IA et perte de sens chez les graphistes, par Olivier Coulon

Les contreparties sociales et juridiques de l’IA.


Artstation

Il y a quelques mois je postais ici-même un article au sujet des images réalisées par des Intelligences artificielles ou plus précisément par des applications numériques de text-to image. A l’époque (c’est déjà de la préhistoire) un seul logiciel existait. Les performances étaient déjà surprenantes mais les artistes semblaient plutôt amusés par cette nouvelle technologie. Pourtant j’avais écrit que cet outil risquait de faire disparaître bon nombre d’emplois dans le graphisme.

Sept mois plus tard, 3 nouvelles applications sont apparues dont Dall-E créé par OpenAI, les concepteurs de ChatGPT. Ces nouveaux text-to-image (Dall-E, Stable Diffusion et Midjourney) génèrent des images totalement époustouflantes. En visualisant ce lien référençant un florilège d’images générées par ces applications, vous comprendrez pourquoi je parle de préhistoire lorsque j’évoque les logiciels datant de plus de 6 mois.

Evidemment, désormais les artistes numériques ce sont réveillés et se mettent à craindre pour leurs jobs partout à travers le monde. Ils craignent pour leurs jobs mais également pour leurs prérogatives, à savoir la capacité à créer des images grâce à un savoir développé durant de nombreuses années. Phénomène déjà observé chez les artistes lors de l’apparition de la photographie. Il semblerait qu’une perte de sens soit en train d’émerger chez certains d’entre eux. C’est comme s’ils avaient appris à courir le 100 mètres en 10 secondes et que, tout à coup, apparaissait un compétiteur totalement mécanique courant le 100 mètres en 3 secondes. Il faut préciser que les images IA sont générées en moins d’une minute une fois que l’invite texte est correctement rédigée.

Si la technique n’était pas ce qu’elle est, à savoir du deep-learning basé sur des données collectées sur des serveurs, ces artistes n’auraient aucun recours contre cette technologie. Mais il s’avère que les applications de text-to-image utilisent les travaux de tous les artistes peintres, numérique ou non, des photographes ou autres iconographes pour faire tourner leur moteur. Ces images sont disponibles sur le net par l’intermédiaire de serveurs de quelques tera-bits mais ne sont, en théorie, pas libres de droits. Les artistes estiment qu’ils se font piller leur travail (à juste titre ou non ; là est toute la question qui enflamme les réseaux sociaux et bientôt les juristes).

Depuis quelques semaines, les artistes se regroupent en collectifs pour porter plainte contre les créateurs de ces text-to-image qui pillent leurs œuvres sans verser de contrepartie financière.
On peut se demander, comment des images dupliquées à l’infini souvent par les artistes eux-mêmes qui les rendent visibles sur les réseaux sociaux et diverses plateformes comme Artstation ou DeviantArt, peuvent être protégée en droits. C’est pourtant le cas, comme toutes images apparemment disponibles sur internet. Ces images sont en fait soumises aux droits d’auteurs.
Les applications de text-to-image remettent en question de nombreux usages autour de la création. Un produit soumis aux droits d’auteurs peut-il être dupliqué légalement sur le net, comme on peut l’observer, si cette duplication ne fait pas l’objet d’une marchandisation ? Normalement non, mais on observe que la loi est peu observée dans ce domaine sur internet.

DeviantArt

D’autres questions se posent sur les bases de données ou « data » personnelles accessibles sur certains serveurs. L’industrie de la musique a, semble-t-il, protégé son panier d’œuvres en obligeant les géants comme AWS de Jeff Bezos à stocker les données des artistes sur des serveurs non disponibles au pillage des data. Donc à l’heure actuelle, une IA ne peut pas créer une chanson dans le style « David Bowie » car les chansons de l’artiste ne sont pas disponible aux IA.

Un autre problème se pose au sujet des droits d’auteurs, est celui des images générées par le text-to-image. En effet, les image du lien ci-dessus sont totalement libres de droits. Les « prompteurs », ces « artistes » qui tapent du texte pour décrire l’image qu’ils veulent obtenir dans le text-to-image, ne sont pas propriétaires des images, malgré le temps souvent long qu’ils y ont passés. Officiellement, ces images appartiennent aux créateurs des applications Dall-E, Midjourney ou Stable Diffusion. Ces derniers se sont empressés d’annoncer que les images étaient cédées aux « prompteurs », mais ce n’est que théorique. En effet les images qui sortent de Dall-E ou Midjourney sont stockées sur les serveurs de ces futurs GAFAS donc utilisables librement par ces entreprises. Par ailleurs, le droit stipule qu’un copyright ne peut être attribué qu’à des êtres humains. L’IA n’étant pas encore humaine, les droits d’auteurs ne s’appliquent pas.

De nombreuses entreprises telles que Martini utilisent ouvertement, ou bien sous le manteau, ces images IA pour leurs campagnes de publicité. En dehors des économies que permet l’IA pour la réalisation de ces images, on peut être surpris par le choix de ces entreprises d’utiliser des images sur lesquelles elles n’ont aucun droit et qui peuvent être légalement détournées à leur détriment.
Des procédures sont en cours. Mais combien de temps vont-elles durer ? Probablement des années avant qu’un consensus international ne voit le jour. Probablement que l’industrie du divertissement aura été largement bouleversée lorsqu’une décision de justice sera prise. Par ailleurs, si les données artistiques telles que les images protégées par des copyright deviennent interdites pour l’utilisation de bases de données destinées à l’IA, cette jurisprudence ne risquerait-elle pas de se propager à d’autres domaines telles que les data personnelles ? Le développement de l’IA telle qu’elle est développée actuellement ne risque-telle pas d’être fortement ralentie ?

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65 réponses à “IA et perte de sens chez les graphistes, par Olivier Coulon”

  1. Avatar de Garorock
    Garorock

    Quand ils ont supprimé les sténo-dactylos, je n’ai rien dit: j’étais pour le progrès…
    Quand ils ont supprimé les artistes, je n’ai rien dit: j’étais pour la nouveauté…
    Quand ils ont supprimé les profs, je n’ai rien dit: j’étais pour l’innovation…
    Quand ils sont venus pour me supprimer, personne n’a rien dit: il n’y avait plus que des robots…

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      Mais quels sont donc ces « ils » ?

      1. Avatar de Enrique
        Enrique

        Vous et nous.

        1. Avatar de Garorock
          Garorock

          Yep!
          Ce sont les lapins pris dans les phares d’une voiture qui continuent de croire les histoires que leur racontent les chasseurs…
          Lorsque jacques Brel, Bansky et Bourdieu auront été remplacés par ChatGPT, les petits soldats de la silicoke valley tiendront tous les fusils.

      2. Avatar de Khanard
        Khanard

        Quand l’autre disait : vous ne voulez pas de la 5G ? vous voulez vivre comme des Amish ? ce sont peut -être les mêmes ces « ils ».

  2. Avatar de Kuc
    Kuc

    J’aimerais humblement participer à la réflexion en apportant la citation d’un peintre célèbre qui, à mon sens, avant tout ce remue ménage avait déjà tout dit (Picasso): « Les ordinateurs sont inutiles. Ils ne savent que donner des réponses.” Qu’en dites vous? cela amène du sens, non?

    1. Avatar de Hervey

      @Kuc

      Il disait aussi « je ne cherche pas, je trouve ».

