MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
Direction du Patrimoine Ethnologique
Février 1989
« Dans notre métier, la femme et l’homme ne vivent pas ensemble. Le pêcheur ne connaît pas ses enfants : les petits ça change tous les quinze jours, on les suit pas. Et quand on rentre, on a d’abord envie de se reposer. Le père rentre à la maison, et pour lui, c’est comme si les choses reprenaient leur cours normal. Mais ce n’est pas vrai : il est un intrus dans sa propre maison. C’est quand il n’est pas là que les choses suivent leur cours normal. Il décide de ce qu’on va regarder à la télé, mais les enfants ont leurs habitudes : il y a une émission qu’ils regardent toujours ce jour-là. Ils ne disent rien mais il y a un malaise. Il dit : « Il est l’heure d’aller se coucher ». Mais ce n’est pas à cette heure là que les enfants vont au lit quand il n’est pas là. Il est un intrus dans un ménage qui fonctionne bien quand il n’est pas là. Alors ce qui se passe, c’est qu’avant qu’il ne rentre, la mère dit aux enfants : « Vous ne dites rien, vous faites tout ce qu’il dit. S’il y a quelque chose qui ne va pas, vous ne lui répondez pas, vous venez me le dire à moi », et la femme et les enfants attendent que le père reparte pour que les choses rentrent dans l’ordre. C’est pas l’idéal. Parfois quand on comprend ça, on a envie d’arrêter, de trouver un métier à terre. Mais on a pas le choix » (page 11).
Le rapport se trouve ici : Le pêcheur rencontre l’économie
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