Les carnets du psychanalyste – « Les 3 semaines précédant le 15 novembre, j’avais le sentiment de piétiner »

31.12.2021. À propos du sentiment de piétinement

Je rapprocherai ce “sentiment de piétinement” qu’éprouvent  à l’occasion certains analysants, de ce fait frappant lorsqu’on se penche en histoire des sciences sur les autobiographies de certains savants à l’origine de percées majeures dans leur discipline : le sentiment qu’ils expriment dans la période qui précède immédiatement leur grande découverte, qu’il leur manque probablement la qualité d’intellect qui leur permettrait de résoudre les questions mobilisant alors leur attention.

Le savant se répète en boucle à cette époque : « Je suis probablement trop bête pour résoudre une question aussi ardue : j’ai malheureusement atteint les limites de ce qui est à ma portée ».

Pourquoi ce sentiment, parallèle à celui de l’analysant ayant le sentiment qu’il piétine, alors que l’analyste observe de son côté quelqu’un qui selon lui “carbure” au contraire en mode turbo ? Probablement, à mon sens, parce que la capacité de calcul dont il dispose est alors entièrement mobilisée à son insu par la solution du problème. Le programmeur dirait : “Son inconscient utilise la quasi totalité de la mémoire vive à laquelle il peut accéder, et la conscience, faisant du mieux qu’elle peut avec la part congrue restant encore à sa disposition, se sent diminuée, stupide”.    

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4 réponses à “Les carnets du psychanalyste – « Les 3 semaines précédant le 15 novembre, j’avais le sentiment de piétiner »

  1. Avatar de Hervey

    Le bon sens me dit que l’on piétine différemment selon que l’on a 25 ou 65 ans.
    Le 25 piétine d’impatience sur la ligne de départ alors que le 65 sait qu’il n’a plus les mêmes jambes …
    C’est un peu l’histoire du chanoine Copernic qui était dubitatif et plutôt frileux sur le résultat de ses recherches, pas du tout le cas de son jeune disciple Rhéticus qui se démena comme un beau diable pour lui faire publier ses découvertes, in extrémis.

    Il est possible que le doute de l’analysant soit du même ordre, ayant tendance à penser que s’il a vécu jusque là, c’est que, au fond, cette affaire n’était pas si terrible que ça …

    Je ne sais si ce type de comportement a un nom.
    Le bon sens populaire le désigne par « A quoi bon » et cet « A quoi bon » circule un peu partout ou plutôt, pour être précis, les gens qui en sont atteints ne sont pas dans les rues actuellement à défiler avec les manifestants.

  2. Avatar de Endora et Dimitri
    Endora et Dimitri

    Citation « parce que la capacité de calcul dont il dispose est alors entièrement mobilisée à son insu par la solution du problème »

    Lorsqu’on entreprend une tâche, personnel ou professionnel, on doit uniquement se concentrer sur la tâche du début à la fin, ne penser qu’uniquement qu’à la tâche, à son univers, à toutes ses données et les reliées au maximum pour en faire le meilleur ensemble possible.

    Si un autre événement intervient dans la tâche, il faut poursuivre la première tâche jusqu’au bout du début à la fin, peu importe la durée, il ne s’agit pas de la tâche générale qui peut prendre plusieurs jours, plusieurs semaines ou plusieurs années mais d’une tâche qui peut se finir le jour-même.

    Il se faut se penser caméléon, s’adapter très vite aux différents angles proposées ou imposées par la situation, être vif ou accélérer son rythme et avoir confiance en ses décisions, les poursuivre en allant jusqu’au bout et se corriger en caméléon, changer de style et de mode de pensée rapidement ou le plus possible.

  3. Avatar de Thierry Semo
    Thierry Semo

    geek-psy, king !

  4. Avatar de Maddalena Gilles
    Maddalena Gilles

    En ce qui me concerne, à ce sujet, ça fonctionne tout seul, et en général la nuit !

    Je me réveille le matin avec la solution d’un problème (bricolage ou bureaucratie… n’importe quoi) qui traînait depuis un temps… très variable en fait, et j’ai la solution !

    Ça ne sera pas toujours la meilleure possibilité, pas du premier coup, mais assurément la bonne direction.

    Laisser donc « l’inconscient » travailler tout seul, pendant qu’on va regarder le coucher de soleil !
    Le top ! 😉

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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