      On peut disserter sur ces deux assertions, les interpréter ou en préambule avertir qu’il a beau jeu en parlant ainsi d’une position dominante qui écrase tout débat.
      Ce qui n’est pas faut et de plus colle à son image de démiurge.

      1. Avatar de Garorock
        Garorock

        Picasso a aussi dit: il faut longtemps pour devenir jeune.
        ChatGPT est un vieillard qui ne cotisera jamais pour sa retraite. Pas plus que pour la caisse des intermitants du spectacle.
        Lorsqu’il n’y aura plus de droits d’auteurs, il y aura toujours des dividendes. Selon le principe des vases communiquants et de certaines lois de la physique…

        1. Avatar de Hervey

          @Garorock

          Là encore il faut savoir interpréter. « Il faut longtemps pour devenir jeune » signifie qu’il faut franchir un certain nombre d’obstacles pour acquérir la reconnaissance au sens généreux du terme.

          D’autres l’ont dit pareillement.
          « Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans.
          C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent-dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant.
          Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole. Écrit, à l’âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyo Rojin, le vieillard fou de dessin. »
          Hokusai – Postface aux Cent vues du mont Fuji.

          Droits d’auteur et sécurité sociale – retraite.
          Deux organismes distincts :

          https://www.youtube.com/watch?v=SOmYzd5bhSI

          https://www.youtube.com/watch?v=VCLCLE2xaRA

          1. Avatar de Garorock
            Garorock

            Hervey,
            Il me semblait avoir compris ce que voulait dire Picasso…
            C’est pour cela que j’ai écrit que ChatGPT était un vieillard. Pour l’instant!(L’exponentielle fait des miracles en dehors des fléaux)
            Lorsqu’il sera jeune, le chatounet, et qu’il n’y aura plus de profs, d’artistes et de médecins, nous nous sentirons peut être un peu inutiles. Comme certains vieux boomers adeptes des divans…
            PLus le matouGPT deviendra jeune, plus Picasso deviendra vieux.

    1. Avatar de olivier coulon
      olivier coulon

      C’est quand même un comble. Getty image est connu pour le vol de photographies à des artistes privés. Le procès sur le lien ci-dessous en est un exemple: https://www.nextinpact.com/article/9715/84585-afp-et-getty-images-condamnes-a-12-m-pour-huit-photos-issues-twitter

      En général le litige ne va pas jusqu’au procès, mais ces vendeurs d’images sont habitués à s’assoir sur les droits à l’image…

      1. Avatar de arkao

        @olivier coulon
        Justement! Cela permet de recadrer le débat sur une réalité qui a peu à voir avec l’art ou l’évolution des techniques, mais bien avec le commerce des images.

        1. Avatar de Hervey

          @arkao

          Oui, c’est bien de le préciser. Les images provenant du domaine des arts est un sous ensemble de l’univers des images, les images qui inondent les écrans se mélangent.

          Noter aussi que les français sont très présent sur le marché de l’art avec Christie’s (Patrick Drahi)ou Sotheby’s (François Pinault), ces lieux déterminant valeurs et cotations.

          1. Avatar de Ruiz

            @Hervey Dans cette ruée vers l’or aussi, il vaut mieux vendre des pelles ou tenir le saloon (lieu d’exposition, fondation, Pinault, Arnault ..)

            1. Avatar de Chabian
              Chabian

              Je soumets aussi à votre réflexion « l’expérience immersive » qui pourrit notre relation à une œuvre :
              https://vangoghexpo.com/bruxelles/
              J’avais déjà ressenti cela avec une expo Dali à la gare de Liège : l’œuvre comme « prouesse » technologique moderne efface le travail de l’artiste en prétendant mieux nous y introduire. Et j’ai visité le Centre historique de la Ville de Dijon (dans sa Cité de la Gastronomie) : charmant pour les enfants avec une vue aérienne en vidéo sur trois murs, qu’on peut piloter d’une main, en écoutant un commentaire réducteur…, mais une pauvreté lamentable pour tout passionné d’urbanisme…

          2. Avatar de Jean-Yves
            Jean-Yves

            Je crois que c’est l’inverse pour les deux maisons de vente…Christie’s (François Pinault) et Sotheby’s (Patrick Drahi), mais on a bien compris l’idée.
            Cela fait longtemps que le mélange des genres est en marche. Graphisme, design, peinture et sculpture sur le même plan.
            Jan Fabre n’avait-il pas expliqué que le Louvre était une Marque comme une autre…?
            Les sacs à main Vuitton relookés par les artistes du moment.
            C’est une drôle de tambouille qui sent plus l’argent qu’autre chose que l’on nous sert aujourd’hui.

  3. Avatar de Khanard
    Khanard

    je voulais tout de même ajouter qu’en fait c’est un faux problème . Je vais m’attirer toutes les foudres (ou pas ) mais nous abordons là un problème qui touche au consumérisme des classes bourgeoises. au joujou préféré des Lvmh et autres Lagardère .

    Edmond Goblot dans son ouvrage « La barrière et le niveau » et ensuite P. Bourdieu dans « La distinction » ont analysé ce phénomène.
    On va me rétorquer que dans un cas (faire vivre des artistes graphistes) comme dans l’autre ( faire vivre des artistes indépendants) se cache en réalité une exploitation en vue d’une activité lucrative pour une bourgeoisie
    en mal d’existence .
    N’oublions pas non plus que ces artistes graphistes sont souvent des personnes freelance qui sont payées des cacahuètes .
    Mes propos vont vous paraître à côté de la plaque , peut-être, mais je suis intimement convaincu que toute forme d’art est en fait le reflet d’une lutte des classes mais pour une fois ce ne sera pas celle de Marx.

    1. Avatar de Chabian
      Chabian

      Dans un musée provincial de Barcelone, il y a une très belle organisation des salles qui montre que les peintres s’adaptent aux attentes de la Bourgeoisie qui évoluent en périodes rapides. C’est très évocateur et pertinent ! Et par comparaison, j’ai pu voir une expo sur le « réalisme socialiste » d’URSS en Catalogne, avec les thèmes des réunions scientifiques, le sport, et le travail ouvrier (mais pas que) ; des réponses à des attentes collectives, en principe, mais plutôt aux attentes de l’Etat, de ses institutions et de ses dirigeants — comme le faisaient « l’Académie » par ses salons et ses achats, chez nous.

      1. Avatar de Khanard
        Khanard

        Je connais très très très bien Barcelone et sa région . Ainsi que son histoire . De quel musée parlez vous ?

        La Catalogne et en particulier Barcelone que beaucoup de touristes croient connaître (merci les JO de 1992) ont une culture populaire qui ne cesse de m’émerveiller au fur et à mesure que je pénètre dans ses coursives . Ce serait beaucoup trop long d’en parler ici mais il y a dans cette ville beaucoup plus de culture que la parc Guëll, la Sagrada Familia ou les Ramblas ou le Camp Nou.

