Les artistes n’y sont pour rien

Partager :

14 réponses à “Les artistes n’y sont pour rien

  1. Avatar de Hervey

    Les artistes et quelques autres aussi.
    Pour les artistes l’art est universel.
    Le lieu de naissance est un accident qui certes les prédisposent par l’éducation et la formation à être et exister dans un espace délimité mais l’activité créatrice les porte à franchir un sas pour aller dans un espace/temps qui est indéfini, dont le sens reste à trouver et c’est par la découverte (lecture, écoute, vision) de leurs « productions » que « les autres » pourront passer avec eux le sas qui relie ces deux mondes. (C’est une image).

    Maintenant c’est pas aussi clair que je le souhaiterais.
    Voir Wagner le musicien et le groupe Wagner.

    Attention au malentendu !
    Et l’un des maitres du genre, Antonio Tabucchi le résume fort bien dans « Nocturne indien » … c’est l’affaire de deux photos.
    Le première représente un jeune noir, on ne voit que le buste, « un maillot de corps avec un texte publicitaire, sur le visage une expression d’effort intense, les mains levées dans un geste victorieux : il est de toute évidence en train de franchir la ligne d’arrivée, le cent mètres par exemple … »
    « La seconde photo, c’est la photo entière.
    A gauche il y a un policier habillé comme un martien, avec un casque en plexiglas sur le visage, des bottes montantes, le fusil épaulé, des yeux féroces sous la visière féroce. Il est en train de tirer sur le noir. Et le noir s’échappe les bras levés, mais il est déjà mort… ».

    La légende de cette photo publiée dans un livre sur l’Afrique du Sud :
    « Méfiez-vous des morceaux choisis ».

  2. Avatar de gaston
    gaston

    « Les artistes n’y sont pour rien ».

    Probablement vrai pour les trois musiciens cités ici. Une pensée envers Moussorgski pour sa « Nuit sur le Mont Chauve » d’après la nouvelle de l’ukrainien Nicolas Gogol « La nuit de Saint Jean », le Mont Chauve étant la colline « Lysa Hora » dominant Kiev.

    https://www.youtube.com/watch?v=SuVdJ8fWbBo

    Et pourtant Gavroche chantait « …C’est la faute à Voltaire… C’est la faute à Rousseau ».

    Et que penser de Fiodor Dostoïevski, qui détestait la France et l’Allemagne (Wiki) et qui a écrit, par exemple, dans son roman « Le Joueur » : « La négligence des Russes n’est-elle pas plus noble que la sueur honnête des Allemands ? »

    Une telle phrase ne peut-elle pas frapper l’esprit d’un futur dirigeant à l’enfance malheureuse ?

    Il me semble que l’art (et les artistes), quel que soit le domaine, peut y être parfois pour quelque chose.

  3. Avatar de Didier Rombosch
    Didier Rombosch

    Guilty baby I’m guilty
    You know, I just can’t stand myself
    And it takes a whole lot of medicine
    For me to pretend that I’m somebody else

  4. Avatar de Michel
    Michel

    Prokofiev, Oïstrakh, Richter. Trois Ukrainiens, n’en déplaise à Vladimir (que faisait-il à Moscou en 1972?). Mais le génie des deux derniers au service de celui (absolu) du premier n’ont pas de frontières.

  5. Avatar de SM
    SM

    Morceaux choisis. Merci !

  6. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    je me suis souvent fait la même réflexion (cf le titre)…
    même s’il y a des « exceptions » ou des cas plus tendancieux (je pense en particulier au chef d’orchestre V. Gergiev, très proche de Poutine et qui, à ma connaissance, n’a rien lâché… D’autant plus dommage qu’il est désormais banni des scènes musicales du monde entier, alors que c’est un des plus grands chefs actuels).
    Sinon… parmi d’autres, comme Moussorgski était évoqué, je pense au grand interprète de « La Khovanchtchina », Mark Reizen, une voix hors du commun, vraiment saisissante… ici dans un autre registre (mais tout aussi russe – le moins qu’on puisse dire) :
    https://www.youtube.com/watch?v=M9pbJAzpMZM

    1. Avatar de Michel
      Michel

      Le fou du Kremlin s’en prend à l’ »Occident ». Qu’est-ce que l’Occident? Un « Occidental », « vrai Russe » (né à Saint-Petersbourg), médecin, chimiste, compositeur, nous conduisait vers les Steppes de l’Asie Centrale à travers un lyrisme échevelé. Transcrit et génialement interprété par cet immense pianiste (Grand Prix de Rome à 23 ans) hélas disparu, qui n’avait rien de russe malgré son nom de scène (celui de sa mère, polonaise; il s’appelait en réalité Petitgirard). Il s’était aussi engagé en faveur du peuple tibétain. Orient, Occident… La Musique, langue universelle (sinon, comment comprendre l’engouement des Japonais ou des Chinois pour Bach, Beethoven, Chopin…), gage de fraternité.

