Sur le fond, l’incapacité à penser l’évolution du travail est grave, docteur.
Je n’ai pas suivi le « revival » de la taxe Sismondi, mais à mon avis, pour qu’elle puisse voir le jour, il est bon de distinguer parmi les automates de tout poil :
– Ceux qui sont dans les services au public (ce qui comprend des automates d’accueil à une agence bancaire) qui doivent leur « taxe Sismondi », au prorata du nombre de clients-heures traités par exemple (le SMIC horaire ?).
– Ceux qui sont dans des chaines de fabrication non accessibles au public (au mieux en prise sur des grossistes): là, l’innovation industrielle va continuer son chemin, quand on atteint la limite des usines à télé Samsung (15 personnes pour une prod de milliards d’écran, valeur ajoutée et investissement ++), il vaut mieux se poser la question de la concurrence et si elle ne peut plus avoir lieu (difficile de faire deux usines jumelles pour le plaisir, elles ne se différencieront guère techniquement compte tenu des contraintes techno identiques, la concurrence n’aura pas lieu), penser à la nationalisation.
Il reste bien sûr tout une zone grise. Je fais un automate à toiletter les chiens et les lemmings, et je débauche un de mes 2 employés. Je fais un transpalette qui vise mieux le bas de la palette et fait gagner 10% de productivité, donc réduit l’effectif de l’entrepôt de 20 à 18. Sismondi ou pas Sismondi ? Car la réalité ne se présentera pas sous la forme pure, c’est à l’occasion de fluctuations importantes du flux d’affaires, à la hausse ou à la baisse, que je vais me décider pour le transpalette efficace. Donc on ne verra pas le 10% comme une marche sur le graphe de l’effectif de l’entrepôt. Et on aura du mal à compter la productivité sur le temps long pour en tirer argument : Les palettes vont évoluer, les camions et leurs plateaux de chargement aussi (pour répondre aux arrangements urbains nouveau par exemple, ou permettre des transferts à des « vélo-cargos »), de sorte qu’on ne pourra pas suivre un chiffre de productivité significatif sur 10 ans. Un palliatif serait de taxer l’intelligence embarquée ; de faire des normes de puissances de micro-contrôleur (Arduino =1, Raspberry=3, ST-Nucleo =2, …) et de taxer l’usage professionnel d’un produit en content : taxe sur l’intelligence exploitée (TIE) qui pourrait fonctionner comme une TVA (pour les producteurs de machines ayant ces chips, il auraient un crédit en quelque sorte).
Bref: comment les machines vont nous mettre à la retraite, sans nous user, sans pousser d’autres à nous demander de nous user, et tout ça sans nous voler. Peut-on définir une dynamique vertueuse et contagieuse ? En commençant par les actes les plus fréquents (l’achat au supermarché ?).
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