        1. Avatar de Chabian
          Chabian

          Celui qui est en haut des fontaines, au nord de Montjuich (Museu Nationald’Art de Cataluna). Vous aurai-je appris quelque chose ?
          « Partie 1 — (Au milieu du XIXe siècle, avec la formation de la bourgeoisie) Face à la réalité de la conversion de l’art en marchandise, l’artiste invente une nouvelle religion, l’art pour l’art, dont il est le prêtre. Dans cette société convulsive, gouvernée par le décorum bourgeois et secouée par la lutte des classes, l’artiste se présente lui-même comme le spécialiste de la liberté, et il adopte la forme du dandy, du bohème, du révolutionnaire ou de l’avant-gardiste. (…) Aporie car son ennemi bourgeois est aussi son client et l’art, pour aussi révolutionnaire qu’il puisse être, une des crètes du marché du luxe » (extrait d’un carton en français dans le musée — leur traduction). Quatre cartons pour une expo en quatre parties, et des cartons intermédiaires que j’ai tous photographiés en 2015). Jouissif n’est-il pas ?

          1. Avatar de Khanard
            Khanard

            ah d’accord vous parlez de la MNAC ! Et vous appelez ce musée un « musée provincial » ?

            je l’ai visité une bonne dizaine de fois ! je le connais par coeur !

            vous dites avoir pris des photos des petits cartons , avez vous payé des droits d’auteur ? parce que le fond du problème commence déjà là et même avant !
            L’art pour l’art le surréalisme, le dadaïsme je sens qu’on va basculer sur cette question lancinante : qu’est ce que l’art ?
            Et en toute logique nous allons tomber dans la question de la phénoménologie de la perception.

            Baumgarten (1714-1762) a donné une bonne définition:

            « la connaissance logique a pour objet la vérité, et la connaissance esthétique (c’est-à-dire sensible) a pour objet la beauté. La beauté est le parfait, ou l’absolu, reconnu par les sens ; la vérité est le parfait perçu par la raison. Et la bonté, d’autre part, est le parfait atteint par la volonté morale »

            idée dans laquelle on voit apparaitre logique, vérité….. on n’est plus très loin des systèmes intelligents !

            1. Avatar de timiota
              timiota

              La beauté n’a pas pas d’absolu « axiomatique » analogue à celui de la vérité.
              La beauté est une expérience « processuelle » : comment la vision (contemplation/façon de passer devant, audition au lieu de vision, etc.) fournit une sensation qui « résonne le plus » avec le cerveau existant du spectateur.
              La beauté reste, fort heureusement, relative et entièrement tributaire du passé des individus.
              L’art est « simplement » une façon de distiller ce qui peut faire résonance, et qui nécessite plus ou moins de « processing » du côté du récepteur aussi.

              Les gens de Lascaux n’étaient probablement pas étonnés de se retrouver à sentir les mêmes sensations autour de représentations faites par l’un de leurs.
              La synchronisation de la « beauté » (que le processus que j’ai évoqué soit sensiblement le même chez plusieurs individus, dans des masses même bien sûr) sur les très grands ensemble n’était pas si évidente, et l’avènement d’évènements manifestant une « beauté de masse » ne pouvait pas laisser le pouvoir indifférent (les classes de Khanard). Une morale donnant une certaine unité voire unicité factice à la beauté (image de la perfection, idéal atteignable à la limite seulement, etc.) , ce fut la bonne façon de conforter l’adhésion demandée au peuple en une religion unique ou au moins dominante. Je pense bien sûr aux Eglises chrétiennes, et je suis un peu démuni pour le cas des romains, un peu foutraque et délicat à faire rentrer dans le raisonnement générique ci-dessus.

  4. Avatar de Agaillonie
    Agaillonie

    Ce que je comprends c’est que la machine travaille et qu’on lui donne juste de l’électricité, et les humains se disputent pour savoir comment partager l’argent gagné.

  5. Avatar de Sacha
    Sacha

    Trop facile Khanard: tout ça ne nous regarde pas, c’est de l’art bourgeois, etc…
    Ce qui se joue actuellement avec l’IA est une dévaluation pure et simple de l’acte créatif. Et sans ça, je ne sais pas si la vie en société vaudra encore d’être vécue.
    Soyons sérieux, il s’agit d’un pillage éhonté d’œuvres pre-existantes dont les auteurs sont bien humains. Mon avis: il faut une réponse morale et juridique extrêmement ferme et à l’échelle internationale pour interdire les IA génératives, il faut que l’humanité se détourne de ce miroir aux alouettes qui ne peut apporté qu’un désenchantement du monde supplémentaire.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Je perçois un peu le risque, en effet.
      Dans une analogie biologique, c’est le détournement par les virus de la machinerie protéinique (les ribosomes) pour faire faire aux cellules n’importe nawak y compris reproduire les protéines qui se reconstituent ensuite… en virus.

      En somme, il ne fallait pas craindre le « métavers », et pendant que cette idée de métavers (pour le coup très liée à une lutte des classes et à un opium du peuple) fleurissait, nous n’avons pas vu venir un « métavirus », une machine qui détourne ce que nous créons d’habitude pour créer « quelque chose » de la même façon, avec un code minimal (le langage naturel le plus souvent réduit à quelques mots).

      La réponse d’un être vivant doté d’un gros néocortex comme le nôtre, c’est de développer un système immunitaire de plus (ça s’empile un peu ces choses là): de quoi filtrer tout ce qui sens un peu trop le « même », le « déjà vu » , qui sera en gros une signature de ces générateurs.

      1. Avatar de Henri
        Henri

        M.Timiota,

        Ou alors…………..nous assistons bel et bien aux prophéties positivistes de M.Jorion telles qui les a déjà décrite dans son Plan C…. étant donné que tout est foutu, qu’on va tous crever et qu’Elon Musk ira plus certainement au cimetière texan que sur Mars.

        Comme si coincée entre les applications numériques de text-to image et ChatGPT, toute une humanité se vidait de sa substance propre.

        Comme si à mesure que tout un imaginaire s’étiolait dans la guerre militaro-économique impitoyable et la montée aux extrêmes exacerbée par le réchauffement climatique, il y avait déjà comme le prélude à une disparition parfaitement programmée.

        Pas sûr que demain, il suffise de traverser le trottoir pour trouver un nouveau bull-shit job.

        J’ai même plutôt l’impression qu’un sniper nous a déjà calculé et qu’ils se prépare déjà à officier. Il attend que l’on vienne à sa rencontre.

        L’ Adieu aux artistes ?

        L’Adieu au monde et à tout le monde ?

        L’I.A du futur écoutera t-elle encore Michel Sardou ?

      2. Avatar de PHILGILL
        PHILGILL

        @timiota

        Dorénavant, quel chemin va prendre l’imagination, et par voie de conséquence, l’image ?
        Aussi, je viens de relire « Ceci tuera cela », livre coécrit par Annie Le Brun et Juri Armanda, dans lequel j’ai surligné, entre autres, le passage suivant :
        « Il en est une — d’analogie — malheureusement qui paraît plus significative que les autres. C’est celle entre l’atome et le pixel, la plus petite partie possible de l’image numérique. Car, de même que le potentiel destructeur de l’atome a été utilisé pour désintégrer la matière et anéantir tout paysage, il a été recouru au pixel pour désintégrer l’image et anéantir le monde de l’imagination, à sa source. »
        Ainsi, en observant simplement d’un peu plus près les œuvres générées par le text-to-image telles que celles proposées dans l’entête du billet par Olivier Coulon, je remarque tout de suite qu’une chose leur manque… Un « je ne sais quoi » qui pourrait même constituer, plus tard, une sorte d’assurance vie à « l’imagination d’avant », du fait même d’être si profondément enfouie dans le vivant, et loin encore de pouvoir être possédée par l’IA, tant ces images générées artificiellement provoquent une sensation d’étouffement.
        « De l’argile, nous faisons un pot, mais c’est LE VIDE à l’intérieur qui retient ce que nous voulons. »
        — Lao-Tseu.
        Car ce vide…, d’où nous vient-il ?
        Picasso a écrit : « Toute ma vie, j’ai cherché à dessiner comme un enfant ».
        https://image.jimcdn.com/app/cms/image/transf/none/path/s33f4b296991f4cd1/image/ife28f1073a8fca55/version/1555236157/pablo-picasso-autoportrait-face-à-la-mort-1972.jpg
        En somme, pour reprendre votre analogie biologique, pour créer « quelque chose » de la même façon que l’homme, que manque-t-il à l’IA, au minimum ?

