De l’opportunité d’une planification et d’autres propositions ‘réalistes’, par JeNeSauraisVoir

Ceci est une réaction à l’article Pour un plan quinquennal, par Khanard qui faisait référence à mon précédent billet (Obtenir une augmentation générale…) et le texte s’étant un peu étoffé, j’ai proposé à Paul Jorion d’en faire un nouvel article.

Si le principal argument qui nous vient pour défendre une proposition en faveur du changement est de prétendre à son réalisme, il est presque certain que la cause est perdue d’avance puisque continuer comme avant, refaire ce qui existe déjà sera toujours plus réaliste que n’importe quelle autre nouveauté fût-ce une planification dont on ne sait quel glissement de mentalité la ferait envisager et encore moins quel changement d’habitudes permettrait de la mettre en œuvre ! Et si nous entrevoyons la possibilité d’un glissement de mentalité voire d’un changement d’habitudes peut-être est-il opportun de nous demander comment utiliser cette dynamique au mieux ? En l’occurrence, l’ampleur du changement c’est-à-dire le maximum d’effet est aussi important, me semble-t-il, que la proximité du neuf d’avec le point de départ, ce minimum de changement censé nous rendre une proposition plus réaliste.

Le capital n’a pas conquis le pouvoir de mener la danse en faisant de la philanthropie et nous ne le convaincrons pas de se mettre à la planification pour sauver la planète si la rentabilité des fonds investis reste le critère d’affectation des ressources. Le capital se fout des limites physiques de notre planète et contrairement à ce qu’il plait à quelques scientifiques orgueilleux de croire, nous n’avons pas développé une civilisation machiniste carbonée parce que les ressources idoines étaient abondantes. Le principe de rentabilité du capital investi est l’aiguillon qui permît de privilégier telle invention à telle autre. La disponibilité de la ressource est restée un facteur secondaire – une aubaine au mieux. D’ailleurs, l’énergie et les matériaux n’ont jamais été gratuits et ce qui permît de préférer une ressource plutôt qu’une autre ne fût pas le souci de préserver l’écosystème encore moins le bien-être du client final (du consommateur) mais la rentabilité.

Pour qui douterait du fait que le capital ne se soucie pas tant du client final il est possible de se référer à l’exemple de l’épicerie comparé à celui des transports : nous avions traditionnellement des épiceries de quartier à taille humaine où chacun pouvait se rendre à pied, à cheval ou à bicyclette pour faire ses courses en toute intimité pourrait-on dire, un service personnalisé s’il en fût ! Puis naquît la grande distribution qui n’eut de cesse d’augmenter la taille des magasins, d’édifier des centres commerciaux de plus en plus immenses pour attirer le plus de monde possible dans une sorte de célébration collective de la consommation. Dans le même temps l’industrie des transports se développait. Et que proposa notre société à cet individu que l’on poussait à la geste collective, à la co-consommation quasi cathartique dans les hypermarchés ? De la voiture individuelle de préférence au détriment du transport en commun pourtant plus conforme à l’esprit des grandes surfaces commerciales ! Et l’on construisit d’immenses parkings aux abords des centres commerciaux pour que le client s’y déplace en voiture individuelle afin de sacrifier à l’acte collectif d’achat. On avancera crânement que c’est pour le confort et le bien-être du client final – du consommateur. La réalité plus prosaïque n’est-elle pas qu’édifier d’énormes surfaces de vente permet de réaliser des économies d’échelle, d’atteindre une meilleure rentabilité et que dans le même temps la multiplication des voitures individuelles fournit un déboucher à l’investissement dans des usines de fabrication suffisamment grandes pour optimiser les économies d’échelle, gage d’une meilleure rentabilité également ?

