Existential Physics, compte-rendu de Lisa Aziz-Zadeh, Science, Vol. 376, N° 6597, le 3 juin 2022

Science 376(6597):1044, 3 June 2022 DOI 10.1126/science.abq6526

Existential Physics
compte-rendu de Lisa Aziz-Zadeh, Brain and Creativity Institute, Department of Psychology, and Division of Occupational Science and Occupational Therapy, University of Southern California, Los Angeles, CA, USA.

Existential Physics: A Scientist’s Guide to Life’s Biggest Questions, Sabine Hossenfelder, Viking, 9 August 2022

Si tous les moments du temps existent simultanément, le moment présent a-t-il quelque chose de spécial ? L’Univers peut-il penser ? Disposons-nous du libre arbitre ? Les morts sont-ils encore vivants quelque part dans le continuum espace-temps ? Dans son nouveau livre stimulant, Existential Physics, Sabine Hossenfelder explore ces questions fondamentales de l’existence.

Dès le début du livre, Sabine Hossenfelder prend soin de définir les limites de son exploration. Elle évaluera les réponses potentielles aux grandes questions de la vie en fonction de leur compatibilité et de leur légitimité : (i) compatibles avec les données de la physique et étayées par elles ; (ii) en conflit avec les données de la physique ; ou (iii) ascientifiques, c’est-à-dire des idées qui ne sont pas invalidées par la science mais qui n’ont pas non plus de données pour les étayer. Elle explore ces idées à la fois de son propre point de vue et à travers des entretiens avec d’autres physiciens.

Les idées selon lesquelles il pourrait y avoir un univers entier dans une particule ou que les particules sont conscientes sont explorées et jugées en conflit avec la physique ou, au mieux, ascientifiques. Bien que l’on puisse s’attendre à de telles constatations, certaines des autres conclusions du livre sont surprenantes. On pourrait imaginer, par exemple, que Hossenfelder place le point de vue biblique selon lequel l’Univers a été créé il y a environ 6000 ans dans la deuxième catégorie – en conflit avec la science – étant donné que nous savons que la Terre et l’Univers ont des milliards d’années. Au lieu de cela, le physicien Tim Palmer, de l’université d’Oxford, propose que l’âge biblique puisse être considéré comme ascientifique. Selon lui, un univers hypothétique qui a existé pendant des milliards d’années sous forme de modèle mathématique pourrait avoir été remplacé par de la matière réelle il y a 6000 ans par un créateur.

Dans une autre section, Hossenfelder explore avec sa collègue Zeeya Merali la possibilité de créer un univers entier dans une salle de laboratoire. De façon remarquable, Hossenfelder conclut que si la technologie n’est pas disponible actuellement, elle est, en principe, possible.

La plupart des idées présentées par Hossenfelder sont, selon elle, ascientifiques : l’idée que des copies de nous-mêmes puissent exister dans un multivers, par exemple, ou que la conscience soit liée à la mécanique quantique. Ici, elle invite les lecteurs à croire ce qu’ils veulent des théories ascientifiques, tout en précisant régulièrement ses propres vues. En distinguant les réponses ascientifiques des réponses scientifiques, elle contribue à circonscrire les limites de la science pour répondre aux grandes questions de la vie.

J’ai parfois souhaité que physique existentielle inclue des perspectives d’autres disciplines scientifiques. Comme l’a fait remarquer mon collègue, le physicien Ethan Nadler, « Ce n’est pas parce que la physique est une discipline « ascendante » qu’elle fournit nécessairement les meilleures réponses à toutes les questions existentielles. Par exemple, il n’est pas utile de décrire le comportement humain à l’aide de la physique des particules ». Néanmoins, réfléchir aux grandes questions de la vie d’un point de vue physique, bien que peut-être incomplet, représente une  pièce imortante du puzzle, et le livre de Hossenfelder est l’endroit idéal pour commencer une telle entreprise.

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25 réponses à “Existential Physics, compte-rendu de Lisa Aziz-Zadeh, Science, Vol. 376, N° 6597, le 3 juin 2022”

  1. Avatar de Khanard
    Khanard

    j’ai essayé de lire , je dis bien essayé, Lost in Maths de Sabine Hossenfelder mais comme le porte le titre de l’ouvrage j’ai été rapidement « lost » !
    J’espère que celui-ci sera plus accessible pour le commun des mortels .

    merci tout de même pour cette communication.

