Dans chaque famille italienne, il y a le souvenir d’un grand-père fasciste ou d’un autre, partisan de la résistance. Pour les premiers, le fascisme a également fait de bonnes choses, pour les seconds, le fascisme était le mal absolu. C’est ainsi que des générations d’Italiens ont grandi après 1945. La moitié condamne sans appel le fascisme (les lois raciales, la violence, la guerre), l’autre moitié est indulgente envers Mussolini (il a aussi fait de bonnes choses). La racine du parti de Giorgia Meloni est formée de ce substrat culturel de la société italienne. Fratelli d’Italia est plein de fascistes. Cependant, le fascisme ne sera pas ressuscité. Au lieu de cela, l’Italie de Fratelli d’Italia rejoindra les souverainistes européens notamment de Pologne, de Hongrie, les Le Pen et Zemmour, le trumpisme americain. Mais il est très possible que, dans cette future « alliance d’Armageddon », elle représente l’aile modérée. Parce que l’expérience italienne est et restera unique. Pour une raison qui est plus anthropologique que politique. Comme le disait Vittorio Emanuele le premier roi de l’unification de l’Italie : « L’Italie est faite, il faut maintenant faire les Italiens ». L’identité nationale est restée inachevée au fil des siècles. Depuis l’époque de Dante Alighieri jusqu’à l’unification de l’Italie en 1860 et jusqu’à présent le pays est resté politiquement divisé par une myriade d’intérêts particuliers (sociaux, économiques régionaux, provinciaux, footballistiques, etc.).
C’est l’expression du génie et de l’indiscipline du peuple. Richesse et misère de la nation. Mais quelle nation exactement ? Les nombreuses nations différentes représentées par les intérêts décrits, soit une identité nationale inachevé. Depuis la naissance de la République en 1946, 67 gouvernements se sont succédés jusqu’à présent.
La coalition de droite qui a remporté les élections du 25 septembre est représentée par des partis aux orientations politiques très différentes en matière économique, mais aussi en matière de politiques sociales. Une fois encore, les intérêts représentant les différents partis de droite mèneront à un affrontement qui divisera la coalition. Ils se diviseront aussi durement dans la division du pouvoir. Et l’Italie reviendra à la normale.
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