Ievguenia Bosch : Une bolchevique au cœur de la tragédie ukrainienne, par Yorgos Mitralias

Parfois, les pérégrinations ukrainiennes donnent des résultats inattendus. Comme lorsque, en essayant de localiser sur la carte les bases de l’actuelle « guérilla navale » ukrainienne à l’embouchure du Dniepr, nous sommes tombés sur la petite ville d’Otchakiv. Laquelle, selon Wikipedia, n’a vu naître sur son sol qu’une seule célébrité: la révolutionnaire bolchevique Ievguenia Bosch.En cherchant à en savoir plus, nous sommes allés de surprise en surprise. Fille, selon Wikipedia, d’un immigré luxembourgeois, Bosch était bien plus qu’une dirigeante bolchevique : elle a été le premier chef de gouvernement (premier ministre) de l’ Ukraine indépendante (soviétique) ! Et si nous ne nous trompons pas, la première femme Premier ministre de l’histoire de l’humanité ! Au cœur de la question nationale ukrainienne, Ievguenia a progressivement mûri, passant du déni à la défense de l’indépendance de l’Ukraine. Et bien sûr, pour cette révolutionnaire bolchevique chevronnée qui a toujours défendu sa liberté d’opinion, cela ne pouvait pas être la seule raison qui l’a poussée a s’affronter au chauvinisme grand-russe stalinien. Dès 1923, elle s’est rangée du côté de l’Opposition de gauche de Trotski, et a eu la « chance » de ne pas vivre assez longtemps pour voir la suite et la conclusion de la tragédie soviétique, puisqu’elle a elle-même choisi de mettre fin à ses jours en 1925. Et Victor Serge écrivait à l’époque : « Les camarades les plus sévères ont soutenu que ce suicide, même justifié par une maladie incurable, reste un acte d’indiscipline. En revanche, dans ce cas précis, c’est la preuve de son engagement dans l’opposition.…La brillante étude qui suit, traduite de l’ukrainien, de l’historien ukrainien Andrii Zdorov, non seulement tire Ievguenia Bosch de l’oubli auquel le stalinisme et la restauration capitaliste l’avaient condamnée, mais la met aussi en évidence comme partie intégrante de l’indicible tragédie ukrainienne toujours en cours. De cette tragédie toujours hantée par les fantômes d’un passé qui refuse de prendre fin…

Ievguenia Bosch :

Les paradoxes du nihilisme national

par Андрій Здоров

Pour la plupart des Ukrainiens d’aujourd’hui, il sera assez surprenant d’apprendre que la première femme à diriger un gouvernement de l’Ukraine n’était pas Ioulia Timochenko, mais Ievguenia Bosch. Bien que son nom de famille ait figuré pendant un certain temps dans la section « Histoire » du portail Internet officiel du Cabinet des ministres de l’Ukraine, le mot « Bosch » pour nos compatriotes signifie avant tout une marque de technologie allemande, et non le nom de la dirigeante des bolcheviks d’Ukraine en 1917 – début 1918. Et si cela ne suffisait pas, son nom a été enveloppé de légendes et de mystères.

L’une d’elles a été créé par l’ancien hetman d’Ukraine Pavlo Skoropadsky, qui, dans les années 20, a écrit tout fier dans ses mémoires, comment lui, alors lieutenant général de l’armée russe et commandant du 1er corps ukrainien, à la fin novembre – début décembre 1917 a sauvé Kiev de l’offensive du 2e corps de Gardes « sous la direction de l’agitatrice Bosch ». Ievguenia Bosch a réellement visité ce corps, qui se trouvait alors à Podillia, mais un mois plus tôt – du 31 octobre au 2 novembre 1917 (ancien calendrier). À cette époque, des combats opposaient les troupes de l’ancien gouvernement russe de Kerensky et les partisans du Conseil des députés ouvriers et soldats à Vinnytsia. Le 2e corps de Gardes a déclaré son soutien au gouvernement soviétique et a lancé une offensive sur Vinnytsia depuis Zhmerynka. Au cours de la période décrite par Skoropadsky, en novembre – début décembre 1917, Ievguenia Bosch se trouvait à Kiev, où elle a participé au congrès régional des bolcheviks d’Ukraine, a été élue au comité principal du RSDLP (b) – social-démocratie d’Ukraine, et au premier congrès pan-ukrainien des soviets, de sorte qu’elle ne pouvait pas diriger le 2e corps de Gardes depuis Zhmerynka.

Aussi mystérieuse demeure la phrase de l’un des premiers biographes de Simon Petliura, le lieutenant-colonel de l’armée de l’UPR Vasyl Prokhoda, selon laquelle, après que les cosaques de Petliura aient capturé l’usine de l’Arsenal de Kiev le 20 janvier (2 février) 1918, une colonne d’ouvriers capturés a été sortie de là, ayant à sa tète « Ievguenia Bosch marchant fièrement ». En fait, il est documenté qu’en janvier 1918, Ievguenia Bosch Ise trouvait à Kharkiv, où se trouvait le premier gouvernement soviétique d’Ukraine – le Secrétariat du peuple, dont elle était membre. Lors du soulèvement de janvier 1918 à Kiev, les filles d’Ievguenia, Olga et Maria Bosch, y ont participé. Avec d’autres femmes bolcheviques, elles ont transporté de la nourriture et des médicaments aux rebelles, mais elles n’ont pas été capturées et n’ont pas pu prendre la tête de la colonne des ouvriers de l’arsenal. De toute évidence, les officiers et les généraux de la République populaire d’Ukraine de l’époque considéraient comme un grand honneur de se battre contre Ievguenia Bosch elle-même. Il peut être perçu comme une curiosité aujourd’hui que la première édition de l’Encyclopédie des études ukrainiennes la qualifie de « militante bolchevique d’origine juive « . Bien que dans le dernier volume supplémentaire, ceci a été corrigé en « allemand « .

Qui était Ievguenia Bosch ? Le plus étrange est que même les manuels et encyclopédies soviétiques n’aimaient pas la mentionner. Aujourd’hui, parmi les historiens, on trouve l’opinion selon laquelle Bosch a été victime d’une « discrimination historiographique fondée sur le genre « . Mais je pense que la raison est toute autre. Elle a toujours fait partie de ceux qui avaient leur propre position et n’avait jamais peur de la défendre, même si cette position contredisait les points de vues de Lénine ou d’autres dirigeants du parti bolchevique. Heureusement, avant sa mort en 1925, Ievguenia Bosch a réussi à écrire un livre de mémoires sur la révolution en Ukraine titré « Année de lutte  » ainsi que plusieurs lettres autobiographiques à ses filles, qui ont été publiées en 1990, un an avant l’effondrement de l’URSS.