  2. Avatar de barnard
    barnard

    Le monde est tel qu’il n’est pas , il suffit de regarder un livre de dinosaures pour enfants , comment tout ces bestiaux auraient ils pu sortir du néant ? C’est impossible , ils existent juste dans notre tête comme representation d’un autre truc

  3. Avatar de amateur
    amateur

    J’ ai un peu de mal avec l’ idée de conflit avec les données de la physique . Ne serait-ce que du point de vue des lois de la gravitation .
    Beaucoup de théories qui fleurissent sur le terreau de la physique quantique ressemblent à des spéculations métaphysiques . Tout ce qui est  » en théorie possible  » comme l’ univers holographique théorisé entre autres par Gerardus ‘t Hooft ( prix Nobel 1999 ) ou la théorie des cordes ,ou la super-symètrie , les branes etc… Y a t-il des expériences qui ont ou qui pourraient confirmer de telles théories ? Peut-on étudier l’ univers de l’ extérieur , voir de l ‘ intérieur ?
    D’un point de vue scientifique tout cela est passionnant .Mais cela ressemble diablement ( si j’ ose dire ) à un quête métaphysique .

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      « ….la gravitation doit être causée par un agent agissant constamment selon certaines lois; mais quant à savoir si cet agent est matériel ou immatériel , je laisse cela au jugement de mes lecteurs. » ( Isaac Newton , lettre à Richard Bentley ).

      Le meilleur lecteur est aujourd’hui un peu le CERN qui est notre Prométhée .

  4. Avatar de hop
    hop

    La physique théorique n’est qu’un ramassis de c…ies depuis près de 50 ans. Une physique sans observation adossée à une mathématique sans rigueur, et qui n’a plus de scientifique que le nom. « Expériences de pensée », c’est comme ça qu’on appelle ça en philosophie. L’intérêt heuristique n’est pas nul et peut parfois même être fructueux, mais ce n’est pas encore de la science.
    Mais puisque c’est le critère d’attribution des postes…

    La posture épistemologique « ce qui est possible dans les limites de la science » n’est pas ininteressante, mais la physique théorique est trop peu fiable pour qu’on puisse excepter ou exclure quoique ce soit de façon significative. Il suffit d’aménager un peu l’hypothèse à tester pour que, d’un coup, « ca puisse rentrer dans le « cadre ».

    1. Avatar de BasicRabbit
      BasicRabbit

      Mon gourou Thom (qui se revendique « philosophe de la nature ») :

      – « Le « philosophe de la nature » que j’envisage aura un point de vue résolument anti-démarcationniste. On peut imaginer un spectre quasi-continu joignant les assertions les plus solidement établies (par exemple un théorème de mathématique) aux affirmations les plus délirantes. La pratique de notre épistémologue peut être ainsi décrite. Partant des points
      de contact obligés entre science et philosophie, il s’efforcera d’épaissir l’interface entre science et philosophie ; il sera donc philosophe en sciences, et scientifique en philosophie. »;

      – « Finalement, le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n’est plus guère aujourd’hui qu’une relique du passé ; on ne le trouve plus guère cité que chez quelques épistémologues attardés – et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus. » (1988, La science et l’intelligible).

      1. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        hop : « mathématiques de la rigueur ».

        Mon gourou Thom, dans « Les mathématiques modernes: une erreur pédagogique et philosophique? » (article de 1970-paraît-il le plus lu de son abondante production philosophique- que l’on trouve dans le recueil « Apologie du logos », Hachette, 1990) consacre une page à la rigueur où il commence par poser la question : « Quelle conception faut-il se faire de la rigueur en mathématiques? », et continue en passant en revue la conception formaliste (« la plus en faveur actuellement »), la conception réaliste ou platonicienne et la conception empiriste ou sociologique. Dans les pages suivantes (AL, pp.260 et 261), il justifie sa position platonicienne :

        « Dans cette confiance en l’existence d’un univers idéal, le mathématicien ne s’inquiétera pas outre mesure des limites des procédés formels, il pourra oublier le problème de la non-contradiction. Car le monde des Idées excède infiniment nos possibilités opératoires, et c’est dans l’intuition que réside l’ultima ratio de notre foi en la vérité d’un théorème -un théorème étant avant tout, selon une étymologie aujourd’hui bien oubliée, l’objet d’une vision. ».

        Pas mal pour un matheux d’origine, médaille Fields 1958!

        Thom :

        – « La théorie des catastrophes est une théorie mathématique mais ce n’est pas une théorie de « la » mathématique. »;

        – « Mon espoir est ici d’apporter quelques éléments mettant en jeu des aspects peut-être difficilement appréciés des spécialistes [d’Aristote] à qui le problème des rapports entre mathématique et réalité ne s’est jamais posé que comme un problème « philosophique » (ce qui veut dire, selon une formule célèbre de Paul Valéry, qu’on pourrait s’abstenir de le considérer), et non comme le problème essentiel qu’il est effectivement. ».

        1. Avatar de BasicRabbit
          BasicRabbit

          hop : « mathématique sans rigueur » !

      2. Avatar de Dup
        Dup

        Jusqu’a une certaine époque peut être, mais de nos jours si vous considérez la chose comme un tout il se trouve qu’il n’est accessible à aucun être humain, l’expertise dans chaque domaine est devenue beaucoup trop vaste. Du coup on se demande quel est l’intérêt de considérer la connaissance comme un tout si c’est pour, au final, s’en priver…

        1. Avatar de BasicRabbit
          BasicRabbit

          @ Dup. Notre société occidentale actuelle mainstream ne jure que par l’analyse réductionniste (ἀνά : en haut, vers le haut, λύσις: dissolution), et a une nette tendance à négliger la synthèse holiste. L’une des raisons, selon moi, est que notre société refuse d’utiliser l’analogie alors que c’est, selon moi, un puissant outil de synthèse et de rangement des idées distinct du rangement catalogique.

