Nouvel incendie dans la Métropole de Rouen (Bolloré Logistics), par Benjamin

Après l’incident de Lubrizol (septembre 2019) et un certain nombre d’autres incendies plus modérés de sites SEVESO dans l’agglomération rouennaises (Boréalis, le sites de traitements des déchets ménagers, …), mes proches m’ont signalé un nouvel incendie majeur en cette fin de lundi 16 janvier : des batteries au Lithium et des pneus brûlent dans un bâtiment de 22 000 m² de Bolloré Logistics sur la commune de Grand-Couronne (au sud-ouest de Rouen).

https://www.bfmtv.com/normandie/seine-maritime-un-incendie-en-cours-dans-un-batiment-de-l-entreprise-bollore-a-grand-couronne_AN-202301160577.html

https://www.paris-normandie.fr/id379295/article/2023-01-16/pres-de-rouen-un-important-feu-de-batteries-au-lithium-dans-lentreprise-bollore

https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/seine-maritime/incendie-en-cours-chez-bollore-logistics-a-grand-couronne-2695030.html

Certes, ce site n’est pas classé SEVESO. Mais – et bien qu’il y ait eu le précédent « Lubrizol », la Préfecture de Seine-Maritime a encore tardé à prendre les mesures nécessaires face à ce type d’événement (cellule de crise, mobilisation massive des pompiers, alerte des populations habitant à proximité ou sous le panache de fumée, …).

Et dire que la Métropole de Rouen est une zone à faible émission (ZFE-m) qui de surcroit applique la zone à circulation différenciée (ZCD) en cas de pic de pollution !

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71 réponses à “Nouvel incendie dans la Métropole de Rouen (Bolloré Logistics), par Benjamin”

  1. Avatar de Thomas Jeanson
    Thomas Jeanson

    Aaaah la voilà donc, l’énergie propre de demain !

    Ça ressemble quand même fichtrement aux dégâts collatéraux du pétrole….

    L’omerta doit déjà se bâtir à la hate autour de la toxicité des fumées de combustion d’une batterie lithium.

    Cette  » révolution » a décidément un air de déjà vu.

    1. Avatar de Benjamin
      Benjamin

      Bonjour Thomas Jeanson,

      « S’agissant des fumées, les mesures ne font apparaître aucun élément particulier préoccupant », selon le Préfet de Seine-Maritime (Pierre-André Durand).

      A noter toutefois que les services de la Préfecture de Seine-Maritime ont précisé à l’AFP que « la combustion du lithium entraîne un dégagement gazeux d’acide fluorhydrique dangereux en proximité du foyer mais qui ne s’est pas dispersé dans l’air à distance du sinistre. Afin de prévenir tout risque, les sapeurs-pompiers ont revêtu les équipements de sécurité nécessaires à leur protection dès le début de leur intervention. »

      Petit précision : Paul Poulain, expert en risques industriels, n’est pas tout a fait d’accord avec la nuance apporté par la Préfecture. Selon lui, l’incendie aurait pu être grave pour la santé des riverains. « Les incendies de batteries lithium sont très polluants, car ils dégagent notamment de l’acide fluorhydrique et des oxydes de carbone. L’acide fluorhydrique est corrosif et surtout un agent décalcifiant, il se fixe dans les dents, les os, le sang. En cas de combustion, il peut créer des oedèmes pulmonaires ou malformations osseuses » explique t’il a l’AFP.

    2. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      Les feux de silicium de panneaux photo-voltaïques sont pas mal non plus, (pas facile à éteindre).

  2. Avatar de timiota
    timiota

    Il est (étymo)logique de traiter le lithium à la légère, non ?

    Ce n’est que le premier d’une batterie d’arguments.

    Sérieusement, alors que c’est big alerte pour les feux de batteries dans les avions, les stockages ne semblent pas plus compartimentés que ça, … pour une poignées de cts par batterie vue le prix des machins. Le prix d’un m² de plus par palette ne me semblerait pas délirant.

    1. Avatar de Thomas Jeanson
      Thomas Jeanson

      Mais de quoi t’inquiètes tu donc : chaque média le répète inlassablement,  » le site n’est pas classé Seveso  » , cool, relax…

      1. Avatar de Benjamin
        Benjamin

        Il ne faut pas voir le mal partout… lol !

      2. Avatar de timiota
        timiota

        Oui, tant que les environs de Seveso ne sont pas classés Rouen-II tout va bien, c’est vrai.

    2. Avatar de Benjamin
      Benjamin

      Bonjour Timiota,

      « Sérieusement, alors que c’est big alerte pour les feux de batteries dans les avions, les stockages ne semblent pas plus compartimentés que ça, …  »

      Et après, nos grands chefs à plumes s’étonnent du résultat de certaines enquêtes publiques (notamment de la défiance qui y transpire) :
      https://www.francebleu.fr/infos/environnement/les-habitants-de-la-metropole-de-rouen-fatalistes-et-en-quete-de-transparence-face-au-risque-industriel-4963989

      1. Avatar de Ruiz
        Ruiz

        @Benjamin Dans un avion un incendie, c’est un très gros risque d’accident mortel, dans un hangar logistique, il n’y a pas de victime et il y a des assurances.

        1. Avatar de Benjamin
          Benjamin

          Bonsoir Ruiz,

          Aller dire ça aux gens qui ont développé des pathologies physiques et/ou psychiques bien invalidantes depuis Lubrizol… 🙁

          La défiance/méfiance vient de là !

          1. Avatar de Ruiz
            Ruiz

            @Benjamin C’est bien pour cela que ces industries sont délocalisées …
            A commencer par les industries pharmaceutiques, bien qu’il existe encore vers Montpellier des installations du type celles de Bhopal nettement plus mortelles.
            Le raisonnement explicatif proposé est celui envisagé attribué décideur, pas forcément une exigence éthique sans contrainte économique.
            Le milieu aéronautique est peut être aussi plus sensible à la sécurité, tout au moins tant qu’elle n’est pas sous-traitée à l’industriel avionneur (cf Boeing).

        2. Avatar de Thomas Jeanson
          Thomas Jeanson

          @ Ruiz

          Une chose est sure, tu n’habites pas Beyrouth…

          1. Avatar de Ruiz
            Ruiz

            @Thomas Jeanson La même chose c’est produite à Toulouse, et contrairement à un port proche de la ville à Beyrouth (comme à Saint-Malo) l’usine chimique à l’écart de la ville a été rattrapé par l’étalement urbain …

  3. Avatar de Tout me hérisse
    Tout me hérisse

    Bolloré semble décidément manquer de savoir-faire dans la maîtrise des technologies liées au lithium :
    https://www.leparisien.fr/video/video-bus-en-feu-a-paris-regardez-les-images-du-debut-de-lincendie-du-vehicule-de-la-ratp-29-04-2022-KJZAIZDLUBCUXPCHKWBSULAUVM.php

  4. Avatar de Ruiz
    Ruiz

    « Le feu s’est propagé à un bâtiment attenant, appartenant à une autre société et qui contenait environ 70.000 pneus » Ces zones logistiques ne sont elles pas un peu trop denses ?
    Rentabilité immobilière, mais ne faudrait-il pas quelques coupe-feu ?