Le capitalisme ne tenant pas son pouvoir du « bien » apparent qu’il exhibe, il n’est pas possible de l’en dessaisir uniquement en proposant un « bien » plus élevé, si tant est d’ailleurs que nous parvenions à convaincre que ce dernier surpasse le premier (le bien apparent) auquel le plus grand nombre est habitué – et manifestement nous n’y parvenons pas. Tant que le capital conservera son pouvoir de nuisance il est peu probable que nous obtenions de lui d’accepter de concevoir et de mettre en œuvre une planification écologique. Et les chances ne sont guère plus sérieuses de lui faire adopter une économie de guerre, d’arrêter la publicité, de sortir du nucléaire… Du moins ces propositions ne sont-elles pas intrinsèquement plus réalistes que d’autres visant d’abord à déchoir le capital de son pouvoir exorbitant ? Au demeurant notre stratégie à l’encontre du capitalisme ne saurait se limiter à la proclamation qu’il faut en sortir pendant que nous allons quémander le bon vouloir de ceux qui sont au service du même capital. Nous devons essayer d’agir positivement et si besoin cesser-de-faire, mettre dans la balance notre inertie de groupe, ce que permet précisément l’appel à la grève du début de semaine. Peut-être est-il possible d’ajouter qu’un mouvement social dont la principale revendication serait d’exiger un plan quinquennal paraîtra certes original mais aucunement réaliste et fort impuissant (pire qu’obtenir une augmentation des salaires et plus) à soulever des foules.

Et comment peut-on résoudre au mieux cette question de la défaisance du capitalisme qu’en s’attaquant à son principe fondamental dont nous devons une meilleure compréhension à Paul Jorion ? C’était bien le sens de mon article précédent et de bien d’autres sur ce blog. Instituer et institutionnaliser la répartition de toute richesse créée avec le concours de la collectivité est le moyen de dessaisir l’actionnariat de son privilège afin qu’il soit possible d’asseoir d’autres façons de vivre ensemble, selon un raisonnement que j’ai esquissé également dans un article précédent. Sur la base d’un nouveau principe dont l’avènement prendra à peine autant de temps qu’il fallut à nos ainés de 1789 pour abolir le privilège féodal, la rentabilité du capital ne sera plus le critère d’affectation de nos ressources. Ne serons-nous pas alors plus à même de concevoir et de mettre en œuvre une planification ou toute autre transformation à des fin de sauvetage de notre écosystème ? Ne serons-nous pas, en définitive, plus à même de changer de société ?

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21 réponses à “De l’opportunité d’une planification et d’autres propositions ‘réalistes’, par JeNeSauraisVoir”

  1. Avatar de Ar c'hazh du
    Ar c’hazh du

    Il me semble que le « quiet quitting » est en train de réaliser ce que ni grand soir, ni grèves, ni syndicats n’ont jamais pu obtenir en terme d’affectation rationnelles des ressources. Mais peut être n’est ce là qu’un mirage de plus… Wait and see.

  2. Avatar de Otromeros
    Otromeros

    Sans oublier la passive complicité de délit de vol en bande organisée…

    au travers du… tout (relativement) récent « marché (européen) de l’électricité » … créé de toutes pièces par nombre de fonctionnaires européens dûment mandatés , « encadrés » de lobbyistes spécialisés …baptisé en 2007 …monstre bancal appuyé sur le prix du.. gaz..!! …exhalant de ce fait, particulièrement dans les circonstances guerrières actuelles, un suave parfum d’escroquerie légalisée…

    https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/comment-le-marche-europeen-de-l-energie-organise-les-profits-de-crise-937545.html

    Les laisserons-nous encore « nous tondre » longtemps..?

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      article où l’on reparle de planification

  3. Avatar de Garorock
    Garorock

    Tout cela est bien joli, bien écrit, mais ne répond toujours pas à la question: comment faire?
    Et qu’est ce qu’on veut?
     » Instituer et institutionnaliser la répartition de toute richesse créée avec le concours de la collectivité  »
    En clair, mettre dans la constitution l’article suivant: abolition de la propriété privée des moyens de production?
    Déja, pas sûr que le gilet jaune qui a achété son SUV à crédit soi d’accord et en plus y’a pas au parlement une majorité pour porter un tel texte.
    Si vous visez la révolution, vous allez voir que vous êtes pas tout seul avec un arc mais qu’on a beaucoup moins de flèches que Poutine n’a de drones Iraniens…
    Il faut du concret.
    Du concret incarné.
    Il faut désensorceler les corps,
    décapitaliser les esprits.
    Il faut continuer le début: faire des dessins.