          Je trouve à ce propos ambiguë la situation de PJ qui suit l’Aristote de l’organon qui considérait comme faible la valeur probante du raisonnement par analogie -relégué au rang de rhétorique-, et occulte l’Aristote de la Physique qui en faisait grand usage à des fins de classification, par exemple des espèces, par exemple fonctionnelle (la plume est à l’oiseau ce que l’écaille est au poisson…). Cette ambiguïté se voit dans son article « Le prix comme proportion chez Aristote », article avec lequel je suis tout-à-fait d’accord hormis:
          – l’allusion, selon moi discutable et de toute façon hors de propos, à « la première défaite cinglante des mathématiques »;
          – l’absence d’allusion de la part d’un anthropologue de formation à la proportion structurelle typique qu’est pour moi la formule canonique du mythe de Lévi-Strauss.

          Je me demande si l’Extrême-orient chinois, dont la pensée est fondamentalement symétrique -m’a appris « Comment la vérité… »- ne dispose pas naturellement de ce puissant outil de synthèse qui nous fait défaut (j’essaie d’orienter Yu Li sur le sujet…)

          La théorie des catastrophes de mon gourou Thom est, selon ses propres dires, une théorie de l’analogie. Quelques citations thomiennes à ce propos:

          – « (…) la théorie des catastrophes élémentaires est, très vraisemblablement, le premier essai cohérent (depuis la logique d’Aristote) d’une théorie de l’analogie. Lorsque des scientifiques d’esprit étroit objectent à la théorie des catastrophes de ne pas donner plus que des analogies ou des métaphores, ils ne se doutent pas qu’ils énoncent le dessein véritable de la théorie des catastrophes, lequel est de classer tous les types possibles de situations analogues. »;

          – « (…) une vision plus claire du programme métaphysique de la théorie des catastrophes : fonder une théorie mathématique de l’analogie, qui vise à compléter la lacune ouverte par Galilée entre quantitatif et qualitatif. »;

          – « Je crois (…) que l’acceptabilité sémantique (en dépit de son caractère apparemment relatif à la langue considérée) a en général une portée ontologique. « Toute analogie, dans la mesure où elle est sémantiquement acceptable, est vraie. » C’est là, je crois, le principe de toute investigation métaphysique. »;

          – « (…) ce que propose la théorie des catastrophes – en ses modèles – c’est un nouveau type d’intelligibilité. »;

          – « Il est certain que le succès pragmatique est une source de sens ; mais c’est un mode inférieur d’intelligibilité, à peine supérieur à l’assentiment provoqué par la prégnance du conditionnement pavlovien dans le monde animal ; l’intelligibilité humaine requiert une comparaison plus globale des différents modes d’intelligibilité, ceux en vigueur dans le langage et dans les autres disciplines de la science : elle requiert de sortir de la situation locale considérée pour prendre en compte les modes les plus généraux de
          compréhension. On aborde donc là le domaine de l’analogie ; ce faisant, on touche à l’autre côté, le versant philosophique de l’interface science-philosophie. »;

          – « La physique (avec ses grandes lois classiques) nous a donné l’exemple d’une théorisation « dure », fondée sur le prolongement analytique et permettant
          le calcul numérique explicite, donc la prédiction. Tout récemment, l’introduction de la théorie dite des catastrophes suggère un autre usage des mathématiques en science : une théorisation « molle », à caractère uniquement local. Une telle modélisation se réduit pratiquement à une théorie des analogies. »;

          – « Le monde de l’analogie est un monde qui porte son ontologie en quelque sorte avec soi. » (autrement dit, selon moi, l’analogie contient en quelque sorte en elle son propre principe: elle est en quelque sorte immanente »;

          – « Ainsi la fonction originelle d’une philosophie de la nature sera-t-elle de rappeler constamment le caractère éphémère de tout progrès scientifique qui n’affecte pas de manière essentielle la théorie de l’analogie. ». (Ce ne semble pas être le point de vue que PJ développe dans « Comment la vérité… »!).

