie flamande : le père de Liliane Baels est Gouverneur de Province, il y a des professeurs d’Université, etc., et des hauts fonctionnaires (Romsée) placés par les Allemands, et un mouvement culturel revendicatif. Mais il y a certainement une haute bourgeoisie « fransquillonne », parlant français entre soi et imposant son usage aux flamands pour l’ascenseur social, mais très capable de parler le flamand avec ceux qu’elle exploite (paysans, ouvriers). Donc bilingue mais dominatrice sur le plan de la langue (le film « Daens » est aussi une bonne description de ces jeux de classe). Il est ambigu de parler de Bourgeoisie « francophone », car c’est plutôt un milieu qu’on dit « belgicain » (les 300 familles au sens très large) qui a un Palace comme domicile rural ou urbain en Flandre ou en Wallonie, une seconde résidence en Ardennes et à la mer du Nord et un logement de luxe à Bruxelles ! C’est devenu ambigu politiquement, parce que le mouvement nationaliste flamand se présente comme « victime » de la Wallonie, alors que c’est à sa propre haute-bourgeoisie anversoise ou gantoise qu’elle doit d’abord incriminer : une domination sociale qui persiste d’ailleurs. C’est au point que, il y a quelques années, un professeur flamand a pu présenter l’histoire de Belgique moderne comme une domination des flamands par le mouvement « wallingant, le wallingantisme, etc. »
J’arrête, j’ai dit l’essentiel.
Le Testament politique de Léopold III
Point 1 :
L’entente entre Flamands et Wallons
( Flamand symbolisé par le lion flamand – Wallon symbolisé par le Coq wallon )
Assurer définitivement la bonne entente entre Flamands et Wallons sera la tâche primordiale du gouvernement; de son accomplissement dépendra le maintien d’une Belgique indépendante.
Les historiens constateront que de 1914 à 1944, la Belgique a traversé une redoutable crise de «nationalité».
Après une longue période d’inégalités et d’injustices indéniables, nos populations flamandes, fières de leur magnifique passé et conscientes de leurs possibilités futures, ont résolu de mettre un terme aux brimades d’une minorité dirigeante égoïste et bornée, qui se refusait à parler leur langue et participer à la vie du peuple.
L’incompréhension du Parlement et la lenteur des gouvernements successifs à satisfaire ces aspirations légitimes, ont exaspéré les revendicateurs. Certains en sont venus à vouloir se séparer des Wallons et à maudire la Belgique. Il en est résulté une réaction wallonne dont il serait dangereux de méconnaître la portée.
Sous prétexte de culture et de langue, nous avons vu et entendu des extrémistes, protégés ou non par l’occupant, travailler délibérément à la destruction de l’État belge.
D’autre part, depuis 30 ans, notre opinion publique, mal éclairée et trop sensible aux séductions sentimentales de l’extérieur, est portée à croire que sa sécurité repose en ordre principal sur les sympathies de l’étranger. Elle paraît oublier que le maintien de l’indépendance nationale résulte et résultera toujours, et avant tout, de la position géographique du Pays, de ses richesses naturelles, de la capacité de travail de ses habitants et de leur volonté de rester libres.
L’affirmation de cette constante historique doit former le postulat préliminaire à toute coopération internationale, et celle-ci doit se concevoir sur la base d’une équitable réciprocité.
Depuis des temps reculés, Flandre et Wallonie ont partagé des destinées associées par les mêmes intérêts, et formé une entité qui a tenu tête farouchement, à tous les essais d’annexion. Jamais leur union n’a subi de crise approchant celle que connaît notre génération.
J’espère que la violence des convulsions auxquelles nous assistons a rendu sensibles aux yeux des bons citoyens certaines réalités dont ils s’étaient trop désintéressés, et recréé la volonté de se resserrer autour du drapeau national dans une Belgique nouvelle que Wallons et Flamands, unis sur le pied d’une parfaite égalité, aimeront et serviront avec une même ardeur.