Alors, le 11 (23) août 1879, dans le village d’Adragioli, district d’Odessa, province de Kherson, dans la famille d’un propriétaire terrien, l’Allemand Gottlieb Meisch, originaire du Württemberg, et d’une noble Moldave Maria Krusser, naît une fille nommée Eugenia. Cependant, comme elle l´écrit elle-même dans son autobiographie, elle est née dans la ville d’Otchakiv, dans la même province de Kherson, bien que dans les documents de la gendarmerie, le lieu de naissance est indiqué comme étant le village d’Adragioli. Gotlib Meisch travaillait depuis longtemps comme mécanicien dans les domaines des propriétaires terriens de la région de Kherson. Il a acheté 150 acres de terre, et a commencé à s’appeler Bohdan Maish. Tous ses enfants ont reçu des noms locaux – Nadiia, Oleksandr, Fedir, Yevhenia. La derniere n’avait même pas dix ans lorsque son père est mort. Un an plus tard, sa mère épouse son frère Fedir Maish en secondes noces, de sorte que la propriété foncière reste dans la famille Maish. Le beau-père était un homme riche, il avait 1000 acres de terre, mais il considérait les enfants du premier mariage comme des bouches supplémentaires. Il n’est pas surprenant qu’à l’âge de 16 ans, Ievguenia ait épousé le propriétaire d’un petit atelier de carrosserie dans la ville de Voznesensk, dans la province de Kherson, Petro Bosch. En 1897, Eugenia Bosch est devenue mère, sa fille Olga est née, et un an plus tard, sa deuxième fille Maria.

« Eh bien, j’aime les extrêmes ! Et je suis moi-même l’incarnation des extrêmes, non seulement je ne fais rien à moitié, mais j’en fais toujours trop » – cette phrase tirée de sa lettre autobiographique peut devenir la devise de toute la vie d’une révolutionnaire professionnelle et mère de deux enfants. Comment a-t-elle réussi à combiner ces deux rôles sociaux tout en restant une femme ? En 1901, elle adhère au RSDLP, rejoignant bientôt sa faction bolchevique. Ayant divorcé de son mari et laissé les enfants avec elle, elle s’est engagée activement dans le travail du parti clandestin et, en 1911, elle est devenue secrétaire du comité de Kiev du RSDLP. En 1912, elle est arrêtée et bientôt, malgré la tuberculose qu’elle a contractée en prison, elle est condamnée à l’exil à vie en Sibérie.

Євгенія Бош

En 1914, alors qu’elle était en exil dans la province d’Irkoutsk, elle contracta un mariage civil avec le bolchevik de Kiev Georgy Pyatakov, qui avait 11 ans de moins qu’elle, mais dont elle tomba follement amoureuse. Ensemble, ils ont fui par Vladivostok vers le Japon, de là vers les États-Unis, puis vers la Suisse et la Norvège. Au printemps 1917, tous deux sont rentrés en Russie. Heorhii Pyatakov devient le président du comité de Kiev du RSDLP(b), et en novembre 1917 il se rend à Petrograd, où il est nommé par le Conseil des commissaires du peuple comme commissaire de la Banque d’État de la Russie soviétique.

Au cours de l’été 1917, Ievguenia Bosch devient présidente du comité régional du RSDLP (b) du territoire du Sud-Ouest, en novembre elle est élue députée de la province de Tchernihiv à l’Assemblée constituante pan-russe. En décembre 1917, elle a dirigé le comité principal du RSDLP (b) – social-démocratie d’Ukraine, a été l’un des organisateurs du premier congrès pan-ukrainien des Soviets des députés des ouvriers et des soldats à Kiev et en a déplacé l’aile gauche à Kharkiv, où le pouvoir soviétique dans la République populaire d’Ukraine a été proclamé et le premier gouvernement soviétique ukrainien – le Secrétariat du peuple – a été élu. Ievguenia Bosch y est devenue secrétaire du peuple (ministre) des affaires intérieures. Il a été décidé de ne pas élire de chef du Secrétariat du peuple. Comme le rappelle l’administrateur de ce gouvernement, connu plus tard comme le chef du groupe fédéraliste, Georgy Lapchinsky, elle « nous a impressionnés par son érudition, la puissance de son intelligence, son talent oratoire et son tempérament révolutionnaire », étant en même temps une personne véritablement européenne. Bien qu’Ievguenia Bosch jouisse de la plus grande autorité, « d’une certaine manière, il serait trop inhabituel de mettre une femme à la tête du premier gouvernement socialiste d’Ukraine, nous devions tenir compte de l’impression que cela ferait sur les masses « . Toutefois, l’un des protocoles de ce gouvernement stipule que « le secrétaire populaire aux affaires intérieures unifiera le travail des secrétariats ». En fait, c’est Ievguenia Bosch qui tient les réunions jusqu’en mars 1918, lorsque Mykola Skrypnyk est élu chef du gouvernement.

Narodni Sekretariat

Il est désormais communément admis par les historiens que l’ensemble de ce gouvernement n’était qu’un appendice du quartier général de Vladimir Antonov-Ovsiyenko, commissaire du peuple pour la contre-révolution dans le sud de la Russie. Antonov-Ovsiienko lui-même avait une opinion légèrement différente. Dans ses « Notes sur la guerre civile », nous lisons : « Camarade. Ievguenia Bosch, qui est devenue secrétaire populaire des affaires intérieures de l’Ukraine, a ordonné, sans aucun accord préalable avec moi, de révoquer les commissaires nommés par moi « . En outre, Bosch a signalé l’arbitraire d’Antonov à Lénine, qui a été contraint de remettre Antonov à sa place : « Camarade. Antonov ! J’ai reçu une plainte contre vous de la CEC (Kharkiv). Je suis extrêmement désolé que ma demande d’explication ne vous soit pas parvenue. S’il vous plaît, contactez-moi dès que possible (par fil direct – un ou deux, via Kharkiv)… Pour l’amour de Dieu, faites tout votre possible pour éliminer toute friction avec la CEC (Kharkiv). Il s’agit d’archives en termes d’état. Pour l’amour de Dieu, faites la paix avec eux et reconnaissez leur souveraineté. Je vous demande de révoquer les commissaires que vous avez nommés », écrit Lénine le 21 janvier 1918.

Les points de vue d’Ievguenia Bosch sur la question nationale et la question ukrainienne en particulier sont généralement qualifiées de « luxembourgisme » dans la littérature historique. En effet, même en exil en 1915-1916, ensemble avec Georgy Pyatakov et Nikolai Bukharin, elle soutient la position de Rosa Luxemburg dans son débat avec Lénine sur le droit des nations à l’autodétermination. Je vous rappelle que Rosa Luxemburg considérait ce mot d’ordre erroné et même nuisible au prolétariat et bénéfique uniquement à la bourgeoisie, car, disent-ils, sous l’impérialisme, l’autodétermination des nations est impossible, et sous le socialisme, l’oppression nationale disparaît d’elle-même, donc ce mot d’ordre est superflu. Dans ses articles polémiques de 1915-1916, Lénine a consacré de nombreuses pages à critiquer ces points de vue, prouvant leur complet échec théorique et pratique, et soulignant le grand potentiel révolutionnaire des mouvements de libération nationale dans le monde, en particulier des mouvements coloniaux. En effet, l’histoire du vingtième siècle a confirmé la justesse de Lénine en la matière.