      1. Avatar de Michel
        Michel

        Avec ce lien que je pensais avoir posté, mais je suis décidément fâché avec l’informatique, mon commentaire sera mieux compris. Voici donc Borodine le Russe de l’Asie Centrale et du meilleur de la culture européenne (ou occidentale, comme on voudra) par le regretté (au moins par ceux qui ont eu la chance de le connaître) Alain Kremski.

        1. Avatar de Hervey

          Tiens ? Il y a pas mal de Borodine dans l’écriture musicale des chansons de Barbara …

  7. Avatar de François Corre
    François Corre

    https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2022/10/03/mort-de-sacheen-littlefeather-l-actrice-amerindienne-qui-avait-refuse-un-oscar-au-nom-de-marlon-brando_6144135_3382.html
    « Elle avait été huée en 1973 lors de la cérémonie hollywoodienne durant laquelle la star lui avait demandé de refuser la statuette pour lui en signe de protestation contre le traitement des Amérindiens par l’industrie cinématographique. »

  8. Avatar de gaston
    gaston

    La guerre :

    Les artistes n’y sont pour rien, mais surtout les artistes n’y peuvent rien.

    Les arts, la culture rendent-ils l’homme meilleur ? le débat est infini.

    Dans son roman, Les Bienveillantes (Gallimard 2006), Jonathan Littell fait de son héros un officier nazi, cultivé, amateur de littérature, de peinture, de musique… Tout cela ne l’a pas aidé à ne pas être nazi.

    Les artistes nous aident à vivre et c’est déjà beaucoup.

    1. Avatar de PHILGILL
      PHILGILL

      @ gaston

      La guerre : les artistes n’y sont pour rien.
      Probablement. Et pourtant… Sun Tzu dit, dans «l’Art de la guerre», article I, de l’évaluation : « Cinq choses principales doivent faire l’objet de nos continuelles méditations et de tous nos soins, comme le font ces grands artistes qui, lorsqu’ils entreprennent quelque chef-d’œuvre, ont toujours présent à l’esprit le but qu’ils se proposent, mettent à profit tout ce qu’ils voient, tout ce qu’ils entendent, ne négligent rien pour acquérir de nouvelles connaissances et tous les secours qui peuvent les conduire heureusement à leur fin. Si nous voulons que la gloire et les succès accompagnent nos armes, nous ne devons jamais perdre de vue : la doctrine, le temps, l’espace, le commandement, la discipline. »
      Ainsi Picasso, bien qu’il soit le peintre de l’œuvre monumentale « La Guerre et la Paix », dénonçant la guerre et ses conséquences, affirmait que « la peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre offensive contre l’ennemi. »
      Voilà sans doute pourquoi, d’après Damien Delort, « par-delà la dimension simplement technique, l’art est avant tout l’intelligence de l’homme dans son rapport au monde et aux choses. « Plus court chemin de l’homme à l’homme » pour André Malraux, la fréquentation de l’art, le sien comme celui de l’adversaire, parle sur les ressources et les vulnérabilités de l’un et de l’autre. L’art offre ainsi des clefs de compréhension et des leviers d’action que le chef militaire ne doit pas ignorer. »
      Alors, bien malgré eux, les artistes, par leurs sources d’inspiration, y seraient aussi pour quelque chose, lorsque malheureusement l’intelligence de l’homme décide de se retourner contre l’homme.
      Enfin, les artistes n’y peuvent-ils vraiment rien ? Comment le savoir ? L’histoire… n’est pas finie.

      1. Avatar de gaston
        gaston

        @ PHILGILL

        Malheureusement je crains fort que « l’Histoire » soit bientôt finie.

        Nous avons tous de la difficulté à intégrer dans nos réflexions et nos actes au quotidien l’imminence de l’effondrement (thermo-industriel ou thermo-nucléaire) de notre civilisation et avec lui nos livres d’histoire. L’histoire n’est pas finie mais risque bien de se terminer très mal dans peu de temps…

        Nul ne saura.

        Sinon, comment ne pas être d’accord avec Picasso lorsqu’il dit que « la peinture n’est pas faite pour décorer les appartements ». Bien sûr la création artistique peut être un acte militant qui touche le coeur des hommes et fait s’agiter leurs neurones. Mais après ?

        Combien de guerres depuis la création de « Guernica » il y a 85 ans ?

        La peine de mort a-t-elle régressé aux USA depuis que Joan Baez a chanté « Here’s to you… » ?

        https://www.youtube.com/watch?v=gL5jgZLTBj0

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Pascal Suivez le conseil de Paul : « Mettez des bottes » (de sept lieues) ! C’est à 36 enjambées de chez…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta