05.02.2022. “L’analysant mobilise les talents de limier de l’analyste”.
Ma première réaction quand j’entends cette remarque relative aux “talents de limier”, c’est de me dire “Non“, toutes les analyses ne sont pas pour l’analyste autant d’enquêtes “à la Sherlock Holmes” : certaines sont l’exploration systématique d’un paysage au relief très accidenté. Mais un instant de réflexion me suffit pour revenir sur cette première impression à la pensée de quelques exemples : si certaines analyses ne semblent pas requérir les talents du limier, c’est que l’énigme était élémentaire (“Élémentaire, mon cher Watson !”) et a été résolue très rapidement, même si elle semblait insoluble à l’analysant dont le nez est, par nécessité, “dans le guidon” ; après, oui, il reste bien un paysage de dévastation à explorer systématiquement. Et au moment où j’écris cela, un cas particulier me revient en mémoire et je vais consulter mes notes et, comme j’en avais le vague souvenir, l’énigme a bien été résolue au cours de la première séance. Or l’analysant en question m’a assuré avoir été en analyse de longue durée à deux reprises auparavant. L’explication en est que l’on est passé à côté de l’existence même de l’énigme cruciale, des années durant. Voici ce qui m’est dit lors de la seconde séance : “J’en avais parlé en psychanalyse, aux deux, ils n’avaient pas accroché là-dessus. Les psychologues, non plus : pas eu de questions. Des haussements d’épaule du genre : « Des choses qui arrivent ! »”.
L’explication est donc banale : un ou une analyste qui ne résout pas l’énigme, faute d’avoir même décelé qu’il en existait une, alors que sa solution aurait été « élémentaire ». La morale de l’histoire : Oui, l’analyste doit bien maîtriser les “talents du limier”, mais cela ne suffit pas, il lui faut à elle ou à lui, un talent supplémentaire : celui d’avoir su déceler d’abord qu’un crime avait été commis, là où d’autres n’y ont vu que du feu, n’y ont vu que “des choses qui arrivent”, l’équivalent du fameux “Circulez, y a rien à voir !”.
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