Voici la réponse de la Russie à la réponse des Etats-Unis et de l’OTAN aux exigences de la Russie – bref la suite de leur dialogue public – disponible depuis hier sur le site du Kremlin.
Sans analyser en détails, quelques extraits significatifs :
« Nous déclarons que la partie américaine n’a pas donné de réponse constructive aux éléments fondamentaux du projet de traité avec les États-Unis préparé par la partie russe sur les garanties de sécurité. Nous parlons du rejet d’un nouvel élargissement de l’OTAN, du retrait de la « formule de Bucarest » selon laquelle « l’Ukraine et la Géorgie deviendront membres de l’OTAN », et du rejet de la création de bases militaires sur le territoire d’États qui faisaient auparavant partie de l’OTAN. l’URSS et ne sont pas membres de l’Alliance, y compris l’utilisation de leur infrastructure pour mener toute activité militaire, ainsi que le retour des capacités militaires, y compris les capacités de frappe, et l’infrastructure de l’OTAN à l’État1997., lors de la signature de l’Acte fondateur Russie-OTAN (…) La nature globale des propositions russes a été ignorée, parmi lesquelles des sujets «convenables» ont été délibérément choisis, qui, à leur tour, ont été «tordus» dans le sens de créer des avantages pour les États-Unis et leurs alliés. »
===> En somme, « Vous essayez de sélectionner dans nos propositions ce qui vous dérange le moins. N’y pensez même pas. Vous devez accepter l’ensemble ».
« Caractère de lot des offres.
Nous notons que les États-Unis sont prêts à travailler de manière approfondie sur des mesures individuelles de maîtrise des armements et de réduction des risques. (…) Dans le même temps, nous attirons à nouveau l’attention de la partie américaine sur le fait que la Russie, dans les documents que nous avons présentés sur les garanties de sécurité, a proposé de suivre la voie d’un règlement global à long terme (…) Ainsi, les propositions russes sont de nature globale et doivent être considérées comme un tout sans distinguer ses éléments individuels. »
===> En d’autres termes : « C’est à prendre ou à laisser. Vos seules réponses possibles sont Oui et Non ».
Avec toutes les formes, avec tous les arguments juridiques, diplomatiques, etc. étalés et détaillés sur dix pages, le message fondamental est très simple : « Acceptez en bloc nos exigences ».
Sinon ? Eh bien sinon, « la Russie sera obligée de réagir, notamment par la mise en œuvre de mesures militaro-techniques ».
Sauf erreur de ma part, l’expression « mesures militaro-techniques » n’avait jusqu’ici été employée qu’à l’oral. Elle est désormais mise par écrit.
Tout comme en décembre, et de manière peut-être encore plus ferme, la position de Moscou ne diffère d’un ultimatum en bonne et due forme que par l’absence d’une date limite. Mais la Russie a été assez claire sur le fait qu’elle ne laissera qu’un temps limité à la diplomatie.
Je pense aussi utile de lire cet entretien avec le président finnois Sauli Niinistoe, publié lundi en anglais sur le site du Spiegel pour des éléments de contexte. Niinistoe est considéré comme le dirigeant occidental qui connaît le mieux Poutine, avec qui il échange régulièrement depuis dix ans.
Ce que j’en retiens :
– Niinistoe témoigne de sa surprise lorsqu’il a vu Poutine changer brutalement d’attitude. En octobre 2021 tout était comme avant. A partir de novembre 2021, c’était bien le même homme, mais son comportement avait changé : « Tout à coup, il a commencé à se comporter d’une manière très, très déterminée »
– Il lui est « totalement impossible » de deviner ce que Poutine veut au juste. Il hésite entre l’interprétation « il veut vraiment ces garanties de sécurité qu’il exige » (alors qu’il a vraiment demandé la Lune) et « c’est l’Ukraine en fait qu’il veut »
– Il a été impossible à Niinistoe d’obtenir des commentaires non formels de la part de Poutine sur ses exigences. Il se contente de répéter ces exigences, verrouillé pour le reste même envers un dirigeant qu’il connaît particulièrement comme Niinistoe
– Quant aux raisons pour lesquelles Poutine a brutalement changé de comportement, Niinistoe ne peut rien faire de mieux que spéculer « Je pense qu’il a vu une opportunité et a voulu profiter du moment pour prendre ce qu’il avait déjà en tête depuis des années »
Le point le plus inquiétant dans la situation présente à mon sens, c’est le mystère de ce changement brutal de Vladimir Poutine entre octobre et novembre dernier, dont les causes restent inconnues, et le mystère sur ce qu’il veut vraiment. Une seule chose est claire : il est prêt à aller fort loin pour l’obtenir.
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