À propos de la vidéo « La jeune fille à la jambe de bois ».
Nous sommes entrés dans une triste période de revanche a posteriori, dans le but affirmé de réparer les évènements les plus endommagés du passé, lesquels datent parfois de dix générations ou davantage, comme si la malédiction du péché des aïeux devait demeurer éternelle, alors que c’est un fait d’observation de tous que la conscience n’existe qu’au niveau de l’individu et pas même à l’échelle de la famille, ni de la nation, dont l’amnésie est d’ailleurs proverbiale ! Abandonnant la réciprocité positive dont le concept date pourtant de deux millénaires, nous régressons par un effet de mode vers la vendetta de tous contre tous, une généralisation de la réciprocité négative de l’ancienne loi du talion : du œil pour œil, dent pour dent.
Alors qu’aujourd’hui encore un nombre considérable de femmes et d’hommes victimes d’exactions s’abstiennent regrettablement de porter plainte au moment de leur agression, un mouvement en sens inverse de plainte tardive s’observe maintenant parmi certaines d’entre elles et certains d’entre eux, plainte tardive ayant davantage à voir avec la vengeance qu’avec la réparation de l’injustice et la réforme du coupable.
C’est la notoriété nouvellement acquise de l’agresseur qui réveille la mémoire de l’agressé, une intrépidité soudainement apparue surgit à l’endroit du peu de courage d’autrefois. Le délai rend alors hasardeuse la constatation des faits et un jugement moral fluctuant aux hasards de l’époque se substitue à la preuve fondée sur des faits.
D’autant que la vengeance brandit souvent le pavillon d’autres que soi, mais néanmoins en leur nom. Ainsi, les torts subis par les femmes au fil des millénaires justifient-ils que des femmes homosexuelles s’affirmant telles s’érigent en arbitres de la manière dont les hommes devraient aborder les femmes alors que le statut dont elles se réclament souligne leur absence d’empathie pour la problématique, et donc de compétence – même intuitive – sur la question ?
Ce sont nos contemporains plus ouverts qui sont traînés devant les tribunaux qui auraient dû juger leurs aïeux coupables. Mais si ceux-ci s’en sont tirés sans dommage, ce n’est pas pour avoir échappé à la justice en leur temps, c’est que leurs crimes n’ont été jugés tels que depuis. Or vengeance tardive ne vaut pas réparation : n’entretenons pas un vieux travers de la justice au fil des âges : de condamner plus souvent qu’il n’est décent, des innocents.
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