En particulier, lors du premier congrès régional des bolcheviks d’Ukraine les 3-5 (16-18) décembre 1917 à Kiev, le président du comité régional des bolcheviks du territoire du Sud-Ouest Ievguenia Bosch avait déclaré : « A l’ère du capital financier, le mouvement national cesse d’être révolutionnaire. Il cesse d’être populaire. En Ukraine, il n’est pas populaire. Avant le renversement du tsarisme, elle ne s’est presque pas manifestée… dès que l’oppression nationale est tombée, la bourgeoisie a commencé à lutter pour la libération nationale. Mais elle l’a repris non pas en raison d’objectifs révolutionnaires, mais en raison du désir de poursuivre sa politique de classe. La bourgeoisie d’Ukraine est sous l’influence de la bourgeoisie russe qui, expulsée de la Russie soviétique, se dirige vers l’Ukraine et, sous couvert de libération nationale, cherche à diviser le prolétariat d’Ukraine. C’est la politique de la bourgeoisie impérialiste dans toute l’Europe… L’Ukraine ne peut exister en tant qu’État séparé dans le système capitaliste. « 

Ces points de vue ont été très clairement énoncés dans la brochure d’Ievguenia Bosch « Gouvernement national et pouvoir soviétique en Ukraine », publiée au début de 1919 à Moscou :

« La tragédie de l’Ukraine à notre époque de lutte des classes acharnée, de transformation socialiste et à la veille de la révolution mondiale est la tragédie de toutes les petites nations. Au moment où la vague de la révolution prolétarienne balaie la classe ouvrière des peuples opprimés, la bourgeoisie et les chauvins sociaux ont tenté et tentent encore – Ukraine, Finlande, Lettonie, etc. – de perturber le mouvement prolétarien en fomentant l’idée nationale, l’idée de leur national, qui n’appartient historiquement qu’à ce peuple.

…La Révolution russe, qui a renversé la bourgeoisie et fait le premier pas de géant vers la transformation socialiste de la société, a trouvé la réponse forte dans les masses ouvrières de toutes les nations opprimées habitant la périphérie, et a ainsi tué l’idée d’une unification nationale des peuples. Ayant fait l’expérience de l’autocratie en commun avec le prolétariat russe, ayant renversé ensemble Kerensky et ayant finalement combattu ensemble pour le pouvoir soviétique, le prolétariat de la périphérie s’est lié étroitement avec l’ensemble du mouvement révolutionnaire de la Russie. Il n’a pas de tâches spécifiques étrangères au prolétariat russe, il est inséparablement lié à lui par un seul désir irrésistible de fusionner avec la Russie soviétique « .

Comme nous pouvons le voir, l’autrice considère ici l’Ukraine exclusivement comme la périphérie de la Russie. Mais il est caractéristique qu’elle y associe la Finlande et la Lettonie – des pays qui venaient d’obtenir leur indépendance de l’Empire russe, et dans lesquels on a également tenté d’établir le pouvoir soviétique. Stepan Velychenko estime que les opinions d’Ievguenia Bosch étaient identiques à celles des monarchistes et nationalistes russes tels que Sergei Shchogolev, l’auteur de l’ouvrage « Le mouvement ukrainien comme stade moderne du séparatisme sud-russe » (1912). En fait, si l’on compare son point de vue à celui de ses contemporains, il convient de noter que, contrairement aux nationalistes russes de l’époque et aux dirigeants du mouvement blanc, elle n’utilise pas les termes de « Petite Russie » et de « Novorossia », mais reconnaît que les Ukrainiens se sont pleinement formés en tant que peuple distinct, malgré les tentatives de suppression de leur développement national par l’autocratie russe jusqu’en 1917-18. En outre, leurs positions de départ étaient très différentes. Ievguenia Bosch n’était pas guidée par les intérêts de la Russie, mais par ceux de la révolution mondiale.

Même Rosa Luxemburg, qui a écrit son célèbre « Manuscrit sur la révolution russe » dans une prison allemande à l’automne 1918, a catégoriquement nié l’existence d’un peuple ukrainien distinct :

« Le nationalisme ukrainien en Russie était, par exemple, complètement différent du nationalisme tchèque, polonais ou finlandais, rien de plus qu’un caprice, une lubie de quelques dizaines d’intellectuels petits-bourgeois, sans aucune racine dans les relations économiques, politiques ou spirituelles du pays, sans aucune tradition historique, car l’Ukraine n’a jamais été une nation ou un État, sans aucune culture nationale, à l’exception des poèmes romantiques réactionnaires de Chevtchenko. Comme si, un beau matin, les habitants de Wasserkant, à la suite de Fritz Reuter, voulaient former une nouvelle nation de Basse-Allemagne et créer un État indépendant! »

Ievguenia Bosch ne pouvait certainement pas se permettre une telle myopie. Cependant, sa position de l’époque, façonnée par les idées de Rosa Luxemburg, que Lénine appelait économisme impérialiste, contenait de nombreuses contradictions. Si les peuples ukrainien et russe s’étaient déjà constitués en nations distinctes, pourquoi considérait-elle que les frontières nationales entre eux étaient artificielles et contre nature ? Si les ouvriers et les paysans d’Ukraine ne voulaient que l’unification avec la Russie soviétique, pourquoi était-il nécessaire de créer un gouvernement soviétique ukrainien distinct ?

En fait, comme l’a noté le susmentionné Heorhiy Lapchynsky, le travail même de ce gouvernement a obligé ses membres, dont Ievguenia Bosch, à vérifier et à ajuster leurs points de vue dans la pratique. Les langues officielles des documents du Secrétariat populaire étaient l’ukrainien et le russe. Des circulaires du secrétaire populaire aux affaires intérieures, Eugenia Bosch, adressées aux Soviets locaux des députés des travailleurs, des soldats et des paysans, rédigées en ukrainien, ont été conservées. Est-il possible d’imaginer que cela aurait pu être fait par les gouvernements de Denikin ou de Wrangel ?

Il convient également de noter qu’Ievguenia Bosch a su admettre ses erreurs. Par exemple, pour protester contre la conclusion du traité de paix de Brest avec l’Allemagne par le gouvernement de la Russie soviétique dirigé par Lénine, Bosch démissionne de son poste au Secrétariat du peuple le 4 mars 1918 et se porte volontaire pour aller au front contre l’avancée des troupes germano-autrichiennes. Tout comme d’autres communistes de gauche partageant les mêmes idées. Après plusieurs mois de combats intenses, les troupes soviétiques se retirent en Russie. C’est là, à l’été 1918, qu’Ievguenia Bosch a reconnu publiquement son erreur concernant la paix de Brest.

Puis, en août 1918, à la demande de ses camarades, elle commence à rédiger une brochure intitulée « Gouvernement national et pouvoir soviétique en Ukraine ». En 1922, dans une lettre à ses filles, Ievguenia Bosch se souvient : « En relisant ce que j’avais écrit, j’ai vu la nécessité d’une révision sérieuse et j’ai décidé, après l’avoir terminé au brouillon, de tout refaire. Mais les événements n’ont pas attendu. Une fois, Sverdlov m’a convoqué dans son bureau et m’a dit que je devais aller à Penza pour lutter contre la domination et le banditisme des Socialistes Révolutionnaires...

Trois jours plus tard, je suis parti, et mon travail en projet a été imprimé. Peut-être n’aurait-il pas été très bon, mais sous forme de projet, il était complètement mauvais et ce n’est pas en vain que mon propre peuple m’a blâmé « .