Je compte sur la clairvoyance de la municipalité bruxelloise pour que la capitale du Royaume assume enfin le rôle de trait d’union linguistique et de centre de rayonnement biculturel que lui assignent les convenances nationales.
Vous aurez remarqué que, pas une seule fois, Léopold III n’utilise les termes de « démocratie » ou « démocratique ». Plusieurs formulations, même d’apparence sociale, conviendraient à un régime autoritaire : on sait qu’il en a rêvé un temps, avec notamment l’ancien SG du Parti ouvrier belge (socialiste), Henri De Man, qui est passé à des principes proches du national-socialisme et s’est aussi réfugié en Suisse où il est mort prématurément. Ensuite le Roi est passé à la « stricte neutralité » mais sans aucun soutien au gouvernement de Londres (et autres parlementaires y réfugiés).
Le Testament politique de Léopold III
Point 2
2. – La réorganisation sociale
Cette guerre mondiale est l’enfantement d’un monde nouveau. Sous des symboles divers et par des méthodes différentes, chez les États qui se prévalent de traditions de liberté et d’individualisme comme chez ceux qui ont opté pour un régime autoritaire, se développe, bon gré mal gré, une révolution économique, organique et sociale de caractère identique et d’une portée sans précédent.
Sans pouvoir fixer ni le cadre, ni le terme de cette transformation, on a le droit d’affirmer que le courant qui emporte les formes de la vie collective vers un avenir inédit, est irréversible.
Il importe de ne pas s’évertuer à soutenir des normes qui s’effondrent. Il faut résolument s’adapter à l’évolution inéluctable avec le dessein de doter la Belgique d’une armature économique et sociale qui lui donne la solidité et l’efficience dont elle a besoin pour assurer un standing digne et suffisant à sa population. Celle-ci massée sur un territoire exigu est menacée par une concurrence étrangère plus âpre et infiniment plus puissante qu’autrefois.
L’individualisme et le libéralisme économique dont le 19e siècle fut l’âge d’or, feront place, de gré ou de force, à l’établissement d’un système plus égalitaire.
Il appartiendra aux dirigeants de veiller à ce que notre organisation sociale future soit empreinte de solidarité et soit plus conforme à la charité chrétienne et à la dignité humaine.
Mon rôle de souverain constitutionnel ne m’assigne pas pour tâche de présenter un programme de réalisation ou de prendre parti pour l’une ou l’autre doctrine, mais je faillirais à ma mission si je n’indiquais ici quelques principes qui ne sont que l’expression de l’équité.
Je tiens pour urgentes de larges réformes sociales, car le scandaleux contraste des misères dont par deux fois la guerre a accablé les uns et les profits exorbitants que se sont procurés les autres, proclame l’iniquité d’un régime égoïste et malsain et le devoir d’y mettre fin.
Dès la libération du pays les gouvernants auront l’obligation d’affirmer le droit au travail et le devoir du travail; par la fixation de salaires justes et l’extension des assurances obligatoires, d’assurer aux travailleurs la dignité et la sécurité qui, trop souvent, ont fait défaut dans le passé.
La fédération paritaire des syndicats patronaux et ouvriers en groupements professionnels, ainsi qu’un réajustement judicieux et équitable entre le travail et le capital, permettront d’introduire, au sein des entreprises, les conditions d’une saine collaboration.
Ces progrès en créant une atmosphère de stabilité et de bien-être dans le monde du travail amèneront un esprit de solidarité sociale aussi vital pour l’avenir du Pays que le sont l’entente et l’égalité entre Flamands et Wallons.
A l’échelon supérieur, il appartient à l’Etat, interprète des intérêts généraux, de coordonner le fonctionnement harmonieux de l’ensemble des grands corps professionnels, de contrôler l’organisation du travail et des rapports sociaux. Il lui incombe aussi de guider l’évolution économique dans un sens mieux adapté aux richesses naturelles de notre sol ainsi qu’aux capacités et aux besoins vitaux de notre peuple.
