Bonjour Paul,
Et puis votre joyeuse troupe de blogueurs me semblait partie en vacances. Je me suis dit alors ne vaut-il pas mieux garder mes forces pour la rentrée lorsque davantage de candidats seront officiellement en lice puisqu’il s’agit pour moi de scruter les personnalités politiques médiatiques ?
Pourtant mon papier titré « Mimi Marchand derrière les barreaux » était plutôt drôle et inspiré mais il devenait bouffi au fil des détails que je rajoutais ici et là dans mon insatiable plaisir d”écrire et volonté de dire. Nous voilà fin septembre, enfin Montebourg et Hidalgo sont officiellement candidats et demain nous seront fixés concernant le Pôle Écologiste.
Restent donc les Républicains pour sortir leur ticket du chapeau et nous seront en piste.
Face à la crise de confiance du peuple qui ne va plus voter en masse et qui gangrène ce régime dit semi-présidentiel de la Ve République, la voix de ceux qui ne briguent pas le pouvoir directement mais qui travaillent activement à faire entendre leur critique argumentée va peser dans le débat. Car comme à l’accoutumée, les candidats vont faire leur shopping parmi les revendications les plus populaires et les idées les plus séduisantes extérieures à leur propre agenda pour élargir leur audience.
Les candidats en campagnes électorales convolent toujours vers la victoire avec un sens généreux de l’opportunisme ou de l’ouverture d’esprit, c’est selon. Ils sont dans la phase de conquête, de mesure quasi quotidienne de leur côte de popularité, ils reniflent donc les bonnes idées à ajouter sur leurs affiches électorales comme le cochon la truffe sous les chênes du maquis. Ouverts aux concessions, ils adoptent soudainement des promesses qu’ils n’auraient pas faites dans d’autres circonstances.
Voilà donc une période d’aubaine pour notre fougueux cavalier François Ruffin. Lui à qui personne ne peut reprocher son indefectible travail de terrain à travers champs et campagnes pour soupeser les misères populaires. Tandis que d’autres aiment davantage les mondanités de centres-villes où l’on s’enthousiasme dans le brouhaha d’une salle et l’ivresse d’une coupe de mousseux aidant, après un discours applaudi par un public gagné d’avance.
Mais voilà, notre Ruffin national a besoin d’aide. Comme tout le monde il a ses zones d’ombre et de fragilité. Me concernant, je suis devenu membre de son équipe de monteurs vidéos puisque c’est l’une des compétences utiles à la nation que je puisse exercer depuis ma contrée éloignée…
Je m’adresse donc aujourd’hui à vous Paul en tant qu’homme sage et expérimenté pour attirer votre attention à un endroit bien particulier.
Ruffin est un loup solitaire. Il est entouré certes de sa meute fidèle mais il garde ses distances, méfiant. Ce qui d’ailleurs lui vaut d’avoir cette voix tremblante lorsqu’il rentre sur le ring médiatique et se voit confronter à d’autres créatures aux dents affutés : les commentateurs de la vie politique qui protègent leur terrier et leur audience, sans merci. Léa Salamé d’un sourire imprenable façon muraille de Chine ou Jean-Jacques Bourdin de son regard défiant et inquisiteur, pour prendre deux exemples. Ruffin n’est pas à encore très à l’aise durant ces exercices rhétoriques qui exposent, avec sa bonhommie, sa sincère indignation, ses combats pour les plus opprimés.
Là où il rayonne c’est dans ses confrontations avec le jeune président Macron. Une forme de duel entre deux Picards de la même génération mais d’éducation opposée. C’est presque caricatural à la vue de leur CV et choix de carrière. Tous deux diplômés d’éminentes écoles, le CFPJ pour Ruffin et l’ENA pour Macron, l’un devint journaliste engagé lorsque l’autre devint banquier d’affaires. L’un dénonce par l’investigation pour protéger ses pairs et les réglementations sociales gagnées au fil du temps. L’autre conçoit des opérations de communication pour conquérir les échelons du pouvoir et imposer l’ambition comme une valeur morale proéminente de la vie en société. L’un sera interventionniste l’autre sera libéral. Deux chemins qui les mèneront à la politique et aux positions qu’on leur connait depuis 2017. François le député-reporter qui n’a pas cessé d’investiguer et Emmanuel le banquier-président qui n’a pas cessé de penser la France en termes financiers.
Quoi qu’il en soit, la lutte politique passe nécessairement par des accords. En ce sens, Ruffin va devoir élargir son réseau pour se trouver des alliés et ainsi engranger plus de victoires. La division est déjà grande au sein des ténors la gauche. Mais si des relations plus profondes pouvaient se tisser entre différents acteurs de la cause interventionniste, ces convictions pourraient émerger plus souvent et clairement et ainsi influencer le programme du futur(e) président(e).
Savez-vous par exemple que Ruffin est en tournée pour la promotion de son documentaire “Debout les femmes” ces jours-ci ? Il était à Rennes ce soir, sera à Brest le 28 et à Nantes le 29. C’est pourquoi je l’ai incité à rencontrer l’inénarrable Franck Lepage qui habite la Bretagne et dont les conférences gesticulées reçoivent un large succès sur youtube avec des millions de vues cumulées. Je perçois donc chez François une forme de fatigue qui le pousse à faire ce qu’il sait faire : battre le pavé pour éviter de se sentir désespéré par son impuissance parlementaire et législative. Et je pense sincèrement que la présence et les mots rassurants d’un homme qui pourrait être son père, vous, pour lui donner une accolade bienveillante et discuter quelques-uns des sujets brûlants qui le préoccupent pourraient lui donner le recul dont il a besoin.
Je devine que François Ruffin gagnerait à bâtir avec d’autres personnalités exposées comme lui publiquement dans différents domaines de la lutte pour préserver l’humanité. Pour développer une stratégie commune et un sentiment d’appartenance à un groupe plus large de même conviction, au-delà des partis comme la France Insoumise. Par exemple, son travail de terrain sur l’industrie française ou ce qu’il en reste pourrait être confronté plus méthodiquement aux théories d’un économiste comme Thomas Piketty ou Bernard Friot, voire d’un candidat comme Arnaud Montebourg.
Autre exemple, si vous prenez le temps de visionner sa dernière video dans laquelle il évoque le vaccin et le pass sanitaire, il y a une forme de confusion dans ce qu’il tente de dire et les internautes ne s’y sont pas trompés : les réactions ont été vives puisqu’il présente concomitamment son film dans des salles dont l’accès est naturellement réglementé. Mais adresser ce sujet de manière la plus limpide qui soit est essentiel : il recoupe à lui tout seul les préoccupations qui concernent la santé collective, les financements publiques / privés, l’indépendance sanitaire nationale, les théories complotistes, les libertés individuelles.
Comme pour tout pèlerin, ce sont les rencontres impromptues qui font du voyage un moment mémorable. Alors vous pourriez aller à sa rencontre sur son chemin vers Nantes ! Il serait je crois agréablement surpris et cela pourrait avoir un effet bénéfique sur son avenir. Car ce jeune homme accepte de porter publiquement ma foi, un bien lourd fardeau.
Amicalement,
Thomas
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