Cette brochure a été vivement critiquée dans le premier numéro du journal « Communiste Ukrainien ». Dans la critique signée par G.K. (probablement Hryhoriy Klunnyi), l’auteur est accusé de barbarisme, de vision bureaucratique de la vie, d’ignorance de la question nationale et de chauvinisme de grande puissance. Probablement, les mêmes accusations (même avec des plus solides fondements) pourraient être portées contre les dirigeants bolcheviques d’Ukraine en 1919 – Heorhiy Pyatakov et Khrystian Rakovsky, comme l’ont fait Vasyl Shakhrai et Serhiy Mazlakh au début de 191923. Mais contrairement à eux, les bohraïstes tentaient de parvenir à un accord avec la direction du comité central du PC (B) U, de sorte que les dirigeants actuels du parti bolchevique n’étaient pas critiqués aussi vivement. Et Ievguenia Bosch, malgré ses nombreuses demandes, n’a jamais été autorisée par le comité central du PCR (B) à travailler en Ukraine.

En 1918, elle dirige le PCR (b) à Penza et Astrakhan, au printemps 1919, elle est membre du Conseil de défense de la RSS de Lituanie-Biélorussie, puis occupe plusieurs postes mineurs dans les commissariats populaires de l’éducation, de l’alimentation et de l’inspection des travailleurs et des paysans de la RSFSR. Mais Ievguenia Bosch ne peut pas s’intégrer dans la nouvelle élite dirigeante, qui sera plus tard appelée nomenklatura. Comme elle l’écrit dans ses lettres autobiographiques, elle a ressenti partout la formation d’un certain groupe d’intérêts spéciaux de la nouvelle bureaucratie, qui adoptait les pires traditions de la vieille bureaucratie russe en même temps que les nouvelles méthodes de l’ »État-commissaire ». Elle a remarqué ces traits de caractère même chez sa propre demi-sœur (du côté de sa mère) – Olena Rozmyrovych (fille de Fyodor Maish), qui a réussi à faire une carrière dans le parti et à vivre jusqu’en 1953.

2022 11 26 01 evgenia boschPlus tard, peu avant sa mort, Ievguenia Bosch a écrit dans son livre « L’année de la lutte » : « la question primordiale pour l’Ukraine, son émancipation nationale, est restée dans l’ombre et n’a pas été pensée non seulement par le comité de Kiev, mais aussi par celui des régions. Le point de notre programme sur le droit des nations à l’autodétermination jusqu’à la séparation est resté un simple mot d’ordre, et le comité ne disposait pas d’un programme pratique qui indiquerait les formes de lutte des masses révolutionnaires dans un pays opprimé luttant pour sa libération nationale ». Et elle considérait ce livre lui-même comme « la première étape de la collecte de matériel pour 1917-1918 … pour le futur historien de l’Ukraine « . Il est intéressant de noter que, même dans l’édition de 1990, la remarque ci-dessus d’Ievguenia Bosch était accompagnée d’une note de l’éditeur : « L’auteur se trompe. La question de la libération nationale de l’Ukraine n’était pas une priorité, mais un dérivé de la question prioritaire de la victoire de la révolution socialiste, l’établissement du pouvoir soviétique en Ukraine « .

Dans la littérature historique récente, le nom d’Ievguenia Bosch est souvent associé à la Terreur Rouge, car elle faisait partie des destinataires du célèbre télégramme de Lénine à Penza du 11 août 191826. Toutefois, Viktor Kondrashin, l’un des principaux historiens de Penza traitant de la guerre civile, a dû admettre l’année dernière, dans sa correspondance avec nous, qu’il n’existe aucune preuve fiable de la participation personnelle d’Eugenia Bosch à la Terreur rouge dans la province de Penza (en particulier, elle a été accusée d’avoir elle-même tiré sur des paysans dans le village de Kuchki).

Un peu plus sur sa famille. Ses deux filles – Maria et Olga – ont rejoint le parti bolchevique à l’été 1917. L’aînée d’entre elles, Olga, est devenue l’épouse d’un bolchevik, fils du célèbre écrivain ukrainien Yuri Kotsyubynsky. Après son arrestation et sa condamnation en 1935 en tant que chef de la « conspiration trotskiste », Olga Bosch-Kotsiubynska a déménagé à Khabarovsk, où sa sœur travaillait, mais le NKVD l’a rattrapée là aussi. En 1937, elle est arrêtée et condamnée à cinq ans de goulag, auxquels s’ajoutent trois autres années. Yurii Kotsiubynskyi a été fusillé la même année en tant qu’ »ennemi du peuple ».

Il est intéressant de noter que dans le cas de l’enquête sur Yurii Kotsiubynskyi, il existe des « preuves » de la participation à sa « conspiration » de sa belle-mère – Ievguenia Bosch (je cite dans le langage original) :

« Étant le vice-président du Conseil des commissaires du peuple de l’Ukraine, le fils du célèbre écrivain Kotsyubynsky est marié à la fille de Yevgenia Bogdanovna Bosch – Olga Petrovna. Kotsyubinsky prend une part active aux intrigues de Bosch, qui prépare un coup d’État en faveur de Trotsky. La conspiration impliquait Pyatakov, Kotsyubinsky, Primakov, Antonov-Ovsiyenko. Le plan était d’arrêter les membres du Politburo et de renverser le triumvirat : Staline, Zinoviev, Kamenev. Après que Trotsky ait rejeté ce plan, Bosch s’est suicidé et les autres membres ont été envoyés à l’étranger : Antonov-Ovsiyenko à Varsovie, Primakov comme instructeur dans l’armée de Chiang Kai-shek, où il a travaillé sous le nom de Ei Lin ».

Bien sûr, maintenant, connaissant les méthodes de travail du NKVD, il est difficile de croire à l’existence de cette conspiration. Mais il ne fait aucun doute qu’Ievguenia Bosch a réellement soutenu l’Opposition de gauche au sein du PCR (b) dans la lutte contre la clique stalinienne. En 1923, alors qu’elle est déjà gravement malade (les années de prison et d’exil sont passées en laissant des traces), Bosch signe la « Déclaration des 46 », le premier document programmatique de l’Opposition de gauche. Et son suicide le 5 janvier 1925 (on dit que depuis la guerre civile Bosch dormait toujours avec un revolver sous son oreiller), a été perçu par l’opposition de gauche comme une protestation contre l’instauration du stalinisme.

En comparant Ievguenia Bosch aux ultérieurs dirigeants bolcheviques de l’Ukraine, on peut noter des traits communs et des traits distinctifs. Contrairement aux dirigeants ultérieurs de l’Ukraine soviétique, elle n’a pas été envoyée ou nommée par le Comité central du RSDLP(b) – Comité central du PCR(b) – Comité central du PCUS, mais a été élue comme dirigeante par les bolcheviks locaux. Même Mykola Skrypnyk, le successeur d’Ievguenia Bosch à la tête du Secrétariat du peuple, arrive en Ukraine fin décembre 1917 (ancien calendrier) avec le mandat du Comité central du RSDLP (b).

Le fait de rester à la tête du gouvernement soviétique ukrainien, a forcé beaucoup des ses membres, pas immédiatement mais progressivement, à se soucier des intérêts de l’Ukraine et à reconnaître la fausseté des vues centralistes et le mépris total de la question nationale et du mouvement de libération nationale du peuple ukrainien. Un exemple typique de ces cas est Christian Rakovsky. Envoyé en Ukraine en janvier 1919 par le Comité central du PCR(b), il a commencé comme un centraliste strict qui niait les différences entre l’Ukraine et la Russie, niait la nécessité de la langue ukrainienne. En 1922 – 1923, lors des discussions avec Staline pendant la formation de l’URSS, il a fermement défendu les intérêts de l’Ukraine, ses droits souverains, ce pour quoi il a été qualifié de « confédéré » et a finalement été rappelé d’Ukraine. Ievguenia Bosch n’est pas devenue une confédéraliste, mais l’évolution de ses vues vers la reconnaissance de l’Ukraine en tant que pays séparé est encore perceptible dans ses œuvres, et sa contribution à la formation de l’État soviétique ukrainien est indéniable.

25 Août 2019

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58 réponses à “Ievguenia Bosch : Une bolchevique au cœur de la tragédie ukrainienne, par Yorgos Mitralias”

  1. Avatar de Khanard
    Khanard

    merci pour cette page d’histoire. Malgré la quantité de travail que cela a dû nécessiter j’avoue très humblement ne pas saisir la finalité de cet article .
    Car en réalité l’histoire moderne foisonne de personnalités qui ont un jour ou l’autre accompli leur destin en luttant pour des idées et contre des idées .

    1. Avatar de arkao

      @Khanard
      La finalité ? C’est en introduction du texte:
      « Dès 1923, elle s’est rangée du côté de l’Opposition de gauche de Trotski »

      1. Avatar de Khanard
        Khanard

        @arkao

        je vous remercie arkao pour cette précision , mais se rallier à Trotsky était une chose commune à cette époque , chacun choisissait son camp . Mais pourquoi parler de cette héroïne avec en arrière plan le conflit russo-ukrainien actuel ?

        1. Avatar de arkao

          @Khanard
          Demandez à l’auteur et à Paul qui nous inflige régulièrement la prose sectaire et pseudo-historique de Y. Mitralias 😉

          1. Avatar de Khanard
            Khanard

            @arkao
            rien ne m’est infligé. L’avis de PJ dans ce cas et uniquement dans ce cas n’a pas d’importance . Par contre une réponse de Yorgos Mitralias serait la bienvenue .
            J’en profite pour signaler que de nombreux auteurs de billets ne répondent pas aux questions qui peuvent être posées. Ce qui est frustrant .

          2. Avatar de CloClo
            CloClo

            La prose sectaire de Mitralias ? Tu plaisantes j’ose espérer arkao …

            1. Avatar de arkao

              @CloClo
              Non je ne plaisante pas du tout. Je fréquente depuis le lycée (c’est loin déjà) les différentes chapelles de la gauche de la gauche, je sais de quoi je parle. Quant à l’Histoire, discipline pour laquelle j’ai quelques connaissances et compétences reconnues par des diplômes universitaires et des articles publiés dans des revues à comités de lecture, je persiste à dire que Y. Mitralias interprète les faits à la convenance de son idéologie.

              1. Avatar de Garorock
                Garorock

                Arkao, je n’ai pas vos diplomes mais je suis curieux. 😎
                C’est quoi l’idéologie de M Mitralias si ce n’est pas indiscret?

              2. Avatar de CloClo
                CloClo

                Oh tu sais Didier Raoult aussi est le champion du Monde d’article dans des revues à comité de lecture, moi je t’avoue ça ne m’impressionne pas. L’argument d’autorité est aussi utile que le sel et le poivre en cuisine.

                Quant aux chapelles de gauche, en espérant que jeune tu n’y as pas rencontré certains curés mal intentionnés, si je veux bien te croire, je ne vois pas sur le plan argumentaire comment tu classes Y.M dans la case secte avec ton propos. Tient, il serait de quelle chapelle YM ?

                Car moi qui n’ai jamais fréquenté de secte, au mieux j’en fonderai une dans mes vieux jours pour vivre entouré et bichonné, je ne trouve rien de sectaire, ni de mal orienté dans chacun des articles collés ici même par Paul.

                1. Avatar de Garorock
                  Garorock

                  M Mitralias est au NPA. Ok.
                  C’est pas vraiment une révélation. Il a un blog sur Médiapart…
                  https://blogs.mediapart.fr/yorgos-mitralias/blog/051122/amadouer-poutine-la-politique-d-apaisement-toujours-conduit-la-catastrophe

                2. Avatar de CloClo
                  CloClo

                  Non sérieux, t’as pondu tes articles en donnant que les références ?

                  Tu penses t’en tirer ainsi Arkao ? Non, explique. j’ai autre chose à faire que lire un article de NPA. Quelques lignes bien écrites de toi feront l’affaire, sans te commander, mais en insistant quand même. Argumente !

                  1. Avatar de arkao

                    @CloClo
                    Euh, vous êtes gentil mais j’ai un boulot moi (et en ce moment je patauge dans la flotte et le froid toute la journée avec un kilo de boue collée à chaque botte). Je ne peux pas rédiger une réponse argumentée à ce billet dans ces conditions. Faudra donc donc vous contenter de mes réponses laconiques et des liens qui constituent des pistes qu’il vous appartient d’explorer si vous avez le temps de votre coté.

                    1. Avatar de CloClo
                      CloClo

                      D’autres pataugent dans la boue, le froid et aussi sous les bombes russes. Oui russes. Ce qui complique encore plus l’écriture, mais ils persistent à vouloir écrire leur Histoire épatant non ? Etrangement la même Histoire que tu vas chercher avec ta pelle dans le passé pour ton boulot. Il y a là des signes pour ceux qui veulent voir.

          3. Avatar de CloClo
            CloClo

            Peut-être que les 6 pouces levés sous le commentaire d’Arkao pourraient eux nous expliquer dans quelle secte est YM, puisque Maitre Arkao rédacteur dans des revues à comité de lecture ne prend pas la peine de nous préciser en détail cette attaque gratos ?

            Mais j’en doute, c’est la même clique qui pouce chaque commentaire pro russe en fait.

            Non en vérité, les 6 (et suivants vu que je viens de mettre un coup dans le nid de guêpes), et Arkao êtes des poutinolâtres et YM vous en colle au fond du trou dans chacun de ses articles. Et vous êtes en rage en le lisant. La secte c’est vous mes choux.

            La secte des poutinolâtres 😀

            1. Avatar de Paul Jorion

              Hmm… je ne vais pas me prononcer quant à la qualité des billets de Yorgos Mitralias, je vais me contenter plus humblement de continuer à les publier avec enthousiasme.

              1. Avatar de arkao

                Triple dose donc puisque ses billets se trouvent in extenso à la rubrique des blogs de Médiapart et dans le journal du NPA 🙂
                Si seulement PJ avait un tel accueil 😉

                Puisque Y. Mitralias s’intéresse tant à l’Ukraine, j’attends avec impatience un article de sa part au sujet de la résistance libertaire de Nestor Makhno massacrée par l’armée rouge de Trotski.

                1. Avatar de Paul Jorion

                  Ah ! J’ignorais : je n’ai jamais eu la curiosité de regarder s’il publiait ses billets ailleurs. Je croyais que j’étais le seul à qui il demandait de publier ses textes.

                  1. Avatar de arkao

                    @Paul Jorion
                    Bonne vieille méthode de nos camarades trotskystes:
                    https://fr.wikipedia.org/wiki/Entrisme

                2. Avatar de Garorock
                  Garorock

                  Il est tout à fait notable Arkao, que depuis le début de la guerre en Ukraine, nous avons plus entendu parler de Bandera (ce qui arrange les Russes) que de Makhno (ce qui les arrange aussi)

              2. Avatar de arkao

                P.S. Je ne remets pas en cause son combat au sujet de la dette. Dans ce domaine je n’y connais rien.