        1. Avatar de olivier coulon
          olivier coulon

          PHILGILL
          Ce que vous écrivez au sujet de l’IA « je remarque tout de suite qu’une chose leur manque… » est totalement subjectif, pardonnez-moi. Si vous n’aviez pas su que ces images étaient issues de l’IA vous les auriez vu comme des images classiques sans vous poser de questions. Dans les années 90, lorsque les images numériques sont apparues, les peintres classiques (utilisant tube de peinture et toile) disaient la même chose de ces images sorties d’un ordinateur. Pourtant aujourd’hui ces images sont partout et personne ne fait plus la différence. Toutefois, ce qu’on peut observer sur les images sortie du « text-to-image » ce sont des artefacts typiques tels que les mains à 6,7,8 doigts. Mais cela sera bientot corrigé.
          Ce qu’on peut observer également c’est une masse de détails totalement epoustouflante qu’il serait difficile de réaliser manuellement avec les techniques traditionnelles. Mais les images mises en lien dans mon post sont « les plus belles » « les plus riches » en détails. Elle sont hors du commun, c’est peut-être pour cela que vous pensez qu’il leur manque quelque-chose. 🙂

          1. Avatar de Pierre-Yves DAMBRINE
            Pierre-Yves DAMBRINE

            Entre la Joconde authentique et la joconde pixellisée, laquelle des 2 oeuvres a le plus de détails ? Ou plutôt a-t-on les mêmes détails dans l’une et l’autre ?
            Qu’est-ce qu’un détail ? Est seulement ce qui ce limite à une surface pixelisée ? Admettons même qu’un procédé de reproduction permette de reproduire toutes les aspérités de matière du tableau, est-ce vraiment le même tableau, sont-ce les mêmes détails ?
            Il me semble impossible de reproduire à l’identique la texture d’un tel tableau, pour cela il faudrait une machine à remonter le temps et connaître tous les gestes, les coups de pinceau dans l’ordre chronologique qui ont permet à Léonard de Vinci de produire le tableau authentique que nous voyons aujourd’hui au Louvre, avec notamment ses différents glacis et leurs transparences qui donnent le fameux sfumato.
            Il faudrait retrouver tous les matériaux qui furent utilisés par Léonard, les pigments etc. Les procédés, etc .

            Les archéologues vous diront qu’il n’est pas possible de reproduire à l’identique une oeuvre ancienne parce que les procédés de fabrication sont inhérents à une époque dont justement les conditions matérielles et informelles (tour de main ..) sont aujourd’hui révolues. Beaucoup d’aspects sont restituables, mais pas tout.

            D’autre part pour l’heure les oeuvres réalisées avec l’IA n’inventent rien. Ou plutôt elles n’inventent pas plus que les milliers de graphistes qui la plupart du temps ne créent rien d’original. L’invention d’un style propre cela ne coure pas les rues.

            1. Avatar de olivier coulon
              olivier coulon

              Je suis d’accord avec vous sur les 2 sujets que vous abordez.

              – En effet, le pixel est limité. On ne peut pas reproduire une oeuvre en digital avec autant de détails que le réel. Dans l’absolu, on ne pourra jamais reproduire les atomes qui constituent les couches de peinture. Toutefois, la perception des pixels n’est plus possible pour l’oeil humain au-dessus d’une certaine résolution. Je vous confirme que sur les images IA de mon lien, il est humainement impossible de détecter un manque de détails dûs à une résolution trop faible. Quant aux « détails » dont je parle, ce sont les enluminures, sur les costumes, les détails précis d’un décors dont le nombre et la complexité devient impossible à réaliser par un être humain. Par ailleurs avec l’IA on parle de séries de dizaines d’images qui sont produites dans le même esprit. Aucun artiste ne pourrait produire autant d’images avec une qualité aussi poussée. Quelques exemples:
              https://www.artstation.com/artwork/r9oyYe
              https://www.artstation.com/artwork/vJldWA

              – Vous dites que l’IA n’invente rien. C’est une grande question philosophique. Totalement nouvelle, qui a moins d’un an, mais une grande question. L’IA se base sur des images existantes pour « apprendre » à réaliser une nouvelle image en fonction d’une ligne de code appellé « prompt ». Ces images crées par l’IA sont originales, dans le sens Uniques, car il n’existe pas d’image similiare. Si autant de monde est fasciné par les résultats de l’IA, c’est bien parceque les images générées sont totalement neuves.

              – Vous dites enfin que les artistes n’inventent rien d’original. Autre grande question philosophique. On est toujours influencé par nos prédécésseurs dans le monde de l’art. D’ailleurs l’histoire des innovations est l’accumulation des savoirs depuis l’apparition d’homo sapiens. L’art ne sort jamais de nul part. Pourtant de nombreux artiste innovent, ce qui leur apportent la notoriété. Quand aux artistes numériques de ces plateformes qui n’inventent rien et ne sont pas originaux: je partage ce point de vu, mais c’est subjectif. Toujours les mêmes dragons, les mêmes soldats dérivés de star wars ou magiciens inspirés du seigneur des anneaux. Toutefois c’est ce qui est attendu d’eux car ils évoluent dans le monde du divertissement qui leurs demandent d’être cohérents vis à vis de ces univers. Est-ce de l’art ou non? Grande question mais qui n’est pas le sujet posé par l’IA actuellement.

              1. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
                PIerre-Yves Dambrine

                Olivier,
                Bien sûr que les artistes, et a fortiori une IA n’invente pas à partir de rien. Stricto sensu chaque image à moins qu’il s’agisse de plagiat pur en simple est unique, mais cela n’est pas pour autant manifestation d’invention au sens où je l’étends, à savoir la création d’un nouveau style qui sera identifié comme tel. IL y a des millions de peintres du dimanche, et même professionnels, capable de peindre à la manière de, mais combien d’entre-eux créent un style original ?

            2. Avatar de timiota
              timiota

              Euh, mes collègues (à ce lien https://www.inp.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/simuler-les-etonnants-effets-visuels-des-surfaces-nanostructurees) se sont attaqués à la reproduction de textures réalistes (effet de translucidité, etc.).
              C’est « encodable » dans une petite centaine de propriétés physiques par pixel, au lieu des 3 infos basiques R V B. (Le papier de mes collègues indique le lien entre objet physique pas trop compliqué et propriétés optiques non triviales, comme celles des pigments multicouches du père Leonard, même si ce n’est pas dit dans l’article, c’est moi qui fait le lien).
              Donc tout à fait à la portée de nos joujoux en silicium. Notre œil admet un flux d’information fini, on peut lui donner « tout ce qu’il peut voir » (y compris dans la dimension temporelle, qui importe beaucoup : ce qu’on voit en se déplaçant, les reflets qui changent sur les objets etc.).