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      @Garorock

      je cautionne à 200 % votre réponse . Tous autant que nous sommes un tant soi peu à réfléchir à notre devenir ne faisons en définitive qu’une interprétation de faits passés. Un état des lieux qui est certes intéressant , comme le décrit Jenenauraivoir -et encore merci pour ce texte- mais la fin du contrat de bail sur cette terre arrive à sa fin .
      Ce qui est un peut frustrant c’est que cet état des lieux a commencé avec Marx et ce sont ensuivis des dizaines, des centaines , des milliers de publications pour nous dire que le capitalisme c’est pas bien . Certes.
      Maintenant s’ajoute la dimension écologique, la mort de la biodiversité qui là aussi ont été posées sur la table .
      Le diagnostic est posé . Capitalisme ? Communisme ? Déjà expérimentés avec les succès que l’on sait .
      J’aime bien l’idée de décapitaliser les esprits , et dans décapitaliser il y aussi décapiter .

  4. Avatar de Juillot Pierre
    Juillot Pierre

    Dans le « concret », en France en tout cas… il est constaté qu’il est plus ‘facile’ pour des dirigeant.e.s du public/privé – ne s’inquiétant que de comment lutter contre ce qu’ils gouvernements, estiment être une menace, dans les demandes de plus de justices sociales, « sociétales », climatiques, etc – de sortir « opportunément » des cartons/rapports… des 49-3 (tous prêts à être appliqués) à la chaîne. « Sacrée » « monarchie républicaine », n’est-ce pas…?

    Afin « d’offrir » à la « demande » » de plus de « contrôle sociétale » des populations (Qui dans le soit disant « INSÉCURITAIRE/IDENTITAIRE permanent » par rapport au risque présumé… du « grand remplacement »… exige comme les extrême droites/droites extrêmes, des « preuves d’amour » en tant « qu’opposition » favorite, « majoritaire », comme il est soit disant « rationnel » de suspecter que les plus de 60% de votes pour l’extrême droite, du « personnel du monopole de la légitime violence » est « représentatif », le « reflet » exact de la « société civile », et leurs violences/brutalités commises lors de contrôles aux faciès, « manifestations interdites » sont aussi « légitimes » que leurs « présomption d’innocences » et « droit à la légitime défense ») et sous prétexte de mieux lutter contre la « fraude sociale » [« …des prestations déposées sur des comptes à l’étranger… »]… il est « privilégié d’instituer » dans l’immédiat…. une « réforme structurelle » des « dépenses sociales »…

    Comme il paraît que les « charges », « impôts de productions », de « sociétés », de trop… c’est trop, « …tuent… » pour le « ras le bol fiscal », « poujadisme » des « temps de cerveaux disponibles » qu’à vouer un « culte féroce » à la seule « DICTATURE des émotions » sondées, capable de rassurer leurs doutes, incertitudes fantasmées avec « l’indécision naturelle » de la « peur d’avoir peur » de perdre en « pouvoir d’achat »… ces « dépenses sociales » sont limites cancérigènes…?

    En fusionnant toutes les prestations… afin de les attribuer à la « source » (en CONTREPARTIE d’un « travail gratuit », du « bénévolat contraint » établi à 15/20 heures semaines, pour les chômeurs-euses, pauvres, précaires, discriminé.e.s de façon « systémique » en toute impunité, et autres aux RSAs… victimes des NON RECOURS…)… le « libre arbitrage » de ce choix autoritariste (limite fascisant, en col blanc, non…?) en rien démocratique au sens du respect du dialogue sociale, respect des corps intermédiaires, de la « représentativité parlementaire », et du droit de savoir de la citoyenneté (puisque que plusieurs 49-3 devront segmenter l’aspect du comment « faire faire plus ‘d’économies aux dépenses sociales’ soit disant trop ‘généreuses’, les recettes se feront dans la suppressions d’emplois publics dans l’assistance sociale, l’accompagnement, et le fait de porter assistance à personne en danger)… cette ‘facilité’ serait presque être confondue, avec grande confusion, et confondant « remaniement », etc… en cas « d’erreur système » (à ne pas confondre avec « l’exemption », la « dispense de peine en raison de négligence… » ?) avec le plantage des échecs des paris spéculatifs ayant tous misé sur les « Start-up nation »…