          1: https://leuven.pagesperso-orange.fr/jorion_prix.htm

          1. Avatar de juannessy
            juannessy

            A propos d’analogie ( mais je ne sais pas bien de quelle analogie on parle : celle très rigoureuse d’Aristote , celle de Socrate cité par Platon , son extension  » courante » appuyée sur la  » ressemblance » , du raisonnement par analogie et du raisonnement par induction selon Kant …? ) et de « l’extrême orient chinois »:

            « Il existe des papillons jaune citron; il existe également des chinois jaune citron . En un sens on peut définir le papillon: Chinois nain ailé d’Europe centrale . Papillons et Chinois passent pour des symboles de la volupté . On aperçoit ici pour la première fois la possibilité d’une concordance , jamais étudiée encore , entre la grande période de la faune lépidoptère et la civilisation chinoise . Que le papillon ait des ailes et pas le chinois est un phénomène superficiel .Un zoologue eût-il compris , ne fût ce qu’une infime partie des dernières et plus profondes découvertes de la technique, ce ne serait pas à moi d’examiner en premier la signification du fait que les papillons n’ont pas inventé la poudre: précisément parce que les chinois les ont devancés. La prédilection suicidaire de certaines espèces nocturnes pour les lampes allumées , est encore un reliquat , difficilement explicable à l’entendement diurne , de cette relation morphologique à la Chine  »

            ( Robert Musil )

            Voter demain , mais pas par analogie .

            1. Avatar de juannessy
              juannessy

              Mais je suis sur que Yu Li a la grâce d’un paillon .

              1. Avatar de juannessy
                juannessy

                « papillon  » ….

                Relativement à son âge , Paul Jorion devrait se retrouver , au moins pour 4 ans encore , dans la thématique chinoise du papillon :

                http://www.blogdexiaolong.com/article-chine-des-symboles-le-papillon-70837294.html

          2. Avatar de BasicRabbit
            BasicRabbit

            Les commentaires sur les articles de Yu Li et de PJ à propos du théorème d’incomplétude de Gödel ayant été fermés (reportant ainsi la disputatio Druuh/PJ aux calendes grecques?) je prolonge ici la discussion à propos de l’analogie engagée avec Yu Li dont j’extrais la citation suivante de son dernier commentaire:

            « À mon avis, un point important à garder à l’esprit lors de l’utilisation d’analogies est que les analogies ne sont pas des équivalents (analogie/=équivalence). En terme de image mentale du caractère chinois « danger (危)» ou la théorie de catastrophes de Thom, cela signifie qu’il ne faut pas sauter directement d’une falaise, sinon c’est une véritable « catastrophe » . ».

            Qu’est-ce qui distingue une analogie d’une équivalence, quel est le « plus » d’une analogie par rapport à une simple équivalence?

            L’équivalence c’est l’égalité sous un certain rapport et, en mathématiques, les trois critères caractérisant une relation d’équivalence (réflexivité, transitivité, symétrie) se retrouvent en logique formelle en tant qu’axiomes de l’égalité. L’image qui vient spontanément à l’esprit pour se représenter une classe d’équivalence est « horizontale », sous forme d’un graphe, chaque élément de la classe étant relié à chacun des autres par un trait illustrant la transitivité et la symétrie de la relation. Le graphe de cette relation ne se représente correctement géométriquement -à mon avis- que par un simplexe (triangle 2D, tétraèdre 3D, etc.) dans un espace dont la dimension est égale au nombre d’éléments de la classe, ce nombre pouvant être infini (dénombrable ou non).

            Les anciens grecs considéraient que seuls les nombres entiers étaient réels. Ce que nous appelons maintenant les nombres rationnels n’étaient pour eux que des nombres de raison (et ils appelaient αλογα les nombres irrationnels tels √2, nombres que nous considérons maintenant comme parfaitement raisonnables -car raisonnés-, ainsi que les nombres réels, complexes, etc.). Pour définir ce qu’est un nombre rationnel on utilise toujours actuellement la théorie des proportions d’Eudoxe. En termes modernes (qu’il est aisé de traduire en les termes anciens utilisés par PJ dans (1) ), on considère la relation suivante entre couples d’entiers: (a,b) ~ (c,d) si et seulement a.d=b.c (le produit des extrêmes est égal au produit des moyens), dont on montre que c’est une relation d’équivalence qui partage l’ensemble NxN des couples d’entiers en classes d’équivalences, chaque classe d’équivalence étant formée de couples d’entiers équivalents en ce sens qu’ils représentent le même nombre rationnel (par exemple (6,8) et (9,12)). La question naturelle qui se pose alors est: ces nombres sont-ils tous vraiment équivalents, indiscernables les uns des autres, ou y a-t-il parmi eux certains qui sont plus discernables que les autres, qui sortent du lot? La réponse est ici quasiment immédiate: le couple (p,q) où p et q sont premiers entre eux est de ceux-là (et c’est ici le seul), si bien que la classe d’équivalence, qui se représentait géométriquement a priori comme un simplexe dans un espace de dimension infinie (ici dénombrable), se représente a posteriori dans l’espace 1D puisque les éléments de la classe sont tous de la forme (n.p, n.q), n entier, donc tous alignés « en rang d’oignon » derrière leur « chef » (p,q). Le progrès en compréhension de la relation d’équivalence est donc ici considérable, et c’est ici que je vois la différence entre équivalence et analogie, justifiant ainsi l’étymologie du ἀνὰ grec : en haut, vers le haut, justification dont PJ dit en (1) :

            « Szabo s’interroge sur la présence de la préposition ana dans l’expression analogia. Il fait remarquer à juste titre que l’on attendrait plutôt kata s’il s’agissait d’exprimer une conformité, une correspondance entre les deux rapports. Ana, dit-il, est un distributif, comme dans « deux par deux » ou « quatre à quatre ». Soit très exactement l’expression du simple rapprochement, de la simple mise en présence que j’exprime par l’expression de connexion simple : « rapport à rapport ». Il n’est donc nullement nécessaire de suivre Szabo lorsqu’il se sent obligé de supposer que l’expression est elliptique : abréviation d’un ana logon isoi : rapport à rapport égal. ».