              L’enjeu me semble plutôt ailleurs. Nous savons distinguer un prospectus commercial qu’on va jeter à la poubelle et une aquarelle d’enfant, tombée de son cartable et qu’on va ramasser. A voir comment on va s’équiper pour trier le flux d’images nouvelles, mais je fais le pari que des sous-ensembles de « sens triviaux » émergeront et qu’on saura à l’oeil ne pas s’attarder sur ces sous-ensembles.
              En revanche, pour un romancier par exemple, produire des nouvelles courtes et leur pendant graphique (avec très peu d’aide) pourra devenir un nouvel art. Mais par effet d’ajout positif sur l’existant; Une adaptation à une utilisation non prévue au départ (les « exaptations » de la théorie de l’évolution version 2.0).

              1. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
                PIerre-Yves Dambrine

                Tu as raison, je m’égare un peu en évoquant les qualités optiques d’une reproduction, le mot clé, c’est il me semble celui que tu utilises, le mot « sens » . En bon scientifique tu abandonnes toute idée que les oeuvres d’art en tant que matière informée, travaillée puissent avoir une aura selon le mot de Walter Benjamin, qui écrivit un livre à ce sujet au 20 ème siècle intitulé : « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. »Avec cette idée d’aura il est vrai on quitte le domaine scientifique et il faut rejoindre Leibnitz et ses deux gouttes d’eau jamais semblables pour penser l’infini de la matière , a fortiori pour une oeuvre d’art géniale où un artiste met tout ce qu’il a et tout ce qu’il est dans son travail singulier des matériaux, les propriétés optiques n’étant alors qu’un aspect isolé d’autres qualités matérielles d’une oeuvre envisagé comme un tout indissociable qui comme tel dégage son aura. Un peu comme si une oeuvre était en soi une signature, la signature d’elle-même. Du point de vue scientifique ce n’est pas recevable, mais sait-on tout de la matière et de ses possibilités ?
                Je ferme la parenthèse.
                Nous regardons une image avec nos sens, mais tout aussi bien en lui trouvant un sens, autre mot pour dire signification, pas tout de suite au sens linguistique, mais au sens où elle produit en nous une certaine résonance. Le jugement esthétique au moyen du langage venant dans un second temps. Pour l’heure dans le flot d’images générées par IA, on ne voit pas grand chose qui fasse sens, et pour tout dire nous transporte, en tous cas en ce qui me concerne. Et on peut en dire autant du flux d’images en général. En définitive ce sont les subjectivités humaines qui feront le tri comme tu le suggères avec ton exemple du prospectus vs le dessin d’enfant.

                1. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
                  Pierre-Yves Dambrine

                  je complète : des subjectivités humaines dans des sociétés données à un moment donné, avec leurs défis et leurs viatiques. Je ne sépare pas la dimension sociale de la dimension esthétique subjective.

                  1. Avatar de Hervey

                    Oui aux propos sur l’art de timiota et Pierre-Yves Dambrine.

                    L’invention de la photo photographie nait à un moment où triomphe l’art officiel académique qui pour le coup est très « photographique », ce qui va changer beaucoup de chose, une majorité de peintres se déclareront photographes et parmi ces photographes nombreux ouvriront des boutiques pour alimenter les cartes d’identité, les souvenirs de mariages, la publicité … mais d’autres se mettront au service de l’art … ce qui n’empêchera pas certains peintres de poursuivre dans la peinture d’autres voies, l’impressinisme, le cubisme, l’abstraction … certains autres même, se feront un plaisir de rivaliser avec la photographie, l’hyperréalisme.
                    On ne tue pas l’art de peindre aussi facilement, ne croyez pas ça.

                    Et puis le dessin est un exercice pour la pensée, regardez dans les carnets de Vinci tous les projets à partir desquels on aurait du verser quelques royalties … l’avion, la bicyclette, le parachute, le char d’assaut.

                    L’année dernière j’ai acheté un vélo électrique parce qu’il ressemblait au vélo dessiné par Vinci. Un caprice assumé.

                    https://nrjsolaire.fr/WebRoot/Store20/Shops/74499fcf-b99a-4c7e-9ee4-ff05b44f379d/564B/0560/3EC6/08BD/267F/0A48/354B/A98A/923_0.jpg

                    https://cdn.shopify.com/s/files/1/0548/8993/9014/products/asd_f97848dc-97c5-46ef-b69b-2e7963de5028_900x.png?v=1668413290

                    1. Avatar de Chabian
                      Chabian

                      A l’arrivée de la photo, la peinture était au réalisme, et au social (Frédéric Bazille, Léon Frédéric en Belgique). Edouard Baldus est un peintre allemand sans succès à Paris : il va saisir la photo comme art ; il obtient une commande de photographies (bien plus fidèle qu’un dessin) de monuments avant leur restauration par Prosper Mérimée, il assemble des morceaux de photos différentes, il escamote des maisons gênantes pour sa volonté de faire art. Il voyage beaucoup et travaille ses photos ensuite (prouesse de transporter ses plaques de verre…) Il ouvre une boutique à Paris et connaît le succès. Gustave Doré a dessiné d’après ses photos, car les magazines d’alors ne reproduisent que des gravures. Mais avec le progrès technique, son art n’est plus déterminant et il meurt pauvre. (Je l’ai étudié pour ses photos locales en Isère…).
                      Les peintres sont souvent en rupture avec les « salons » (Courbet contre le romantisme, les impressionnistes contre le réalisme…).

                    2. Avatar de Jean-Yves
                      Jean-Yves

                      J’aurais plutôt dit que c’est justement à cause de la photographie que la peinture s’est mise à basculer dans l’Art pompier de Gérôme, Cabanel ou encore Bouguereau.
                      Et ce qui est intéressant, c’est que cela a conduit à faire disparaitre la touche du peintre qui faisait œuvre depuis Rubens en France, Vélasquez en Espagne, Michel Ange en Italie et tant d’autres, pour faire aussi bien et même mieux que la machine à faire des photos.
                      La touche du peintre, qui était la trace de l’humain dans la matière et qui jusqu’ici faisait œuvre fut délaissée et l’on comprend mieux pourquoi on retrouve cette touche volontairement très exacerbée par les refusés impressionnistes dans le pays inventeur de la photographie, bien plus que chez les Macchialoli italiens de la même époque.

          2. Avatar de PHILGILL
            PHILGILL

            Bonjour Olivier,

            Patrick, à la toute fin des commentaires de votre précédent billet, au sujet de « l’avancée de l’IA dans le domaine de l’art », du mois de septembre 2022, posa la question suivante : « L’IA aura besoin d’être nourrie pour se renouveler… et qui le fera ? »

            Quand un superordinateur
            Rencontre un autre superordinateur
            Qu’est-ce qu’ils labeurent ?