Il importe d’établir un meilleur équilibre entre les diverses branches de l’activité productrice du pays en donnant à l’agriculture, facteur si important de notre existence indépendante, la place qui lui revient.
Il convient enfin d’assurer une répartition plus équitable des biens de consommation.
Devoir, droit et protection du travail – restauration de la probité et de la capacité professionnelles – collaboration et solidarité nationales – organisation judicieuse de l’économie, discipline de la production et de la consommation -, telles sont les bases de la rénovation immédiate qui préparera un avenir meilleur.
Je compte que les détenteurs du pouvoir s’y engageront en écartant toute considération autre que l’intérêt du Pays et la justice sociale.
S’ils y manquaient, la Belgique connaîtrait des perturbations politiques dangereuses.
La patte de Henri De Man (1885 – 1953), proche de Léopold III, passé du socialisme au corporatisme.
Wikipédia :
Le 20 juin 1953, en plein jour, la minuscule voiture que conduisait de Man, aux côtés duquel se trouvait son épouse, s’immobilisa pour des raisons inconnues sur la voie de chemin de fer, à un passage à niveau non gardé qui se trouvait à proximité immédiate de leur domicile ; elle fut broyée par une locomotive qui arrivait avec un léger retard sur l’horaire.
Merci pour cet article qui me fait découvrir cette partie de l’histoire de la Belgique:
* le testament politique de Léopold III
* la question royale
et replonger dans l’évolution économique de la Belgique
* révolution industrielle du 19ième siècle qui s’est essentiellement développée en Wallonie avec l’extraction du charbon , la sidérurgie et les activités en découlant
Le frère de mon père qui a commencé à la Mine avec son père vers 12 ans à la fosse Thiers a fait son service militaire en Belgique et s’est en suite engagé dans l’armée et à fait sa carrière à la cour du roi Léopold III.
Je ne l’ai jamais rencontré.
Mon père a fait aussi son service militaire en Belgique vers 1933 et a été mobilisé en septembre 1939 , a vécu la campagne des 18 jours.
Bien que de parents flamands ,ayant émigré an France pour le travail au début des années 1900 ,et ayant fait sa scolarité en France , il a ensuite été envoyé en Allemagne comme Krieg Gefangener pendant 5 ans.
200 000 prisonniers de guerre belges, capturés en 1940, furent également détenus en Allemagne. La plupart furent contraints aux travaux forcés. seuls 80 000 d’entre eux, en toute grande majorité des Flamands (en raison de la Flamenpolitik), purent regagner la Belgique entre 1940 et 1941. La majorité resta cependant captive et détenue dans de sévères conditions. Deux mille d’entre eux ne revinrent pas. (wikipedia)
La Flamenpolitik, littéralement Politique des Flamands, est une politique pratiquée par les autorités d’occupation allemandes lors des Première et Seconde Guerres mondiales en Belgique afin de permettre sa scission et sa germanisation.
Les Allemands ont fondé cette politique sur l’exploitation des problèmes linguistiques en Belgique, en particulier la discrimination de la langue néerlandaise en cours avant la Première Guerre mondiale et sur le pangermanisme. (wikipédia)
On peut supposer que le testament politique de Léopold III avait pour objectif de préserver l’unité de la Belgique.
Il se trouve que j’ai un exemplaire numérique de l’ouvrage (PDF image avec OCR) ramassé un jour que je voulais m’informer sur le changement de roi en Belgique à la fin de la guerre, mais jamais lu. Le paragraphe sur la perte d’attention de Spaak est page 197, à la fin. Si ça intéresse quelqu’un, je le mets en partage (le livre n’est disponible que d’occasion, cher)
(si ma proposition d’un exemplaire piraté est jugée intempestive, je ne serai pas vexé)
J’ai acquis le livre le mois dernier sur la toile pour 8,50 €, frais de port compris.