    Le « monde d’après », version « macron/vulcain/’roi te touche dieu te guérit’, bis », ne peut, il paraît, s’en passer… Elles sont, soit disant, la solution, le dernier RECOURS…. aux « promesses du retour des jours heureux »… Même si la DEFISCALISATION et DESOCIALISATION des algos, logiciels, IA, robots industriels, automates, caisses automatiques, etc, devant « gérer » (au sens de gouverner c’est prévoir…?) les « parts de responsabilités » de chacun.e.s… dans les misères du monde des inégalités, injustices » nationales, internationales… n’ont pas le droit de grève, ni aux congés payés, augmentations de salaires, âge légal de départ à la retraite, ou autres droits à l’assurance chômage, aux prestations familiales, logements… cette « réalité relative », « alternative » à en croire la gouvernance, mais des plus concrètes pour « nous toutes et tous » (comme l’est la « majorité » de la gouvernance d’ailleurs) se prétend prendre ses « responsabilités » dans la suppression « systémique », de la fonction publique, du statut de celle ci… conséquences directes, des 49-3 en rien démocratiques…

    Est-ce qu’un « effet cliquet » européen… qui rend « unanime » la possibilité de « légitimer » l’usage des 49-3, visant l’alignement au moins disant social, moral, fiscal, environnemental, les droits du code du travail, des protections sociales, de la SC, des plus pauvres, précaires… quand il pourrait être décidé d’appliquer de la même manière (derrière le fait « d’assumer sa « prise de risque » pour le politique) des 49-3 pour interdire la spéculation sur les stocks gérés en flux tendus, les problèmes d’approvisionnements, risques de pénuries… de carburants, gaz, électrécité, denrées alimentaires, biens de premières nécessité sanitaire – masques gants, blouses, médicaments, respirateurs, purificateurs d’air, capteurs de co², oxygène de réa, « vaccins… »…?

    1. Avatar de Juillot Pierre
      Juillot Pierre

      Comme si les paris dérégulés et dérèglementés des propriétaires privés d’actions d’entreprises, de stock-options, de salaires variables, de retraites chapeaux/dorées, par capitalisation… les plus ASSISTES SANS CONTREPARTIES… « jeux » faits sur « l’offre » et la « demande » d’énergies fossiles se raréfiant, sur les problèmes de production/approvisionnement en électricité, et sur les biens communs de subsistances, essentiels à l’existence de l’espèce humaine de plus en plus menacée de multiples risques risques d’extinctions, comme s’ils n’avaient aucune influence (puisque pile les propriétaires privés gagnent à faire socialiser leurs pertes casinos, dettes privées pourries, en faisant exploser les dettes publiques, quand face ils ne perdent jamais à recevoir des distributions indécentes de dividendes, exonérés, privatisés – flat tax, exit-taxe, etc)… sur la formation de leur prix, sur l’inflation des dépenses pré-engagées, contraintes, des plus démuni.e.s… le gouvernement macronien semble parier sur la facilité de faire passer en force ses 49-3 sur le « contrôle sociétal » des plus pauvres… par rapport à ce qu’il fera passer pour impossible d’imposer par des 49-3 des contrôles fiscaux systémiques des plus ASSISTES SANS CONTREPARTIES des propriétaires privés…

      1. Avatar de Juillot Pierre
        Juillot Pierre

        Quand réentendront-on des politiques (dont trop se servent…) n’engager et prendre que le risque, de plaindre que le personnel des CAF, ayant vécu l’horreur d’une immolation par le feu d’un ayant droit à qui sa radiation l’a conduit à un ultime RECOURS pour sauver sa famille… si la privatisation/digitalisation de ce service public, la déshumanisation et désensibilisation de la vocation de servir le public… se mettre à son écoute… n’oppose que des « IA », algos, logiciels… aux plus modestes des populations…?