            Eh bien, on peut imaginer qu’ils s’échangent leurs données jusqu’à fusionner en une seule et unique entité beaucoup plus performante. Dans ce cas, quoi de plus logique pour des machines de converger vers une finalité commune, me direz-vous. Et le ciel, n’est-il pas le même pour tout le monde ? Et les hommes sous ce ciel, ne sont-ils pas aussi très semblables, à travers le monde ?
            Aussi, souvenons-nous du roman « Colossus », adapté au cinéma sous le nom « Le Cerveau d’acier ». Un superordinateur américain dédié à la défense militaire nommé Colossus détecte, une fois activé, son homologue soviétique, un autre superordinateur baptisé Guardian. Cest là que les ennuis commencent…

            Je vous cite : « Une humanité qui ne pourra plus générer d’art car des machines seront plus douées qu’elle ; qu’est-ce que cela donne sociologiquement ou philosophiquement parlant ? »
            En absence de vision et de contenu philosophique, qu’une humanité ne pourrait plus avoir l’envie ni le besoin d’inventer, pensez-vous que cette impuissance de renouvellement de la vision humaine s’arrêtera au monde des images et à La Société du spectacle de Guy Debord ? La contagion ne risque-t-elle pas de s’étendre à tout le reste et, in fine, au renouvellement de l’humanité elle-même ?

            Revenons à votre commentaire dans lequel vous releviez mon approche subjective, et l’impossibilité réelle, ou dans un future proche, de distinguer des images issues du « text-to-image », d’images numériques classiques sorties d’un ordinateur. En effet, je sais très bien pour être moi-même infographiste que ces images sont déjà partout et que personne ne fait plus la différence. Et pourtant…
            C’est que la différence, ici, se fait ailleurs. Elle vient autrement. Du regard.
            C’est pourquoi, en citant dans mon commentaire précédent le livre d’Annie Le Brun et Juri Armanda, « Ceci tuera cela », j’avais volontairement omis d’indiquer le sous-titre : « Image, regard et capital ».

            Tout en reconnaissant la qualité tout à fait indéniable de votre réflexion sur ces nouvelles techniques ou technologies, j’avoue avoir été surpris de trouver dans votre réponse, cette phrase : « Mais les images mises en lien dans mon post sont les plus belles, les plus riches en détails. » Une masse de détails totalement « ÉPOUSTOUFLANTE » !
            Et vous avez raison, c’est peut-être pour cela que je pense qu’il leur manque quelque chose…
            Être époustouflé, c’est précisément être ébahi, surpris au point d’avoir le souffle coupé.
            D’où le fait, disais-je précédemment, que ces images provoquent une sensation d’étouffement.
            Ce qui leur manque donc, pour le dire clairement, c’est l’APPEL D’AIR. Dit autrement, ces images ne contiennent ni le bruit du silence ni le plein du vide. Un monde d’images sans souffle.

            « Avec quel étonnement, quelle surprise, je regarde cette voûte brisée, les masses surimposées à cette voûte ! […] Dans quelle énorme profondeur obscure mon œil va-t-il ségarer ? À quelle prodigieuse distance est renvoyée la portion de ciel que j’aperçois à cette ouverture ! L’étonnante dégradation de lumière ! comme elle s’affaiblit en descendant du haut de cette voûte, sur la longueur de ces colonnes ! comme ces ténèbres sont pressées par le jour de l’entrée et le jour du fond ! On ne se lasse pas de regarder… »
            — Diderot devant les « sublimes ruines » d’Hubert Robert, présentées au salon de 1767.

            « Remarquable est la façon dont Diderot ne s’intéresse plus à la ruine elle-même mais à la béance, à la forme qu’elle donne au vide comme à la profondeur qu’il y découvre. Tout le romantisme est dans cette image, pourrait-on dire. Mais, avant tout, l’infini que notre imagination n’aura cessé de chercher dans l’image, plus exactement dans le cadre d’une image, qui libérée de toute contingence, se fait alors point de vue sur l’infini qui peut changer avec chaque regardeur. C’est malheureusement ce qui nous est désormais impossible d’attendre des images captives qui nous cernent de toutes parts pour nous prendre au piège de leur vertige. »
            — Annie Le Brun & Juri Armanda – Ceci tuera cela – Image, regard et capital.

            Alors, comment sortir du piège de ce nouvel « académisme », « sous réalisme » d’un monde virtuel devenu réel et pas si inoffensif qu’il en a l’air ?
            Comment venir « au secours du regard pour jeter un pont sur l’abîme de ce qui manque, afin de repartir de plus loin et d’ailleurs » ? En explorant ce qu’il y a « derrière le pixel » ? Faire brèche

            https://youtu.be/BitH13ETW1I

            1. Avatar de olivier coulon
              olivier coulon

              Réflexion très dense dont on peut apprécier la précision et la profondeur.

              En effet, une image époustouflante , pleine de détails n’est pas gage de qualité. Pourtant le fast, le barroque d’une image interpelle les masses (d’individus) et peut les toucher. Ce que vous décrivez comme la « beauté du vide », « l’intérêt de l’ombre face à la lumière » ( je résume) que l’on nomme parfois la « pression » dans le langage technique des écoles d’art telles que Emile Colh, est une vision de l’image ou de l’art en général, qui parle à une catégorie de personnes éduquées, à une forme d’élite capable de comprendre les volontés profondes qu’un artiste tente ou réussit à retranscrire à travers son art (Bourdieu a théorisé et dénoncé cet élitisme) Vous citez Diderot qui était évidement « éduqué à l’art » . C’est une sorte de « private joke » entre personnes averties. Mais cette démarche, un peu pompeuse, sous certains aspects, est-elle la marque de l’art? Ou même de l’art de qualité? En tant qu’artiste « averti » je le pense. En temps qu’individu s’émerveillant de la nouveauté, je ne pense pas. Par ailleurs, un artiste utilisant l’IA, peut à travers de formidable images « époustouflantes », généréer un message qui ne s’adressera qu’à des initiés, si il demande à l’IA de traduire ce message d’une manière ou d’une autre. L’IA n’est qu’un outil. On pourrait voir dans les images IA que j’ai partagées dans un précédent post, comme seulement un florilège « d’art néo pompier » vide de sens.
              Toutefois quelques exemples qui, selon moi, dépassent la simple technique:

              https://www.artstation.com/artwork/vJldWA
              La troisième image de cette série me touche par son humanité. Je pourrais l’analyser mais ce n’est pas le sujet. Derrière l’IA, le text-to-image, il y a un « prompteur » une nouvelle forme d’artiste, qui d’un coté a su décrire l’aspect visuel qu’il attendait de l’IA, mais qui a également su sélectionner cette magnifique image et la modifier par de multiples itérations pour obtenir un résultat touchant. Peut être suis-je le seul au monde à trouver cette image belle, mais quand bien-même, cela suffit pour parler d’art? Non?

              Autre registre, autre technique:
              https://www.artstation.com/artwork/eJOn2J
              Très librement inspiré de Maurits Cornelis Escher.
              Personnellement je n’ai jamais été touché par les images de Escher. Mais j’ai toujours été subjugué par son ingéniosité et par les réusltats incroyables qu’il a réussi à obtenir en tordant l’esprit humain à travers le regard. Nous avons dans cet exemple des images qui me parlent autant que le travail d’Escher. Vous allez me rétorquer, – « oui mais c’est une copie du travail d’Escher ». Soit:

              Un artiste IA fortement inspiré de Laliq:
              https://www.artstation.com/artwork/6bW2n0
              Pourtant, ces formes sont neuves. Elle touchent les gens à qui je les ai montrées.