    1. Avatar de Benjamin
      Benjamin

      Bonjour Ruiz,

      Sur l’agglomération de Rouen (et particulièrement la rive sud – ou rive gauche), c’est tout l’urbanisme immobilier (d’habitations, commercial, industriel ou universitaire) qu’il faudrait revoir de toute urgence.

    2. Avatar de Pascal
      Pascal

      Un jour il faudra poser la question de l’hypermassification industrielle :
      – élèvages de dizaine de milliers d’animaux qui favorisent la mutation des virus et nécessitent des tonnes d’antibio
      – stockages par dizaine de milliers de pneus, batteries,…. Qui en cas d’accident provoques des pollutions massives (n’oubliez pas l’eau des pompiers qui a lessivé les sols)
      – la production et distribution de dizaine de milliers de steak hachés qui peuvent balancer de la salmonelle et autres cochonneries à travers toute l’Europe
      Inévitablement, on court vers  » l’accident intégral  » cher à Paul Virilio
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2008/10/18/le-krach-actuel-represente-l-accident-integral-par-excellence_1108473_3232.html

  5. Avatar de François Corre
    François Corre

    Les ravages de la pollution ponctuelle visible, flagrante et télégénique, contrairement à celle qui est quotidienne, chronique, et pas ou peu médiatique…

    1. Avatar de Benjamin
      Benjamin

      Bonjour François Corre,

      Le problème à Rouen, c’est que ce type d’événement devient de moins en moin ponctuel : c’est endémique !

      Pas plus tard que le 11/01, il y avait déjà eu une situation dangereuse (à moins de 3 km à vol d’oiseau du site de Bolloré Logistic) :
      https://www.tendanceouest.com/actualite-405495-metropole-de-rouen-feu-sur-la-zone-industrielle-une-dechetterie-fermee

      Et je vous renvoie vers un reportage de France 3 Normandie sortie le 03/10/20220 sur le sujet de très haut risque industriel qui pèse sur Rouen :
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/seine-maritime/rouen/la-metropole-rouennaise-est-l-une-des-zones-les-plus-dangereuses-de-france-paul-poulain-expert-en-risques-industriels-lance-l-alerte-2626888.html

      Après, là où je vous rejoins, c’est qu’il faut voir au-delà de ce type d’incident. Par exemple, après Lubrizol, des travaux ont montré – en voulant mesurer l’impact de l’événement sur la qualité de l’eau de la Seine – l’existence d’une pollution longue et durable amont de l’incendie :
      https://www.actu-environnement.com/ae/news/PFAS-pollution-incendie-lubrizol-rouen-40866.php4

      1. Avatar de François Corre
        François Corre

        Bonjour Benjamin,
        Oui, malgré la désindustrialisation, il y a encore beaucoup d’industries. 🙂
        Dans le secteur du site de Bolloré à Grand-Couronne, incendies Saipol en février 2013, mars 2020, août 2021 et site de Dieppe février 2018.
        Plus de mille sites Seveso en France, dont la pollution est quotidienne…
        https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/08/03/ou-sont-situes-les-1-300-sites-seveso-en-france-et-quels-sont-les-risques_6137057_4355770.html

  6. Avatar de Maxfriend
    Maxfriend

    @Thomas Jeanson
     » L’omerta doit déjà se bâtir à la hate autour de la toxicité des fumées de combustion d’une batterie lithium. »

    Comprendre avant de commenter :
    https://youtu.be/D8xNjz73p80

    Les fumées de combustion sont TOUTES toxiques, sauf démenti de Timiota 😉

    1. Avatar de timiota
      timiota

      En effet, parmi les aérosols, il n’y a guère que la vapeur d’eau et celles de glycol (le brouillard artificiel des concerts) qui soient raisonnablement inoffensifs.

      Presque tout les aérosols (fumées) issus de combustion d’entreposages de quelque poids (de quelque masse, disons > 1 t) contiennent des hydrocarbures polycycliques, il n’y a que quelques cas de matériaux minéraux combustibles qui n’en contiendraient pas : aluminium en poudre (dans les feux d’immeuble, mais il y a tellement d’autres choses dans les immeubles), engrais (mais ça fait boum : nitrate (oxydant) + réducteur (ammonium). Le Plutonium non plus n’en contiendrait pas beaucoup, mais il est chimiquement très toxique ! Allez, je vois bien encore quelques borates dans le tableau (soudure, je verrai en passant devant le siège de Castolin Eutectics). Et enfin, pour le plomb façon ND, je pense que les proportions de plomb étaient assez unique dans ce cas, mais il y a d’autres cathédrales gothiques en France me dit-on dans mon oreillette. Je propose le montage de sprinlkers au champagne sur celle de Reims, alors.

      1. Avatar de arkao

        @timiota
        La cathédrale de Reims ne craint plus trop l’incendie, sa charpente est en béton armé (merci aux Allemands qui ont réglé le problème en 1914) 😉

        1. Avatar de timiota
          timiota

          Ach so !

          Espérons que Cologne et Ulm n’auront pas à faire de même suite aux délires de Poutine Ier.

      2. Avatar de Maxfriend
        Maxfriend

        Merci Timiota pour l’expertise !
        Et comme je vois le sujet « soudure » évoqué en parlant de fumées de combustion, je vais abuser pour savoir s’il y a quelque chose de particulier à dire au sujet de l’Atal qui sort de mon poste MIG. L’Atal, le gaz hein, pas le bouffon du gouvernement, l’un sert à souder, l’autre, on a plutôt envie de le dessouder !
        Je travaille aussi avec un chalumeau oxygène-kyrène et je ne comprends pas vraiment ce qu’il y a de différent d’un oxy-acétylénique, 3050° environ dans les 2 cas…

        1. Avatar de timiota
          timiota

          Euh, pas trop mon domaine, je flirte avec les chimie des matériaux à cause de casquettes diverses (semiconducteurs, biophotonique, biochimie,…). Bon MIG = « Metal Inert Gas » et le ATAL est un mélange argon-CO2, si j’ai bien lu. Du côté du CO2 avec le métal, il y a un petit risque de dégagement de CO
          (à haute température > 900°C, ça doit faire CO2+Fe CO+oxyde de fer, « équilibres de Chaudron », « équilibre de Boudouard », à vérifier) ; les quantités de CO produites doivent être minimes, proportionnelles aux quantités de « cendres » produites à la surface du métal, je suppose qu’on s’est posé la question et que ce n’est pas le risque le plus fort de la soudure (UV de l’arc = risque oculaire => gros masque).

          oxygène-Kyrène: apparemment un mélange butane-propane-oxygène. Un peu étonné que ça chauffe autant que oxy-acétylénique, mais les gens disent sur les forums que c’est OK pour fondre, trop chaud pour souder !
          En tout cas, ce sont des alcanes courts, ce qui se dégage est plutôt sympa : CO2 (si pas de CO, même remarque que ci-dessus, là je pense qu’on va à la combustion complète dans ces flammes là, donc pas de CO).
          De toute façon, il faut faire la soudure en local bien ventilé, je suppose que c’est dans les règles de base.