  5. Avatar de Tom
    Tom

    Quelques remarques :
    Ce qui est bon écologiquement parlant est presque toujours bon économiquement parlant, ce n’est pas la question de la rentabilité économique le problème mais bien l’allocation de la rentabilité, le réinvestissement qui suit. L’objectif du capitaliste n’est pas la rentabilité en soi, s’est de devenir de plus en plus important à ses propres yeux. Selon ses critères, le capital est en bonne place, mais le pouvoir est en première place.
    Ce qui nous amène à des situations bien courantes de monopoles qui ne cherchent pas la meilleure rentabilité économique mais la meilleure rentabilité en terme de pouvoir. Et là souvent, ça coute moins cher et ça demande moins d’effort de taper sur les plus petits plutôt que de faire mieux soi-même.

    Typiquement, vous enlevez toute béquille économique au système agricole français et le monopôle de l’agriculture conventionnelle s’écroule. Surinvestissements, charges d’intrants au système bien trop importantes, connaissances agronomiques de très bas niveau (l’agronomie n’est plus au programme depuis bien trop longtemps au lycée agricole…).

    Alors effectivement, c’est pas trop dur de faire du neuf bien réel avec du vieux bien réel mais il va quand même falloir le ficeler avec un beau discours parce que quand vous vous pointez chez des gens à qui ça fait un demi siècle que l’on dit le tracteur toujours plus gros, toujours plus puissant, c’est le rêve, ils auront bien du mal à ne pas se sentir méprisés (à tort pourtant), si on leur explique que la traction animal aujourd’hui n’a jamais été aussi compétitive économiquement parlant par rapport au moteur thermique et que son potentiel de développement est bien plus important ( oui en fait techniquement, on a pris 70 ans de retard de recherche dans le domaine).

    1. Avatar de Tom
      Tom

      Ah par contre faut quand même réfléchir les pratiques ! On labourait pas autant en traction animale 😉
      Mais ça tombe bien parce que le labourage intensif, c’est très mauvais pour le stockage du carbone dans le sol.
      Bon ceci dit pas d’utopie, un retour complet à la traction animal ça prendrait un peu trop temps (encore que y a encore un peu de cheptel bovin en France ).
      Par contre réduire les heures de motorisation en faisant plus de semi-direct, plus de pâturage (engrais gratis non issu du pétrole), ça c’est très facile mais pour l’instant il n’y a toujours aucune incitation « gouvernementale » financière ou légale pour aller dans ce sens, bien au contraire.

      1. Avatar de Tom
        Tom

        Planter des haies ou pratiquer de l’agroforesterie, plutôt qu’arracher les premières ou faire de la monoculture (de pin douglas par exemple 🙂 ), on est également loin du compte !

        Et pourtant question carbone, l’agriculture pourrait en séquestrer une quantité énorme… en fait, de quoi régler quasiment nôtre problème sur cet aspect en tout améliorant aussi nettement la question de la qualité et de la quantité d’eau disponible sur le territoire.

        Pour le nucléaire… je ne vois rien, on ne fait pas de magie (même ceux en biodynamie).

      2. Avatar de arkao

        @Tom
        J’ai vu se multiplier cette année les semis direct sans labour dans une région pourtant dominée par les gros de la FNSEA.
        Conversion à des pratiques plus vertueuses ou prise de conscience de l’inflation à venir sur les carburants et les engrais ?
        Autre hypothèse: cultures intermédiaires destinées aux méthaniseurs dont les exigences de qualités et de rendement ne sont pas les mêmes.

        1. Avatar de Tom
          Tom

          Exigences de qualités et de rendements inférieurs pour les méthaniseurs, oui et non. Des agriculteurs en lien avec une métha peuvent effectivement décider de ne pas aller jusqu’à la moisson dans une parcelle trop salle, et de la faucher en avance pour mettre une autre culture mais c’est assez rare. Surtout qu’en conventionnel, le roundup c’est le « top techniquement » pour préparer avant un semi direct (mais nul sur le long terme pour la richesse du sol et la santé des êtres vivants), donc peu de chances qu’ils se loupent.

          Non, la méthanisation leur permet aussi et surtout de « gagner » une récolte dans l’année (par exemple avec un seigle fauché tôt puis un semis de maïs récolté dans la même année). D’autres part avec les subventions publiques (encore !) sur la construction des unités de méthaniseurs un truc un peu limite autrement économiquement (voir aberrant à cette échelle) devient très intéressant.