              Faites le test autour de vous. Montrez ces images et voyez les réactions des gens, initiés ou non, devant ces images. Je pense que l’émerveillement d’un public devant une oeuvre IA ou non, dépasse les théories que nous pouvons développer et suffit à la qualifier d’art.

        2. Avatar de Pascal
          Pascal

          « Car ce vide…, d’où nous vient-il ? »
          Le vide est là depuis toujours, comme le silence à la musique.
          Notez comment nos sociétés dites modernes aiment à s’enfouir dans le bruit du son et celui des images. Que cherchons nous à combler ?
          Notre salut n’est il pas dans le retour au silence des sons et des images, de ce bruit humain ?

    2. Avatar de Jean-Baptiste Auxiètre
      Jean-Baptiste Auxiètre

      Les IA actuelles peuvent même créer des images de qualité avec seulement les données historiques libres de droit, la bataille des droits d’auteurs, des brevets, royalties etc… reste d’arrière garde sachant que déjà la plupart des auteurs réels, inventeurs etc.. sont des employés et leurs droits appartiennent non plus à eux mais à leur employeur et les graphistes Free-Lance restent une minorité parmi les gens qui créent d’autres choses et dont les droits ne sont déjà plus à eux depuis longtemps.

    3. Avatar de Khanard
      Khanard

      @Jean-Baptiste Auxiètre
      merci c’est ce que je voulais dire dans mon message de 23h01. Vous le dites simplement avec un langage plus orthodoxe.

    4. Avatar de Khanard
      Khanard

      @Sacha
      je n’ai pas dit que cela ne nous regardais pas .
      «un pillage éhonté» ? fichtre comme vous y allez ! Je persiste à dire que le « pillage » est organisé par la bourgeoisie à l’encontre d’une production d’art exécutée par des « petites mains  »
      Alors puisque vous parlez de « pillage » que dites vous des DRM qui ont été mis en place pour protéger les écrivains et qui ne sont en fait qu’un processus qui permet aux géants tels que Kindle , KOBO et autres plateformes d’interdire toute possession inaliénable de l’ouvrage ? Un livre acheté sur Amazon ne peut être lu que sur Kindle et vous ne le possédez pas . C’est pas du pillage ?

      1. Avatar de Khanard
        Khanard

        @Khanard
        je me réponds que Picasso a dit une chose à laquelle j’adhère totalement :«L’art est un mensonge qui nous fait entrevoir la vérité».
        J’ajouterai que puisqu’il y a mensonge il n’y a pas lieu à le défendre .

      2. Avatar de Sacha
        Sacha

        J’emploie le terme de «pillage » (n’ayons pas peur des mots) plus dans une acception philosophique que comme un manque à gagner pecuniaire. Je veux dire que cela nous dépossède (en tant qu’etres humains) de la capacité de création artistique, et croyez moi, ce n’est pas rien.
        Quand au DRM, il me semble qu’il existe outre le droit d’un consommateur à jouir de ses achats, un droit de propriété intellectuel incessible de l’auteur d’une œuvre, même si les droits commerciaux de celle-ci ne lui appartiennent plus pour des raisons diverses (cf: droits des Beatles acquis au prix de millions de dollars par Michael Jackson a l’époque). En tout état de cause ce droit devrait (et est de fait) toujours supérieur à celui qui en acquière reproduction.

  6. Avatar de timiota
    timiota

    « … ne risque-t-elle pas d’être fortement ralentie » ; oui , … de 2 ou 3 ans, « fortement » à l’échelle de Dall-e, peanuts (allons jusqu’à la noix de cajou) à l’échelle de l’informatique.

    Pourquoi ? parce que les IA auront toujours le droit de « lire les journaux », et donc d’y voir les reportages sur la dernière exposition du musée Truc. Ils n’auront pas accès à toute l’expo par ce truchement, mais seulement à 5% du contenu le plus « visuel », la dose typique d’un teaser d’expo, pour situer.

    Donc l’apprentissage sera moins rapide. Mais enlever un facteur 20 à quelque chose qui a un moteur exponentiel, ça ne le plombe pas bien longtemps.

  7. Avatar de Jean-Baptiste Auxiètre
    Jean-Baptiste Auxiètre

    Google a « lu », images et textes et même maintenant vidéos, tous les sites internet pour les référencer sans payer aucun droit d’auteur alors qu’il y en avait, pourquoi voulez vous qu’il en soit d’une autre manière cette fois ci ? C’est à ce moment là qu’il aurait fallu se réveiller…

    1. Avatar de olivier coulon
      olivier coulon

      Jean-Baptiste Auxiètre
      – « Google a « lu », images et textes et même maintenant vidéos, tous les sites internet pour les référencer sans payer aucun droit d’auteur alors qu’il y en avait, pourquoi voulez vous qu’il en soit d’une autre manière cette fois ci ? C’est à ce moment là qu’il aurait fallu se réveiller… »

      C’est vraiment ma grande question. Pourquoi, faudrait-il condamner l’IA plus que Google? Comme je l’ai ecrit dans l’article, les oeuvres des artistes numériques sont déjà dupliquées de nombreuses fois sur le net, par des concurents qui s’appropirent les images sans les revendre, des marques (comme Leroy merlin) qui utilisent ces images sur leurs produit sans payer de droits, ou même par les artistes eux-même qui postent leurs images gracieusement sur de nombreux reseaux sociaux afin d’augmenter leur visibilité…

      1. Avatar de Jean-Baptiste Auxiètre
        Jean-Baptiste Auxiètre

        Je pense tristement que beaucoup d’autoproclamés artistes se rendent compte de la piètre qualité de leur œuvres et s’en trouvent vexés. Car même s’ils sont encore parfois la source d’inspiration, comme peuvent l’être toutes les œuvres de musée et même tout ce que l’on peut voir en dehors, l’œuvre retenue est non la leur, mais maintenant celle de l’IA plus aboutie et mieux maitrisée techniquement ! Beaucoup ont confondu artisanat certes payé avec le fait d’être réellement un artiste. Une pensée d’ailleurs pour tant d’artistes d’avant et probablement d’aujourd’hui qui ont créé en dehors du fait de vendre et de la valeur marchande de l’œuvre mais bien de l’apport d’une idée ou d’un point de vue pour l’humanité et non son porte-monnaie !

        1. Avatar de olivier coulon
          olivier coulon

          Pardonnez-moi, mais une oeuvre quelle qu’elle soit n’est pas définie comme art en fonction de ce qu’elle innove, est belle ou utile. L’art est très difficile à définir. Un artiste même sans technique, sans un idée n’en reste pas moins un artiste s’il décide de faire de l’art selon son approche personnelle. Que certaines oeuvres d’art modernes ou plus anciennes ne nous plaisent pas, ne signifie aucunement que ce n’est pas de l’art. Il y a quelques annnée, des archéologues ont mis à jour ce qu’ils pensent être la première oeuvre d’art de l’humanité. En quoi consistait cette oeuvre primitive? Une dizaine de traits parrallèles gravés sur une pierre.

