« Réfléchissez un peu : la guerre entre l’OTAN et la Russie à l’occasion de l’invasion de l’Ukraine ne débute pas cette semaine-ci mais la semaine prochaine (une confirmation de plus que je suis un optimiste). » (Paul Jorion)
Question très intéressante, et dont je crains que nous ne fassions que commencer à parler – le risque d’échec des pourparlers EU-Russie et d’invasion russe en Ukraine semble très élevé. Dire « la semaine prochaine » peut sembler être une exagération, mais je n’en suis même pas certain. Et nous parlons en tout cas du début de l’année.
A tout risque, je dirais :
– Les négociations EU-Russie échoueront. Pour qu’il en soit autrement, il faudrait soit que Poutine bluffe totalement et il n’en a pas l’air surtout à voir la « communication interne » en Russie sur le sujet, soit que les Etats-Unis laissent à Moscou un gros os à ronger par exemple un engagement formel de refuser l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, mais ce n’est pas leur intérêt en tant que puissance mondiale même si le prix en est une catastrophe nationale pour l’Ukraine
– Il n’y aura pas de guerre entre OTAN et Russie cette année, même dans le scénario le plus extrême où c’est l’ensemble de l’Ukraine qui serait envahie. Le président Biden a dit très clairement que les Etats-Unis n’enverront pas de troupe en Ukraine, qu’ils ne se sont pas engagés à protéger, et aucun autre pays de l’OTAN n’a la moindre intention d’envoyer ses soldats là-bas, surtout sans les Américains
– Les sanctions économiques contre la Russie suite à l’invasion seront lourdes, mais ne passeront pas une certaine mesure, elles resteront par exemple nettement moindres que celles contre l’Iran. La raison en est simple : l’économie mondiale ne peut pas se passer de la Russie. Moscou d’une part extrait 12% du pétrole mondial – et si l’économie mondiale devait se priver de 12% de son pétrole, ça lui ferait vraiment tout drôle (2009 n’était qu’un avant-goût). D’autre part la première puissance économique européenne est dépendante du gaz russe – et Olaf Scholz comme tout chancelier allemand prête une oreille très attentive au Mittelstand l’industrie qui est la première force de son pays, il est probable qu’il privilégie la défense de ses intérêts à la défense des intérêts de Washington ou de Kiev
– De même que les sanctions économiques contre Téhéran ne l’ont pas fait plier, mais plutôt se raidir, et ont renforcé le soutien de la population au régime puisqu’elle souffrait des conséquences de ces sanctions comprises comme agression extérieure, de même des sanctions moins fortes contre Moscou ne le feront en aucun cas plier, mais renforceront le soutien à Poutine même de la part des Russes qui ne l’aiment pas mais mettront leurs sentiments en sourdine face à ce qui leur sera présenté comme une agression économique
Il est d’ailleurs fort possible que renforcer le soutien à sa personne et son régime soit l’un des principaux si ce n’est le principal objectif du quasi-ultimatum lancé par Poutine à la fin de l’année dernière avec des exigences dont il sait qu’elles sont radicales. Apparaître comme le seul rempart de la nation face à un monde extérieur hostile et agressif est sa meilleure chance de pérenniser son pouvoir.
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