          Reste le fondant, les métaux de la brasure (alliages avec qqs traces de métaux plus lourds ? Sb ? ),

          Il y a pas mal d’articles scientifiques sur Scholar (mais en anglaisà sur cette question
          https://scholar.google.fr/scholar?hl=fr&as_sdt=0%2C5&q=welding+safety+chemical&oq=welding+safety+chem
          A première vue très très rapide, il n’y a pas un lièvre caché dans tout ça…

          Après, comme me l’a appris une tentative de regarder l’épidémiologie ophtalmique des marins, la qualité de la recherche épidémiologique dépend énormément du statut des enquêtés (pas de bonne enquête sur des gens dont le bas statut donne N autres pathologies et un mauvais suivi), et pour les soudeurs dans les grands centres sidérurgiques (bateaux, voiture), je dirais que c’est « moyen petit », sauf pour les organes critiques sondés aux ultra-sons etc. (hélices, arbres moteurs, étais critiques du génie civil).

          1. Avatar de Maxfriend
            Maxfriend

            Merci Timiota ! Bien au delà de ce que j’attendais…

            NB : « … pas trop mon domaine… » C’te bonne blague ! 😉

            1. Avatar de timiota
              timiota

              La soudure de circuit imprimé, une chimie « cool » davantage « mon domaine »: (étain + fondant, indium en labo souder à < 140°C ou faire les joints pour le vide, perchlorate pour attaquer le cuivre), le fer à souder n'a qu'une panne, pas de flamme. (Et tant que le cerveau n'a pas de pannes, il chauffe !).

  7. Avatar de gaston
    gaston

    Lithium : pollution, dégradation de l’environnement et danger pour la santé d’un bout à l’autre de la chaîne :

    https://www.geo.fr/environnement/du-fer-aux-terres-rares-kiruna-la-capitale-du-peuple-autochtone-sami-en-suede-au-coeur-des-activites-minieres-213246

    1. Avatar de Benjamin
      Benjamin

      Bonjour Gaston,

      Mais en ZFE-m, le lithium est prévilégié : vive l’électrique, vive l’hybride (encore plus s’il est rechargeable)… et tant pis pour la polution avant/après utilisation.

      Ceux qui vous disent aujourd’hui « roulez en électrique ou hybrique, c’est cool » vous diront demain « mais pourquoi avez-vous achetez des véhicules aussi polluant à construire/détruire ?! »… Car ce sont les mêmes qui vous disiez hier « roulez en diessel, c’est cool » pour vous dire aujourd’hui « mais pourquoi avez-vous achetez des véhicules aussi polluant à l’utilisation ?! »…

      1. Avatar de timiota
        timiota

        Bon, je n’ai pas encore vu d’études, mais c’est pas vraiment plus dur à récupérer que le plomb des batteries, ce lithium. Le recyclage doit aussi passer par des bains acides, analogues à ceux lors de l’extraction du minerai.
        J’ai cru comprendre que le danger venait davantage des boues acides chargées en tout le reste des métaux du minerai que spécifiquement de sa charge en lithium résiduel. Si on utilise des fluorures, alors ça se gâte un peu (comme le savent ceux des vallées de la Maurienne, du temps que Pechiney-Ugine-Kuhlmann ne pouvait empêcher les vapeurs fluorées due au « fondant » de l’électrolyse de l’aluminium, la cryolithe, avec corrosion des vitres à la clé (les verres (silice) ne sont attaqués que par les sels fluorés et un peu par les bases fortes de chez fortes à chaud (soude, potasse…).

  8. Avatar de gaston
    gaston

    Oui, sur le côté soi-disant écolo de la voiture individuelle électrique, Aurore Stéphant nous en a déjà beaucoup dit (sa vidéo a voir et revoir sur toute sa longueur) :

    https://www.les-crises.fr/l-effondrement-le-point-critique-aurore-stephant-thinkerview/

      1. Avatar de arkao

        Aurore Stéphant, intelligence et saine colère.

    1. Avatar de Garorock
      Garorock

      Aurore stéphant.
      Yep!
      Faudrait qu’elle sorte une bd!
      😎

  9. Avatar de ebolavir
    ebolavir

    « (cellule de crise, mobilisation massive des pompiers, alerte des populations habitant à proximité ou sous le panache de fumée, …) »

    J’habite en ce moment à Rouen, mais dans le centre, à 200 mètres de the spot where Joan of Ark was burnd, où les touristes viennent en pèlerinage. Grand-Couronne est loin en aval (50 minutes en autobus) et je n’ai rien vu ni rien senti. J’aurais pu, la Seine à Rouen forme une grande boucle encastrée dans le plateau à 200 m d’altitude, avec la ville ancienne au nord en haut de la boucle, et les usines dans la plaine au milieu, tout ce qu’il faut pour enfermer un nuage toxique ; heureusement, le vent de sud-ouest entre par le bas de la boucle, et on ne subit les mauvais gaz que quand il ne souffle pas.

    J’étais à Rouen le jour de Lubrizol le 26 septembre 2019, avec mon épouse. Ce matin-là, nous avions prévu de faire un tour à pied dans le haut de la ville, pour revoir du dehors des appartements que nous avions visités avec les agents immobiliers. En ouvrant la fenêtre, j’ai vu un formidable nuage noir qui nous survolait, à 200 mètres de haut, mais dans la direction de notre promenade. Le nuage ayant cessé de défiler, nous sommes partis. C’est en redescendant que j’ai eu l’impression qu’il se passait quelque chose. Les magasins étaient fermés (pas tous) et le métro prévu pour rentrer à la maison ne circulait pas. L’après-midi, j’ai eu l’impression que j’avais remonté le temps jusqu’à mon enfance. L’odeur dans les rues était exactement celle qui régnait à Rouen les mauvais jours, au temps (au siècle passé, il y a plus d’un demi-siècle) où il y avait des usines d’engrais azotés et une raffinerie de pétrole, et où certains soirs d’hiver je rentrais de l’école en suivant la bordure du trottoir, tellement le brouillard était dense (et odorant). (Depuis, il n’y a plus de brouillard, ni d’usines ; et non plus de grandes annonces dans Paris Normandie, d’usines qui essayaient d’embaucher des OS). Le patron de la navette fluviale électrique dont l’embarcadère rive gauche est à 500 mètres de Lubrizol m’a dit le lendemain qu’ils avaient arrêté le service l’après-midi parce que l’odeur était vraiment incommodante ; et il n’y avait plus de clients.

    Bref, il ne s’est rien passé de grave en centre ville. J’ai appris d’un membre de la famille qui habite sur le plateau que le nuage noir était passé à côté d’eux, mais au ras du sol. Le parking de Carrefour avait été envahi et ça avait laissé de la suie sur les carrosseries. Plus loin, le badigeon tout neuf de quelques villas avait été noirci, et pas harmonieusement.