            On voit en effet que l’analyse de chaque classe d’équivalence (laissée ici de côté car « quasiment immédiate ») permet la synthèse 1D avec émergence de son « chef », analyse qui permet alors de faire simplement le catalogue (κατά, en bas, vers le bas) de ces classes d’équivalence. On voit aussi sur cet exemple que chaque classe d’équivalence contient en elle-même son propre principe (qui est le « chef » (p,q) ): il y a immanence de cette relation d’équivalence.

            PJ conclut (1) en écrivant :

            « J’ai pu, au passage, éclairer la relation qui existe à l’heure actuelle entre ce que nous distinguons comme proportion et comme analogie, soit respectivement la variété quantitative et la variété discursive de rapprochements de nature similaire. ».

            Il soulève là l’immense problème de transposer l’approche quantitative précédente à l’approche qualitative, discursive. Il me semble à peu près clair que, dans ce cas, l’analogie soupçonnée, lors de « rapprochements » entre entités qualifiées d’équivalentes sous un certain rapport, fera appel à un « chef » transcendant et donc qu’il est préférable d’aborder la question avec des lunettes platoniciennes, ce qu’Aristote a obstinément refusé de faire. Thom a proposé une théorie de l’analogie et des anthropologues et mathématiciens s’intéressant à l’anthropologie (je pense à Lucien Scubla et à Jean Petitot) ont tenté d’utiliser la théorie des catastrophes (dont Thom lui-même dit que c’est une théorie de l’analogie) pour résoudre l’énigmatique formule canonique du mythe de Claude Lévi-Strauss : Fx (a) : Fy (b) ≈ Fx (b) : Fa-1 (y) (2).

            Pour « ouvrir » (encore?) ce sujet, Thom toujours (on notera ci-après le double mouvement ἀνὰ et κατά):

            « L’image de l’arbre de Porphyre me suggère une échappée en « Métaphysique extrême » que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu’aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d’être déterminé par l’expérience. En revanche, lorsqu’on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d’ « hypergenre », dont on a vu qu’elle n’était guère susceptible d’une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l’Être en soi (απλως). Le métaphysicien est précisément l’esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu’au contact avec l’Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l’espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l’ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l’ontologie, d’où il pourra redescendre par paliers jusqu’à nous, individus d’en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur). Mais très fréquemment, épuisé par l’effort de son ascension dans ces régions arides de l’Être, le métaphysicien s’arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une « idéologie », prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu’est le cancer.

            Aristote a dit du germe, à la naissance, qu’il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n’a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l’esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d’Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n’existera-t-il pleinement qu’une fois sa création achevée: « Premier selon l’être, dernier selon la génération ». « .

            1: https://leuven.pagesperso-orange.fr/jorion_prix.htm

            2: https://fr.wikipedia.org/wiki/Formule_canonique_du_mythe

            1. Avatar de Paul Jorion

              Il y a peut-être un paramètre avec une valeur par défaut qui ferme la discussion au bout d’un certain temps. Je vais aller voir.

              1. Avatar de Paul Jorion

                Effectivement : les discussions étaient arrêtées au bout de 60 jours. C’est réglé. Vous pouvez aller remettre votre commentaire au bon endroit.

            2. Avatar de Paul Jorion

              Quand votre commentaire sera au bon endroit je le commenterai en recopiant les pages de Comment la vérité et la réalité furent inventées qui relatent l’explication de l’analogie par Aristote : une double proportion.

            3. Avatar de Paul Jorion

              Bon, puisque le commentaire restera là apparemment, Qu’est-ce que l’analogie ?

              Voici les pages consacrées à cette question dans mon Comment la vérité et la réalité furent inventées (2009) :

              [Qu’est-ce que le logos ?] En arithmétique, il s’agit des opérations simples qui sont antisymétriques, non-commutatives, comme la division ou la soustraction : « pour Euclide un logos de deux nombres ou grandeurs a et b est ce que nous désignons ordinairement par a : b [a est à b] » (Szabo 1977 [1969] : 163). Dans le discours, le rapport, c’est ce que les philosophes appelèrent le jugement (Urteil en allemand). L’invention grecque, c’est précisément cela : le logos, la raison que nous identifions à l’enchaînement associatif antisymétrique. 

