Un article très intéressant du Guardian documente la hausse de la violence politique aux USA :
On évoque :
– des menaces de l’extrême droite contre les élues de couleur de gauche
– des menaces des Républicains extrémistes contre leurs confrères modérés
– des leaders politiques Républicains qui couvrent leurs collègues agressifs et n’utilisent pas leur aura pour inviter leurs électeurs à la modération- etc.
Tout cela n’est pas sans analogie avec les pratiques des Nazis allemands dans la démocratie de la république de Weimar durant les années 1920-1930, et de leurs collègues fascistes en Italie durant la même période. Une valeur cardinale du fascisme est « la stratégie du fait accompli » et la vénération de la « force brute ». L’usage de la violence individuelle et collective dans la pensée, le discours et les actes fait partie de la boîte à outil de la pensée extrémiste. Les ennemis des fascistes doivent être éliminés par la force, physiquement si nécessaire.
La tendance fasciste aux Etats-Unis est évidente depuis au moins l’émergence de Donald Trump.
Et à nouveau, il n’est pas du tout étonnant de trouver Alexandria Ocasio-Cortez, femme, jeune, issue d’une minorité ethnique, écologiste, socialiste, démocrate, progressiste, comme une des cibles principales de la haine politique, puisqu’à mon sens, elle incarne précisément l’antidote à cette tendance fasciste, exactement comme Franklin Delano Roosevelt, modulo les termes de comparaison historiques.
Chez nous, en Belgique, le ministre Philippe Henry (Ecolo) est menacé de mort et sous protection policière parce qu’il porte une réforme de la fiscalité automobile qui va dans le sens de l’environnement et du social. Certains leaders populistes, de droite comme de gauche, ont mené des attaques ad hominem et populistes contre lui en raison de cette proposition politique. Bien que certains condamnent aujourd’hui les menaces, le mal est fait.
On se souvient également des attaques qu’avait subies Greta Thunberg lorsqu’elle a émergé, également constitutives de menaces de mort.
Dans le monde, les activistes environnementaux sont devenus la première cible des assassinats politiques ces dernières années.
Parallèlement, on ne peut non plus négliger la tendance à la radicalisation au sein de certains groupes d’activistes écologistes, qui discutent de plus en plus ouvertement de « la désobéissance civile », voire du « sabotage des installations fossiles », voire de « la violence » comme moyens d’action légitimes. Si les formes les plus extrêmes de cette réflexion restent vraisemblablement minoritaires et contraires aux valeurs humanistes de la gauche écologique, le seul fait que cette discussion existe témoigne que certains activistes pensent avoir épuisé toutes les voies d’action démocratiques et non violentes pour préserver les conditions d’habitabilité sur Terre, leurs propres conditions d’existence. Cette impasse ressentie est directement liée à la capacité effective des forces politiques réactionnaires à empêcher toute réforme écologique et sociale d’envergure, comme sous Donald Trump, Jair Bolsonaro, Boris Johnson, Emmanuel Macron, Victor Orban, etc. Face à cette « violence » du système, les activistes se sentent de plus en plus fondés à revendiquer un usage de la force comme légitime défense.
On sait que les plus grands théoriciens de l’Etat et de la démocratie butèrent tous sur cette question fondamentale : dans le contrat social qui lie l’Etat et le citoyen, quand le citoyen est-il autorisé à se révolter, par la force si nécessaire ? Mais l’usage de cette exception est justifié de manière bien différente par les activistes et les fascistes.
Plus que jamais donc, les forces politiques de l’écologie et de la justice sociale sont confrontées aux forces réactionnaires de l’éconégationnisme, du néolibéralisme et du nouveau fascisme.
Il existe un continuum bien documenté entre la haine ordinaire sur les réseaux sociaux et dans les débats familiaux (qui ne connaît un oncle ou un ami réactionnaire ?), les appels concrets à la violence sur des cibles identifiées, le passage à l’acte, et puis l’instauration de régimes dictatoriaux qui démantèlent les institutions de la démocratie et éliminent leurs opposants.
Alors que les constantes de la Biosphère s’effondrent et que l’Ecocide mondial fait rage, jamais les célèbres phrases « écologie ou barbarie » ou « socialisme ou barbarie », n’ont été plus exactes.
Si les démocrates de gauche et écologistes ne parviennent pas à juguler la bête immonde rapidement, en défendant la tempérance et le dialogue démocratique, cette bête immonde pourrait bientôt les dévorer sauvagement, comme il y a un siècle.
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