    2. Avatar de zig oun abder
      zig oun abder

      La finalité ?

      1 C’est de prouver qu’il y a bien une nation ukrainienne et que celle-ci a souffert l’enfer du  » chauvinisme grand-russe stalinien « ( Staline était georgien, lol , et jamais les républiques périphériques de la fédération de Russie ne se sont aussi bien portées que pendant l’URSS )
      2 et donc de soutenir la pauvre nation ukrainienne victime de son grand-voisin

      Quand je pense aux pauvres réfugiés ukrainiens , dans mon coin de sud ouest de Germanie ils se baladent tous avec au moins des BMW Xqqchose , sont bien à plaindre ah ben oui …

      Mitralias c’est vraiment le gauchiste utile à plein de monde , sauf au peuple ukrainien

      1. Avatar de CloClo
        CloClo

        Il y a des êtres humains en ce moment qui meurent par centaines de milliers, des millions qui souffrent dans leurs chair de la faim, du froid, et sont déportés et cela du seul fait d’un unique individu : Poutine.

        Individu qui nie à des êtres humains se considérer comme ils veulent. Si ils veulent être Ukrainien t’es c’est leur problème, et si ils veulent en plus rejoindre l’UE et l’OTAN c’est aussi leur problème (chance ?).

        Je te dirai où tu peux donc te glisser ton commentaire, mais la bienséance et ma légendaire politesse en tout temps me font retenir mon clavier.

        « Staline était georgien, lol , et jamais les républiques périphériques de la fédération de Russie ne se sont aussi bien portées que pendant l’URSS », Effectivement LOL.

        1. Avatar de arkao

          @CloClo
          Certains n’ont pas vos pudeurs de gazelles:
          https://reporterre.net/La-France-recoit-une-importante-cargaison-d-uranium-russe
          Pragmatisme, quand tu nous tiens !
          Rions un peu. Nos brillants stratèges découvrent que les canons s’usent à l’usage:
          https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/30/les-canons-occidentaux-livres-en-ukraine-soumis-a-une-usure-acceleree-par-la-guerre_6152325_3210.html

          1. Avatar de CloClo
            CloClo

            Comme y a que toi qui doit voir le rapport entre mon commentaire et le tien, tu voudrais un peu expliquer le lien entre les deux ?

            1. Avatar de Garorock
              Garorock

              Ah si, moi je vois très bien le rapport!
              Au sujet de la guerre en Ukraine, on ne peut pas qualifier Arkao d’inconstant.
              Sa position est la même depuis le début.
              😎
              Ce que propose Friot, il me semble, c’est du work in progress horizontal. Et de cela, je suis friand.

              1. Avatar de timiota
                timiota

                « Faites l’Амур, pas la guerre ! » , ou dit autrement, c’est avec des épaisseurs d’histoire bien fournies qu’on peut ne pas sentir le spectre de Munich en appelant au pacifisme face à la compulsion annexionniste de Vlad. Ceux dont la myopie dans l’impérialisme s’arrête vers 1920 ont un peu de mal. La « Grande guerre », la boucherie bien de chez nous, n’est pas encore réapparue aussi fort que Munich sur mes radars (sur ceux d’arkao sans doute bien davantage), alors que les tranchées deviennent la règle dans le front du Dombass, il est vrai. Je doute toutefois que Noel 2022 y amène les atomes de fraternité qu’on vit quelque part vers Verdun (http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/temoi-fraternisation.htm).

                ——————

                Pour Friot, les idées de gratuité développées ici par PJ et Vincent Burnand Galpin ne sont-elles pas une autre pousse du même rhizome (structure horizontale s’il en est) que les généralisations de salaires différés « horizontaux » dans le work-in-progress à la Friot ?

                1. Avatar de Garorock
                  Garorock

                  Je n’ai pas dit que Friot, Galpin et Jorion ne devaient pas se rencontrer! 😎

      2. Avatar de timiota
        timiota

        Ayant vu de près en Bade-Wurtemberg (entre Stuttgart et Ulm) une mère et sa fille ukrainienne (50 ans et 14 ans en gros) se faire loger fin mars par un type du coin dans un bout d’étage de sa maison où il avait plutôt prévu de loger des étudiants à tarif raisonnable, et ayant eu les stats du maire de la ville (assez volontariste il est vrai) via le logeur en question, membre d’associations ad hoc locales, je n’ai pas vu beaucoup de BMW dans cette histoire. Il y a certes das le coin un magasin de produits russes qui était là depuis de nombreuses années, et qui vend sur ses rayons cornichons et kacha etc. (vu début février 2022), je n’y ai pas vu une communauté arrogante (retourné voir la petite ville en question en mai et en aout) ni de près ni de loin. Les BMW d’occasion sont évidemment une seconde nature dans la Bavière et les Mercedes à Stuttgart, il se peut bien que 10% des réfugiés arrivé avec assez de ressources s’en soient payée une un peu goulue en essence, délaissée par des locaux bien-pensants qui préfèrent l’hybride, mais d’une photo à un cliché, j’aimerais voir le témoignage de première main.

        1. Avatar de zig oun abder
          zig oun abder

          Des SUV BMW immatriculés en Ukraine , sinon comment je saurais que c’est des ukrainiens ??

          1. Avatar de CloClo
            CloClo

            T’as une preuve de ce que tu avances à part tes élucubrations ? Une photo, un témoin digne de confiance qui pourrait corroborer ton témoignage ?

            Les poutinolâtre sont les maîtres dans l’art de l’invention et de l’affabulation. 😀

            1. Avatar de zig oun abder
              zig oun abder

              Photos ? Témoins « dignes de confiance » ?
              Tu me prends pour un agent du FSB ?
              A ce compte-là demande la même chose au sieur Timiota qui aurait vu/entendu-dire-que/supputé-que des réfugiés ukrainiens auraient acheté de la BM d’occase « goulue en essence » pour quelques sous , « délaissées par des locaux bien-pensants » et j’ajouterais , certainement rejetées au contrôle technique , lol
              Je rêve ….

              1. Avatar de CloClo
                CloClo

                Non je te prends pour un petit diffamateur à la petite semaine, en mission, ce que tu es visiblement, y a que toi pour penser que ton témoignage sous ZOA présente la moindre crédibilité et ou intérêt.

                Et ta mémé elle a couché avec des soldats allemands ?

                1. Avatar de zig oun abder
                  zig oun abder

                  Il n’y a que moi ?
                  Alors pourquoi tu y réagis plus d’une fois ainsi que les 3 autres ? T’es en mission ?

                  1. Avatar de CloClo
                    CloClo

                    Oui en mission pour le Seigneur ! 😀

                    Il m’a envoyé ici pour lutter contre les démons qui servent Poutine et méprisent et salissent les Ukrainiens.

            2. Avatar de Garorock
              Garorock

              Les BM, c’est bidon!
              C’est toujours dans la catégorie relativisme gluant.
              In fine: voyez bien que c’est un peu des nazis, ils roulent en BM, ces salauds!
              Y’a des Ukrainiens qui viennent d’acheter une maison au coin de ma rue: 120 000 euros. Doivent pas faire partie de ceux qui gagnent 150 euros par mois tout comme les russes qui ont fuit moscou ou les oligarques qui roulent en ferrari à Londres, Antibes ou à Malte!

