Les marchands ont gagné : la peopolisation des « intellectuels »
Peut-on renverser la tendance ?
@Mango Cette série est née sous l’impulsion d’impératifs simples et quelque peu baroques que n’auraient pas forcément appréciés les adeptes…
*Godot est mort !*
Les marchands ont gagné : la peopolisation des « intellectuels »
Peut-on renverser la tendance ?
Oui, il faut chercher pour trouver des débats importants dans Le monde, mais il y en a:
https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/10/04/l-appel-de-quatre-cents-philosophes-nous-declarons-que-l-exploitation-animale-est-injuste-et-moralement-indefendable_6144379_3232.html
« Les marchands ont gagné »…..Mais oui bien sûr. Tout est marché, tout est marketing, que ce soit l’art ou les intellectuels, ou…….. Sans narratif médiatisé – et cela de manière soutenu et surtout durable – vous ne pouvez rien faire, vous resterez dans l’ombre, il faut donc faire tout pour muter en marque. Je me souviens des propos de Picasso: « J’ai voulu être peintre, je suis devenu Picasso » – voilà une simple formule pour articuler un phénomène typique de notre triste époque.
@Nosfératus
De même, Norma Jeane Baker aurait très bien pu dire quelque chose de ce genre : « J’ai voulu être actrice, je suis devenue Marilyn Monroe. »
Manon Garrigues (Vogue) : Loin de l’image de la ravissante idiote qui lui collait à la peau, l’actrice était intelligente, sensible et extrêmement lucide sur le monde, les hommes, la beauté et le cinéma. « C’est une intellectuelle qui se protégeait de la souffrance de penser par une voix d’enfant et une bêtise affichée », disait si justement son dernier psychanalyste Ralph Greenson.
Aussi, comment se protègent donc nos (vrais) intellectuels, de la souffrance de ne pas être davantage entendu et encore moins compris, aujourd’hui ?
@PHILGILL
Elle était très lucide, mais elle voulait être une star. C’est elle qui disait à propos de Hollywood:
« On vous payera 50 mille dollars pour un baiser sur le plateau de tournage, pour votre âme on ne vous donne que 50 cents ».
En ce moment sur France Culture, Michel Winock pérore en affirmant que les derniers intellectuels sont morts au début des années 1980 avec les disparitions d’Aron ou de Sartre. Ils auraient depuis été remplacés par les « média » (de la presse aux réseaux sociaux). Quelle cécité ! Le journaliste, Guillaume Erner, ne lui oppose aucune réponse, il acquiesce par son silence. C’est tout de même un comble pour une antenne culturelle. Ni Winock, ni Erner ne se rendent compte que les intellectuels existent toujours, ils tirent la conclusion fausse que comme ils ne sont pas dans les médias, ils n’existent pas. Un biais cognitif opportun qui leur donne accès aux micros et qui les positionne définitivement en dehors de la classe qu’ils pensent morte.
@ Manuel,
Ca me rassure de voir que je ne suis pas (le) seul à avoir été dérangé en entendant cette interview ce matin (en me rendant au travail après avoir accompagnés mes enfants en classe).
Winock semblait « bouffi » de certitudes !
M. Paul Jorion vous avez le don pour , en 15 mn, mettre en exergue un problème qui demanderait à lui seul un temps infini pour entrevoir un début d’explication.
Personnellement j’en suis resté à Accardo, Bourdieu et Champagne qui ont été à mes yeux les derniers à pouvoir avoir une analyse décomplexée.
Avec son cours au Collège de France en 1996 de Bourdieu sur la télévision celui-ci faisait un état des lieux qui s’avèrera prémonitoire.
Avec l’arrivée d’internet et des réseaux sociaux tout ce qui avait été envisagé a servi de fumier à cette situation lamentable : perte d’analyse à froid , nivellement par le bas de la valeur communicationnelle sensationnalisme pour attirer le lecteur ou l’auditeur.