    Par contre, j’ai pu voir le lendemain combien le nuage avait fait des dégâts dans les têtes. Mes voisins, un couple instruit (juriste et littéraire) portaient dedans et dehors des masques chirurgicaux (ceux que la ministre Sibeth disait ne pas savoir mettre quelques mois plus tard). Beaucoup de jeunes dans la rue avaient un foulard sur le nez (le geste d’une fille tenant un pan de son voile devant son visage est très gracieux). Une élève d’un cours de yoga m’a raconté que la maître leur avait donné pour consigne de marcher lentement pour moins respirer, de s’abstenir des légumes du marché, et de jeter les fleurs et les plantes de leur balcon. La vieille dame qui habitait un appartement avec vue que nous visitions a assuré que la flèche de la cathédrale avait disparu ce matin-là noyée dans le nuage (impossibilité géographique, à moins qu’elle ait eu un vent différent). Le principe de précaution a fait que les maraîchers du plateau ont dû arracher et jeter toute leurs plantations en cours. En particulier celui dont je connais un client, qui proposait à ses pratiques de déterrer eux-mêmes leurs pommes de terre pour un prix au kilo très doux ; il a été indemnisé. J’ai lu que le phénomène s’est étendu au loin, au delà du département.

    Tout ça pour dire que la peur du nuage a fait plus de ravages que le nuage lui-même. Pour ce que j’en sais, le seul vrai danger pour la santé a été la pluie de menus débris pelucheux des toits en amiante-ciment qui se sont envolés en même temps que la fumée et qui sont retombés un peu partout dans les jardins et la campagne au nord-est de Rouen. Nous avons vu à la télévision régionale la cueillette des débris par des gens en tenue isolante.

    J’ai l’impression que la grande peur est quelque chose de récent, lié à la baisse des risques, on veut descendre à zéro. Souvenir : au lycée, le jour du cours de chimie sur la synthèse catalytique de l’ammoniac (produit en grand pour fabriquer l’ammonitrate, l’engrais azoté et explosif qui a détruit le port de Beyrouth, entre autres), notre professeur nous expliquait que si les réservoirs à très haute pression de l’usine « Grande Paroisse » qui en fabriquait, à moins de trois kilomètres au sud du lycée, explosaient, un nuage invisible de gaz ammoniac se répandrait sur l’agglomération rouennaise. Dans les poumons, il se transforme en ammoniaque (liquide) au contact de l’eau, et on en meurt de façon très désagréable. Personne dans la classe n’en avait été spécialement ému. (Aujourd’hui le procédé est nettement plus sécuritaire, le gaz est stocké sous terre à basse température et le risque d’explosion très faible, au point que personne ou presque n’a relevé que l’usine « Grande Paroisse » est presque voisine de Lubrizol).

    Autre souvenir, plus récent : en 1987 (je venais de m’installer à Nantes), l’incendie d’un parc de stockage d’engrais azotés (ammonitrate et autres) dans la banlieue ouest de Nantes avait produit un nuage toxique (nitré ou ammoniacal). https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/il-y-30-ans-le-nuage-toxique-5305229 . L’alerte et l’évacuation des communes menacées s’était déroulée en bon ordre, selon le plan prévu. Sauf un quartier excentré de la municipalité de Nantes, pas dans le plan qui n’intéressait que la banlieue, et proche du parc. Heureusement il ne s’est rien passé, et le quartier a ensuite été intégré au plan. Le risque administratif est parallèle au risque industriel.

    Mais, comme m’expliquait mon maître à penser au temps où j’en avais un, chaque homme a besoin de sa quantité de malheur ; en cas de pénurie il en fabrique ; c’est pour cette raison que quand la guerre éclate, les cabinets des psys sont désertés. Souhaitons au psys la continuation de leur prospérité actuelle (au moins en Europe de l’ouest).

    1. Avatar de François Corre
      François Corre

      Oui, les villes sont très souvent fondées au bord des fleuves ou en bord de mer. 🙂
      Ne pas oublier quand même que Rouen ne représente environ qu’un cinquième de l’agglomération, où à priori il y a aussi des habitants…

    2. Avatar de timiota
      timiota

      Oui, notre prof de physique nous avait cramé de l’iode (20 ou 30 grammes ?) avec le joli panache violet sur la terrasse-toit d’un lycée parisien d’un arrondissement dense à souhait. Et puis on synthétisait le nitrobenzène à froid, le cousin du nitrotoluène. Odeur d’amande amère.

      Tout ça est interdit.

      D’un autre côté, le pays s’est urbanisé encore plus qu’en 1978 (il y a 45 ans) disons que les aires urbaines sont plus denses x1.4 et sa population a été multipliée par 1.4, ce qui fait que l’un dans l’autre le « couplage » entre ceux qui font le cochonneries et ceux qui les respirent s’est multiplié par 2 (1.4²). Et puis on vit plus longtemps et sans fumer (du C_Hanouna pour les désespérés peut-être, mais plus de C_ohiba), alors on se rend compte que le coeur et les poumons, ça souffre des saletés accumulées une fois ôtées ces causes majeures. Et puis le diesel est passé par là. Le balancier est reparti dans l’autre sens, mais on est de plus en plus convaincu qu’il y a des impacts sérieux (cardio-vasculaire, cérébraux, reproductifs) des pollutions aériennes (MP2,5, COV, …). On passe aussi plus de temps en transport, et sur la route on respire pas top, ni dans le métro (poussières de freinage aussi). Reste l’inconnue des allergies et asthmes, mal quantifiées par le passé, ainsi que de l’exposition due aux feux de cheminée, très variable (type de bois, reflux, hauteur plafond…).

      1. Avatar de Garorock
        Garorock

        Les batteries au lithium pour stocker l’énergie des panneaux solaires ont l’air d’être plus performantes que leurs ancètres.
        D’ailleurs les Tesla en sont équipées.
        En les stockant mieux et si on peut les recycler, il vaudrait mieux les garder pour les panneaux que pour les bagnoles. Non?

        1. Avatar de Ruiz
          Ruiz

          @Garorock C’est ce que propose aussi Elon Musk .. D’ailleurs c’est jamais que des batteries de camescope ou d’ordinateur depuis 25 ans .

        2. Avatar de timiota
          timiota

          https://spectrum.ieee.org/ev-battery-2658649740
          Les dernières batteries Amprius dépasseraient le kWh par litre.
          C’est-à-dire un dixième de l’essence (~ 10 kWh/l) et un peu plus lourd.
          Peut-être qu’avec des stations de distributions environ 5 fois plus nombreuses que les actuelles stations services (un peu comme il y a 40 ans, ça a été divisé par 3 à la louche), on pourrait ne pas choisir : les stockages solaires et les stockages pour recharge immédiate des voitures électriques (substitution de batteries) pourraient être fait au même endroit. On payerait un forfait annuel pour le droit d’usage et ensuite le kWh. Si on subit une panne d’une mauvaise batterie, non prévisible, on est payé en kWh.