Je confirme votre anecdote, ma mère m’avait raconté que mon grand-père francophone mais qui avait un nom flamand a évité les ennuis en répondant en flamand sur son numéro de matricule et quelques autres choses qu’il avait appris par coeur.
En 2001, anniversaire du centenaire de sa naissance, est publié un livre écrit par Léopold III au début des années ‘80, intitulé : « Pour l’Histoire » Sur quelques épisodes de mon règne Editions RACINE (ISBN2-87386-251-3)
Au chapitre XX, il revient sur son mémoire du 25 janvier 1944 (testament politique) pour expliquer ce qui l’a guidé à cette époque pour sa rédaction.
Il revient également sur beaucoup d’épisodes de son règne et expose son analyse des choses et justification de ses décisions.
Ce livre apporte certainement un éclairage bienvenu sur ce qui a été rapporté par différents auteurs ayant gravités autour de sa personne lors de cette période trouble de l’histoire de Belgique.
Distinguons quand même dans l’histoire deux types de nationalismes. L’offensif et le défensif. Le défensif est TRES TRES légèrement moins nauséabond que l’autre. Je met le flamingantisme dans cette catégorie : un seul mort, jusqu’à présent.
Pour compléter ce testament politique et après quelques recherches:
le point 7:
7. – La réparation nécessaire
Il n’est point de patriote que ne tourmente le souvenir de certains discours prononcés à la tribune du monde entier, par lesquels des ministres belges se sont permis, à des heures exceptionnellement critiques, où la sauvegarde de la dignité nationale imposait une extrême circonspection, de proférer précipitamment des imputations de la plus haute gravité contre la conduite de notre armée et les actes de son chef.
Ces accusations, qui dans un aveuglement obstiné, attentaient à l’honneur de nos soldats et de leur commandant en chef, ont causé à la Belgique un préjudice incalculable et difficile à réparer.
On chercherait vainement dans l’histoire pareil exemple d’un gouvernement jetant gratuitement l’opprobre sur son Souverain et sur le drapeau national. Le prestige de la Couronne et l’honneur du pays s’opposent à ce que les auteurs de ces discours exercent quelque autorité que ce soit, en Belgique libérée, aussi longtemps qu’ils n’auront pas répudié leur erreur et fait réparation solennelle et entière.
La Nation ne comprendrait ni n’admettrait que la Dynastie acceptât d’associer à son action des hommes qui lui ont infligé un affront auquel le monde a assisté avec stupeur.
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Mai 1940 a vu la capitulation de la Belgique par Léoplod III malgré l’aide de la France et du Royaume Uni qui s’est terminée par l’évacuation de Dunkerque.
En France, le premier ministre Paul Reynaud, trouve en Léopold III un bouc émissaire à la défaite de l’armée française et le qualifie de « roi félon » dans un discours radiodiffusé.
Le premier ministre belge, Hubert Pierlot, dénonce, lui aussi, l’attitude du Roi dans un discours très sévère.
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L’Allemagne nazi a attaqué 2 pays neutres : les Pays Bas et la Belgique.
Il s’en est suivi l’exode massif des populations envahies:
10 millions de personnes sur les routes dont 2 millions de Belges et une aviation nazie qui n’hésitait pas à bombarder les colonnes de fuyards
https://fr.wikipedia.org/wiki/Exode_de_1940_en_France
histoire personnelle:
Ma mère vivait à Valenciennes , son père étant flamand travaillant dans la sidérurgie et sa mère normande ( Veules les Roses).
Ma mère et ma grand mère ont vécu, à deux, cette exode ,vers la Normandie, qui s’est mal passé .
Ma grand mère , en mauvaise santé ,en est morte dans les bras de ma mère qui avait 16 ans.
Paul Reynaud, trouve en Léopold III un bouc émissaire à la défaite de l’armée française
Le fait est qu’il n’est pas content, mais qui le serait en les circonstances ? « Trouve en Léopold III un bouc- émissaire à la défaite de l’armée française », c’est une interprétation tendancieuse.