          2. Avatar de Ruiz
            Ruiz

            @zig oun abder Est-ce que rouler dans une voiture immatriculée en Ukraine, (proche pays hors U.E.-Suisse) éventuellement de location ne serait pas un moyen habile de ne pas recevoir les PV en cas d’excès de vitesse ou autre (stationnement) et tant qu’à faire pourquoi pas en BMW, sans préjuger de la nationalité du conducteur, qui pourrait très bien être un local ou un touriste astucieux.

            1. Avatar de zig oun abder
              zig oun abder

              Une voiture de location pour éviter les PV ?! …….

              C’est quoi la prochaine étape du délire ? La mafia yougo/albanaise/bulgare/turque ( rayer les mentions inutiles ) qui rachète pour quelques miettes des BM à des propriétaires ukrainiens ruinés par la guerre et vient les recycler en Allemagne ? …..

              1. Avatar de CloClo
                CloClo

                C’est exactement à cette pratique/technique que tu déroules tranquillement après ta sortie de vrai gros plouc sur les BM ukrainiennes que je fais allusion en parlant de « mission » te concernant ZOA.

                Alors ta mémé ? Elle a aimé ?

            2. Avatar de timiota
              timiota

              Qu’il y ait eu 300 SUV BMW ou similaire à Kyiv et 400 de plus ailleurs, dont, après l’évacuation en masse de fin février, 200 sont en Pologne et 104 en Bavière ne change pas grand chose au schmilblick. L’Allemagne et est à 971 000 réfugiés au compteur statista.
              C’est comme si on prenait le 93 pour le département le plus riche de France au motif que les dealers de St-Ouen le parcourent en BMW.
              Sur un air de rap :
              « Les masses sont prises dans les nasses des rapaces.  »
              « Les BM et la bohème , c’est dans le 93 qu’on cache les problèmes »
              « SUV, riches enrobés dans le duvet, finissant leur chic cuvée »
              « Les rapaces tirent les fils des nasses des masses.  »

              (whatever it means)

      3. Avatar de Garorock
        Garorock

        « et jamais les républiques périphériques de la fédération de Russie ne se sont aussi bien portées que pendant l’URSS  »

        Sauf pendant la parenthèse enchantée de l’holodomor!
        Mais c’est un détail, comme dirait Jean marie…

        1. Avatar de CloClo
          CloClo

          Faut demander à sa mémé !

  2. Avatar de Hervey

    Merci pour ce portrait tout droit sorti d’un livre de Cendrars !
    J’en reste bouche bée et comprend de la sorte le peu de commentaire.
    Si j’étais dans l’industrie cinématographique, j’achèterai les droits tout de suite.
    🙂

  3. Avatar de ebolavir
    ebolavir

    Une ligne a attiré mon attention et renforcé mon préjugé. En 1912, alors qu’elle est une activiste visible, et pas depuis peu de temps, le gouvernement du Tzar se contente de l’envoyer en Sibérie. La suite raconte à quel point elle y vit librement, au point de pouvoir s’enfuir, je suppose en prenant simplement le bateau à Vladivostok. Ensuite, elle peut faire le tour du monde par les USA pour rejoindre la Russie début 1917, alors qu’elle n’a ni argent ni protection ; le monde était donc ouvert en ce temps-là. Les aventures de Lénine, beaucoup plus visible, disent la même chose.

    Les Bolch.eviks ont retenu la leçon, et n’ont pas voulu que ce qui leur avait permis de réussir puisse servir à d’autres. Ils ont été attentifs à exterminer les opposants et même les suspects, à rendre le territoire imperméable, à étendre ce blindage du pouvoir à mesure que l’empire soviétique s’élargissait, et cela dès avant Stal.ine. Ca a duré jusqu’en 1989.

    Opinion que j’espère non fondée : le pouvoir, dans le pays autrefois démocratique où nous vivons, a aussi retenu la leçon, et est en train de mettre en place les moyens de sa future invulnérabilité, autour d’un « cercle de cadres sûrs » (comme avait dit en public par inadvertance le patron d’une l’entreprise où j’ai travaillé). Comme a dit un officier des forces de l’ordre à une manifestante qui voulait discuter : « Nous ne sommes pas dans le même camp ».

    (Askimet me dit : « Vous envoyez vos commentaires trop rapidement. Prenez votre temps. », signe de la présence de mots interdits. Je relis, et je ne vois rien. Je réessaie.)

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      @ebolavir
      ouh la la ! vous simplifiez à outrance ! Il m’est impossible ici de vous retracer l’histoire de la révolution russe mais vous oubliez de citer l’Internationale , le rôle qu’elle voulait jouer dans le conflit avec l’Allemagne au nom des travailleurs ………..
      de là à dire que les Bolcheviks se repliaient sur eux mêmes et ainsi pour la Russie je ne franchirai pas en ce qui me concerne cet amalgame .
      Si je peux vous conseiller je vous suggèrerai de lire ; La révolution de 1917, Marc Ferro.

      1. Avatar de ebolavir
        ebolavir

        Cher Khanard, j’ai quelques notions de l’histoire de la révolution russe, ou plutôt de la conquête du pouvoir par les Bolchevik contre le peuple russe. La mise en camps de ceux qui auraient pu s’opposer a commencé très tôt, avec l’expérience réussie des îles Solovki (c’était déjà une prison sous l’ancien régime). Je salue l’Internationale, mais ce n’est pas de ça que je parlais. La grande affaire des Bolcheviks à l’intérieur a été de rendre leur succès irréversible et ils n’ont reculé devant rien. L’article de Wikipedia sur la révolte de Cronstadt https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_de_Kronstadt légèrement grandiloquent donne une bonne perspective. Vu d’Occident, on a une vision brouillée par l’idéal que l’Internationale projetait à l’extérieur, de ce qui était purement une affaire de pouvoir, et nécessitait l’institution du totalitarisme. 15 ans plus tard, Hitler, qui avait suivi la question, mettait en oeuvre les mêmes outils (sauf la famine).

      2. Avatar de CloClo
        CloClo

        Khanard,

        La révolution Russe a été un fiasco, puis à tourner franchement à l’eau de vinaigre avant de virer à l’enfer mortifère. Y a que les coco français et encore pas tous heureusement pour penser l’inverse, parce qu’ils mélangent Communisme et URSS.

        Tout le monde sait que ce n’est pas en Russie qu’il fallait que la révolution communiste prenne place mais en Allemagne d’abord puis de là rayonner en France puis dans toute l’Europe enfin le Monde comme le souhaité Marx sauf erreur de ma part. Ben voilà loupé, on eu les sanguinaires en roue libre chez les russes, dont les biographies de tout leurs leaders démontrent le haut degré de perversion mentale et leur goût du pouvoir absolu et de la mort. Ce sont TOUS des petites frappes, Poutine est le dernier en chef. Staline lui fut le vrai premier parrain. Lénine a laissé crevé les paysans pour industrialiser le pays, car sans Capital… point de Communisme !

        Bref, une consternante expérience humaine qui a dévasté la planète au XX ième comme le capitalisme US ou le colonialisme Européen.