          Bien sûr on passe sous silence la financiarisation des terres, la multiplication des transports pour amener la matière aux méthaniseurs (gros tracteurs ou semi remorques) et les nuisances associées, l’utilisation des surfaces agricoles pour produire du gaz (avec un rendement final pas terrible) plutôt que de la nourriture, pas d’étude sur l’effet du digestat du méthaniseur répandu comme engrais dans les champs suivant les différents procédés utilisés (en général, ça ressemble à un engrais minéralisé avec une forte odeur chlorée plutôt qu’à de la matière organique stabilisée). On ne parle pas non plus des risques industriels sur les sites de production, ni des fuites de méthanes…

          Donc pour répondre à la question, conversion à des pratiques plus profitables économiquement à court terme, mais pas forcément un changement de cadre général, non.

        2. Avatar de Tom
          Tom

          @Arkao : Pas sûr si ma première réponse est encore en modération ou si je l’ai perdue en cours de route.

          Surtout la deuxième option mais tout peut entrer en jeu suivant les systèmes et les personnes.

          Concernant la méthanisation, ce n’est pas l’exigence de rendement ou de qualité qui est moindre, ce sont les critères qui sont différents. (Quantité de matière produite, quelle qu’elle soit). Donc pas nécessairement de monoculture et les adventices sont moins gênantes puisque l’on récolte avant maturation des graines et que l’on met un petit coup de glyphosate (sic) avant la culture suivante, ça fait de la matière quand même.

          Méthanisation qui correspond à un gros effet d’aubaine avec les subventions à la construction (encore) ! Mais beaucoup de problèmes liés à l’exploitation (transports via tracteurs et semi remorque de matière non sèche à grande échelle), risques industriels, artificialisation de terres, financiarisation de terres, utilisation des terres pour produire du gaz plutôt que de la nourriture, digestat répandu dans les champs qui correspond plus à un engrais minéralisé (avec une forte odeur chlorée) plutôt qu’à de la matière organique stabilisée. Les allemands ont déjà fait machine arrière sur la méthanisation à grande échelle (des très petites unités à l’échelle d’une ferme pourrait avoir de l’intérêt néanmoins). Mais en France, ça continue en grand !

    2. Avatar de Garorock
      Garorock

       » ils auront bien du mal à ne pas se sentir méprisés »
      Ils nourrissent la France, ils se lèvent tôt.
      Même avec les tracteurs, ils se cassent un peu le dos.
      Leurs parents et leurs grands-parents se le cassaient encore plus: travaillaient encore plus. Gagnaient moins. Avaient moins de confort…
      C’est la même histoire pour tout le monde.
      Personne ne veut revenir à Cromagnon…
      Le petit bruit de l’oeuf cassé sur un comptoir d’étain, même dans la tête de ceux qui n’ont pas encore faim, ça résonne bizarrement…
      Le paysan est propriétaire de son outil de travail. Il entend y faire ce qu’il veut. Comme le milliardaire dans ses usines.
      Lorsqu’on lui demande gentiment d’arrêter le Glyphosate, il se sent pris en otage comme le chouineur de la station-service…
      Lorsqu’on lui dit gentiment qu’il faut prendre soin de notre terre nourricière, il répond qu’il la possède, qu’il la travaille, qu’il sait ce qui est bon pour elle…
      Il est comme un Ukrainien devant Poutine: il ne comprend pas.

       » Quelque part, dans le monde, au pied d’un talus,
      Un déserteur parlemente avec des sentinelles qui ne comprennent pas son langage. »
      R.Desnos.

      1. Avatar de arkao

        @Garorock
        Ce ne serait pas plutôt la banque, propriétaire de son outil de travail ?