Churchill déclarera à la Chambre des Communes le 4 juin 1940, à propos du roi : « Il a exposé tout notre flanc. […] La reddition de l’armée belge a forcé les Britanniques, avec le préavis le plus court qu’il soit possible, à couvrir leur flanc vers la mer sur une longueur de plus de 30 miles (48 km). Autrement tous auraient été coupés et tous auraient partagé le sort auquel le Roi Léopold avait condamné la plus belle armée que son pays ait jamais formée ».
Ces propos tendancieux de W.Churchill, démontrent sa mauvaise foi, car dès le 20 mai 1940, le gouvernement britannique avait ordonné à lord Gort l’évacuation de l’armée vers l’Angleterre, ce qui devint effectif dans les jours suivants.
Cette décision avait été cachée aux autres alliés, dont les Belges, lesquels se sont rendu compte de l’abandon des britanniques et ont malgré tout résisté jusqu’à l’extrême limite de leurs forces, protégeant ainsi de manière indirecte le rembarquement britannique à Dunkerque, c’est l’opinion exposée par l’historien B.H.Lidell Hart dans « Les erreurs tragiques de la guerre contre Hitler » dans « l’Express » du 21 avril 1960 l’armée anglaise a été sauvée par le roi Léopold-qui devait être, par la suite, si sévèrement jugé en Angleterre comme en France »
Cet avis a été partagé par R.Keyes pour qui le roi des Belges fit office de « bouc émissaire » alors qu’il avait sauvé les britanniques de la défaite de 1940.
Au cours de l’Histoire de cette époque, la Grande-Bretagne méritait bien le titre de « perfide Albion », ainsi, un projet secret d’entente avec Hitler en 1938 était basé sur le dépeçage du Congo belge au profit de l’Allemagne afin de la dissuader d’entrer en conflit.
La mauvaise décision également d’attaquer la flotte française à Mers el-Kébir et à Dakar en juillet 1940 a certainement concouru à l’émergence d’un sentiment anglophobe en France de cette époque :https://patrimoine.ville-pantin.fr/ark:/naan/a011606736523h7Xjam/be92fd22fa
Une autre situation de la Belgique pendant les 18 jours et la décision d’armistice:
L’armée belge était divisée linguistiquement : les divisions flamandes , les divisions wallonnes/francophones
Lors de l’invasion nazie , les divisions flamandes n’auraient pas fait preuve d’une grande adversité face à l’envahisseur.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Capitulation_belge_de_1940#Les_d%C3%A9fections_de_certaines_divisions_flamandes,_facteur_%C3%A0_la_fois_politique_et_militaire
« Malgré tout, pour que le roi veuille continuer la lutte malgré le lâchage britannique, il lui aurait fallu pouvoir compter sur l’armée belge tout entière. Malheureusement, dès les premiers jours de la bataille de la Lys, plusieurs régiments de troupes d’infanterie flamandes se battent avec un manque d’allant qui fait craindre des ruptures dans les secteurs qu’elles tiennent. On peut facilement distinguer les régiments flamands des régiments wallons, car l’armée avait été scindée linguistiquement en 1938 » ( wiki)
Est ce la conséquence de la Flamenpolitik et des différences de développement économique passées ????
https://fr.wikipedia.org/wiki/Flamenpolitik
Qu’est ce que la Belgique aujourd’hui ?
La Belgique , et son fédéralisme , a résolu , pour le moment, les dissensions .