A cela s’ajoute une presse écrite détenue par des milliardaires dont le seul intérêt est d’engranger des dividendes par le biais de la publicité et aussi un droit de regard sur le contenu des publications . Tout cela dans un contexte financier difficile .
Les intellectuels sont là , leur reste plus que la production d’ouvrages mais le monde de l’édition étant lui même dans un état critique leur situation devient de plus en plus hasardeuse.
Alors si , comme le préconisait Charles Mauss, nous passions dans un monde du don , il serait peut être intéressant de mobiliser l’ensemble de tous les intellectuels autour d’une vision universelle et socialiste du partage du savoir autour d’un média qui pourrait ressembler à un wiki : un portail du débat d’idées .
Pourquoi les choses ont-elles changées? Je ne vous apprendrais rien en citant Guy Debord et l’avènement de « la société du spectacle ». Pierre Bourdieu avait très justement écrit que les vrais intellectuels ne souhaitaient pas s’exposer au diktat de cette société du spectacle (invectives, débats trop courts, citations tronquées… ) et que, pour cette raison, ils fuyaient les plateaux de TV. Pour remplir ces plateaux, il ne restait que ceux qui acceptaient de s’y rendre: les intellectuels les moins pointus dans leur domaine, les seconds couteaux.
Tout ceci, je l’ai appris grâce à l’écoute de l’Université populaire de Michel Onfray dont vous parlez sans le citer en 2003. Il se présentait déjà comme le pourfendeur de « l’establishment »sous toutes ses formes. Nous dirons qu’il a glissé vers le côté obscure sans s’en rendre compte.
Vous demandez « quelles solutions? ». Mais vous êtes la solution monsieur Jorion. Vous et tous les youtubeurs sérieux qui présentent leurs analyses ou bien celles de vrais intellectuels qu’on laisse parler sur ces nouveaux médias. Les auditeurs vraiment intéressés pas la culture et les idées de notre temps ont déserté les média traditionnels depuis longtemps. Le problème est l’éducation des populations moins éduquées à la culture. Je ne ferai pas semblant d’avoir une solution à part celle de l’éducation. Mais depuis les lumières, il me semble que la recherche d’informations justes, dignes d’intérêt et de confiance doit faire l’objet d’un travail de recherche ardu. Votre chaîne se mérite ainsi que la parole des vrais intellectuels.
Bon, ne voyant pas apparaître mon message et ne sachant pas si l’actuel apparaitra je tenais à dire que le contenu de ce message donc, rejoins le vôtre . J’avoue que c’est assez pénible de voir cette attitude se perpétuer alors que les règles de bienséance sont respectées .
Le problème des médias comme YouTube est qu’ils ne font pas le tri afin d’aider de la partie la moins formée de la population. Tout y est mis au même niveau. C’est parce que je lis à des sources variées que je me fais l’opinion que M. Jorion est une personne sérieuse. Il n’est pas sûr que tout le monde lise à des sources variées et fasse le tri. Et je tente de l’exprimer humblement.
La presse notoire trie et met chaque contributeur sous le regard croisé de ses pairs – intellectuels. Je ne suis pas convaincu que ce mécanisme social existe sur YouTube, Twitter et consorts.
Il y a de nombreux problèmes avec les nouveaux médias tels que Youtube. Sur certaines chaînes Youtube que je ne citerais pas, en écoutant les propos des commentateurs ou intervenants, il est facile de deviner qui les finance. Il faudra probablement que des règles strictes soient mises en place pour ce type de contenus car de nombreuses fake news circulent . Mais d’ici là, Niel, Arnaud ou Bolloré auront déjà racheté ces médias et pipés les dés tel qu’il l’ont déjà fait avec les médias traditionnels dans lesquels la censure auto-censure, semblent être assez importante. Mais ces nouveau médias, tels que le blog ici présent, sont un bon moyen d’apprendre des choses qu’on n’entend nul part ailleurs. Selon l’esprit libéral, c’est un espace de liberté important. Mais pour combien de temps?
