Bonjour Paul,
Il y a ces quelques épisodes particuliers d’épiphanie lorsque finalement à force de patience, l’interview d’un éminent intellectuel vous éclaire soudain.
Restèrent gravés dans ma mémoire, Noam Chomsky après un passage dans Ce soir ou jamais de Frédéric Taddei, Franck Lepage dans Là bas si j’y suis de Daniel Mermet, aujourd’hui Paul Jorion … dans sa salle à manger.
Dans une vidéo récente [L’effondrement est en cours, ci-dessus], consistant en un discours de 22 min, vous enfilez avec malice différentes idées comme de petites perles qui, mises bout à bout, finissent par former un collier : une vision affutée, subversive et précieuse de notre crise systémique.
Je dois admettre que votre démonstration fut dans la forme savoureuse et sur le fond magistrale puisque finalement simple, claire et courte.
La disparition de la lutte des classes et de la propriété dans les ouvrages dits de sciences économiques et donc avec, de toute dimension “partisane ». La rationalisation conservatrice des décisions politiques dites “techniques” avec un effet de cliquet donc de non-retour en arrière, puisque protégées par le filibuster. Tout ce mécanisme entrainant une concentration de la richesse diaboliquement dangereuse pour l’équilibre de l’ensemble.
Il faut le souligner : ces 22 minutes sur Youtube sont hautement plus subversives que les heures de discours pompeux d’un Michel Onfray par exemple. Ses ronds du cuirs sont déjà polis, lustrés par des heures passées à ergoter sur les conventions bourgeoises à la télévision, qui sonnent comme des échanges de politesse devant les escaliers grandioses du Titanic à l’heure du grand plongeon. S’il est toujours autant invité absolument partout c’est bien qu’il est totalement inoffensif par ailleurs.
Par ailleurs, the legislative filibuster (or the 60 votes’ threshold at the Senate) consistait pour moi en ce fameux droit au discours utilisé pour retarder une législature d’être enfin soumise au vote (comme dans le fameux Mister Smith goes to Washington de F.Capra). J’ignorais la relation bien plus pernicieuse et éclairante de cette loi structurant le débat démocratique lui même avec la question “partisane ». Je me suis souvent trouvé confus à la lecture de ce mot dans des articles de la presse américaine. Merci! Je comprends mieux.
Les étudiants de terminale apprendraient tant en 20 minutes que les professeurs d’économie devraient s’approprier cette vidéo.
Salutations canadiennes,
Thomas Saupique
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