              La mise en présence de deux logon à des fins d’évocation, est une analogia, c’est-à-dire la proportion sous la forme qu’elle prend dans la pratique discursive.  La proportion est dite analogia et les quatre termes (oros = extrémité) sont dits « proportionnels » : analogon. Ainsi, chez Euclide (VII, déf. 21) : « Des nombres sont analogon lorsque le premier est le même multiple du second que le troisième l’est du quatrième, ou lorsque le premier est la même ou les mêmes parties du second que le troisième l’est du quatrième » (in Szabo 1977 [1969] : 164). Au sein du monde mathématique proprement dit, où ce sont des nombres ou ce que nous appellerions aujourd’hui des symboles algébriques qui constituent l’analogia, l’équivalent de l’enchaînement associatif discursif est un rapport, un taux, ou encore, dans la langue technique des mathématiciens, une raison. Voilà pourquoi logos se traduit raison en mathématiques comme en philosophie. Une analogia mathématique est ce à quoi nous renvoyons encore aujourd’hui comme à une proportion.

              Dans le mode discursif, il existe quatre modes à l’analogia, selon que les jugements mis en présence sont tous deux antisymétriques, tous deux symétriques, le premier antisymétrique et le second symétrique, ou l’inverse. Si l’analogia est discrète, si les quatre termes sont distincts, elle correspond très exactement à ce que nous appelons aujourd’hui une analogie et que les Grecs eux appelaient eux un paradigme. Par exemple : « Un repas sans fromage est une belle à qui il manque un œil » (Brillat-Savarin). 

              Comme telle, l’analogie possède certaines potentialités pour le raisonnement qui furent relevées par Aristote. Elle autorise, par exemple, des rapprochements entre différentes « choses » (appartenant au même genre ou à des genres distincts) en mettant en évidence des rapports semblables (« homomorphismes ») et de ce point de vue elle dispose d’un pouvoir heuristique : elle peut favoriser la découverte. Ainsi, il peut être éclairant de considérer que « la vue est à l’œil ce que la raison est à l’esprit ». Aristote note cependant que l’analogie est un outil démonstratif faible (Lloyd 1966 : 408-409).

              Par ailleurs, les termes parallèles (majeure et seconde moyenne, première moyenne et mineure) peuvent se représenter l’un l’autre pour un usage d’évocation figuratif, sous le nom de métaphore. Dans La Métaphysique, Aristote affirme que « la description par Empédocle de la mer comme sueur de la terre est « peut-être adéquate à des fins poétiques » mais « inadéquate pour la compréhension de la nature de la chose » (ibid. : 403). Aristote condamne l’usage de la métaphore en raison de son obscurité dans le raisonnement et plus particulièrement dans la définition. Il justifie la métaphore lorsqu’elle exprime une authentique proportion, mais il la considère avant tout comme un ornement de style (ibid. : 404-405). 

              Si l’analogia est continue, s’il n’existe que trois termes, elle permet, par l’intermédiaire du terme commun ou moyen terme, qu’une relation directe s’établisse entre la majeure et la mineure sous la forme d’une « conclusion » porteuse d’information neuve. Nous avons alors affaire au syllogisme (ou à l’enthymème si le contexte est dialectique et l’usage par conséquent, rhétorique).

              Ce que le moyen terme unique autorise ici, c’est la mise en rapport des extrêmes, au même titre exactement que les moyennes arithmétique et géométrique dans la proportion. Diverses figures sont alors possibles, selon la nature symétrique ou antisymétrique des relations rapprochées.

              Commençons par un exemple où les relations rapprochées sont symétriques et ne sont donc pas à proprement parler des rapports : « La politesse est à l’esprit ce que la grâce est au visage »,

              politesse (1) / esprit (2) = grâce (3) / visage (4)

              que l’on peut représenter sous la forme canonique a : b = c : d, et dont Perelman soutint (… contre Lacan ; cf. Perelman & Olbrechts-Tyteca 1958 : 535-536, Lacan 1966 : 889) qu’elle est le soubassement de la métaphore. En l’occurrence : la grâce (3) comme « politesse (1) du visage » (4), et la politesse (1) comme « grâce (3) de l’esprit » (2). Les termes sont ici au nombre de quatre : la politesse et le visage comme extrêmes et l’esprit et la grâce comme termes moyens. Pour reprendre le vocabulaire qui s’appliquait à la proportion mathématique, l’analogie est ici discrète.

              L’analogie continue exige elle un moyen terme commun, « L’esprit est à l’homme, ce que l’homme est à la nature », 

              soit l’homme comme d’une part « esprit de la nature » et d’autre part comme « nature de l’esprit ».

              Ce que le moyen terme unique autorise ici, c’est la mise en rapport des extrêmes, tout comme les moyennes arithmétique et géométrique dans la proportion. L’homme comme « esprit de la nature », c’est une métaphore semblable à celles qu’autorisait l’analogie discrète mais cette mise en rapport par le truchement d’un moyen terme se révèle aussi comme conclusion : « l’homme est l’esprit de la nature ». 