          Dans un esprit un peu différent : stockage « STEP » avec l’eau des barrages remplacé par des trains.
          https://www.railway.supply/en/ares-gravity-trains-may-solve-the-energy-storage-problem/

          Je n’ai pas retrouvé le projet des années ? 1880 ? de transporter l’énergie électrique depuis les barrages dans des trains avec des wagons d’accu (avant qu’on se soit converti au AC et aux transfo pour le transport grande distance haute tension). La première voiture à passer 100 km/h vers 1900 fut… électrique, rappelons le, la batterie au plomb stockait déjà pas mal (genre moitié d’aujourd’hui).

          1. Avatar de Ruiz
            Ruiz

            @timiota Le stockage gravitaire ou le mythe de Sisyphe, est sûrement intéressant dans des pays où l’eau manque, mais il faut toujours du relief, sinon il suffirait d’utiliser des ascenseurs dans des tours, mais on doit pouvoir le faire dans des puits de mines. (Musk et un tunnelier à 7% ?).
            Reste à savoir la performance par rapport au stockage cinétique, en particulier sous forme gyroscopique, utilisée dans la régulation des métros.

    3. Avatar de Benjamin
      Benjamin

      Bonsoir Ebolavir,

      Je suis rouennais de naissance, y est grandit, fait mes études et mes premiers pas professionnels.

      J’ai habité à Bihorel, à Saint-Etienne-du-Rouvray, à Rouen (rive droite quartier de la Préfecture), à Grand-Quevilly et à Sotteville-lès-Rouen sur près de 40 ans. Autant dire que je connais assez bien cette agglomération, sa géographie et sa topographie.

      Et j’ai suffisament de proches et d’amis qui habitent aux 4 coins de l’agglomération pour vous dire que si vous n’avez pas eu l’impression dans Rouen centre qu’il se passait quelque chose hier soir, allez vous renseigner auprès des habitants de la Bouille, d’Orival ou d’Elbeuf qui eux étaient sous le vent et donc dans le panache…. 🙁

      Quant à ce qui s’est passé le jour de Lubrizol, votre récit d’une situation « apaisée » me parait « décalé » au regard de ce que la plupart des personnes m’ont raconté de leur vécu de cette journée (et pourtant, dans le lot, j’ai quelque pros du « jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici tout va bien… »). Une de mes connaissances habitant sur Mont-Saint-Aignan m’a transmis des photos du parc à côté de chez lui : à 11h il perlait des gouttes noires visceuses sur les toboggans où jouaient habituellement ses enfants. Ca vous étonne que ça entre dans les têtes ?…

      Et les gens du Petit-Quevilly habitant à 300 mètres à vol d’oiseau de Lubrizol qui eux se sont retrouvés exposés toute la nuit durant, la matinée aussi (en grande partie) et les jours suivant : entre les images, le bruit et l’odeur (pour plagier Jacques Chirac), ça vous étonne que ça entre dans les têtes ?…

      Et pour être venu aider mon père à laver sa descente de sous-sol quelques jours après l’événement, je peux vous dire que c’était noir pétrole ce que nous avons nettoyé : moi même qui ne suit pas enclin à l’alarmisme (voire certaines de mes postures au moment de la crise du covid) je peux vous dire que je n’ai pas cherché à laver mes affaires de travaux une fois l’opération terminée. Tout est parti au feu (sans mauvais jeu de mots).

      J’ai surtout l’impression que vous ne vous êtes pas senti concerné par le sujet car le panache de fumé étant monté haut au-dessus du centre ville (coeur historique) de Rouen, les quartiers du centre ville les plus proches de la Seine n’ont finalement pas (ou peu) étaient impactés (en dehors des nappes d’odeurs). Et comme vous n’avez pas eu à gérer le stress du sketch des établissements scolaire qui ouvrent à 8h pour refermer à 9h, des entreprises qui ouvrent pour fermer en cours de matinée puis réouvrir dans l’après-midi, des ordres et contre ordre idiots entre mairies et préfecture sur la bonne attitude à adopter, effectivement, ça vous a glissé dessus… et vous avez eu l’impression que tout ceci n’était que dans les têtes.

      Enfin, et combien ne serait-ce dans les têtes, comme m’a dit mon père : ce jour là, certains habitants de l’agglomération de Rouen ont pris conscience qu’AZF ce n’était pas qu’à Toulouse. Il y en avait quelques uns nicher dans la métropole rouennaise juste à côté de chez eux.

      1. Avatar de Garorock
        Garorock

        L’accident de Lubrizol et de ses conséquences a été largement documenté par Médiapart.
        Ce n’est ni anodin, ni rassurant.
        Reste à savoir pendant encore combien de temps, ils vont pouvoir installer des bombes à retardement près des écoles et des églises…
        Peut être que leurs futures centrales nucléaires portatives ne vont pas avoir tant de succès que cela…

      2. Avatar de ebolavir
        ebolavir

        Amende honorable :

        J’aurais dû savoir qu’en traitant « à la légère » l’affaire Lubrizol je susciterais de l’indignation. Je suppose que le père de Benjamin habite du côté de Saint-Martin du Vivier, où le nuage de suie est retombé au sol à bout d’énergie, en souillant les façades, les haies et les chemins. Mon détachement du danger a commencé dès que j’ai vu le nuage noir, lourd et opaque : un grand feu d’hydrocarbures (j’en ai vu un ou deux), donc pas de danger (sauf la salissure) si on n’est pas dedans. Le nuage aurait été coloré et translucide (feu chimique; la fumée de Grand-Couronne ressemble à ça sur les images) j’aurais refermé la fenêtre et nous ne serions pas partis en promenade. J’ai beaucoup admiré, les jours suivants, la psychose d’intoxication et les mesures d’exorcisme (un masque en tissu protégerait des mauvais gaz) de gens qui n’avaient couru aucun risque, à part avoir envie de vomir dans la puanteur (puanteur qui est un souvenir d’enfance). Votre destruction des vêtements de travail souillés est une précaution tout à fait raisonnable et j’en aurais fait autant.

        Pour l’incendie de Grand-Couronne, comme je viens de dire, je serais resté à la maison en fermant tout si j’avais été près et sous le vent. Mais là aussi, le flot d’ineptie qui a déferlé m’agace. J’ai lu dans un grand quotidien que la combustion du lithium dégage de l’acide fluorhydrique, le rédacteur croit-il à la transmutation des atomes ? (l’autodestruction d’une batterie au lithium, vu la variété des composants, dégage des produits inattendus pour le profane que je suis, j’espère que les pompiers ont la documentation, j’attends l’auto-inflammation d’une voiture électrique dans le tunnel routier de la Grand-Mare à l’heure de pointe, par exemple).

        Mais bon, il ne faut pas tourner en dérision les gens qui tombent malades dans leur tête. J’ai une amie qui, à force de lire la mauvaise presse, s’est persuadée qu’elle est devenue électro-sensible, et la vue d’un relais de téléphone cellulaire ou d’un modem wifi avec ses petites antennes noires la met réellement dans l’angoisse. Médiapart est dans son rôle en documentant le besoin d’être victime.