Malheureusement, je ne suis plus sûr que quiconque, y compris de Paul Jorion au monde de l’éducation, en passant par des médias revitalisés par de vrais intellectuels ou youtubers sérieux, puisse encore renverser la tendance, sans que celle-ci ne passe par le cœur même de nos vies.
En fait, j’ai l’intuition que cette tendance (ce qui porte à être, à agir, à se comporter d’une certaine façon, pourrait soudainement se renverser d’elle-même, en quelque sorte (c’est-à-dire sans que personne ne la force), mais simplement en franchissant un point clé, un point de bascule, et peut-être déjà inscrit dans un scénario d’effondrement.
Bon, je ne sais pas bien encore comment je vais réussir à expliquer cela. Mais, si je me réfère à plusieurs récents billets de Paul Jorion, en plus de son tweet sur le dernier article d’Edgar Morin, paru dans le monde « Pendant toute ma vie, j’ai rêvé de ma mère », j’ai peut-être une petite chance. En attendant que le changeur et sa femme…
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/64/Massysm_Quentin_%E2%80%94_The_Moneylender_and_his_Wife_%E2%80%94_1514.jpg
Si on considère qu’on devient un intellectuel reconnu après une longue (?) période dans la recherche où on produit des travaux reconnus par ses pairs, nous n’échappons pas dans ce domaine depuis quelques décennies aux travers de la quête du sensationnel.
Quête qui est aussi la conséquence des nouveaux modes de financement. Pour avoir des sous, faut faire le buzz. Une boucle de rétroaction négative.
La nouvelle aristocratie est aux mains des puissances financières qui depuis une trentaine d’années a étendu son influence sur l’ensemble de la planète, organisé le droit et la justice selon ses intérêts tout en détournant les hommes et les partis politiques de leurs missions par la corruption.
Lorsque tout devient marchandise, tout s’achète, c’est la bible du monde de la finance au sommet de la pyramide sociale.
Les médias d’informations sont passées aux mains des financiers qui ont posté des « chiens de gardes publicitaires » en lieu et place des « intellectuels ».
C’est l’état de fait d’une forme nouvelle d’esclavage plus ou moins consenti dont on voit les limites.
Ce monde là ne pourra pas faire les frais (sic) d’un changement sans la violence.
Plus surement encore, ce sont les dégâts causées par la violence qui feront bouger les sociétés, permettant alors de « libérer » la parole des intellectuels.
Par miracle, des artistes, des penseurs de premiers plans (vous Paul), des anonymes essentiels (vos écoutants) continuent de se poser les questions avec la profonde rage anxieuse d’une époque qui se suicide, je crois. Donc j’ai peur que l’imbécillité planétaire relève davantage de notre condition de Primates mégalomanes, hélas. Votre admirateur en livres et paroles.
Je serais très preneur d’une liste des « vrais » et des « faux »intellectuels, selon P Jorion.
Selon mon expérience, il y a en général du bon et du mauvais chez tous. Mais le problème récurrent chez l’intellectuel provient de son idéologie qui le rend aveugle aux FAITS. Par exemple, l’impossibilité chez P Jorion d’aborder la question démographique.
Bonjour!
La page d’accueil du blog affiche sur mon ordinateur 10 articles, cette vidéo étant en deuxième position.
Et devinez quel article récolte le plus de commentaires? Et, peut-être, probablement, je suppose, le plus de vues?
Je vous laisse devinez!!
Après avoir dit bonjour au maître de céans, je file comme tout le monde sur la page de cet article!
Peoplisation quand tu nous tiens!
L’intellectuel n’est-il pas une image ? De ces images qui reflètent une époque.
Il subsiste encore « Le Monde Diplomatique », mensuel pas encore capté par l’orbite de l’un ou l’autre financier, et où l’on peut lire encore un certain nombre d’articles sérieux.