Il faut rappeler que en 1914, le commandement s’exprimait uniquement en français et ajoutait « voor de vlamingen, hetzelfde » (pour les flamands, la même chose). On a dit que des flamands ont perdu la vie de ce fait… On ne dit pas comment les wallons patoisants se débrouillaient…
Donc un commandement « linguistique » en 1940 avait de bonnes raisons. Il est difficile de juger de la valeur de ces accusations de non-combattivité. Mon père, parce que fransquillon d’Anvers, fut sous-chef de ?? durant la « débacle des 18 jours. Son résumé fut : on a reculé tout le temps. Et on était sous la mitraille, sous la menace… Un jour, j’ai menacé de mon révolver deux soldats ayant quitté le front, pour qu’ils y retournent, et je le regrette encore. Il était de la Cie cycliste flamande, et la Cie cycliste wallonne a été très combattive ; mais mon père n’a jamais accusé personne de ce recul permanent. Il y a des choses dites, notamment par Van Overstraeten du cabinet de Léopold III, sur « ici, je constate qu’on n’a pas combattu », mais on sait qu’il a corrigé son « journal ». Mais qui faut-il croire ?
@Chabian
Dans une politique de rassemblement national , il faut mettre de côté les fautes et erreurs passées. C’est ce que semble montrer la Testament politique.
Difficile de faire une appréciation des décisions où les évènements se sont accélérés et où ces 18 jours ont été un défaite/débâcle d’un pays qui se positionnait dans la neutralité.
Mon père a fait son service dans la cavalerie.
Quand les nazis ont envahi la Belgique , il était fantassin dans une Compagnie cycliste , surement francophone. Lorsque sa compagnie s’est réfugiée ,face aux nazis sur-armés, dans une ferme , l’officier , devant une situation désespérée, a levé le drapeau blanc.
Pour la petite histoire:
Lorsqu’il est rentré de captivité dans la cité Thiers , il y avait des centaines de prisonniers allemands qui travaillaient dans la mine.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Prisonniers_de_guerre_allemands_de_la_Seconde_Guerre_mondiale_en_France
en 1947-48 ils ont été libérés et ils ont été nombreux à rester , travailler et vivre en France.
J’ai eu 2 voisins anciens prisonniers allemands prénommés Hans qui se sont mariés , et ont eu des enfants avec qui j’ai grandi.
Je n’ai jamais entendu quiconque faire une remarque sur le fait qu’ils étaient allemands !!!!!!!!!!!!!
De plus il a beaucoup travaillé dans les mines allemandes et a aussi travaillé dans une ferme.
La fermière avait un fils et ses parents. Son mari était mort sur le front de l’est.
Avant la fin de la guerre , elle lui a proposé , s’il le voulait une fois la guerre terminée , de venir vivre avec elle.
Il y a ceux qui décide de l’entrée en guerre et il y a ceux qui la font et la vivent , et dont les intérêts et le vécu sont complètement divergents.
Et ceux qui décident de la guerre ont toujours eu besoin de boucs émissaires pour justifier leurs échecs
Même sur les « prisonniers allemands », j’ai une autre version aussi. En 1945, les patrons charbonniers belges cherchent de la main d’oeuvre et signent une convention italo-belge avec le gouvernement italien. Mais voilà que les Américains proposent partout des travailleurs allemands à placer pour quelques temps ! Donc le patronat charbonnier renonce à l’accord et prend les Allemands (moins chers !). Donc, il y eut sans doute des soldats prisonniers sur place (mais convention de Genève : mise aux travaux forcés ?) mais ensuite massivement des expatriés allemands très heureux d’être mis au travail. (Il y en a eu en Isère aussi).
Mais dès 1946, les Américains signalent qu’il vont reprendre ces travailleurs. Alors le patronat charbonnier renoue avec les Italiens pour ce contrat « Des hommes contre du charbon » (réservé à l’Italie, mais qu’elle a du payer !). Contrat qui sera en service jusque en 1956 et la catastrophe du Bois du Cazier.avec 2000 hommes italiens chaque semaine !
Cette version de travailleurs non-prisonniers est peu connue et je l’ai apprise récemment.
Baraquements : les Allemands ont bâti des baraques pour des travailleurs soviétiques qu’ils ont déplacé des camps vers les charbonnages belges. On y aurait mis des prisonniers allemands en 44-45. Les américains ont installés des baraques en tube de tôle ondulée pour leurs soldats… que les patrons charbonniers ont récupéré et déplacées près des charbonnages. Les italiens ont connu les deux modèles ! qui n’étaient pas les logements modèle qu’on leur avait promis !