        1. Avatar de arkao

          @CloClo
          Ah si seulement Trotski l’avait emporté sur Staline, le monde aurait été merveilleux 😉

          1. Avatar de Rosebud1871
            Rosebud1871

            Y a Piotr Tolstoï qu’a causé sur bfmtv, quand même vice-président de la Douma il est rassurant, les russes s’arrêteront à la frontière polonaise, pas de raison d’aller plus loin. En 1815 à Paris, ils nous ont laissé le mot de bistrot. Bien utile, pour les conversations.

            1. Avatar de CloClo
              CloClo

              Le gars, Piotr T, a définitivement déguelassé le nom de Tolstoï. Faudra faire un effort pour lire la littérature russe maintenant sans penser à tous ces abrutis de descendants.

              J’ai vu l’interview : LUNAIRE ! J’ai cru un moment que j’étais entrain de mater le dernier Borat.

          2. Avatar de CloClo
            CloClo

            Non, t’as pas compris que la Russie du début XXs était le pire pour la révolution communiste ? Staline ou pas. Lénine lui même le savait.

          3. Avatar de Chabian
            Chabian

            @ arkao : En tous cas c’est ce qu’affirment les trotskystes, et encore aujourd’hui ils nous racontent tous les jours que c’est moins bien sans eux. ça reste à voir… plus tard.

        2. Avatar de Garorock
          Garorock

          « Y a que les coco français et encore pas tous heureusement pour penser l’inverse, parce qu’ils mélangent Communisme et URSS. »
          Merci pour eux. 😎
          Les rares cocos qui restent, s’ils sont conséquents, devraient jeter un oeil du côté de Friot… A mon avis.

          1. Avatar de CloClo
            CloClo

            Pardon pour les innombrables fautes qui jalonnent mes commentaires, ça empire avec le temps, quand je n’oublie pas des mots… La vue et l’acuité syntaxique et grammaticale baissent.

            Friot j’ai pas mal lu de ses livres et échanges divers et j’ai écouté beaucoup de ses conférences. J’aime l’intelligence de ce mec et la cohérence de sa pensée. En vrai c’est très séduisant. Mais je ne sais pas vraiment par où le prendre et comment y rentrer, même si lui dit que si c’est déjà en place mais que cela ne demande qu’à être plus étendue. Ca fonctionne à merveille comme tu le ferais de pas mal de pensées en système fermé mais selon moi sans tenir compte du … réel.

        3. Avatar de Khanard
          Khanard

          @cloclo
          tout à fait d’accord avec vous en particulier lorsque vous dites « la révolution communiste prenne place mais en Allemagne « . Tache à laquelle s’est attelée Rosa Luxemburg. Fait étrange l’intelligentsia communiste française était particulièrement absente et c’est plutôt du côté de l’Angleterre que des réunions secrètes eurent lieu ainsi que l’Italie avec Gramsci.
          Bien sûr je synthétise à outrance en mettant en scène des personnalités majeures mais la réalité est beaucoup plus complexe .

          Il est quand même étrange que l’on compare facilement Zinzin à Staline alors que historiquement le même zinzin serait plus proche de Nicolas II même si au final les trois sont ou ont été des sanguinaires avérés.

    2. Avatar de Hervey

      Askimet doit lui-même être tenu à différer sa surveillance suite au ralentissement du débit internet.
      C’est ce que j’ai pensé ( à tort ou à raison) au vue des mêmes recommandations que vous ont été données.

  4. Avatar de Guy Leboutte

    Bonjour,

    Je viens de parcourir les commentaires, et je tiens à livrer le mien.

    Trotsky (qui doit être une des images saintes de Yorgos) est à peu de frais un martyr distinct de Lénine, « non léniniste ». En fait il partageait avec nombre de bolcheviques, malgré des luttes de chapelle et des retournements de rapports de force, une série indélébile de caractéristiques, qui malheureusement traversent l’histoire russe avec constance, au-delà des changements de gouvernement: l’organisation pyramidale qui fait mentir l’affirmation de « soviétique », le goût du pouvoir sans partage (au bout du compte, tous sont nos ennemis), une appétence horrible pour la répression sanglante, le meurtre, l’emprisonnement, et les polices, en particulier secrètes. La bureaucratie folle et aveugle, corrompue aussi, identique sous le tsar (voir Les Âmes mortes de Gogol) et aux pires heures du soviétisme.

    Les trotsko-léninistes et globalement les bolcheviques avaient en propre par ailleurs une vision scientiste de l’histoire, bien de leur époque, et le matérialisme historique en était le code. À cette époque de causalité laplacienne, il n’y a à toute question scientifique qu’une et une seule bonne réponse: et nous voilà avec une pensée parfaite pour asseoir la domination d’un seul, celui qui a raison. Mais ici comme pour la théorie standard des prix, ce sont en réalité des rapports de force qui disent où est la (seule) « raison », la seule « ligne juste » .

    Tout à mon plaisir de prendre Yorgos à rebrousse-poil, j’ajoute encore que le marxisme était en Russie, comme il le sera plus tard en Chine, une idéologie d’importation, et le pays ne correspondait absolument pas au schéma général de la révolution tel que dessiné, et avec quel talent, par Marx. Il a donc fallu adapter la science marxiste à une révolution socialiste en terre féodale, ce qui ne pose pas de gros problème à partir du moment où priment la rapacité pour le pouvoir et un usage constant de la violence: une théorie est bien peu de chose en regard.

    Les gauches « de gauche » (Bourdieu) sont peuplées de gens sincères et de motivations égalitaires, mais elles sont sujettes à de graves défauts. Leur « balkanisation » est effarante, on ne peut qu’y voir les ombres du sectarisme. Évidemment, si 100 personnes sont priées de définir leur propre société désirable, tant qu’à inventer elles inventeront et produiront 100 figures distinctes, …mais si et seulement si elles se limitent à ne parler à personne ou seulement à des gens qui avancent des options identiques à la leur. C’est la fermeture et le manque d’échanges avec ceux qui partagent le même rejet et les mêmes aspirations générales qui créent le sectarisme. On le voit bien avec les assemblées de citoyens tirés au hasard mais réunis dans un débat, qui produisent des propositions remarquables, plus ou moins au consensus.

    Bon, mon commentaire devient trop long. Je me contente donc de juste citer deux autres et désespérantes « maladies » de la gauche de gauche.
    1. On défend toujours un camarade quelles que soient ses erreurs ou ses fautes. Le sens critique et une certaine cohérence envers soi-même se sont évaporés entre camarades.
    2. On se réfère à des figures du passé, inévitablement embellies et partielles. Celle de Trotsky me paraît formidablement faussée et illusoire. La maladie connexe est de s’écharper aujourd’hui sur la bonne réponse à des questions anciennes que l’Histoire ne pose plus.

    PS: nous lisons sous la signature de Léon Trotsky, dans son essai « Art révolutionnaire et art socialiste » paru en 1923, cette phrase bien de son époque :
    « L’homme socialiste maîtrisera la nature entière, y compris ses faisans et ses esturgeons, au moyen de la machine. Il désignera les lieux où les montagnes doivent être abattues, changera le cours des rivières et emprisonnera les océans ».

    1. Avatar de CloClo
      CloClo

      Salut Guy,

      A gauche, j’ai une affection particulière pour F. Bégaudeau. dont je trouve la pensée non sclérosée même particulièrement « vivante » et fine. Mais bon ç’était pour dire que Jésus aussi a d’abord était le fruit d’une secte…

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