Mais par ailleurs, il faut aussi admettre que tenter d’accéder à de nombreux documents papiers (livres, revues, ou articles publiés sur internet) demande du temps et une part d’effort intellectuel également de la part du lecteur potentiel, ce qui dans ce monde d’immédiateté n’est guère aisé..
vous oubliez l’aspect financier . Un livre de Paul Jorion coûte entre 20 et 25 euros . C’est juste un exemple . Il y a sur la page d’accueil du site 27 livres x 20 = 540euros .
Si à cela on ajoute les autres « vrais » intellectuels avec une production littéraire conséquente , un ou deux abonnements (voire plus) à des journaux papier ou sites internet au final la culture a un coût que tout le monde ne peut pas se permettre.
Ayons tout de même conscience que des personnes comptent à l’euro prêt et ce n’est pas prêt de s’arranger avec la situation actuelle .
Alors oui nous avons un problème de visibilité des intellectuels , mais n’est ce pas un peu le but recherché ? La production d’un savoir doit elle être nécessairement « marchandisée « ?
« Marchandisée » comme vont l’être les universités avec des partenariats avec le privé ?
Oui, vous avez raison, c’est un élément à prendre en compte, cela étant,il est toujours possible de se rendre dans les bibliothèques municipales ou nationales à peu de frais pour pouvoir consulter ou emprunter divers ouvrages.
Je fréquente assez les bibliothèques et je peux constater, du moins dans celles que je fréquente, que la majorité des lecteurs est d’un âge certain, j’imagine que les jeunes adultes fréquentent plutôt les bibliothèques universitaires ?
Quant aux adolescents, je les vois peu emprunter les livres, ils se polarisent sur l’accès internet via les ordinateurs en accès libre pour des jeux en ligne, ou côté livres ils s’intéressent aux ‘Mangas’ plutôt qu’à la littérature…
Certaines bibliothèques parisiennes implantées dans des ‘quartiers populaires’, organisent même pour une population plus jeune, des jeux de société ou des activités ludiques ; elles ressemblent plus à de bruyantes garderies qu’à une stricte bibliothèque!
Effectivement les bibliothèques sont une alternative sauf que, vivant dans un grand pays où l’homogénéité d’accès aux biens publics est exemplaire , je tiens à souligner qu’une fracture d’accès aux dites bibliothèques reste bizarrement un problème .
Prenons mon exemple , j’habite dans une commune de 3500 habitants et la bibliothèque doit avoir une superficie de 100 m2 dans laquelle l’offre en livres se limite aux romans classiques (pas tous tout de même) quant à trouver un ouvrage philosophique , sociologique etc… c’est même pas la peine d’y songer .
Voyez-vous le problème ?
Ceci n’est qu’un exemple de la fracture culturelle .
Cher monsieur,
Merci d’aborder cette question dans votre vidéo.
Un élément de réponse de nature historique:
Jean de Hauville, Architrenius (épopée parodique latine, fin du XIIe siècle, royaume anglo-normand).
L’intellectuel n’a pas son mot à dire dans la société. On méprise sa libre parole, il parle dans le vide. Il doit en fait se mettre au service des gens de pouvoir et leur fournir ce que ces derniers leur demandent, en l’occurrence des prédictions astrologiques (dans le but de consolider leurs décision politiques).
La situation (rapport de force brutal) a-t-elle changé? Je ne le pense pas et il est inutile de remonter à Héraclite, je pense, qui lui aussi était dans cette situation…
En fait, on pourrait presque faire l’hypothèse que vous prenez l’exception (historique) pour la norme.
Qu’en pensez-vous?
Cordialement,
@Mango Cette série est née sous l’impulsion d’impératifs simples et quelque peu baroques que n’auraient pas forcément appréciés les adeptes…
PSI, chap. X.2 « Petit à petit, le « germe » s’enrobe à la suite des connexions qui s’établissent entre les…
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