@ tout me hérisse : Sur Léopold III et la fin des 18 jours, il y a plusieurs versions, aucune n’échappe à la polémique. Selon la version pro-Léopold III, les belges ont du reculer à marche forcée, libérant les villes comme « ouvertes » pour éviter les bombes et les représailles allemandes. Mais les Français défendant le nord belge et la Hollande n’ont jamais tenu ; puis, vu l’effondrement français à Dinant puis Sedan, le commandement français change les chefs de corps… Les belges se retrouvent à défendre les dunes et la plage seulement, s’appuyant au sud sur le corps expéditionnaire anglais (entre Yser et frontière française du Nord.PDC. Soudain, les anglais disparaissent : ils se retirent sur Dunkerke, ainsi que les français. Une brêche est ouverte et les belges sont isolés. Alors le roi averti les alliés qu’il va capituler inconditionnellement (et non négocier une armistice, ce qu’il refuse). A Paris, c’est pas mieux, on a changé le commandant en chef, on appelle Pétain dans le gouvernement, on brûle des archives dans les Ministères, craignant les allemands (mais ceux-ci vont faire une courbe vers la mer pour couper l’armée française). A ce moment, Reynaud a besoin d’un bouc émissaire de sa propre débacle et il accuse Léopold de capituler sans raison et de lâcher les alliés, (au mépris donc de la situation de terrain). Peu après, le 1er Ministre belge fait aussi une déclaration par radio à Paris, reprochant au Roi de ne pas avoir suivi le gouvernement qui s’est enfui en France « pour continuer la lutte » avec les alliés… car lui aussi a besoin d’un bouc émissaire pour sa fuite, et le Roi est fautif vàv de la Constitution (il n’avait pas de mandat pour aller plus loin qu’un cesser le feu comme chef de l’armée).
Du côté des anglais, ils n’ont prévu qu’un corps d’armée restreint (300.000 hommes) pour ne pas dégarnir le pays. Churchill a aussi besoin de justifications a posteriori.
Rappelons enfin que la Belgique, neutre, refusait l’entrée des alliés avant l’attaque du 10 mai mais aussi qu’elle demandait de prévoir un front allié sur la Meuse, difficile à franchir pour les Allemands. Mais les français ont imposé une ligne de défense protégeant… surtout la France, par une ligne Sedan-Anvers, dans la plaine belge, donc indéfendable. Et ils ont été les premiers à être enfoncés, sur leur poste avancé de Dinant, puis dans le secteur des Ardennes Françaises. Donc le recul des Belges flamands doit être interprété avec des pincettes (comme je l’explique à Illicitano).
Vous n’avez pas une version sans bouc-émissaires ?
Comme j’ai dit en commençant, il n’y a que des récits polémiques de l’époque et après. Reynaud, Churchill, Pierlot, Léopold ou ses chantres… J’ai même lu un ex-degrelliste ! Après, je suis sensible aux rapports de force, pas trop sur le champ de bataille, mais sur les batailles de la mémoire. Les mythologies…
Et, comme vous l’avez souligné, cela continue en 1945 et jusque 51… et après (débats avec Spaak dans les ’70). Et se souvenir qu’un homme politique n’a qu’une vérité, la sienne dans sa dernière version…
On vient encore de diffuser une expo récente sur guerre et résistance en Europe 40-45, qui vient d’un groupe descendant plutôt de notre résistance militaire et royalise et opposée à la résistance FFI ou chez nous Front de l’Indépendance et bien sûr à l’URSS (donc les partisans russes y sont tous des citoyens auto-organisés hors parti et c’est surtout eux qui ont refoulé les nazis, etc.).