      2. Avatar de Garorock
        Garorock

         » Prouves le moi que c’est bien toi qui l’a écrit cette chanson et pas le chatonGPT! » dira le D.A de la maison de disques au nouveau Mick Jagger…

  8. Avatar de Renaud C.
    Renaud C.

    Je ne connais pas le domaine des applications text-to-image, je m’interroge de savoir si un même texte présenté deux fois au même logiciel donne exactement le même résultat, Olivier Coulon peut peut-être nous éclairer ?

    Si un même texte présenté plusieurs fois à un logiciel de text-to-image donne toujours le même résultat, est-ce que ce texte n’est alors pas soumis au droit d’auteur ? Un peu comme du code informatique finalement.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Oui, je taquine une idée proche, mais avec un outil un petit peu plus générique, une « métrique » qui donne la proximité entre deux images (du fait qu’il existe un algo sous-jacent qui a certaines propriétés « topologiques », il y a de bonnes chances qu’une telle métrique existe, en clair qu’elle soit exploitable et qu’un humain et une machine puissent dire d’u commun accord « les images A et B sont passées par les mêmes endroits des tripes de l’IA » « les images A et C ne sont pas passées par les mêmes endroits, loin s’en faut », et que transitivement, il soit aussi vrai que B et C « ne sont pas » etc.

      Avec un tel outil, il suffirait de se mettre d’accord pour ajuster le « niveau de similarité » à un seuil assez bas pour qu’un système juridique puisse encore avoir le temps et l’énergie de statuer sans se noyer dans un flot d’informations non pertinentes. Cela si on tient à garder un droit de propriété « intellectuelle ».

      Par ailleurs, toutes les combinaisons un peu trop triviales (à partir du texte « cadavres exquis » par exemple) serait à exclure par principe. A réserver au secteur « marques et modèles déposés » mais pas à la ppté intellectuelle.

      Pour moi, l’intérêt de la propriété intellectuelle est de garder une forme d’historicité et d’architecture de la création humaine. Les brevets, sur certains sujets, permettent aujourd’hui une exploration plus fiable de la genèse de certains concepts que les articles scientifiques, qui ont été moins à cheval sur le fait de « bien nommer », donc ont ratés des marches dans l’indexation généralisée (quoique les IA puissent reprendre tout à 0 , c’est imaginable, encore faut-il l’acceptation sociale en face). Je suis bien sûr clair sur le fait que la protection d’un brevet ne vaut pas sur un concept ou une idée, mais seulement sur une incarnation (« embodiment »), de façon à ce qu’on puisse prouver la contrefaçon dans son volet matériel. Ca n’empêche pas de décoller de ce niveau auquel la légalité s’attache.

      1. Avatar de Khanard
        Khanard

        @timiota
        intéressante votre approche, mais me vient cette question: où situez vous le moteur de recherche Google Patent ?

        1. Avatar de timiota
          timiota

          Il fait une approche textuelle, pas « généalogique » au sens des brevets.
          Après, dans les brevets qu’il trouve, c’est à chacun de suivre les citations amont (ou aval), les quelques dizaines de « patent citations » typique d’un brevet lambda.
          Cette base a du sûrement servir à faire des études de bibliométrie « systémique » : connectivité des graphes, effets de « cliques » (un autre concept de théorie des graphes) de « small-world » (des liens forts dans un ensemble restreint, des liens lâches entre ces ensembles).
          En 3 clicks, ce genre de chose : https://ieeexplore.ieee.org/stamp/stamp.jsp?arnumber=7553555

    2. Avatar de olivier coulon
      olivier coulon

      Le résultat ne sera jamais le même avec le même prompt (prompt: invite de commande contenant une description composées de mots ainsi que des information d’éclairage, de taille de l’image, de focal ou d’ouverture d’un objectif, du nombre d’itérations…. qui permet de générer une image dnas une application text-to-image).
      Un logiciel comme Midjourney, propose 4 itérations pour un prompt ( et on peut lui en demander autant qu’on le souhaite). Ce qui est très interessant avec ce text-to-image en particulier, c’est qu’on peut choisir une image-itération et lui demander de relancer le prompt à partir de cette image et de proposer d’autres itérations. Cela permet au prompteur de « surfer » sur une suite de propositions graphiques qui permet de pousser l’imagination dans des direction auquelles l’artiste n’aurait jamais pensé nitialement .
      C’est un exercice assez particulier qu’il faut tester pour en saisir l’intérêt.

  9. Avatar de octobre
    octobre

    Chez les peintres il n’y a aucune perte de sens, au contraire, chez ceux considérant sérieusement que monter soi-même une toile sur un châssis, puis la préparer, utiliser des tubes de peinture (surtout la peinture à l’huile), aller jusqu’à broyer ses propres couleurs pour certains, utiliser des pinceaux ou des couteaux, ne pas hésiter à mettre ses doigts s’il le faut… tout ça pour dire qu’il y a une joie essentielle avec la matière, la touche plus ou moins appuyée, la sensibilité, la beauté des pigments (je songe notamment au rayonnement d’un bleu de cobalt : PB28), la lumière, la créativité, l’imagination qu’on y met – et disons pour les plus courageux – ses tripes, son cœur, sa cervelle, Eros et Thanatos : le fait de peindre nous pose comme acte de vie, participant pleinement au vivant : mais aussi les rêves, ou j’ai fait un rêve éveillé.
    A la Terre et au Ciel
    j’ai arraché quelques secrets
    et j’en ai fait mon miel
    J’ai persisté de tout mon être
    plus déterminé que jamais.

    1. Avatar de Hervey

      Bien vu, octobre.
      C’est vrai ! On sent une réelle joie à peindre chez de nombreux peintres et ce n’est pas cantonné à une période particulière, c’est une généralité.
      Vous avez bougrement raison de le souligner !

    2. Avatar de olivier coulon
      olivier coulon

      En effet, chez les peintres, il n’y a aucune perte de sens.
      Mais quel est le pourcentage des artistes peintres traditionels qui vivent de leur passion?

      1. Avatar de Hervey

        @olivier coupon

        Environ 25000 déclarés à la Maison des Artistes mais peu importe le nombre, compte plus le plaisir que les gens en retirent.

        Il y a plusieurs années une association de peintres amateurs me demandait de venir faire quelques causeries sur la peinture. Ce que je faisais très volontiers et je fus fort surpris et bien récompensé de voir une quarantaine de peintres du dimanche écouter religieusement ce que je leur disais. Un ensemble de personnes de sexe masculin pour la plupart qui avaient la cinquantaine et d’horizons différents. J’avais 15 ans ou 20 ans de moins qu’eux.
        J’ai pu par la suite les interroger individuellement, savoir ce qu’ils faisaient, ce qui les motivait, ce qu’ils recherchaient … et leur réponse était toujours … un bien-être, un plaisir, le bonheur qu’ils tiraient de cette activité.

        Alors un jour viendra peut-être où une IA me confiera tout sourire son bonheur de faire ce qu’elle fait … je ne désespère pas.

        1. Avatar de olivier coulon
          olivier coulon

          @ Hervey

          Je suis inscrit à la maison des artistes pour mon métier, et pourtant je ne suis pas peintre.

          1. Avatar de Hervey

            Oui, Olivier Coulon, mais si vous êtes artiste auteur d’oeuvres graphiques, vous pouvez postuler.
            Pareil pour les sculpteurs.
            Quelques conditions toutefois, il faut justifier d’un certain niveau de revenu tiré de cette activité « artistique ».

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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