De même que nous avons pris la récente habitude, en tant qu’individus, de déterminer le fait d’être mâle ou femelle, selon laquelle chacun d’entre nous pourrait de sa propre autorité définir par diktat la manière dont il ou elle doit être vu, plutôt que le soin en soit laissé à la société dans son ensemble, nous imaginons pouvoir définir par décret le rapport de force entre la Russie et nous, en considérant comme quantité négligeable le rapport de force effectif.
Nous nous croyons, nous la France (pas notre Président heureusement), détenteurs d’une vérité non-négociable. Nous vivons dans un pays où 30% des Français cautionnent leurs gouvernants. Le chiffre est de 60% en Russie, et de 85% en Chine (étude américaine). Est-ce que cela nous retient de donner des leçons de bonne gouvernance à ces autres nations ?
Les Slaves établissent le rapport de force dans un premier temps et lancent la discussion dans un second temps. C’est ce que font les Russes en ce moment. Face à eux, nous sommes contents de considérer que tout se vaut et que tout a un poids équivalent dans notre rapport avec l’autre. Comme si une égalité des points de vue préexistait par principe.
D’où vient ce pseudo-principe d’égalité ? D’une double incompréhension, et de la réalité physique, et de nos propres lois (celles de la seule France qui plus est), lesquelles ne renvoient qu’à une égalité des droits et des devoirs, mais ignorent tout le reste ! Quant à nous, nous baignons dans un environnement de réseaux sociaux ou tout se vaut, si ce n’est que l’opinion d’un parent ou d’un ami prévaut, sans souci aucun d’une exigence de validité scientifique, au sens d’une vérification expérimentale des assertions diverses.
C’est là l’application universelle de l’interprétation « népotique » du monde de Mme Marine Pen : « Mes propres enfants valent mieux que mes cousins, lesquels valent mieux que mes amis, lesquels valent mieux que mes simple voisins, lesquels valent mieux que ceux du quartier d’en face, etc. », en l’absence de toute référence au savoir ou à une vérité scientifiquement corroborée, à partir seulement des regroupements spontanés d’individus défendant leur propre intérêt, leur propre religion, leurs propres préjugés. Comment voudrait-on vivre dignement en société à partir de principes aussi risibles ?
Poutine fonctionne selon ce principe des « gens comme moi » et « qui devraient être comme moi s’ils avaient seulement une once de bon sens ». Comme si « être né au même endroit » (« Les gens qui sont nés quelque part », merci, Georges !) était le nec plus ultra en matière de définition du souhaitable par opposition au nocif.
Les humains n’ont pour seul but que de se reproduire dans la conviction naïve que leur descendance adoptera les valeurs qui sont les leurs, sans même qu’ils se seraient souciés de les leur transmettre sous une forme articulée, et qui se résument d’ailleurs dans nos sociétés occidentales, à « avoir de l’argent, c’est une bonne chose ! ». Dans les environnements les plus cossus, le soin de cette transmission des valeurs essentielles est d’ailleurs confié en confiance à une nounou ou à des employé(e)s de maison : par ailleurs des perdants du système pour ce qu’il en est des rapports de force établis par l’argent ! Qu’en est-il du savoir ou d’une quelconque notion de compétence dans cette manière dont nous répétons nos sociétés de génération en génération ?
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