Blog de Paul Jorion

8 réponses à “Nécropole de Saint-Nizier du Moucherotte, par Arnaud Castex”

1. 

   Chabian

   01 novembre 2022 10h15

   Pour ceux que la chose intéresse, il y a un événement « Pionniers du Vercors » (exposition de matériel, conférences, ateliers…) ces 11,12 et 13 novembre 2022 à Saint-Jean-en-Royans (Drôme). (Je n’y serai pas).
   Pour la petite histoire, ces combats à Saint-Nizier de Moucherotte sont symboliques de l’histoire du Vercors : le plateau pouvait servir de « tête de pont » pour une opération aéroportée au moment de la libération (c’est le « Plan Montagnard »), mais il ne pouvait être une ‘forteresse imprenable’ de longue durée. Ayant décidé de la tester (dans une campagne de liquidation de plusieurs maquis : Jura, Glières…), la Wermacht commence l’assaut par St Nizier le 13 juin, et se heurte à une forte résistance des maquisards et des militaires regroupés subissant là une première épreuve du feu. Mais ils vont vaincre le lendemain, s’ouvrant l’accès à un tiers du plateau, dont les bourgs importants de Villard et Lans. Un bon mois plus tard, ils procéderont à la liquidation du Vercors… notamment par une opération aéroportée (planeurs)… inattendue !
   Sur cette bataille du Vercors, il est intéressant de suivre la tension entre mémoires concurrentes, entre « héros » et « victimes » : celle de l’armée française (restreinte par l’Armistice de 40 puis démobilisée en novembre 42 avec l’occupation allemande du sud de la France) dont des restes se sont réfugiés en Vercors ; celle des maquisards, jeunes issus de toute la France et devant se cacher (43-44) ; celle des jeunes locaux qui ont été appelés à « monter en renfort » au début juillet 44 ; enfin celle des populations locales du plateau et des piémonts, ayant caché et nourri ces résistants et ayant subi une répression sauvage de l’occupant durant quatre semaines. Il y a donc un récit militaire, un récit local, un récit de certains maquis, et un récit officiel républicain d’après-guerre, « sacralisant » les lieux (gaulliste, mais aussi PCF). (Je travaille à finaliser un « récit local »…).

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   1. 

      arkao

      01 novembre 2022 16h05

      @Chabian
      Se pose aussi la question, pour ce maquis comme pour d’autres, de la stratégie du regroupement des petites unités de résistants dispersées en de grosses structures centralisées façon « corps d’armée ». Le chef du maquis où était mon père a refusé de répondre à l’ordre de rejoindre celui des « Manises ». Heureuse initiative, vu le piège de la situation et l’issue tragique:
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Maquis_des_Manises

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      1. 

         Chabian

         01 novembre 2022 21h00

         Il y a de cela dans le maquis du Vercors, mais l’histoire est bien plus longue ( sur 20 mois). Les jeunes de divers maquis (dont un en 1942 à l’initiative d’un jeune vicaire qui deviendra ‘l’abbé Pierre’), sont dispersés dans une dizaine de campements à partir de début 1943 ; pour éviter le désœuvrement, on organise un encadrement, une formation, etc., organisé par l’état-major qui encadre déjà divers militaires. Les camps sont parfois localisés (y compris de l’occupant italien 42-43), bruyants, regroupés, délogés… mais parfois très bien organisés. Cela à proximité des fermes et non loin des villages, en utilisant les bus… Il y a aussi de nombreux groupes de jeunes dans des camps informels, des groupes communistes hors de ce réseau, etc. Le problème du Vercors est que le projet de « tête de pont » a reçu dès 43 un financement de Londres et est porté par le groupe militaire. Toute la résistance s’est unifiée ainsi autour de ce projet qui va être une erreur (pas de forteresse), une fausse promesse (pas ou peu d’armes) et un malentendu (pas de projet gaulliste ou allié pour le Vercors).
         On force les résistants de la ville de Romans, proche, à « monter pour assurer la protection » le 29 juin alors qu’ils agissaient dans leur région en continu et avaient refusé d’obéir.
         Après les combats, (où beaucoup de jeunes sans armes et sans préparation sont abattus ou torturés et exécutés, ainsi que des malades), la débandade est décidée après 36 heures et les allemands ratissent. Les militaires renvoient les jeunes locaux qui le peuvent, et eux-mêmes se cachent dans des grottes avec un certain succès (leur mémoire –très sélective !– dit : nous n’avons pas été vaincus au Vercors).
         Effectivement, il y a eu des ordres et des contrordres de Londres au débarquement, pour se lever en masse, et puis de ne pas faire d’imprudence ! Et le maquis ardennais dont vous parlez date du début juin…
         Après, la période 40-45 est une suite d’événements humains qui restent à éclairer sereinement !

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         1. 

            arkao

            01 novembre 2022 22h35

            @Chabian
            La sérénité et la neutralité sont difficiles à atteindre en histoire contemporaine. Avec la Résistance on touche à la sacralité du récit et les institutions universitaires sont bien verrouillées. Il n’y a souvent d’autres issues que l’édition à compte d’auteur. Il faudra à mon avis encore une à deux générations avant de pouvoir travailler sereinement sur cette période.

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         2. 

            arkao

            01 novembre 2022 22h43

            @Chabian
            Au sujet du Maquis des Manises, le destin particulier et hors norme de son chef parachuté, Jacques Pâris de Bollardière:
            https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_P%C3%A2ris_de_Bollardi%C3%A8re
            https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/95/Lanza_muller_bolardiere.jpg/1280px-Lanza_muller_bolardiere.jpg

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2. 

   Irène Silvest

   01 novembre 2022 11h15

   Très émouvant.

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3. 

   Hervey

   01 novembre 2022 13h19

   https://hervey-noel.com/wp-content/uploads/2022/11/inscription.jpeg

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4. 

   arkao

   01 novembre 2022 13h35

   Nécropole austère, dépouillée, minérale, très éloignée du romantisme arboré des cimetières militaires allemands:

   https://api.cloudly.space/resize/crop/1024/512/60/aHR0cHM6Ly9haXNuZS5tZWRpYS50b3VyaW5zb2Z0LmV1L3VwbG9hZC92ZXNsdWQuanBn/image.jpg

   http://4.bp.blogspot.com/-kT-f0YBHMTo/Uain5_EpWqI/AAAAAAAAB94/jzKh6W8xEGI/s1600/P1090418.JPG

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