        1. Avatar de Garorock
          Garorock

          Une antenne Wifi et AZF, c’est quand même pas tout à fait la même chose!
          Demandez à ceux qui ont entendu le bruit de l’explosion si c’était dans leur tête?
          En quoi serions nous indignes à demander un principe de précaution digne de ce nom? Si le nuage n’est pas toxique tant mieux. Il le sera encore moins si le principe est appliqué…

        2. Avatar de timiota
          timiota

          @Ebolavir, il va falloir aussi faire frangipane honorable pour l’acide fluorhydrique, à mon humble avis :

          (voir ici par exemple : https://www.prevor.com/fr/batteries-lithium-ions-un-danger-chimique-dans-nos-voitures/)
          Les batteries des voitures sont des lithium-ion, il est clair en électrochimie que pour obtenir > 3V aux bornes, il faut un électrolyte non aqueux (le plomb 2V/cellule est juste sous la limite).

          L’électrolyte (solvant polaire) est actuellement du Dimethyl-Carbonate (CH3)-O-[C=O]-O-(CH3), qui se manipule un peu comme l’eau, qui a eu le bon goût en 2009 d’être exempté de la classification « COV » aux USA (Composé Organique Volatil, ce qui fait qu’un livre neuf a une odeur quand on l’ouvre la 1ere fois, dans la vie quotidienne, ou les odeurs des nettoyants de sol … , les parfums en font partie, formellement !).
          Et le sel de Lithium doit utiliser un anion (l’ion chargé – face au Li+) non réactif. Le candidat « perchlorate » ClO4- n’est pas très bon sur ce coup là, et on a recours sans vergogne à … PF6- (hexafluorure de phosphore). Dans mon secteur des semicon, ça rappelle un des gaz fluorés qui sert à graver dans les plasmas, SF6, isoélectronique de PF6-. Dans le nucléaire, on fait la centrifugation du U235/U238 avec le gaz UF6 aussi.

          Bref, quand la pile lithium-ion crame, combien de fluor se dégage ? il y a sans doute 5-10% de la masse de lithium qui est associé à l’électrolyte en solution, donc en gros 10% en masse de PF6. Un article pris au fil de l’eau donne du 1.2M
          « Gen2 electrolyte (1.2 M LiPF6 in ethylene carbonate/ethyl methyl carbonate, 3:7 wt %, water content: <10 ppm)" soit 180g/kg, et à la louche l’électrolyte est 30% de la masse de la batterie (autant que anode et cathode, … c’est pas du plomb!), donc le 18% par kg devient 5 ou 6% du total, c’est les bons ordres de grandeur.

          PF6- : Ion assez stable, disent les notices, mais stable par rapport aux chimies redox/acidobasique à T < 300°C. Dans un grand feu, ça dégage apparemment du HF, je ne sais pas si c'est documenté combien; dans les conditions de chimie liquide, ça en dégage un chouïa seulement semble-t-il. Il se trouve que ça a été testé comme "flame retardant" pour le bois et la protection contre les termites (imbibition du bois par un sel de PF6-). Pas très clair, mais des chimies de flammes bien chaudes, malgré le retard, ça doit bien décomposer cet anion PF6 au moins en partie.

          Donc pour revenir au départ, je dirais que ce n'est pas qu'une lubie de journaliste.

          Dans le même genre, à Lubrizol, ce qui posait pb entre autres est un composé au zinc ajouté aux huiles pour la tenue à l'usure (anticorrosion, un peu comme feu la molygraphite): https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialkyldithiophosphate_de_zinc.

          J'avoue que je n'avais pas pensé aux ions de l'électrolyte, alors que dans ma propre thèse, j'ai utilisé du trifluorométhanesulfonate de césium et un électrolyte anhydre polymère (la colle du post-it en gros : polyethylene-oxide), pour limiter la réactivité aux électrodes (dont une en silicium, cochon qui s'en dédit) tout en faisant un "effet de champ" avec les ions accumulés tout contre l'électrode.

          Dans le genre lien inattendu et élément chimique exotique, l'arrêt des aciéries ukrainiennes a gêné l'industrie taiwanaise des semi-conducteurs car le mix de gaz utilisé pour les lasers d'écriture UV 193 nm sur les wafers (laser "excimère") a besoin du xénon comme gaz "buffer", et ce xénon doit être renouvelé (je crois que c'est lors des remplacements des zones internes du laser où passe le faisceau (photons très énergétiques : 6 eV) qui les endommage). Et le Xénon, pas super-abondant dans l'air, était filtré dans la foulée de la désulfuration (cryogénique) des gaz de sortie d'aciérie; les ukrainiens avaient les deux seules boites compétitives, sur ce marché de niche nichesque.

          1. Avatar de ebolavir
            ebolavir

            Sage et érudit Timiota, l’ineptie, c’était de croire que le lithium se transmute en fluor à la chaleur. Certes, l’auto-destruction d’une batterie au lithium, dans laquelle il y a aussi des fluorures, peut dégager du … c’est ce que je disais dans la phrase suivante. Mais le tilt d’indignation avait déjà eu lieu et le réflexe de réplique s’est déclenché. Bon, je vais arrêter de jouer au rezosocio.

        3. Avatar de Benjamin
          Benjamin

          Bonsoir Ebolavir,

          « Je suppose que le père de Benjamin habite du côté de Saint-Martin du Vivier, où le nuage de suie est retombé au sol à bout d’énergie, en souillant les façades, les haies et les chemins.  »

          Primo, non mes parents ne sont pas sur Saint-Martin du Vivier : déjà sur le plateau nord de Rouen (Mont-Saint Aignan, Bihorel, Bois-Guillaume) ça été souillé… Secondo, ça a suinté bien au-delà de Saint-Martin du Vivier ! Du côté de ma famille maternelle qui est sur Blainville-Crevon, Buchy, Forges-les-Eaux, … ce n’était pas « jojo ». Et au-delà, en Sommes, dans le Nord et jusqu’en Belgique, il y a des témoignages de maisons, voitures, plantes, … souillées dans les 24 à 48h (et ce pile poil dans l’axe du nuage tel que modélisé par l’INERIS).

          Non le nuage n’est clairement pas retombé arrivé à Saint Martin du Vivier : il n’y avait pas plus de « frontière » magique pour arrêté le nuage ce jour là que le 26 avril 1986 !

          « Mon détachement du danger a commencé dès que j’ai vu le nuage noir, lourd et opaque : un grand feu d’hydrocarbures (j’en ai vu un ou deux), donc pas de danger (sauf la salissure) si on n’est pas dedans. »

          Bravo : je vous félicite ! Vous n’avez peur de rien manifestement… Les images sont justes ubuesques. Et les retours que j’ai eu sur les odeurs voire les bruits à proximité (voir même en face le long de la Seine du côté du « feu » Panorama XXL) sont justes… 🙁

          « J’ai beaucoup admiré, les jours suivants, la psychose d’intoxication et les mesures d’exorcisme (un masque en tissu protégerait des mauvais gaz) de gens qui n’avaient couru aucun risque, à part avoir envie de vomir dans la puanteur (puanteur qui est un souvenir d’enfance). »

          Sur les 9 500 tonnes de produits ayant brûlé entre le 26 et le 27 septembre 2019, je vous rappel qu’une part non négligeable n’a jamais été identifiée (défaut de fiches de renseignements sur les produits stockés chez Normandie Logistique). Il y a un le principe de précaution face à un risque nouveau (et encore une fois : pour beaucoup de rouennais, un tel incendie d’ampleur était un risque nouveau) d’autant plus applicable que la nature et la dangerosité du risque n’est pas connue.

