Bon, pour commencer, rappel : pour tout ce qui est du social, je suis sur la même ligne exactement que Jean-Luc Melenchon. L’État-Providence obèse d’Éric Zemmour, ce n’est pas ma vision.
JLM et EZ se sont bien battus : le débat était très équilibré. Sauf vers la fin où EZ a gagné de plus en plus de terrain, JLM reconnaissant de plus en plus souvent qu’EZ avait raison, et sur un ton de plus en plus bon enfant, de moins en moins combatif. Apparaissait de plus en plus clairement chez JLM qu’ils se donnent du « tu » dans la vie de tous les jours, mais ça n’apparaissait pas chez EZ, ce qui lui donnait un avantage .
Pourquoi ce recul chez JLM ? Parce qu’EZ marquait des points en soulignant sans relâche que JLM défend aujourd’hui sur bien des sujets, une position inverse de celle qu’il adoptait autrefois. Cela a usé JLM : son accumulation de « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, « Tout le monde a le droit de se tromper », « Vive le doute cartésien » était une manière de sonner la retraite.
EZ s’était bien préparé sur l’économie et connait son dossier sur le nucléaire. Par contre sur l’environnement, où il trouve les éoliennes moches dans le paysage, mais dirait sans doute qu’un moulin à vent, c’est très beau, il n’a strictement rien à dire : les générations futures n’ont droit comme horizon exaltant qu’à ressusciter les croisades, et quant à nous sauver de l’extinction, il faudra que quelqu’un d’autre que lui et ses partisans, s’en occupent.
Il a finalement peu été question de l’Islam : les journalistes ne voulaient pas que le débat s’enlise sur ce terrain et ils y sont parvenus. Ce qui a d’ailleurs sauvé JLM. Quand il a dû affirmer – parce que sa « créolisation » prenait l’eau, alors que l’ »assimilation » d’EZ était claire pour tout le monde – qu’EZ ne comprenait rien à l’Islam, il était sur une pente savonneuse : le peu qu’il en a dit a confirmé ce que l’on savait déjà : que quand il est question du Christianisme, du Judaïsme, et de l’Islam, EZ est en réalité incollable, et JLM, approximatif et naïf.
Le débat fera-t-il grimper les deux candidats (ou presque candidats) dans les sondages ? Je n’en ai pas le sentiment : leur programme à chacun d’eux sera apparu comme trop de bric et de broc, très très loin d’être à la hauteur des défis. Il est vrai qu’on a entendu des relents de Louis XIV chez Zemmour, mais il est vrai aussi qu’on a entendu des relents de IVe République chez Mélenchon. Le XXIe siècle réclame de son côté de l’inédit, de l’absolument neuf. Où le trouvera-t-on – si on devait le trouver un jour – je l’ignore. En tout cas, je ne l’ai ni vu ni entendu ce soir.
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