Une version sans « bouc-émissaire » serait une version concertée (multi-pays et multi-disciplinaire) qui reconnait les erreurs de chacun au lieu de chercher des coupables… après avoir établi les faits ! Et qui reprocherait les manœuvres de dénonciation comme « bouc émissaire ». Non, je n’en connais pas encore…
Le Musée du débarquement (en Normandie) comporte un Centre d’études stratégiques public, qui m’a plu pour son objectivité. A propos de Cuba !
Après recherche:
Le front belge de la Lys est percé au milieu de la journée du 27 mai, au bout de cinq jours de combats.
D’autre part, les troupes anglaises abandonnent la droite de l’armée belge pour retraiter précipitamment en vue de se rembarquer à Dunkerque.
Dès ce moment, le roi et l’État-major belges se sentent abandonnés, ainsi que le relatera l’attaché militaire anglais auprès du roi Léopold III, l’amiral Sir Roger Keyes.
Celui-ci attestera qu’il s’est agi d’une manœuvre imposée au général en chef, Lord Gort par une décision du gouvernement anglais.
Et Keyes de citer une phrase de Lord Gort qui mérite d’être appelée une parole historique :
« Les Belges vont-ils nous prendre pour des salauds ? »
Dans l’esprit du roi, il fallait arrêter ce qui pouvait dégénérer en massacre, aucune mesure n’étant prise pour sauver au moins une partie de l’armée belge à Dunkerque.
Les Belges étaient sacrifiés, comme a bien dû l’avouer l’attaché militaire britannique auprès du roi, l’amiral Sir Roger Keyes, ce que celui-ci reconnaît dans ses mémoires (wikipédia)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Capitulation_belge_de_1940
Info wikipédia qui explique ,peut-être, une situation très complexe.
Bonne lecture
Un épisode assez polémique également est la prise du fort d’Eben-Emael dès le 11 mai 1940, le plus grand fort de l’époque destiné à ‘fixer ‘ les allemands en cas d’attaque, durant au minimum 6 jours ; les têtes pensantes de l’état-major n’avaient aucunement imaginé que l’attaque aurait pu se produire à l’aide de planeurs se posant sur la superstructure plate où étaient aménagés deux terrains de football pour l’agrément de la troupe, troupe qui avait pétitionné contre le projet de minage de ces terrains durant la mobilisation en 1939.
Le colonel H.Guisan (futur général en chef de l’armée suisse) visitant le fort en 1938, s’était exclamé au sujet de la superstructure : « quel magnifique terrain d’atterrissage ! », cette réflexion rapportée à l’état-major a fait dire à l’un de ses officiers «Nous n’avons pas de leçons à recevoir du représentant d’une armée qui n’a pas fait la guerre» …🙄
http://www.livresdeguerre.net/forum/contribution.php?index=49695&surl=eben
@Ruiz (« Cet énoncé (…) n’est pas causal mais empreint de téléologie ? ») Pour utiliser le vocabulaire de PJ (qui oppose…
Et à propos de peinture et de paysage, il y a le traité de peinture du moine « Citrouille amère » Shitao.…
Il y a les conditions favorisantes mais il faut aussi les personnages clés : ceux auxquels une multitude s’identifie, rendant…
NOUS FAISONS PARTI DU PAYSAGE et nous agissons sur lui pour le modeler ou le déformer (le paysan comme l’ouvrier…
@Khanard Thom : « L’opposition entre une singularité créée comme un défaut d’une structure propagative ambiante, ou une singularité qui est…
Il ne faut pas s’obnubiler par « l’image du dirigeant », que ce soit Poutine, Trump, Macron, Pinochet, etc. C’est une focale…
Comme un regret … après une candidature( à l’investiture démocrate) sabotée de l’intérieur.. … » Aux Etats-Unis, la gauche tente de…
C’est beau !
@Alex, Je suis d’accord avec vous. L’élection de Trump à ce stade avant la Troisième Guerre mondiale… Je suis curieuse…
@BasicRabbit en autopsy Cet énoncé parfaitement descriptif pour la lumière est cependant curieux car il n’est pas causal mais empreint…
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