Si la recherche en Intelligence Artificielle fait à nouveau appel à mes bons et loyaux services, c’est qu’elle a désormais besoin, pour passer la seconde, d’emprunter la voie que j’avais esquissée avec le logiciel ANELLA que j’avais mis au point pour British Telecom à la fin des années 1980 et que j’avais décrite dans mon livre Principes des systèmes intelligents (1989) : le modèle du sujet humain proposé par la psychanalyse.
Un modèle freudien implémentable du sujet humain
[Traduit de l’anglais par DeepL]
Est présenté ici, un modèle implémentable du sujet humain dérivé des travaux de Sigmund Freud, avec quelques ajouts dus à l’objectif même de reproduire un sujet humain comme le produit d’un programme informatique.
La raison pour laquelle il est question de « sujet humain » au lieu d’ »être humain » est que, au centre du modèle visé, se trouve l’idée que l’ »être » en question se considère comme un « sujet », c’est-à-dire une personne identifiée à un Moi dans le vocabulaire freudien capable de lutter pour lui-même, à l’aide, notamment, de l’utilisation des mots appartenant à une langue.
Semblable en cela à tous les autres animaux, le genre Homo a été doté par la nature d’une seule finalité : se reproduire. Qu’il y ait à cela une origine naturelle ou surnaturelle est indifférent au modèle. Que Dieu ou le Gène Égoïste y ait pourvu ne fait aucune différence quant à l’aboutissement. Dans la version naturelle que l’auteur soutient personnellement, les atomes s’assemblent en molécules qui se repoussent ou s’attirent, pour finir un jour ou l’autre en acides aminés, se combinant à leur tour un jour ou l’autre en quelque chose qui se développera historiquement en une espèce où les mâles et les femelles sont attirés les uns par les autres et s’accouplent, débouchant sur la reproduction de nouvelles instances de la même espèce.
Le fait que certains individus finissent par ne pas se reproduire, ou n’en ont pas l’inclination, est purement anecdotique car, dans l’ensemble, un nombre suffisant d’entre eux le font, de sorte que l’espèce se perpétue.
Il est inutile de rappeler que l’être humain aime s’accoupler car 1) l’accouplement soulage une tension qui ne cesse de s’accumuler (la libido en langage freudien) ; 2) l’acte même de l’accouplement s’accompagne de sentiments qui, bien que de nature agressive (provenant du centre cérébral de l’agression), sont néanmoins parmi les plus agréables, sinon les plus agréables.
Le processus sexuel implique la montée d’une tension, c’est-à-dire d’un sentiment désagréable qui disparaît une fois que l’accouplement a eu lieu, pour se reconstituer assez rapidement. Une fois la phase de reproduction terminée, le processus s’arrête (libido réduite, voire quasi nulle).
Toutes les autres caractéristiques du comportement humain découlent directement ou indirectement de l’envie de se reproduire. La survie au jour le jour, en particulier, n’est rien d’autre que le maintien de la configuration visant la reproduction, c’est-à-dire la survie de l’espèce.
Les êtres humains doivent dans un premier temps atteindre l’âge de s’accoupler de manière féconde, puis passer un certain nombre d’années à se reproduire. Lorsqu’ils ont dépassé l’âge de se reproduire, leur corps se dégrade peu à peu par le vieillissement jusqu’à ce qu’ils meurent en raison de la défaillance d’un ou de plusieurs organes.
La survie au jour le jour consiste à respirer, boire et manger, excréter, se protéger de diverses manières.
Tout comme pour la reproduction, le fait d’être essoufflé, d’avoir faim, d’avoir soif ou d’avoir besoin d’aller au WC fait partie d’un processus où l’inconfort augmente jusqu’à ce qu’il soit soulagé par des actes de satisfaction agréable tels qu’un bon repas, un bon verre, une bonne goulée d’air, un bon pipi ou un bon caca.