              Ce qui apparaît ainsi avec l’analogie continue, c’est la mise en rapport des extrêmes, débouchant sur l’expression d’une relation directe entre eux, soit très précisément, ce qu’opère le syllogisme. Celui-ci permet alors, comme l’on sait, diverses figures, selon la nature symétrique ou antisymétrique des relations rapprochées :

              Par exemple, deux relations antisymétriques : 

              « La baleine est un animal, l’animal est une créature du Bon Dieu »,

              par conséquent, « la baleine est une créature du Bon Dieu » ; soit l’illustration de ce que l’on convient d’appeler la transitivité de l’inclusion (si A est B et que B est C, alors A est C) ,

              Ou bien, une relation antisymétrique et une symétrique (ou l’inverse) :

              « La baleine est un mammifère, les mammifères ont le sang chaud »,

              donc « la baleine a le sang chaud » ; soit l’héritage des propriétés.

              Ce que nous appelons de manière contemporaine analogie, c’est donc l’une des trois figures qu’autorise l’analogia grecque continue, la proportion continue quand elle porte sur les enchaînements associatifs propres au discours : celle qui établit une relation symétrique entre deux couples de relations, elles aussi symétriques, et dont la conclusion est nécessairement de l’ordre de la métaphore. Les deux autres figures possibles de l’analogia continue, constituent le syllogisme proprement dit : celles qui établissent une relation symétrique entre deux couples de relations dont l’une au moins est antisymétrique, et dont la conclusion apparaît du coup littérale.

              Et de même qu’afin que la proportion continue soit valide il convient que le moyen terme, la moyenne soit juste, de même, pour que l’analogie continue – ou syllogisme -, soit valide, il convient que le moyen terme soit juste.

              Le terme moyen est dans ce cas, et à proprement parler, la raison qui autorise le syllogisme, et celui-ci, en tant que tel, est raisonnement. Dans les termes de Hamelin, que je peux me contenter ici de citer : « Le savoir se formule dans des propositions qui sont des conclusions de syllogismes : telle, par exemple, cette proposition que l’angle inscrit dans un demi-cercle est droit. Cette proposition consiste à attribuer le majeur du syllogisme au mineur. Or, en tant que cette proposition est la conclusion d’un syllogisme, elle possède un caractère qui lui fait défaut quand on la considère comme un simple jugement : c’est que l’attribut y a été rattaché au sujet par une raison. Et cette raison, c’est précisément le moyen terme qui la représente […] … la grande idée qui fait tout l’essentiel du syllogisme, c’est précisément celle qui fait défaut chez Platon, c’est l’idée que raisonner consiste à donner une raison, à fonder sur une raison l’union des deux termes du jugement ; c’est l’idée de la preuve et de l’explication, l’idée de l’affirmation ou de la négation médiatisée » (Hamelin 1985 [1905] : 173 & 175).

              1. Avatar de BasicRabbit
                BasicRabbit

                @ PJ. Je découvre ce commentaire… Merci d’avoir rouvert ceux des deux récents articles sur Gödel, fermés automatiquement (1). Prévenir Yu Li?

                J’avais parcouru rapidement cette partie, car elle commence comme celle de « Le prix comme proportion chez Aristote ». C’est effectivement plus fouillé (et la référence à la défaite cinglante des mathématiques à propos de l’existence d’irrationnels a disparu). Quelques remarques:

                – « Dans le mode discursif, il existe quatre modes à l’analogia ». En maths il y en a plus que ça: rapports simples, rapports de rapports (birapport -ou rapport anharmonique-, central en géométrie projective (2)), etc. En mode discursif la formule canonique du mythe Fx (a) : Fy (b) ≈ Fx (b) : Fa-1 (y),est un rapport de rapports de rapports (en considérant que F met deux termes en rapport).

                – « Aristote note cependant que l’analogie est un outil démonstratif faible. ». Ce n’est pas ce que pense Thom dont il dit lui même que sa théorie des catastrophes est une théorie de l’analogie : « Ainsi la fonction originelle d’une philosophie de la nature sera-t-elle de rappeler constamment le caractère éphémère de tout progrès scientifique qui n’affecte pas de manière essentielle la théorie de l’analogie. ».

                – « Il [Aristote] justifie la métaphore lorsqu’elle exprime une authentique proportion. ». Thom aussi : « Konrad Lorenz, dans son discours au Nobel, a fait une observation qui m’a beaucoup frappé quand je l’ai lue, quelques années plus tard. Il a dit : « Toute analogie est vraie. » C’est certainement une formulation un peu excessive, mais si l’on ajoute : « Toute analogie, pourvu qu’elle soit acceptable sémantiquement, est vraie », je crois qu’elle devient une formulation parfaitement rigoureuse. ». Tout est donc, pour Thom, dans ce qu’il faut entendre par acceptabilité sémantique…

                – Hamelin: « La grande idée qui fait tout l’essentiel du syllogisme, c’est précisément celle qui fait défaut chez Platon, c’est l’idée que raisonner consiste à donner une raison, à fonder sur une raison l’union des deux termes du jugement; « . Il n’y a pour moi aucune raison (!) de se limiter à des jugements à deux termes. Thom en considère jusqu’à quatre (car il se limite à l’espace-temps), par exemple dans son interprétation « catastrophique » des verbes quadrivalents de Tesnière.