      2. Avatar de Pascal
        Pascal

        « Le paysan est propriétaire de son outil de travail. Il entend y faire ce qu’il veut. »
        Le paysan, même s’il est propriétaire de son outil de travail (quand il ne s’endette pas pour acquérir plus hectares, pour recevoir plus d’aide publique, pour rembourser sa dette….), Il est loin d’en faire ce qu’il veut. Subventions à l’irrigation, subvention au drainage, subvention à ceci ou cela… quand on gagne moins que smic, on obéit aux axes des politiques publiques. Quand la loi exige le pucage et la vaccination des bêtes et une conformité aux règles de bonnes pratiques édictées par Bruxelles pour pouvoir accéder aux abattoirs. Quand on est asservi aux grands semenciers et aux coopératives agricoles dont les conseils d’administration sont tenus par des banquiers… Le paysan n’est plus qu’un ouvrier agricole.
        Ils sont encore peu nombreux ceux qui parviennent à sortir du système avec beaucoup de courage.

      3. Avatar de Khanard
        Khanard

        @garorock
        «Le paysan est propriétaire de son outil de travail.»

        êtes vous sûr de cette idée. Je pense plutôt que c’est le Crédit Agricole qui est propriétaire de l’outil de travail !
        Le CA est réputé être le plus grand fossoyeur du monde agricole .
        ou alors je n’ai pas compris ce que vous entendiez par « outil de travail »

  6. Avatar de Thomas Jeanson
    Thomas Jeanson

    @Je ne saurais…

    Vous écrivez : « avec le concours de la collectivité… »

    Le contours de ce que le mot  » collectivité » désigne évolue rapidement, et se réduit comme la mer d’Aral

    La question devient plutôt

    Comment construire sans collectivité justement, avec juste des particules élémentaires ballotees d’émotions numériques ?

    St Ex écrit le matin de son dernier vol

    …la termitière future m’épouvante, je hais leur vertus de robots, moi, j’étais fait pour être jardinier…

  7. Avatar de torpedo
    torpedo

    Planifier!

    Mais qu’est-ce là, au fond ?
    Un terme technocratique qui cache des orientations définies en de Hauts Lieux?
    Les résultats d’un débat autour de diagnostics mortifères dressés entre spécialistes et experts,
    Et qu’il serait salvateur d’imposer à tous?
    Des interdits et obligations nouvelles justifiés sur caution scientifique dument agréée?
    Quelques responsabilités caricaturales jetées en pâture aux gogos pour agrémenter le tout?
    Continuer de confier à des élites nouvelles le soin de décider pour tous?
    Et en finir définitivement avec la masse grouillante sans cervelle, ni vertu?
    Mais j’entends déjà les réponses : « Caricature! », « Intérêt général », « Urgence »…
    Foutaise!
    Planifier n’est pas déterminer des objectifs,
    C’est seulement organiser les moyens à mettre en oeuvre pour y parvenir.
    Planifier (d’urgence!), c’est admettre que l’objectif est connu et partagé,
    Or il ne l’est pas vraiment, loin s’en faut!
    C’est au fond la dessus que personne ne s’entends, y compris ici même!
    Avant de planifier, il convient au moins de programmer un (voire plusieurs) objectif(s).
    Et si l’on souhaite vraiment que la planification emporte l’adhésion du plus grand nombre,
    Il convient que ces objectifs soit communs à la plupart d’entre nous.
    A quelles valeurs communes aspireraient donc les Humains?
    Ce serait probablement la seule question à nous poser mutuellement…
    Si tous étions sûrs que la réponse de chacun puisse résonner d’une seule voix…
    Et c’est ce manque chronique de confiance en des choix collectifs,
    Qui justifie qu’on se dissuade de la poser…
    Et qui favorise le fait que soient toujours planifiées, puis appliquées par la force,
    Les idées fixes de quelques uns.

    Le pouvoir, le profit et la violence ainsi que les souffrances qui les accompagnent,
    Ne font pas partie des valeurs auxquelles aspirent nos semblables,
    Rejetons les toutes, avec leurs tourments, en un engagement planétaire,
    Et gravons seulement les valeurs que nous chérissons tous.
    Elles sont si simples et tellement peu nombreuses…
    Elles seront nos lois.
    Et ne restera plus à planifier, que la réparation de nos erreurs passées.
    Soyons enfin des animaux intelligents.
    Avant que celle instituée par les forces de l’argent nous détruise tous,
    Jetons les bases de la seule Mondialisation qui vaille,
    Celles de L’Humanisme.

    Eric.

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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