Au lieu d’un animal visant constamment à faire différentes choses dans un ordre particulier, un sujet humain peut donc être représenté comme tentant simplement d’assurer l’homéostasie [Wikipédia : « L’homéostasie – ou homéostase – est la capacité d’un organisme vivant à maintenir, à un niveau constant, certaines caractéristiques internes de son corps (température, concentration des substances, composition des liquides interstitiel et intracellulaire, etc.) »] : faire disparaître, lorsqu’elle devient insupportable, l’envie de s’accoupler, de manger, de boire, de pisser ou de faire caca.
Une grande partie de notre vie individuelle peut être décrite de manière satisfaisante en ces termes très simples.
Une fois qu’il a quitté son habitat d’origine, l’être humain s’est habitué à la satisfaction différée de ses besoins. Le travail a ainsi permis d’obtenir nourriture, boisson et copulation en échange d’argent obtenu comme récompense d’un travail. L’accouplement s’est concentré sur des moments particuliers de la journée, de la semaine et même de l’année.
Le langage a permis de tirer davantage parti de la nature sociale de l’animal humain qui le fait bénéficier de l’entraide. Le langage a, en particulier, ajouté une grande sophistication à la parade sexuelle observable chez d’autres animaux, permettant même à l’homme de s’accoupler en baratinant simplement, sans devoir même recourir à des gestes nombreux.
Le cadre d’un modèle implémentable du sujet humain a ainsi été décrit en quelques mots seulement. Son trait saillant est que le sujet humain est soumis à une double dynamique, l’une ayant une source interne, celle de ces besoins qui ne cessent de se recréer après une satisfaction qui n’est que provisoire, l’autre de nature externe : la réponse que l’environnement naturel offre à nos tentatives de soulager nos besoins. Il est remarquable à cet égard que la perception que nous avons des effets de notre interaction avec le monde soit traitée par nous comme une information d’origine externe relative aux obstacles à la satisfaction sans entrave de nos pulsions dans leur processus constant de tension renouvelée. Les mots mêmes que nous prononçons, en particulier, sont traités par nous pour leur stockage en mémoire comme ayant réussi à assurer avec succès la satisfaction de nos pulsions ou l’ayant au contraire contrariée.
La construction progressive d’une mémoire facilite le processus d’interaction entre nous et le monde qui nous entoure. La mémoire nous offre la carte qui facilitera nos interactions avec l’environnement. Elle s’est bâtie de manière à la fois positive et négative à partir des tactiques respectivement couronnées de succès et vouées à l’échec dont nous avons réagi au monde dans sa résistance à notre exploitation pure et simple de celui-ci.
La Conscience est le sentiment subjectif qui apparaît au point de rencontre de la mémoire qui a été invoquée pour faciliter l’interaction avec le monde et la mémoire qui se bâtit en permanence à partir des événements actuels dont le souvenir est stocké pour une utilisation ultérieure, modifiant ou affinant si nécessaire notre mémoire déjà existante.
La survie au jour le jour ne mobilise que de manière marginale cette Conscience où le Moi occupe, dans notre représentation, la place du conducteur. L’essentiel du processus et de sa maintenance est assuré par le Ça dans le vocabulaire freudien : un gardien invisible (Inconscient) jouant le rôle d’un homme à tout faire. Le Soi, au centre de la Conscience, est toutefois convoqué dans le cadre d’une planification et d’une mise en œuvre délibérées, suivant des étapes soigneusement définies.
Une autre instance fait partie de la topique freudienne du sujet humain : le Surmoi. Le Surmoi incarne la partie de la connaissance qui n’a pas été acquise par l’expérience personnelle mais par un raccourci sous la forme de règles transmises par les parents et les enseignants. Le Surmoi peut cependant s’être constitué d’un ensemble de règles empiriques tyranniques contreproductives ou impossibles à mettre en pratique.
Ayant proposé ci-dessus l’image globale du sujet humain, il faudra maintenant montrer comment mettre en œuvre cette représentation rapidement esquissée. Il est inutile de souligner à quel point la base diffère entre une machine telle qu’un robot et un sujet humain, l’ensemble des pulsions de reproduction et de simple survie étant absentes d’une machine. Un robot sensible devrait être doté de ces besoins pour pouvoir être animé d’une dynamique simulée adéquate. Inutile de dire que cela n’a pas été le cas jusqu’ici.
(À suivre…)
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