                1: Ça me rappelle le métro: attention à la fermeture automatique des portes, tu pourrais te faire pincer très fort (avec un dessin de petit lapin de base en train de se faire pincer une patte).

                2: https://fr.wikipedia.org/wiki/Hexagramme_de_Pascal

    2. Avatar de juannessy
      juannessy

      Vérités un peu vite assénées , mais ce qui peut rester vrai ( et certains scientifiques ,et pas des moindres ,mettent en garde contre ce « surplomb ») et qui avait déjà été brièvement exprimé par Jules Michelet , c’est que  » nos savants qui croient suivre uniquement leur science hors de toute influence sociale , la subissent à leur insu , et la portent dans leurs systèmes . » ( La montagne 1868 )

      Ça n’a d’ailleurs rien d’extraordinaire si on admet que la science , en particulier physique , dans la mesure où elle est connaissance du réel , conduit assez naturellement , via l’agir sur le réel , à la technique sur laquelle Herbert Marcuse écrivait « L’a priori technologique est un a priori politique dans la mesure où la transformation de la nature entraine celle de l’homme , et dans la mesure où les créations faites par l’homme proviennent d’un ensemble social et y retournent . »( l’homme unidimensionnel).

      C’est en cela que je vous rejoindrais dans la mise en doute d’une réelle science  » hors sol  » , car science des hommes , elle ne saurait être  » hors l’humain » dans son désir , son agir , son communiquer , qui restent les trois caractéristiques de ce qu’on a appelé la philosophie mais aussi …la politique , …. la science , et on se souvient alors qu’à l’origine , les grands anciens ne la distinguaient pas de la sagesse , du savoir , de la technique et du logos .

      Pour la religion , je ne lui concède personnellement que le tiers  » désir » .

  5. Avatar de juannessy
    juannessy

    A propos de la classification en trois catégories des  » grandes questions de la vie  » ( au passage celle qui demande « les morts sont ils encore vivants quelque part dans l’espace temps ? » est pour moi ….stupéfiante ) :
    – compatibles avec la science physique
    – en conflit avec la science physique
    – ni validées , ni invalidées par la science ( physique ?)

    je remarque que la science elle même , si on suit son  » histoire » , progresse en se positionnant elle même , en sa propre substance , dans ces trois tiroirs pour alimenter et faire grossir peu à peu le premier , mais sans jamais oublier la  » disputatio » du second , et la rigueur morale du troisième .

    Pas sur que toutes les  » disciplines  » aient la même …éthique .

    1. Avatar de blinblin
      blinblin

      Tout ça est peut être bien plus effrayant qu’on ne le croit , je vous conseille de regarder le film vivarium pour vous faire une idée

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        Paul Jorion vous confirmera que la « science fiction » n’est pas mon fort , en livre ou en cinoche .

        On ne se refait pas . ( mais je me fais parfois mon cinéma , éveillé ou endormi ) .

  6. Avatar de Romain Vitorge
    Romain Vitorge

    La question posée par la première proposition  » le moment présent est-il spécial  » élude la question préalable de la définition du « temps » même si elle se positionne d’emblée dans l’hypothèse de « l’Univers bloc  » si tous les moments du temps existent simultanément  »
    Par ailleurs le  » moment présent  » est le seul que nous connaissons, les voyages dans le temps nous étant inaccessibles à ce jour . . . en ce sens il semble bien qu’il a  » quelque chose de spécial  » ce qui n’ a pas empêché Richard Feynman de proposer qu’on pouvait représenter une antiparticule, par exemple un positron, comme un électron mais remontant le temps !
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Univers-bloc
    https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/physique-singularites-trou-ver-voyage-spatiotemporel-614/page/8/
    sur le temps : Etienne Klein
    https://www.youtube.com/watch?v=i6BZrZkHjqs

  7. Avatar de Pierre Guillemot
    Pierre Guillemot

    Pensée obscurantiste. Il y a quelques siècles en Occident chrétien, les gens qui avaient les aptitudes mentales pour écrire ce que je viens de lire étaient théologiens, c’était honorable et on pouvait en vivre. Aujourd’hui ils sont scientifiques, et ils en vivent. Dans l’intervalle, ils ont été philosophes et ça a donné, par exemple, « De la réalité du monde sensible », 1892, de Jean Jaurès, dont l’auteur a ensuite choisi d’agir dans le monde des réalités que vivent ceux qui n’ont pas les aptitudes mentales dont je parlais.

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