La gauche – les miettes qu’il en reste et les poussières qui pourraient s’y agréger – se rend bien compte, je crois, qu’à chaque fois qu’elle contribue à différer la catastrophe et a fortiori si elle attend quelque chose en retour, fut-ce de manière subliminale ou que la chose soit mise sur la table, elle agit à son désavantage.
Ce n’est pas que je veuille faire mon fier-à-bras inconscient mais n’est-il pas patent que toute l’énergie, tout l’influx dépensé à s’interposer entre d’une part la droite de la gauche associée à la droite et d’autre part l’extrême droite est forcément soustraite à la marche de la gauche ? La droite de la gauche, la droite ainsi que l’extrême droite sont des adversaires politiques, certes non miscibles (et encore c’est oublier bien vite les nombreux sujets qu’ils ont partagé lors de la campagne du premier tour) mais adversaires quand-même ! Si ce que peut la gauche ne vaut rien, ce n’est pas ce rien qui parviendra à tordre la main à Macron et à ce qu’il représente. Si la gauche peut encore quelque chose, elle doit le pouvoir contre le bloc que constituent ses adversaires ou alors elle ne peut rien !
A chaque fois que nous sommes allés voter en nous pinçant le nez, nous y avons laissé quelque chose, ne serait-ce que parce que pour un temps si court soit-il, il nous a semblé voir disparaître la menace suspendue sur nos têtes. Qu’est-il alors advenu de cette tension qui nous étreint, à chaque coup d’éclair ? D’ailleurs, avez-vous remarqué que nous sursautons de moins en moins ? Est-ce en raison de l’illusion de disparition de la menace que nous continuons d’agir comme avant en espérant obtenir un résultat différent ?
Nous savons aujourd’hui ce qui arrive aux partis qui contribuent (j’évite d’écrire collaborent) à ce comité du salut public qui n’en est pas réellement. Eh bien, ils disparaissent purement et simplement ! Le pire pour ce qu’il reste de la gauche serait de se compromettre auprès de Macron en sollicitations de contreparties en échange d’un nouveau vote de barrage. Il n’a pas été assez souligné – pas assez à mon sens – que c’est à la droite de la gauche ainsi qu’à la droite qu’il revient en priorité de s’occuper de sa portion droite extrême en tout temps et plus encore au second tour d’une présidentielle !
Quant à l’adversaire qu’est la gauche résiduelle, il n’a effectivement pas d’autre choix que d’organiser la résistance, voire de préparer le maquis car inutile de s’illusionner davantage sur la façon dont l’histoire se déroule avec l’extrême droite. Et dès lors que nous osons nous avouer cette chose, la question qui s’impose à nous est de savoir si nous affronterons la bête immonde maintenant ou si nous tergiverserons encore, ce qui revient à prendre le risque de transmettre à nos enfants cette bataille comme morceau de choix de l’effondrement que nous leur avons concocté – preuve de notre extrême magnanimité envers la postérité !
Laisser un commentaire