Shakespeare écrivait déjà sur les planeurs hypersoniques et le bombardement orbital. C’était dans sa fameuse pièce « Much ado about nothing » : Beaucoup de bruit pour rien 🙂
Donc, les Chinois disposeraient d’armes nucléaires imparables ? Et les Russes aussi ? Noooooon ! Quelle horreur ! Quel bouleversement stratégique !
Vous voulez dire… des armes comme leurs missiles balistiques intercontinentaux, en somme ? Ceux qui sont en service depuis des lustres 🙂 ?
Eh oui, tout cela ne change en rien l’équilibre stratégique, pour la bonne et simple raison qu’il était déjà assuré merci pour lui !
Une chose que beaucoup de responsables américains font semblant de ne pas comprendre, c’est que la montagne d’argent qu’ils ont jetée depuis les années 1980 dans les différents projets de défense antimissile balistique intercontinental SDI, NMD etc. n’a accouché que d’une souris en termes de capacités réelles. Les Etats-Unis ne disposent que de peu d’intercepteurs de balistiques intercontinentaux, et surtout leurs capacités (« GBI ») sont sujettes à (grande, très grande) caution.
Même contre un pays capable au mieux de lancer une toute petite poignée de balistiques intercontinentaux, comme la Corée du Nord, leurs antimissiles GBI n’offriraient au mieux qu’une protection très incertaine. Alors, contre la Chine ! Sans parler de la Russie !
Poutine a insisté pour poursuivre le développement d’armes nucléaires « alternatives » type la torpille intercontinentale Status-6 d’une part par esprit « non seulement ceinture et bretelles, mais encore pantalon en béton et slip en acier trempé », bref pour ajouter protection sur protection parce que « on ne sait jamais », d’autre part pour pouvoir se présenter comme le grand protecteur miraculeux de la nation auprès des Russes.
Quand on regarde les déploiements effectifs, et là où va le plus gros de l’effort, la dissuasion nucléaire de la Russie comme celle de la Chine ce sont des balistiques intercontinentaux tout à fait classiques, qu’ils soient lancés de sous-marin ou depuis des silos à terre. De même qu’aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni. Le reste, torpilles nucléaires et planeurs hypersoniques, c’est du supplément et assez gadget.
Bien sûr, les généraux le savent bien. Mais d’une part le raisonnement de Vladimir Vladimirovitch « J’inquiète pour rassurer, je représente l’adversaire comme terrible pour mieux appuyer ma légitimité de sauveur du pays » est tout à fait adaptable aux Etats-Unis, comme d’ailleurs à d’autres pays. D’autre part, les budgets militaires il faut bien justifier de les augmenter, alors si on peut monter un récit sur un prétendu « moment-Spoutnik » pourquoi s’en priver ?
Voir encore ce tweet du spécialiste du contrôle des armements Jeffrey Lewis
« Ce que nous avons vu est un événement très significatif d’un test d’un système d’arme hypersonique. Et c’est très inquiétant », a déclaré Milley.
Ce n’est inquiétant que si le plan est d’ériger une défense crédible contre les missiles balistiques chinois. Officiellement, la politique est de ne pas le faire. »
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