          Je laisserai d’autres (vous) expliquer ça mieux que moi : mais ce que vous appelez « psychose » c’est juste un stress post-traumatique… Car oui encore une fois : pour ceux qui étaient parents d’enfants en bas âge ou adolescents, qui (de surcroit) devaient aller travailler ce jour-là, outre l’incendie, il a fallut gérer tout le stress généré par les ouvertures/fermeture de lieu de scolarité ou de lieu de travail (parfois avec la galère d’être parti entre 7h et 8h du matin avec des transports en commun qui ont été arrêtés vers 9h30 sur l’agglomération). Il y a de quoi en perdre sa sereinité… Encore une fois : « j’admire » votre légèreté et votre détachement sur ce coup !

          « Pour l’incendie de Grand-Couronne, comme je viens de dire, je serais resté à la maison en fermant tout si j’avais été près et sous le vent.  »

          Faut-il encore être alerté en temps et en heure !?… A ce sujet, le Maire d’Orival est furibond contre la Préfecture. Aucun message d’alerte auprès des populations. C’est vers 17h30 que la Mairie d’Orival a décidé d’émettre un appel à la vigilance sur les réseaux sociaux contre l’avis de la Prefecture (message rapidement repris par les commune de la Bouille et de l’agglomération d’Elbeuf totalement aveugle sur ce coup).

          « Mais là aussi, le flot d’ineptie qui a déferlé m’agace. J’ai lu dans un grand quotidien que la combustion du lithium dégage de l’acide fluorhydrique, le rédacteur croit-il à la transmutation des atomes ? »

          C’est juste la DREAL de Seine-Maritime qui a communiqué l’information à l’AFP : le journaliste n’a fait que reprendre l’information. Et pour votre gouverne, celle-ci a été confirmée par des spécialistes en risque industriel… Vous ne seriez pas adepte du « jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici tout va bien… » (Cyril, c’est toi ?!…. lol).

          1. Avatar de Garorock
            Garorock

             » y’a les pompiers qui ont dit que sur le manuel, c’était écrit que ça pouvait pas bruler!
            – et alors?
            – Alors, ils viennent pas!
            – Mais ça brule!
            – oui, mais pas dans le manuel!
            – et pour les déchets, on fait comment?
            – ils ont dit qu’il fallait prier saint Janco… »
            😎

            1. Avatar de Benjamin
              Benjamin

              @ Garorock,

              C’est exactement ça !

          2. Avatar de ebolavir
            ebolavir

            Benjamin, j’ai presque honte de vous avoir fait gaspiller votre temps en vous faisant redire la même chose que moi, en y associant d’autres mots. J’apprécie particulièrement le « stress post-traumatique » pour avoir vu de la fumée (beaucoup), entendu des bruits et senti de mauvaises odeurs (pour moi familières).

            Je suppose (arbitrairement) que vous êtes de la génération qui suit la mienne. En effet « je n’ai peur de rien ». Mon enfance s’est passé à Rouen dont le centre, de la cathédrale à la Seine, était fait de grands trous avec de l’eau au fond et de petits arbres qui poussaient, ce qui restait après que les décombres des bombardements aient été évacués. Dans la maison où mes parents se sont installés dans les années 1950, la cave avait été aménagée en abri, des poteaux télégraphiques débités pour soutenir des madriers collés au plafond. En se tenant au milieu, on devait survivre à l’effondrement de la maison sous les bombes. J’ai entendu l’histoire de ceux qui s’étaient réfugiés dans l’abri de l’hôtel des douanes sur les quais, presque tous noyés dans l’eau des canalisations crevées par les bombes qui avaient effondré le bâtiment. Rien de tout cela ne m’est arrivé, bien sûr, mais à sept ou huit ans ça impressionne, et j’ai plus ou moins continué à croire que c’est la marche normale des choses et que nous vivons juste un répit. La vue de l’entrainement des écoliers américains à l’arrivée de la bombe atomique dans leurs salles de classe aux actualités du cinéma a entretenu cette conviction (« duck and cover », ça daterait de 1952, je l’ai vu plus tard https://www.youtube.com/watch?v=LWH4tWkZpPU ). Le 11 septembre 2001 j’ai eu l’impression que, finalement, je verrai ça en vrai. « Stress post-traumatique » …

            Veuillez excuser le vieillard qui radote, ça lui fait tellement plaisir de raconter.

            Digression : les statues du Commerce et de la Navigation, qui ornaient la façade de l’hôtel des douanes de Rouen sont de David d’Angers. On les voit aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts.

            (Hum : Akismet pense que j’écris trop rapidement ; des mots interdits ? Je fais une nouvelle tentative.)

  10. Avatar de Jean Bave
    Jean Bave

    Ça devient n’importe quoi le blog à tonton Paul. Aurait-il été repris par TF1 ou Fox News ?

    1. Avatar de Paul Jorion

      Ça arrive qu’on en bave. Nous pouvons en parler si vous le souhaitez.

      1. Avatar de Rosebud1871
        Rosebud1871

        Chiche !!!!!!!!!!!

    2. Avatar de Garorock
      Garorock

      Bravo Jean!
      Voila un commentaire qui va plaire à @frankie!
      😎

  11. Avatar de Garorock
    Garorock

     » Les signataires super-riches, qui se présentent comme des « millionnaires patriotes » , ont averti que l’inaction pourrait conduire à une catastrophe. « Il n’y a qu’un certain nombre de stress qu’une société peut supporter, et que de nombreuses fois les mères et les pères verront leurs enfants souffrir de la faim tandis que les ultra riches contemplent leur richesse croissante. Le coût de l’action est beaucoup moins cher que le coût de l’inaction – il est temps de se mettre au travail.

    Cela survient alors que de nouvelles recherches montrent que près des deux tiers de la nouvelle richesse amassée depuis le début de la pandémie sont allés aux 1 % les plus riches. L’organisme de bienfaisance pour le développement Oxfam a découvert que les mieux nantis avaient empoché 26 milliards de dollars (21 milliards de livres sterling) de nouvelle richesse jusqu’à la fin de 2021. Cela représentait 63 % de la nouvelle richesse totale, le reste allant aux 99 % restants. »
    https://www.theguardian.com/business/2023/jan/18/tax-us-now-ultra-rich-wealth-tax-davos

    1. Avatar de Chabian
      Chabian

      « le reste allant aux 99 % restants » ? Si on affinait un peu, on trouverait que les 37% restants vont pour l’essentiel aux 9% du percentile du haut , et pour l’accessoire aux 10% du percentile suivant… et que donc 80% se maintiennent ou sont en régression. (Faudrait revenir à Piketty qui a le premier éclairci les choses…)

    2. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @Garorock Cette richesse numérique nominale est-elle réelle ? Tout au moins avec le quantitative easing, tant qu’il n’y avait pratiquement d’inflation, (salaire, consommation) est-ce que l’énorme quantité de monnaie ne se retrouve pas dans l’investissement et l’inflation des valeurs des actifs (immobilier, actions) c-à-d dans les comptes des possédants, mais sans toucher le niveau de vie des autres … sauf à leur interdire l’accès au capital (immobilier, entreprises).
      Une telle richesse (apparente) n’est pas dépensée, même pas dépensable et ne peut donc ruisseler.
      A l’inverse avec le redémarrage de l’inflation (énergie, alimentaire, produits manufacturiers chinois) va-t-on impacter grandement le mode de vie de la majorité …

      1. Avatar de Garorock
        Garorock

        Et le sac à main de Salma Hayek, il est réel ou bien juste une émanation de pleins de petits cabas de beaucoup de Me Michu?

  12. Avatar de torpedo
    torpedo

    L’Enfer, c’est toujours les autres…

    A Rouen les batteries au lithium ont presque toutes cessé de fumer,
    Respirons un peu d’air pur au travers d’un bon FFP2 neuf…
    Et préparons nous à chausser les « Boules Quies »!
    On signale actuellement dans notre beau pays,
    Une recrudescence de procédures judiciaires entre particuliers,
    Pour nuisances sonores et trouble anormal de voisinage…
    Suite à l’installation massive et dûment subventionnée,
    De pompes à chaleurs dans nos magnifiques lotissements pavillonnaires!
    Il se trouve en effet que suite à l’accroissement des exigences thermiques,
    En matière de chauffage des logements individuels ou collectifs,
    L’installation de pompes à chaleur était vue comme LA solution,
    En terme de rendement comme d’économie à l’usage…
    Cette vision qui, comme chacun sait, n’a rien à voir
    Avec les pressions d’un lobby des revendeurs de ces merveilleuses chinoiseries,
    Permet surtout de limiter l’influence d’un autre,
    Celui des produits verriers (vitrages et laines isolantes),
    Dont les coûts de fabrication actuels, en pleine ascension,
    Achèvent de convaincre tout propriétaire d’un logement,
    Que c’est décidément trop d’espace intérieur et d’argent perdu…
    Ajoutons à cela des directives législatives poussant
    Vers une densification des agglomérations existantes,
    Afin de contenir l’expansion urbaine au détriment des terres agricoles,
    Et nous avons là tous les ferments d’un embrasement des banlieux
    (au sens figuré, mais seulement dans un premier temps…),
    Mais un embrasement tout à fait comme il faut :
    Puisque seulement entre gens de classe moyenne!
    Avec des drames déjà en cours et bien d’autres à venir,
    Et où le couperet de la justice tombe implacable,
    Qui exigeant en plein hiver l’arrêt sine die d’un chauffage,
    Qui contraignant par huissier le réglement mensuel d’indemnités,
    A des voisins qui (…savent enfin pourquoi ils…) ne dorment plus,
    Et ce jusqu’à un hypothétique remplacement du matériel trop bruyant!
    Par un autre (un peu) moins sonore mais tellement plus cher!
    Pourtant les métiers de la vente des pompes à chaleur,
    N’ont jamais été aussi prometteurs!
    Le vendeur a d’ailleurs obligation de s’assurer des distances vis à vis des voisins…
    Le plus souvent il demande à ses nouveaux clients:
    Et avec vos voisins… Vous êtes bien?

    Eric.

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      ah! je pensais que les problèmes de voisinage se limitaient à des nuisances dues aux arbres 😉. J’espère que notre hôte ne cumule pas les deux : climatisation + arbres = emmerdements !

    2. Avatar de Garorock
      Garorock

      Pourquoi ne nous dites-vous pas directement que votre voisin à fait installer une pompe à chaleur sous sa fenètre et que vous l’entendez ronfler toute la nuit: la pompe et le voisin.
      😎
      Bienvenue au club et accessoirement au royaume des shadocks…

      1. Avatar de Khanard
        Khanard

        j’aime bien la réponse du gestionnaire : tout est sous contrôle …. ou pas ! on comprend les coups de colère D’Aurore Stephan😡😡😡😡

  13. Avatar de arkao

    Stockage de l’énergie, même pour le gaz ce n’est apparemment pas aussi simple qu’il n’y parait:
    « Les contraintes techniques des stockages français leur imposent (…) “une respiration” pour conserver leurs performances pour les hivers à venir. Une baisse significative du niveau de remplissage est donc à prévoir dans les semaines à venir »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/01/18/historiquement-pleins-les-stocks-de-gaz-francais-vont-devoir-etre-un-peu-vides_6158328_3244.html
    L’article n’est pas très clair sur la destination de ce gaz en surplus qu’il va falloir évacuer.

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      oh c’est bien simple les fournisseurs de gaz n’ont qu’à faire des soldes sur les 20
      % de volume en trop ! Théoriquement les prix devraient baisser puisque la « production » est au plus haut !

      Nos chères têtes d’œuf vont bien trouver une parade !

      tiens une idée je propose que les canons à neige soient alimentés par le gaz . Ainsi les gentils petits bourgeois de Courchevel pourront faire du ski ! 😂🤣😂🤣😂🤣😂🤣

    2. Avatar de arkao

      Bon finalement, il semblerait qu’il s’agit de limiter les remplissages en cours (je ne savais pas que ce type de stockage est en quelque sorte dynamique avec des flux entrants et sortants, pas comme une bombonne de butane).

    3. Avatar de Lagarde Georges
      Lagarde Georges

      Ayons au moins une pensée émue pour nos ancêtres qui, depuis qu’ils ont appris à faire du feu, ont ignoré les dangers auxquels ils s’exposaient en l’utilisant pour cuire leurs aliments.

      https://www.theguardian.com/environment/2023/jan/19/gas-stove-culture-war-united-states


      « Aux États-Unis, les politiciens et les commentateurs de droite s’enflamment à propos d’un avenir où il faudra se passer des cuisinières à gaz – mais c’est le changement dont l’Amérique a besoin. 

      La saga des cuisinières à gaz (qui n’a pas encore été baptisée « stovegate », mais laissez-lui le temps) a commencé lorsqu’un responsable de la Commission américaine de sécurité des produits de consommation a déclaré que les cuisinières à gaz constituaient un « danger caché » et que l’interdiction de leur vente était « sur la table ». Cette déclaration fait suite à une étude qui a révélé qu’un cas d’asthme infantile sur huit aux États-Unis pourrait être dû aux quantités abondantes de pollution de l’air intérieur émises par les cuisinières à gaz. »

      Il n’est évidemment pas question de revenir aux cuisinières à charbon mais pas non plus aux cuisinières à bois qui dispersent dans la maison des particules fines à chaque fois qu’on les ouvre pour y remettre du bois.

      https://www.quechoisir.org/decryptage-chauffage-au-bois-gare-a-la-pollution-n70855/

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